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B Phylums et genres bactériens retrouvés dans la plaque dentaire

BUCCALE DU CHAT

2. A GENTS ETIOLOGIQUES IMPLIQUES

2.1. B Phylums et genres bactériens retrouvés dans la plaque dentaire

La cavité orale contient de nombreuses espèces commensales qui sont considérées comme faisant partie du microbiote sain. Toutefois, certaines espèces sont plus fréquemment retrouvées lors de maladies parodontales, on parle alors de parodonto-pathogènes (Bernimoulin 2003).

Bien que la parodontite soit reconnue comme une maladie infectieuse et que plus de 700 espèces de bactéries aient été identifiées comme étant capables de coloniser le biofilm du sulcus gingival. Le premier et troisième postulat de Koch ne peuvent donc pas s’appliquer (De Simoi 2012).

La composition de la plaque dentaire n’est pas connue avec précision chez le chat mais les différentes études réalisées montrent de grandes similarités avec les familles et genres retrouvés chez le chien, et dans une moindre mesure chez l’homme (Harris et al. 2015).

Les études présentées par la suite se basent sur des technologies d’identification bactérienne dites de nouvelle génération. Ces techniques permettent une meilleure identification des germes présents car elles permettent de s’affranchir de la culture bactérienne qui peut parfois être difficile voire impossible pour certaines espèces (Harris et al. 2015).

Une étude a été conduite par Harris en 2015 sur 92 chats : 20 chats sains, 50 chats présentant une gingivite et 22 chats présentant une parodontite légère, c’est à dire une perte d’attachement < 25%. Cette étude a permis de mettre en évidence que

Porphyromonas est le genre le plus abondant dans la plaque des chats sains et Peptostreptococcaceae est la famille la plus abondante lors de gingivite et parodontite

légère (Harris et al. 2015)

Quelque soit l’état de santé des animaux, les 3 embranchements les plus représentés sont Bacteriodetes, Proteobacteria et Firmicutes, dans des proportions variables. Il existe des différences dans les proportions des germes anaérobies, anaérobies facultatifs et aérobies entre les différents états d’atteinte mais les germes

anaérobiques sont prédominants dans tous les cas. Ils représentent 50% des germes chez les chats sains et 80% chez ceux avec une parodontite modérée. A l’inverse, la quantité de germes aérobies diminue lors de parodontite et ils ne représentent alors que 2-10% de la flore (Harris et al. 2015).

Cette association entre germes anaérobies et parodontite est bien connue et serait liée à une sélection secondaire à la faible disponibilité en oxygène dans les poches parodontales (Uematsu, Hoshino 1992).

La plaque des chats sains est dominée par des espèces Gram négatives (75%). La proportion de germes Gram positifs augmente lors de parodontite (environ 50%). Il y a en effet une diminution des germes appartenant aux phylum des Proteobacteria et des

Bacteroidetes et une augmentation de ceux appartenant à l’embranchement Firmicutes

(Harris et al. 2015).

Très peu d’espèces semblent liées de façon significative au développement de la maladie parodontale. Aucune espèce n’est présente uniquement chez les animaux sains ou uniquement chez les animaux malades. Le développement des atteintes serait donc dû non pas à l’arrivée de nouvelles espèces pathogènes mais à des modifications de la proportion des germes présents (Harris et al. 2015).

L’étude de Sturgeon réalisée en 2014 sur 11 chats sains a permis d’identifier des bactéries appartenant à 18 phylums différents. Parmi ces 18 phylums, Proteobacteria (75.2%), Bacteroidetes (9.3%) et Firmicutes (6.7%) sont également, comme dans l’étude d’Harris en 2015, les plus représentés mais dans des proportions différentes. Les genres les plus représentés sont Pasteurellaceae sp. (18.7%), Moraxella (10.9%) et

Thermomonas (6.9%) (Sturgeon et al. 2014).

Une étude conduite par Dolieslager et son équipe en 2011 s‘est intéressée à la composition de plaque bactérienne de 5 chats atteints de gingivo-stomatite chronique (FCGS) et de 3 chats sains.

Chez les animaux souffrant de FCGS, la proportion de Pasteurella multocida subsp multocida est significativement augmentée en comparaison aux animaux sains (51,8% contre 2,5%). Il est possible que, bien qu’également retrouvée chez les

animaux sains, cette espèce ait une importance dans le développement de la FCGS. Chez les animaux sains, la bactérie retrouvée en majorité est Capnocytophaga

canimorsus (10,8%). Les autres espèces les plus représentées sont Bergeyella sp. (7%) et Desulfomicrobium orale (5,7%) chez les animaux sains et Pseudomonas sp. (8,7%) et Pseudomonas reactans (5,1%) chez les animaux souffrant de FCGS (Dolieslager et al.

