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IV. TRAITEMENT

4. QUELQUES PISTES DE TRAITEMENTS

Les inconvénients majeurs de l'immunothérapie, seul traitement curatif existant, sont, en plus de la nécessité d'injections sur plusieurs années :

 La limite de ses indications (non utilisable pour les allergènes d'animaux, les médicaments ou les aliments),

 Parfois imparfaitement efficace,

 Variable d'un patient à l'autre,

 Elle peut provoquer des effets secondaires notamment des réactions d'anaphylaxie principalement dues à l'utilisation d'allergènes naturels.

4.1 Vers de nouvelles indications

Les cellules dendritiques jouent un rôle primordial dans la réaction immunitaire, elles sont capables de présenter les antigènes avec le complexe majeur d’histocompatibilité et ont la capacité d’influencer la réponse immunitaire via l’expression de molécules de co- stimulation et la sécrétion de cytokines. Les cibler semble une approche prometteuse pour traiter l’allergie.

Une équipe de chercheurs canadiens (34) vient de mettre au point une technique d'immunothérapie à l’aide de cellules dendritiques, qui éliminerait presque en totalité la réponse allergique aux arachides et aux protéines du blanc d'œuf chez des souris souffrant d'allergies alimentaires. Le traitement réduirait la réponse anaphylactique de presque 90 %. La méthode proposée consiste à produire des cellules dendritiques, puis à les exposer à un mélange de protéines composé d’un acide relié à la vitamine A produite par l’intestin humain et d’un allergène (arachide ou ovalbumine). Les cellules dendritiques modifiées sont ensuite

58 réintroduites dans la souris. Cette méthode permettrait de convertir les cellules immunitaires sensibilisées à l'allergène en cellules qui mimeraient l'action de cellules d'individus sains. Cette technique ouvrirait des perspectives à de nombreux allergiques.

4.2 Amélioration de l'utilisation et des effets secondaires

Une équipe de Zurich, a cherché à améliorer l’immunothérapie et les résultats de l’étude ont été publiés en 2012. (35) L’allergène ganglionnaire recombinant Fel D1 a été fusionné à une séquence de translocation (TAT) et à une partie de la chaine invariable humaine permettant la production d’un vaccin modulaire de transport d’antigènes le MAT-fel d1. Cette technique permet de provoquer une tolérance aux allergènes après seulement 3 injections en 2 mois. Et les effets secondaires sont moins fréquents (p=0,001)

Les allergènes interagissent avec les lymphocytes T par l’intermédiaire d’épitopes dits T et avec les IgE, par l’intermédiaire d’épitopes dits B. Une solution consisterait à traiter le patient par des peptides recombinants correspondants uniquement aux épitopes T (36). Il faudra sélectionner des isoformes sans réactivité vis-à-vis des IgE et formés de telle sorte à réduire la densité, l’accessibilité aux épitopes B ou en modifiant la séquence épitopique B par mutation ou clivage des ponts disulfures.

De plus, la modification des extraits allergénique de manière chimique ou par recombinaison génétique, ferait perdre aux allergènes leur capacité allergisante et permettrait donc d'éviter les effets indésirables. (37)

Une autre technique consisterait à utiliser des pseudo-particules virales (VLP) vidées de leur génome et donc incapables de se répliquer (38). Des antigènes pourraient être insérés dans ces pseudo-particules virales ce qui permettrait la production d’un véritable vaccin. L’utilisation de rétroVLP (VLP dérivées du rétrovirus Murine Leukemia Virus MLV) est intéressante dans la protection de l’antigène par son encapsidation.

En effet, contrairement à l’administration orale qui est sensible au pH de l’estomac, aux enzymes du tractus digestif, cette technique permettrait d’éviter ces obstacles nuisibles au traitement. De plus, l’antigène encapsidé est protégé de la reconnaissance par les IgE

59 supprimant ainsi les risques d’effets secondaires graves comme les chocs anaphylactiques. Une véritable avancée.

