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Les enregistrements extérieurs ont été effectués en stéréophonie avec un Nagra IV S, des microphones B et K, Neumann et Schoeps.

Magnétophones utilisés : Schlumberger

Les mixages ont été réalisés sur des consoles Studer.

Les enregistrements musicaux ont été effectués en sons numériques mais les montages copies en sons analogiques.

Cette composition met en jeu le paradoxe du bruit, à la fois source et possible destruction de vie Sa structure orchestrale, sur plan parfaitement symétrique, est perturbée par l’insertion de bruits extérieurs. Les textes, écrits hors musique, « parasitent » l’agencement et le son instrumental pur, non aléatoire. L’œuvre même, en train de se faire, a été sans cesse remise en question. Les trois pièces

« à danser » du centre sont un exemple de ce traitement. Initialement, elles supportaient une voix chantée, aiguë, dominante. Celle-là est finalement en retrait, inscrite en négatif dans la matière sonore.

Le « petit bruit » qu’elle fait provoque peut-être mieux l’écoute de l’auditeur et juste un peu au-delà de son confort…

avec les voix de :

René Farabet pour le texte,

Brigitte Schildknecht pour la musique.

avec

le Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par Lucas Pfaff groupe de réalisation:

Danielle Bajoue : chargée de réalisation Jean-Michel Cauquy : technicien Myron Meerson : directeur du son

Personne n’aurait pu dire comment était née la rumeur. Elle était partie du Palais et s’était répandue, visqueuse, sur la ville et le monde.

En l’apprenant, il avait poussé un rugissement sarcastique.

Deux jours après, il était apparu comme une momie sans âge, pour prononcer son ultime discours Il avait essayé de leur faire un cours sur le son et le bruit mais il n’avait pas pu maîtriser le chahut qui s’accentuait de semaine en semaine.

Il leur avait parlé de hauteur, d’intensité, de décibels mais sa voix ne couvrait pas les cris et les rires.

Après la chute fatale qu’il fit du douzième étage, c’est donc à son remplaçant qu’il incomba de leur inculquer toutes ces notions.

Les Tables de la Loi tombèrent avec fracas. Moïse, empêtré dans son manteau, lança un regard éperdu au metteur en scène.

- « Coupez ! Tu ne peux pas faire attention ! On la refait »

Moïse se déplaçait avec un bruissement majestueux. Ses pas crissaient sur le polystyrène du Sinaï.

- « Silence ! Action. »

Marcel bondit : « Les Dix Commandements ». Scène 8. Douzième.

Au claquement sec se succéda le bourdonnement du moteur. Moïse, en s’avançant sentait le sang lui battre dans les tempes.

- Vous avez une pièce d’identité ? Merci.

- 14F.20, 190F.80, 42F.30, 69F.75, 214F., 18F.10. Total: 549F.15.

Vous avez une pièce d’identité ?

Dis, tu crois qu’on ne pourrait pas faire une pétition pour arrêter cette musique ? Moi, j’en peux plus. Ça fait dix fois depuis ce matin qu’on entend la même chanson.

- 24F.60, 17F.80, 103F., 28F.90, 149F20, 205F.05, 6F.15. Total: 535F.15 Vous avez une pièce d’identité ? Merci.

Encore cette chanson !

- 12F95, 206F.10, 74F.88, 50F.19. Total: 362F.93 Vous avez une pièce d’identité ? Merci.

VOIX. SPEAKER DE LA RADIO

« Un incendie a éclaté dans un supermarché de Boulogne. Le sinistre a été rapidement maîtrisé mais deux manutentionnaires sont dans un état grave. Aucun client, malgré l’affluence, n’a été blessé. Il semble qu’une caissière soit devenue amnésique sous l’effet de la peur. Une enquête est ouverte. » La chambre était dans la pénombre. Une ligne de lumière longeait le store et Antoine étudiait les formes géométriques du plafond. Un enfant pleurait dans une maison voisine. Un grondement de moto couvrit sa voix et s’éloigna. Antoine soupira et déplaça un oreiller. Il aurait voulu échapper à la chaleur implacable qui écrasait la ville. Les cris stridents de deux chats déchirèrent le silence. Marie tressaillit.

