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Goldberg et Rey, estiment à 25 à 36 milliers de décès par mésothéliome en France entre 1955 et 2010 en se basant sur les données du centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), l’Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (Inserm) et le PNSM (Tableau 2). Ils remettent ainsi en cause le pronostic de la progression continue de l’incidence jusqu’en 2025 en proposant une modélisation alternative. D'après leurs travaux publiés par l’InVS en 2013, le pic de mortalité par mésothéliome pleuraux semble avoir été atteint en France au début des années 2000, avec entre 850 et 1 100 décès annuels (631 à 815 décès annuels chez les hommes et de 245 à 310 chez les femmes), et d’une persistance de l’épidémie jusqu’en 2025.

Néanmoins, même si la mortalité commence à décroître chez l'homme de par la baisse d'incidence, et devrait se stabiliser vers 2030 (au même niveau que dans les années 70)

(Figure 6), il est attendu 18 à 25 milliers de décès par mésothéliome d’ici 2050 en France

(Goldberg and Rey, 2012).

Malgré les avancées thérapeutiques récentes, le pronostic du MPM reste très défavorable. Les manifestations cliniques étant peu spécifiques et survenant à un stade avancé de la maladie, le diagnostic est établi tardivement. Les patients ont une médiane de survie globale (SG) faible de 12 à 24 mois pour une maladie localisée et seulement de 8 à 14 mois pour une maladie avancée (Brosseau et al., 2017; Nelson et al., 2017) et présentent un taux de survie à 5 ans de moins de 10%. La survie est par ailleurs fortement influencée par le sous-type histologique.

Figure 7 : Les types histologiques du mésothéliome pleural malin.

Le type épithélioïde est de meilleur pronostic et chimiosensible alors que les types sarcomatoïdes et mixtes sont de mauvais pronostic et chimiorésistants.

Tableau 3: Marqueurs immunohistochimiques (IHC) capitaux pour le diagnostic du MPM.

Les cibles recherchées en IHC varient selon le type histologique (épithélioïde vs sarcomatoïde), la topographie de la tumeur (pleural versus péritoneal) et le type de tumeur à considérer pour le diagnostic différentiel (adénocarcinome, carcinome épidermoïde, mélanome malin, tumeur fibreuse solitaire).

Pour établir le diagnostic du MPM, l'utilisation de deux marqueurs positifs et de 2 marqueurs négatifs (favorisant le diagnostic d'adénocarcinome ou de sarcome) est recommandée.

Marqueurs positifs

Marqueurs négatifs

Calrétinine TTF-1 (Thyroïd transcription factor-1)

Cytokératine 5/6 ACE

WT1 (Wilms tumor gene-1)

marquage nucléaire

Ber EP4

(positivité focale dans 20% des cas)

EMA (Antigène membranaire anti-épithélial)

marquage membranaire intense CD34

Pan-cytokératine KL1 ou AE1-AE3 Bcl2

Récepteurs au œstrogènes et à la progestérone

I.E.

Classification histopathologique du MPM

Le diagnostic histologique du mésothéliome est complexe et difficile. Il s’appuie sur une procédure standardisée et de confirmation par un panel "tumeurs rares", labellisé par l'INCa, d’experts en anatomopathologie : le groupe MESOPATH. Il repose sur l'analyse de plusieurs marqueurs immunohistochimique (Tableau 3) afin de distinguer d'une part un MPM de lésions pleurales bégnines, inflammatoire ou réactionnelles, et d'autre part de métastases pleurales d'un adénocarcinome pulmonaire ou extra-thoracique, ou encore d'un sarcome pour les sous-types sarcomatoïdes. La déclaration d'un mésothéliome et sa certification anatomopathologique sont devenus obligatoire en 2011.

La nouvelle classification de 2015, des tumeurs de la plèvre, par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est basée sur des critères histopathologiques (Travis et al., 2015). En effet, la tumeur peut prendre de nombreux aspects histologiques du fait de la grande plasticité morphologique des cellules mésothéliales pouvant mimer des cellules de types très différents, de la cellule épithéliale à sarcomateuse (Husain et al., 2013) (Figure 7):

 Le MPM épithélioïde représente 70% des mésothéliomes, il est de meilleur pronostic et réputé plus chimio-sensible avec une médiane de survie de 14 mois (Wang et al., 2017) . Le type épithélioïde est réparti en plusieurs variantes architecturales et cytologiques. Sur le plan architectural la forme épithélioïde possède un grand polymorphisme histologique avec des formes tubulo-papilllaire, micropapillaire, acinaire, adénomatoïde, kystique ou encore solide. Les variantes architecturales ont peu ou pas d’implication pronostique alors que les variantes cytologiques, notamment avec les formes rhabdoïdes, déciduoïdes ou pléiomorphes, sont décrites dans certaines études comme de moins bon pronostic. Il est à noter que l’élévation des atypies nucléaires, des mitoses ou de l’index de prolifération sont des facteurs de mauvais pronostic (Kadota et al., 2012).

 Le MPM sarcomatoïde représente 10% des mésothéliomes, il est de mauvais pronostic et chimio-résistant avec une médiane de survie globale d'à peine 5 mois (Wang et al., 2017). Cette forme résulte de la prolifération de cellules fusiformes organisées en faisceaux enchevêtrés ou s’agençant au hasard. Le sous-type desmoplastique est une variante du type sarcomatoïde, très agressive mais rare représentant 2% des mésothéliomes et se caractérise par un aspect très fibreux, pauvre en cellules fusiformes.

Figure 8: L’amiante entraîne des dommages cellulaires conduisant à un mésothéliome.

Les cellules mésothéliales exposées à la production de ROS/RNS induite par le fer, les macrophages et les cytokines inflammatoires peuvent faire face à des lésions cellulaires et subir une transformation maligne entraînant un mésothéliome (d’après Benedetti et al., 2015).

Fibres

d’amiante

Mésothéliom

e

Transformation maligne

Amiante Cellules mésothéliales Macrophages pleuraux

Recrutement des

cellules

inflammatoire

Lésions des cellules mésothéliales

Mésothéliome

Inflammation

chronique

Production de ROS/RNS

médié par les macrophages

Production de ROS/RNS

Le MPM biphasique ou mixte représente 20% des cas, il est de moins bon pronostic que le sous-type épithéloïde mais meilleur que le sarcomatoïde avec une médiane de survie d'un peu plus de 10 mois (Wang et al., 2017), l'importance de la composante sarcomatoïde étant associée au pronostic péjoratif. Pour considérer qu’un mésothéliome est biphasique, il faut que le pourcentage de chaque composante (épithélioïde et sarcomatoïde) représente au minimum 10% de la tumeur.

I.F.

Caractéristiques moléculaires de la cancérogenèse pleurale