4.3 Nouvelles voies d'administration

a) voie épicutanée

La voie épicutanée a été développée par DBV technologies sous forme de patch Vaskin®. (39). Cette technique cible des cellules dendritiques épidermiques spécifiques, les « cellules de Langerhans », qui captent l’antigène et migrent vers le ganglion lymphatique pour activer le système immunitaire sans que l’antigène ne passe dans la circulation sanguine. Cette voie active des cellules T régulatrices (Tregs) spécifiques capables de diminuer la réaction Th2 à l’allergène. Tout ceci permet une utilisation facile, une action continue même après l’arrêt de traitement et une véritable innocuité. Pour l’instant ces patchs ne peuvent être utilisés que dans les allergies aux arachides, au lait de vaches et aux œufs de poule mais de futures applications sont en cours de développement.

b) voie intra-lymphatique

La voie intra-lymphatique utilisée par une équipe de Zurich (40), sur un panel de 165 patients atteints de rhino-conjonctivite induite par le pollen de graminées a augmenté la sécurité et l'efficacité de l'immunothérapie et réduit le temps de traitement de 3 ans à 8 semaines (4 injections).

4.4 Vaccin bilié de Calmette et Guerin (BCG)

Selon certaines études, le vaccin BCG traditionnellement utilisé pour la protection contre la tuberculose serait utile dans la protection vis à vis de certaines maladies allergiques notamment l’asthme. En effet, le vaccin BCG est un immunostimulant qui prépare les lymphocytes Th1 à produire des cytokines qui antagonisent l'atopie. L'atopie est le principal

60 facteur de risque de développer des allergies, donc il est possible qu'un vaccin comme le BCG puisse protéger des maladies allergiques telles que l'asthme.

Une étude publiée en 2004 (41), réalisée à Londres et portant sur un panel d'enfants entre douze et seize ans, avait pour but de mettre en évidence une relation entre la vaccination néonatale par le BCG et la prévalence de l'asthme chez ces enfants. Sur la base d’un questionnaire, il a été mis en évidence une diminution du développement de l’asthme chez les enfants vaccinés par le BCG et ayant des antécédents de rhinite allergique. Cependant, aucune protection n’a été démontrée chez les enfants présentant un asthme isolé. Des études devront être poursuivies pour confirmer ce résultat.

4.3 Allaitement

Le sujet de l'allaitement est plus controversé.

Une étude américaine (42) publiée en 2001 a mis en évidence une relation entre l’allaitement et l’asthme. En effet, cette étude, portant sur 1246 nourrissons qui ont été suivis pendant 13 ans, a démontré que les enfants de trois ans qui avait été allaités avaient moins de sifflement asthmatique que ceux qui n’avaient pas été allaités et que les enfants de six ans allaités de manière prolongée (supérieure à six mois) avaient 5,7 fois plus souvent de l’asthme si la mère était asthmatique.

Plus récemment, une équipe australienne (43) a étudié l’impact de l’allaitement maternel pendant les trois à quatre premiers mois sur les sifflements respiratoires des enfants de cinq ans et plus. Ils ont publié une revue systématique et une méta-analyse où, sur les 1462 publications initialement sélectionnées, trente et une études publiées entre 2000 et 2010 ont été retenues. Ils en concluent qu'il n'existe pas de lien entre l’allaitement maternel et la fréquence des maladies sifflantes après cinq ans.

Pour la rhinite allergique, une équipe israélienne (44) a publié une méta-analyse où 6 études ont été analysées et ils concluent à un effet protecteur de l’allaitement maternel exclusif pendant trois mois, avec ou sans antécédents familiaux d'atopie.

61 18 études a montré qu’un allaitement exclusif au sein de trois mois était associé à une diminution du risque de dermatite atopique chez les enfants ayant des antécédents familiaux d’allergie. Cet effet est moindre dans la population générale et chez les nourrissons dont les parents ne sont pas allergiques.

En 2009, une autre méta-analyse menée par une équipe de Taïwan (46) portant sur 27 études ne montre pas de relation solide entre un allaitement au sein de trois mois et une moindre prévalence de l’eczéma.

Même si les données semblent se contredire les unes les autres, les pédiatres recommandent aujourd'hui l'allaitement maternel jusqu'à 6 mois.

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