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Clochette en os: structure intermittente, aléatoire,

Contrebasse; coup d'archet continu « Comme un souffle sans fin »

Poèmes

Femme-enfant

Elle ne se doute pas de sa jeunesse Et ne sait comment oublier la blessure C'est pourquoi tout en elle est musique

La venelle

Quelques faibles lumières vacillantes, à l'entrée des paillotes sises de part et d'autre de la venelle de terre où des ombres plutôt que des hommes se glissent.

Et au-delà est la nuit, d'un noir inquiétant.

Elle invitait à entrer, se cachait dans la pénombre, jouait, attirante, irrésistible.

Une crainte et un sourire se dessinaient sur son visage.

Elle disparût, sans réticence, en amazone, dans le bruit et l'obscurité.

Un effluve

Comme un écho qui n'en finit pas d'être écho, son parfum flotte et survit.

Le toit de tôle

Traversée de la ville obscure, par les rues désertes et les chemins l'immense toit de tôle pour accueil.

Et le grand espace au-dessous se mit à bruire. C'est avant l'aube, le réveil des hôtes.

Le regard

La voir en face devenait urgent.

L'électricité défaillante l'empêchait.

Un petit son, une flamme jaillit, saisissant quelque chose d'elle.

Doucement

C'est lentement qu'elle se laissa découvrir,

Sans bruit... des jours et nuits la conquête se poursuivit.

Sentiments

Rien ne laissa présager ses sentiments, Le chemin parcouru, en elle et en silence.

Loin d'Angkor Elle restait.

Elle s'imaginait en harmonie avec le lieu.

Ici, à Angkor.

La danse

Sa tête penchait d'un côté puis lentement se déplaçait de l'autre côté, dans un mouvement régulier et souple, indépendant de celui qu'inspirait la musique.

Elle dansait.

(Non) Retour

Eloignement.

Etouffement.

Ivresse

Titubant, le regard ivre de possession, posé sur toi.

Envahie, violée...

Et ton sourire se perpétue.

L'Idée

Qui ne lâche prise

S'approprie l'esprit, dans la durée.

La fête

Le réveil à minuit fracassant de pétards.

Une trombe d'eau s'abat sur le toit de tôle.

C'est le THET.

Elle jouit de coups et de salves infinies.

Sentir L'écouter.

L'effleurer.

Se frotter à elle.

Respirer son souffle.

Joie de la découvrir.

Formes

Elle est géographie.

Douceur des contours, de formes et de cris à jamais inconnus.

Pénétration

Etendue sur le grand lit du fleuve, reposant sous la moustiquaire blanche de nuages épars, Elle souriait, silencieuse, montrant la voie.

Ville et femme

Ton nom ne se prononce qu'en incertitude.

Choc qui laisse sa trace.

Etre pareille à tant d'autres et si différente à « j'écoute l'instant ».

L'adieu

Telles deux rives au loin se réunissant

Elle rapproche ses bras joignant ses mains pour y enserrer le temps définitivement.

Le regard fixe l'adieu au fond de la mémoire

Durée : 14 min 40"

PHNOM-PENH : SITUATIONS I-VIII

Traitement électro-acoustique

I Marché central II La prairie

III Pointe de la presqu'île IV Traversée du Benkak

V Quartier d'habitations précaires VI La fête du Thêt

VII Le village sur le Benkak VIII La ville ressuscite

Textes

I Marché central

« Le Marché central est cerné d'une avenue où la rumeur urbaine, addition de tous les bruits de circulation marque le lieu de son emprise exclusive.

Le bruit est complexe, les émergences se multiplient, les changements sont rapides. On reconnaît les signes, on perçoit à l'oreille le sens giratoire des mouvements sur la place.

Si on s'éloigne dans la direction de la grande halle centrale par une allée à ciel ouvert entourée d'étalages, quelques mètres suffisent pour que le bruit de la ville s'estompe, laissant place à de petits bruits itératifs, multiples, proches, distincts, leur nature révélant une activité de marchands de vêtements, de vendeurs d'oiseaux. A l'oreille, il est facile de reconstituer un espace resserré, absorbant.

Ce sas acoustique passé, on débouche d'un coup dans une rotonde remplie de monde s'affairant autour des échoppes d'orfèvres, de vendeurs de pierres précieuses... Il n'y a pas d'électricité, donc pas de moteurs ou de bruits mécaniques. Seul des coups de marteau (opération d'agrandissement des anneaux d'or ou des bagues sur des moules spéciaux) produisent des sons métalliques incisifs, suivis d'une résonance prolongée, réfléchie par l'immense coupole recouvrant le lieu. Là-dessous, des voix innombrables forment une véritable rumeur humaine, créée autant par les mille et mille son-phonèmes que par le volume qui les contient, les lie ensemble.