2011).

Cette étude suggère que la gingivo-stomatite chronique serait responsable d’une perte de diversité microbienne (Dolieslager et al. 2011).

Weese et son équipe ont comparé la flore orale de 19 chats infectés par le FIV et 14 chats sains. Là encore, les 3 phylums les plus représentés étaient Proteobacteria,

Firmicutes et Bacteriodetes. Chez les animaux porteurs du FIV, les phylums Fusobacteria et Actinobacteria sont significativement plus présents que chez les

animaux sains.

Concernant les genres bactériens identifiés, les majoritaires sont Pasteurella (27%), Pasteurellaceae sp. (12%) et Pseudomonas (9,2%) chez les animaux infectés par le FIV et Pasteurella (26%), Pasteurellaceae sp. (9,3%) et Enterobacteriaceae sp. (9%) chez les animaux sains.

La présence de Staphylocoques est significativement plus importante chez les animaux infectés que les animaux sains (3,7% contre 0,3%), mais l’étude ne permet pas de conclure à un quelconque rôle comme parodonto-pathogène (Weese et al. 2015).

Enfin, lors de l’étude de Adler et son équipe en 2016, la composition de la plaque dentaire chez 10 chats a été analysée, en fonction du type d’alimentation reçue. 14 Phylums ont été identifiés. Indépendamment de l’alimentation, 3 phylums représentent 76% des bactéries identifiées: Bacteriodetes (31 %), Firmicutes (24 %) et

Proteobacteria (21 %). Les genres les plus représentés sont Porphyromonas (14.9 %),

Treponema (5.1 %) et Fusibacter (4.5 %).

Cette étude a permis de mettre en évidence une diversité d’espèces bactériennes significativement plus importante chez les animaux nourris avec des croquettes que ceux nourris avec une alimentation humide (Adler et al. 2016).

Ces différentes études permettent de souligner la richesse et la diversité de micro-organismes qui constituent la plaque dentaire féline. Bien que trois embranchements soient principalement représentés, les genres présents varient beaucoup d’une étude à l’autre, indépendamment de l’existence d’une atteinte buccale.

Compte tenu de cette grande richesse et complexité de la flore buccale, les prélèvements pour réaliser des cultures bactériennes lors d’infections buccales sont le plus souvent inutiles et peu informatifs (Hennet, Boutoille 2013).

2.2. Virus

De nombreuses atteintes aiguës et chroniques de la muqueuse orale et/ou de la langue ont été associées à des infections virales.

Parmi les virus pouvant être incriminés, on retrouve le calicivirus félin (Hennet, Boucraut-Baralon 2005; Hennet, Boutoille 2013; Hoover, Kahn 1975; Knowles et al. 1989, 1991; Pesavento et al. 2004), l’herpèsvirus félin (Gaskell et al. 2007; Hennet, Boucraut-Baralon 2005; Hennet, Boutoille 2013; Suchy et al. 2000), le virus de la panleucopénie féline (Baker 1975), le FeLV (Rolim et al. 2016; Tenorio et al. 1991) et le FIV (Ishida et al. 1989; Kornya et al. 2014; Tenorio et al. 1991; Ravi et al. 2010; Reubel et al. 1994).

En particulier, le processus physiopathologique à l’origine de la FCGS n’a pas été complétement élucidé et les chats atteints peuvent excréter activement le FCV, le FIV et/ou le FeLV (Pedersen 1992; Reubel, Hoffmann, Pedersen 1992; Reubel et al. 1994; Tenorio et al. 1991; Waters et al. 1993) .

Les animaux infectés, en particulier par le FIV et le FeLV, présentent le plus souvent d’autres symptômes signant une atteinte (abattement, hyperthermie, anomalies à l’hémogramme ou à la biochimie sanguine). Le diagnostic ne peut généralement pas être réalisé sur l’aspect macroscopique ou microscopique des lésions orales et les biopsies sont souvent peu indiquées (Lommer 2013a).

Le traitement de support est important dans la prise en charge de ces infections et repose sur la mise en place d’une analgésie, d’une fluidothérapie et parfois d’une alimentation entérale assistée voire parentérale si nécessaire (lors d’ulcérations sévères) (Lommer 2013a).