Introduction générale
Partie 1 : Étude bibliographique
III. Les plantes médicinales : source de substances anti- anti-infectieuses
III.1 Les plantes médicinales réunionnaises
Ancrées dans la tradition réunionnaise, les plantes médicinales ont largement été utilisées par les plus anciens dans le traitement ou la prévention de nombreuses maladies. Les recettes de « grand-mères », ont en grande partie disparues avec l’appa ition de la médecine moderne. Cependant, de nombreuses familles retournent aujou d’hui e s ette de i e plus douce et naturelle (Lavergne, 2016).
Les plantes réunionnaises sont pour la plupart soit, indigènes de la zone des Mascareignes, soit endémiques de La Réunion.
Certaines études ont été menées sur une sélection de plantes médicinales réunionnaises, notamment pour leur activité antioxydante (Poullain et al., 2004). Des extraits i hes e pol ph ols d’Antirhea borbonica, Doratoxylon apetalum et Gouania mauritiana, sont capables d’i hi e la p odu tio d’espèces réactives de l’o g e, de diminuer l’e p essio des gènes des enzymes responsables de leur production, dans des adipocytes et d’aug e te l’a ti it d’e z es antioxydantes telles que la superoxide dismutase (SOD) ou la catalase. En plus de cette action antioxydante, ces études montrent aussi la capacité anti-inflammatoire de ces extraits avec une diminution de molécules pro-anti-inflammatoires, comme l’i te leuki e IL-6) (Marimoutou et al., 2015; Le Sage et al., 2017).
Une autre étude a pu montrer que des extraits de Curcuma longa, une épice couramment utilisée à La Réunion, possèdent des activités anti-inflammatoire mais gale e t u e apa it à di i ue l’a u ulatio lipidi ue dans des adipocytes (Septembre-Malaterre et al., 2016).
Concernant les activités anti-infectieuses, différentes études ont montré une activité antivirale de plantes médicinales réunionnaises. En effet, des extraits méthanoliques de
i us de l’He p s de t pe et le polio i us, espe ti e e t. L’e t ait tha oli ue de Senecio
ambavilla possède également une activité antivirale, moins importante, pouvant agir sur les
deux virus testés (Fortin et al., 2002).
Senecio ambavilla, est surtout utilisée pou t aite les aladies de la peau, o e l’e z a, la gale ou les plaies vénériennes (Lavergne, 2016; Smadja and Marodon, 2016), conséquences de e tai es aladies o e l’he p s. Dans ce cas, on retrouve donc cette activité anti-herpès à la fois dans les données ethnobotaniques et scientifiques. L’activité cicatrisante au niveau de la peau dans le cas des plaies vénériennes pourrait tout simplement être une
o s ue e de so a ti it a ti i ale o t e le i us de l’he p s.
Des extraits éthanoliques des espèces Croton mauritianus et Stillingia lienata, sont effi a es o t e les i us hiku gu a CHIKV et de l’i u od fi ie e hu ai e VIH (Poullain, 2004; Corlay et al., 2014; Olivon et al., 2015). De façon traditionnelle, Croton
mauritianus, est utilisée à La Réunion contre les rhumatismes, et surtout pour faire baisser la
fièvre (Lavergne, 2016), mais ’est pas connue pour des propriétés antivirales.
R e e t u e aut e tude d o t e l’a ti it a ti i ale d’e t aits d’a tate d’ th le d’Aphloia theifo is, de Stillingia lineata, de Croton mauritianus, d’Indigofera
ammoxylum, et de Securinega durissima contre le CHIKV. Ces extraits présentent des index de
sélectivité compris entre 5,4 et 10,9 (Ledoux et al., 2018).
Les plantes médicinales de La Réunion ont un fort potentiel e te es d’a ti it s biologiques même si leurs utilisations locales peuvent être, soit représentatives de leurs activités biologiques, soit totalement indépendantes. Les plantes médicinales réunionnaises sont depuis peu reconnues pour leurs potentiels thérapeutiques. Entre 2012 et 2016, 22 plantes ont été inscrites à la pharmacopée française (tableau 1). d’e t e elles o t intégré la pharmacopée française en 2013, puis 3 en 2015 et enfin les 3 dernières en 2016 (Smadja and Marodon, 2016). Parmi ces 22 plantes médicinales réunionnaises, 20 font parties de la liste A de la pharmacopée, une sur la liste B et une autre sur les deux listes. La liste A correspond aux plantes médicinales utilisées traditionnellement et la liste B aux plantes utilis es t aditio elle e t e l’ tat ou sous fo e de préparations dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM)).
