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La place et le rôle des enseignantes et de l’enseignement des langues vivantes

V. Discussion

5.2 La place et le rôle des enseignantes et de l’enseignement des langues vivantes

Afin de répondre à notre deuxième question de recherche, « Quelles sont les méthodes et les pratiques d'enseignement requises pour s’adapter aux différences linguistiques, culturelles et sociales entre les différentes classes sociales ? Quelles seraient les démarches et les processus utilisés par les professeurs de langues étrangères enseignant en contexte de forte hétérogénéité linguistique, culturelle et sociale pour assurer les apprentissages de tous les élèves ? », nous discuterons la place

et le rôle que les enseignantes de langue vivante -dans notre cas, d’espagnol- estiment avoir au sein des classes hétérogènes. Nous verrons également quel est, selon elles, la place de l’enseignement des langues vivantes dans un groupe hétérogène et comment elles adaptent les processus d’apprentissages. L’hétérogénéité des origines, des vécus, des motivations et des compétences provoque parfois une difficulté de la part des enseignants à s’adapter et à susciter l’intérêt de chacun. L’enseignement de langues vivantes au sein des classes hétérogènes pourrait en être le bénéfice optimal.

5.2.1 L’enseignant : un guide pour la pédagogie interculturelle

La majorité des répondantes à cette recherche définit son rôle d’enseignante en tant que « guide ». Elles définissent, tout comme dans le premier décret de la circulaire de rentrée de 201427, le professeur comme un être polyvalent ayant comme obligation l’accompagnement de tous ses élèves : « I- accompagner les élèves dans leurs apprentissages et la construction de leur parcours pour une meilleure insertion sociale et professionnelle ». En effet, elles affirment adopter une posture de « guide » au sein de leurs classes et d’accompagner leurs élèves, afin de les aider au maximum.

Ensuite, les enseignantes interviewées attirent notre attention lors qu’elles disent avoir le rôle d’adresser tous leurs élèves, dans l’objectif de les faire progresser et ainsi de jouer leur réussite scolaire. Ces réponses confirment bien évidemment la synthèse de lectures axées autour de l’enseignement et de la posture de l’enseignant dans classes hétérogènes. De cette façon, les enseignantes adoptent un rôle de didacticiennes par le partage de leurs savoirs, mais aussi de pédagogues par la mise en pratique des enseignements et enfin de négociatrices par les ajustements de situations didactiques en

planifiant leur enseignement. De plus, la totalité des enseignantes considèrent avoir l’obligation d’adopter le statut de « personne-ressource » au sein de la classe, pour la prise en compte de la totalité du public apprenant, mais aussi pour tirer de ces différences et de cette hétérogénéité quelque chose de positif.

Finalement, les enseignantes déclarent toutes agir par la motivation en adoptant un rôle d’adulte stimulateur envers leurs élèves. Elles considèrent, en plus de diversifier les supports et leurs pratiques comme constaté dans le paragraphe 5.1.2.1, enthousiasmer leurs élèves lorsqu’il leur est possible avec l’objectif de les intéresser, de les motiver pour ainsi réussir à mieux gérer et valoriser l’hétérogénéité. Ces résultats confirment nos lectures dans lesquelles Lieury et Fenouillet (2006), avaient déjà préconisé la « stimulation cognitive » (p.21) comme levier d’intérêt pour l’objet du savoir qui prolongeait la motivation et poussait les élèves à apprendre. Une motivation qui selon eux, devait davantage être stimulée par les enseignants.

Ces résultats nous permettent de répondre à l’objectif de recherche Nº 2, dans le sens où la majorité des enseignantes considère adopter une posture de « guide » envers la totalité de leurs apprenants en s’adaptant à toutes les différences et en agissant par l’enthousiasme, la motivation et la valorisation de tous leurs élèves. Des pratiques qu’elles considèrent certes, complexes mais qui semblent permettre l’apprentissage de tous auxquelles nous pourrions ajouter d’autres pratiques relatives aux missions des enseignants (Voir Tableau Nº 4).

Tableau 4: Principales missions des enseignants relatives à la circulaire de 2014, Les missions du professeur, Revue Nº 7. Juin 2014

5.2.2 Les langues au service de l’hétérogénéité

Quant à la place et au rôle de l’enseignement des langues vivantes en rapport avec la gestion de l’hétérogénéité, il était postulé par Coste (2013), que « les langues sont au cœur de l'éducation » (p.8). Il expliquait également qu’en plus du dynamisme proportionné lors des cours de langues vivantes, ces dernières devraient être enseignées selon une approche compréhensive, cohérente et culturelle. Cette hypothèse nous permettait donc de répondre à la deuxième partie de notre deuxième question de recherche. « Quelles seraient les démarches et les processus utilisés par les professeurs de langues étrangères enseignant en contexte de forte hétérogénéité linguistique, culturelle et sociale pour assurer les apprentissages de tous les élèves ? ».

Nous constatons que cette hypothèse s’est vue confirmée, puisque lors de l’étude des entretiens et des questionnaires adressés aux enseignantes, la majorité des participantes a affirmé utiliser l’approche culturelle comme processus pour adresser le plus d’élèves possible et ainsi tirer profit de l’hétérogénéité lors des apprentissages.

L’espagnol étant une langue répandue dans le monde, ayant différentes sonorités et appartenant à des cultures différentes, cette approche permettait de faire prendre conscience à chaque élève par rapport aux différentes identités personnelles, mais aussi de les sensibiliser et les responsabiliser face aux différences d’autrui.

D’autre part, certaines enseignantes considéraient que le cours de langue, -dans cette étude, l’espagnol- permettait aux élèves de porter une attention envers toutes les langues vivantes qui ont voix dans l’institution scolaire, qu’elles soient enseignées ou non. Ainsi, une des quatre enseignantes interviewées affirmait laisser la parole libre à ses élèves ayant une autre langue lorsqu’ils désiraient intervenir en cours d’espagnol pour faire des références à un thème précis ou autre. De cette manière, l’enseignante semble porter de l’attention à l’hétérogénéité de tous les élèves et prendre en compte l’ensemble de la classe. En effet, cette façon de procéder permettrait d’aborder la pluralité constitutive des langues et ainsi les intégrer de manière cohérente aux connaissances étudiées en cours. Une façon d’intégrer la diversité qui, comme l’indiquent Abdallah- Pretceille et Porcher (1996), serait « la clé qui ouvrirait toutes les serrures scolaires » (p.28). De plus, ces résultats viendraient à appuyer « L'enrichissement par les différences » (p.25) souligné par Abdallah-Pretceille et Porcher (1996), qui désignait le bénéfice optimal des capitaux culturels différents de chacun par la totalité d'un groupe grâce à la circulation et au partage et expliqueraient que la différence culturelle doit être pensée comme une ressource positive pour les tout type de processus de croissance des sociétés et/ou des personnes comme le soulignait Collot et al. (1993).

De cette façon, nous pouvons affirmer que les langues vivantes jouent un rôle essentiel dans la gestion, mais aussi dans la valorisation des différences et donc de l’hétérogénéité dans les classes multiculturelles. Les résultats nous ont permis de voir que

l’approche culturelle des langues vivantes peut être une démarche voire même un processus pour adresser tous les élèves et ainsi générer l’apprentissage de tous les apprenants. Tout d’abord par la prise en compte de la diversité de chacun, puis par la construction personnelle de leur place dans la société en associant leurs différences avec les possibles divergences des cours de langues -ici l’espagnol-.

5.3 Le ressenti des élèves et leur perception concernant la valorisation de