Seuls quelques cris d'enfants et les coups de marteau ponctuent le temps de cette couche sonore dense et lisse. »

II La prairie

« Dans la prairie le long de la Rue Des Petites Fleurs, les petits bruits, insectes, cris du coq, minuscules cloches en os au cou des buffles... donnent l'échelle du lieu par dessus la rumeur de la ville au loin. On est dans le milieu calme d'une grande métropole. »

III Pointe de la presqu'île

« A l'extrémité de l'île le fleuve vit intensément.

Les bateaux contournent la pointe très près du bord, remontent vers Phnom-Penh, ou en reviennent.

La voix des voyageurs ou des haut-parleurs émergent du bruit des moteurs.

L'herbe haute qui s'enracine là dans le vent nourrit les insectes, dissimulent les oiseaux : leurs cris et leurs chants en jaillissent ou s'inscrivent comme une saignée étroite et hyper aigue dans la trame sonore du lieu. »

IV Traversée du Bengkak

« De la presqu’île on se dirige sur le Bengkak vers la rive opposée empruntant une barque de pêcheur étroite conduite par un jeune garçon.

Les bruits du village disparaissent lentement. Le son de la pagaie jetée à intervalle régulier dans l'eau reste seul à fendre la rumeur de la ville de plus en plus uniforme et affaiblie.

Après un quart d'heure de traversée, la musique des radios se fait progressivement et à nouveau entendre. La voix des gens eux-mêmes devient perceptible. À quelques dizaines de mètres du bord, dans un presque insensible crescendo, le son aigu et continu des insectes installés dans les arbres signalent la fin du passage. »

V Quartier d'habitations précaires

« Ce qui pourrait être considéré comme le centre du quartier d'habitations précaires en est aussi l'une des entrées.

Une minuscule place sépare deux échoppes où les gens sont assis, boivent et surtout ont les yeux fixés sur des écrans diffusant des bandes vidéo faisant office de télévision. A cause de leur proximité les sons des deux postes se mélangent tout aussi saturés et criards chez l'un comme chez l'autre.

Après quelques pas sur un petit chemin de terre qui va desservant les paillotes sises de part et d'autre de son tracé, la vie de tous les jours reprend le dessus. Piaulant, une nichée de canetons fuit devant nous. Les enfants nous suivent un petit bout de chemin et nous interpellent avec les quelques mots d'américain qu'ils connaissent. Une femme essore son linge devant chez elle et rejette l'eau dans l'étang qui vient jusque là. Plus loin ce sont des coups de marteau que l'on entend qui sont donnés pour consolider la paillote en train d'être construite. Quelques mots et sourires des femmes assises sur les tapis de paille de riz dans la pièce surélevée de leur habitation saluent notre passage.

De retour dans la ruelle bétonnée qui tient lieu de nervure principale au quartier, l'activité redouble d'intensité. Une mobylette se fraie le passage au milieu de gens qui s'affairent ici et là. Enfin nous revenons aux bruits de voix éraillées des téléviseurs. »

VI La fête du Têt

« La fête du Têt. Les bruits des pétards forment un tissu sonore dense avec parfois des éclats plus au devant. Une structure de sons électroniques très aigus absolument continus crée un état d'alarme et de tension constante. (Ce sont les insectes de la nuit qui font ce bruit). Les uns sur les autres, ils masquent le bruit connu de la ville. On a l'impression d'être géographiquement sur un sommet, alors que c'est au niveau du Bengkak dans le quartier d'habitations précaires au bas de l'ancienne résidence de France, non loin de l'hôpital Calmette que se situe le point d'écoute. »

VII Le village sur le Benkak

« Dans le village de la presqu'île sur le Benkak, la rumeur de la ville est omniprésente mais comme une première couche sonore parfaitement lisse façonnée par l'effet conjugué de l'eau et de la distance.

Viennent se superposer tous les bruits que fait un monde rural vivant en autarcie un régime écologique rapide. Enfants ruant, jouant, récitant leurs leçons, adultes aux paroles rares, travaillant dans les cultures, à l'arrosage des plants, à la coupe du petit bois, à l'aménagement de leur paillote, animaux te toutes espèces aboyant, criant, grognant, piaillant, toutes sortes d'activités et de bruits qui s'additionnent dans le même temps et le même espace, sans nuisance. Une musique sans agressivité, démultipliée par les radios et vidéos, sert de lien dans la continuité et l'épaisseur sonore du lieu. »

VIII La ville ressuscite

La ville ressuscite. La circulation s'intensifie. Dans les grandes avenues les mouvements bruyants ne cessent plus. Dans le cimetière des trains un vieux diesel reprend le service avec son bruit bien à lui.

A_XVI.18

Le son de Hanoï cité/musique, 16 juin 1995

ACR 43’38

1 DAT 44.1 KHz n°554

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