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Le Plan d’Etudes Romand

2. CADRE THEORIQUE

2.3 État des lieux de l’enseignement du fait religieux à Genève

2.3.4 Le Plan d’Etudes Romand

Dans cette partie, nous allons passer en revue les différents objectifs visés dans le plan d’études romand (PER) qui traitent ou sont liés à l’enseignement du fait religieux. Pour mieux saisir dans quel cadre ces objectifs ont été créés, voici une brève présentation du PER et de sa structure. Dans le cadre de l’accord HARMOS, le PER reprend et concrétise les finalités de l’école publique énoncés par la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). Le PER définit les tâches d’éducation et d’instruction que l’école publique doit assurer dans tous les cantons romands. Voici comment il est organisé:

5 http://www.geneve.ch/dip/priorite11.asp

6 http://www.geneve.ch/dip/priorites/11/culture_religieuse_humaniste.asp

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« La scolarité obligatoire couvre onze années, découpées en trois cycles pluriannuels.

Ce découpage est conforme à la structure de la scolarité obligatoire telle qu’elle est décrite dans l’Accord HarmoS (article 5) » (PER, Présentation générale, 2010, p. 25).

La CIIP soumet la ligne d’action suivante pour assumer la mission de formation et de socialisation de l’école publique.

L’école publique prend en compte et rend accessible la connaissance des fondements culturels, historiques et sociaux, y compris des cultures religieuses, afin de permettre à l’élève de comprendre sa propre origine et celle des autres, de saisir et d’apprécier la signification des traditions et le sens des valeurs diverses cohabitant dans la société dans laquelle il vit. (CIIP, 2003, p.4)

Ainsi, cette exigence a guidé la création de l’objectif SHS 15 : S’ouvrir à l’altérité et se situer dans son contexte socio-religieux pour le cycle I et l’objectif SHS 25 : Eveiller aux sens des valeurs humanistes et religieuses et identifier le fait religieux pour le cycle II. Néanmoins, ils font partie d’une section spéciale intitulée spécificités cantonales. Cela signifie que chaque canton a le choix d’inclure cet enseignement dans son plan d’études

41 cantonal. Cette spécificité ne concerne pas Genève. Les cantons de Vaud, Jura, Fribourg et Valais, consacrent une à deux périodes hebdomadaires à l’enseignement du fait religieux et de l’éthique.

Dans la présentation de ces objectifs, les auteurs éclaircissent le but et la démarche d’un cours d’Ethique et cultures religieuses. « Celui-ci se distingue fondamentalement d’un enseignement religieux apologétique (catéchèse) qui vise à l’approfondissement d’une « foi

» » (PER, MSN, SHS, p. 68). Ainsi, comme nous l’avons vu auparavant le PER fait cette distinction entre faits et croyances, distinction indispensable pour intégrer ce cours dans une école laïque. « … ce cours a pour objectif de présenter avec rigueur et objectivité les croyances, les rites et les modes de pensée de ces religions ou sagesses » (p. 68). La visée prioritaire de l’enseignement de l’Ethique et cultures religieuses est de « découvrir des cultures et des traditions religieuses et humanistes et de développer le sens d’une responsabilité éthique » (PER, MSN, SHS, p. 69).

Cependant, une autre exigence est portée à la lumière dans cette présentation : « Le fait religieux est abordé dans la reconnaissance de la diversité, mais aussi dans l’affirmation assumée des origines culturelles fondatrices de la société occidentale, déclinées sous le terme de judéo-christianisme …. Cette prérogative est d’ordre historique et culturel » (p. 68).

Ainsi, une prédominance est accordée à la culture religieuse judéo-chrétienne, sous prétexte qu’elle est à la base de notre société. Cette préférence s’inscrit-elle bien dans les principes de la laïcité telle que l’école publique se doit de les respecter ? Selon Pena-Ruiz, cela compromet les principes d’une école laïque. En effet, « … nulle croyance religieuse, nulle conviction athée ne peut y être valorisée ou promue, car cela romprait aussitôt le principe d’égalité, tout en faisant violence aux familles qui ne partagent pas la conviction particulière ainsi privilégiée » (2003, p. 74). Peut-être est-ce pour cette raison que le canton de Genève ne peut se rattacher à cette discipline. L’école genevoise ne peut se permettre de privilégier une culture plutôt qu’une autre sans bafouer le principe de la laïcité tel qu’il est conçu dans notre canton.

Une autre raison du refus de Genève est la suivante : pour les cantons concernés, l’intégration du fait religieux se fera comme une discipline à part entière inscrite dans la grille hebdomadaire, ce qui n’est pas le but à Genève. En effet, l’option la plus vraisemblable pour Genève serait une intégration du fait religieux à travers les disciplines déjà existantes. Car

« c’est au sein de chaque matière que le travail doit d’abord être conduit. Après avoir repéré les faits religieux concernés, il importe d’exercer les outils d’analyse propres à la discipline,

42 avec les soucis des questions du sens » (Nouailhat, 2003, p.149). Pour cela, Genève se rapproche plus du cas de la France. Cependant, l’enseignement du fait religieux peut s’inscrire dans d’autres objectifs du PER à l’intérieur de différents domaines. Voici pour les cycles I et II les différentes apparitions de l’enseignement du fait religieux :

Cycle I :

Sciences humaines et sociales :

 SHS 12 : Se situer dans son contexte temporel et social. La composante n° 5 :

« … en prenant connaissance de la multiplicité des religions » (p. 63) Formation générale :

 FG 14-15 : Participer à la construction de règles facilitant la vie et l’intégration à l’école et les appliquer. La composante n°3 : « … en développant le respect mutuel » (p. 48)

 FG 18 : Se situer à la fois comme individu et comme membre de différents groupes. La composante D : « … en identifiant ses caractéristiques personnelles (genre, langue, famille,…) » (p. 49)

Cycle II :

Sciences humaines et sociales :

 SHS 22 : Identifier la manière dont les Hommes ont organisé leur vie collective à travers le temps, ici et ailleurs. La composante n°3 : « … en identifiant les principales religions mondiales. » (p. 96)

Formation générale :

 FG 25 : Reconnaître l’altérité et développer le respect mutuel dans la communauté scolaire. Les composantes n°1 : « … en identifiant des diversités et des analogies culturelles » ; n°2 : « … en participant au débat, en acceptant les divergences d’opinion, en prenant position » ; n°3 : « … en repérant les liens entre les règles de civilité et le respect dû à chacun et en appliquant ces règles » (p. 52)

Le PER ajoute dans ses indications pédagogiques qu’il faut : « Orienter les échanges sur les éléments culturels (tels que les relations hommes / femmes, la communication, les

43 langues, les religions et croyances,…) à différents niveaux : famille, communauté, ethnie » (p. 53). De plus, il est proposé de susciter des échanges « par des événements propres à la vie de la classe (fêtes religieuses, rituels de certains élèves,…) » (p. 53).

De plus, dans le domaine des arts, les objectifs A 14 et A 24 proposent aux élèves de faire une « approche de quelques éléments du patrimoine culturel de l’environnement local (architecture, objets artistiques et artisanaux, fêtes traditionnelles,..) » (p. 54) ou encore de présenter « des éléments culturels de leur pays d’origine » (p. 54). Cela peut être un moyen d’apporter l’enseignement du fait religieux dans les classes.