A ce jour, peu de données scientifiques sont disponibles sur ces plantes. Leurs utilisations sont majoritairement limitées à des préparations traditionnelles locales. En effet, peu d’ tudes o t t e es o e a t l’a ti it a ti i ale de es pla tes. Co e d it précédemment, quelques plantes médicinales réunionnaises ont été étudiées pour leur activité anti-VIH et anti-CHIKV (Poullain, 2004; Ledoux et al., 2018). Néanmoins la majorité des plantes décrites dans ces études ne sont pas inscrites à la pharmacopée française. L’i s iptio à la pharmacopée permet déjà une valorisation de ces plantes mais implique un cadre scientifique amélioré pour leurs indications thérapeutiques et plus particulièrement dans le cadre des arboviroses.
L’île de La Réunion a été touchée en 2005-2006 par une épidémie de chikungunya avec 30% de la population atteinte. A tuelle e t, u e pid ie de de gue s it su l’île a e plus
de 6500 personnes infectées. Même si aucun cas autochtone de zika ’a t d te t su l’île, d’aut es pa s de la zo e O a I die o t t tou h s, o e l’Inde ou les îles Maldives. Cela ajout à la p se e du e teu su l’île, fait de La Réunion un lieu à fort risque d’ e ge e pour ce virus.
Il est do i t essa t, da s e o te te i fe tieu , d’ alue le pote tiel a ti i al des plantes médicinales réunionnaises inscrites à la pharmacopée française contre ZIKV. Cela permet de contribuer à définir un cadre réglementé su l’utilisatio de ces plantes mais également et surtout de contribuer à la valorisation leurs vertus thérapeutiques.
Nom botanique Nom vernaculaire Famille Parties utilisées Usage traditionnel
Antirhea borbonica Bois d’osto Rubiaceae Feuilles Cicatrisant, hémostatique
Aphloia theiformis Change écorce Aphloiaceae Feuilles Anti-inflammatoire,
diurétique
Ayapana triplinervis Ayapana Asteraceae Feuilles Digestion, cicatrisant
Coffea mauritiana Café marron Rubiaceae Feuilles Diurétique (int), lotion
oculaire (ext)
Dodonaea viscosa Bois d’a ette/ Bois de
reinette
Sapindaceae Feuilles Diurétique, calculs rénaux
Hubertia ambavilla Ambaville Asteraceae Feuilles Ul es à l’esto a ,
dermatoses, eczéma
Hypericum lanceolatum Fleur jaune Hypericaceae Feuilles, fleurs, sommités
fleuries
Circulation du sang, anti-inflammatoire
Jumellea fragrans Faham Orchidaceae Feuilles Pectorale, diaphorétique
Leucas lavandulifolia Tombé Lamiaceae Feuilles, racines Sudorifique, vermifuge,
emménagogue
Mussaenda arcuata Lingue café Rubiaceae Feuilles Anti-inflammatoire
sudorifique, fébrifuge
Nuxia verticillata Bois maigre Stilbaceae Feuilles Dépuratif, détoxifiant
Orchrosia borbonica* Bois jaune Apocynaceae Feuilles Fébrifuge
Olea europaea Bois d’oli e oi Oleaceae Feuilles Diurétique
Olea lancea Bois d’oli e la Oleaceae Feuilles Dépuratif, emménagogue,
aphrodisiaque
Phyllanthus casticum Bois de demoiselle Phyllanthaceae Écorce Anti-diarrhéique,
anti-dysentrique, en gargarisme contre les angines
Pittosporum senacia Bois de joli coeur Pittosporaceae Feuilles Acné, dermatoses
Psiloxylon mauritianum Bois de pêche marron Psiloxilaceae Feuilles Anti-inflammatoire,
diurétique, dépuratif
Secamone volubilis Lia e d’oli e Apocynaceae Feuilles Anti-inflammatoire,
veinotonique
Syzygium cumini Jamblon Myrtaceae Graines de fruits mûrs Anti-inflammatoire,
antidiabétique,
anti-diarrhéique, antiallergique, antimicrobienne, diurétique
Turraea thouarsiana** Bois de quivi des bas Meliaceae Tiges feuillées Affections cutanées, anti
hypertensive, emménagogue
Vepris lanceolata Patte poule Rutaceae Feuilles Contusions, traumatismes
* inscrite sur la liste B
** inscrite sur la liste A pour usage externe et sur la liste B en usage interne