Il la regarda dormir. Elle avait une respiration sifflante et il eut envie de la réveiller. Elle était encore belle. Elle l’agaçait.

Il alluma une cigarette, la fuma à moitié et l’écrasa avec rage.

Il bascula hors du lit et commença à placer sa jambe artificielle.

Le vieil homme restait immobile pendant des heures, le regard perdu vers quelque lointain passé.

Au début, il avait fait un effort, puis il avait renoncé. Il s’était replié sur lui-même. Lui, l’âme de toutes les fêtes, avait perdu le goût des choses.

- « Il ne parle qu’à Paul », disait sa fille.

Chaque dimanche, il sortait de son mutisme pour interroger son petit-fils. L’enfant articulait avec soin pour qu’il puisse lire sur ses lèvres, et il racontait l’école, les copains, la vie.

Souvent, ils regardaient ensemble des photos jaunies, où un garçon en uniforme souriait à une fille à longue natte.

Parfois, ils faisaient une partie de jacquet et ils se disputaient parce que Paul trichait et que son grand-père détestait perdre.

Puis, quand le soir venait, Paul repartait et le vieil homme retrouvait sa solitude de sourd.

Pablo n’avait jamais vu autant de policiers dans son village. Il admirait leurs motos et leurs uniformes, tout en trottinant derrière sa mère.

- Allons, dépêche-toi, Pablo. Donne-moi la main, il y a tellement de monde…

Pablo ne comprenait pas bien ce qui se passait. Le village entier était dans les rues et on pouvait percevoir une rumeur grandissante.

- Moi aussi, je voudrais un petit drapeau rouge et blanc.

- Mais non, viens.

- J’aimerais tellement avoir un petit drapeau !

La place n’était qu’un immense bourdonnement. Les sirènes des voitures ressemblaient à celles des films américains. Au-dessus de l’estrade gardée par un cordon de militaires, claquaient de grands drapeaux. Soudain un grondement de motos annonça le cortège officiel. Pablo, qui ne voyait rien, perçut un murmure dans la foule. Une clameur s’éleva quand le Général apparut.

- Je veux voir la voiture du Général !

Le Général avançait, entouré de ses gardes du corps.

Des centaines de drapeaux s’agitaient frénétiquement. Il gravit les marches de l’estrade. Il portait des

Pablo regarda sa mère qui semblait endormie. Il ramassa un petit drapeau trop rouge et s’enfonça dans la ruelle.

En sortant, il fut saisi par le froid.

Il n’aurait pas dû boire autant. La neige n’avait pas cessé de tomber depuis le début de la soirée et le bruit des voitures lui parvenait assourdi. Il marchait avec précaution, craignant de glisser.

Il s’installa au volant et démarra avec difficulté. Il roulait maintenant vers le centre de la ville et se trouva pris dans un concert de klaxons.

Il jeta un regard dans son rétroviseur pour voir quel était l’imbécile qui célébrait le Premier de l’An avec autant d’ardeur. Il entendit le choc de la tôle. Il descendit, hébété, et regarda le sang sur la neige.

Une voix derrière lui le fit sursauter :

- Vous n’avez donc pas entendu ? Il y a cinq minutes que j’essaie de vous faire comprendre que vous avez oublié d’allumer vos phares !

- Allo, allo, vous m’entendez ? Ici le Central d’Angoulême.

Alors, vous avez des nouvelles ? … A Joinville, il y a une heure ? Ah… Oui, oui, je reste en ligne.

Allo, j’écoute, oui…

Vous croyez qu’ils arrivent ?… Vous entendez un grondement sourd….

Vous voyez le premier tank…

Oui, oui, j’entends, je les entends…

A_XVI.10

IDA, Impressions d’Amérique, 1988

ACR 2 bandes 19cm/s n°22 et 23 (sans générique de fin)

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