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Nous voyons clairement l’apparition du facteur α2 dans l’´equation 5.8 qui

montre l’effet non lin´eaire du mat´eriau, ce qui d´emontre l’absorption `a deux photons. Mettons maintenant `a profit ce ph´enom`ene dans le cas d’une r´eaction de photopolym´erisation.

5.2

Photopolym´erisation par absorption `a deux

photons

5.2.1

La photopolym´erisation

La formation `a partir d’un monom`ere pr´esent dans une formulation conte- nant des mol´ecules de base de taille r´eduite d’une longue chaˆıne est une r´eac- tion de polym´erisation. Ce passage est habituellement accompagn´e d’un chan- gement important des propri´et´es physico-chimiques du milieu (diminution de la solubilit´e des entit´es pr´esentes, changement d’´etat physique. . . ). [12]

Lorsque cette r´eaction est amorc´ee par la lumi`ere, on l’appelle photopo- lym´erisation. Les interm´ediaires mis en jeu lors de la croissance du polym`ere peuvent ˆetre de type cationique, anionique ou radicalaire [12]. Dans le cadre de ce travail, nous nous limitons `a ce dernier cas, c’est-`a-dire que nous ne consid´erons que la photopolym´erisation radicalaire en chaˆıne.

Afin d’obtenir un m´elange photopolym´erisable, on ajoute `a un monom`ere un amorceur. Ce dernier est une mol´ecule, par absorption d’un photon, le plus souvent dans l’ultra-violet, g´en`ere une esp`ece radicalaire. La r´eaction de polym´erisation radicalaire en chaine est d´ecrite par la figure 5.2.

Amor¸cage A −→ R ·!ω R· + M −→ RM· Propagation RM· + M −→ RM2· RMn· + M −→ RMn+1· Terminaison par recombinaison RMn· + RMk· −→ RMn+kR par dismutation RMn· + RMk· −→ RMn+ RMk

Figure 5.2 – S´equence des ´ev`enements lors d’une r´eaction de photopolym´e- risation radicalaire en chaˆıne o`u A repr´esente l’amorceur, R· une esp`ece radicalaire et M un monom`ere. [10]

5.2.2

Profondeur de la p´en´etration de l’ADP

Consid´erons un faisceau laser focalis´e dans un mat´eriau photosensible se propageant dans la direction z. Si l’on ne tient pas compte de l’att´enuation du faisceau, la puissance P est constante tout au long de l’axe optique.

Dans le cas d’une absorption `a un photon, l’absorption est constante et donn´ee par P =*

surface ´ eclair´e

I dS, o`u dS est la surface ´eclair´ee perpendiculaire `a la direction de la propagation. En revanche dans le cas de l’absorption `a deux photons, la r´eponse d mat´eriau est proportionnelle `a I2. Comme l’absorption

`a deux photons a lieu l`a o`u l’´eclairement d´epasse un certain seuil et que la r´eponse du mat´eriau est li´ee directement au facteur quadratique de l’´eclaire- ment, cet ´eclairement doit ˆetre tr`es ´elev´e. Par exemple, la figure 5.3 montre l’irradiation d’une solution contenant du fluor`ene (C13H10) qui est un compo- sant qui, sous irradiation ultra-violette, ´emet une lumi`ere fluorescente violette. Nous remarquons sur la figure 5.3 l’absorption `a un photon `a 380 nm, l`a o`u la fluorescence a lieu sur tout le trajet du faisceau dans la cellule. En revanche `a 760 nm, la fluorescence est localis´ee dans le plan focal de l’objectif de mi- croscope, l`a o`u l’´eclairement d´epasse le seuil n´ecessaire `a l’apparition d’une absorption `a deux photons.

380nm, 200fs

760nm, 200fs

Figure5.3 – La lumi`ere provient d’un laser accordable coh´erent Mira 900 Ti : Sapphire ´emettant `a 760 nm, pour une dur´ee d’impulsion de 200fs, un taux de r´ep´etition de 76 MHz. Le faisceau initial est divis´e en deux faisceaux. Un g´en´erateur de seconde harmonique a ´et´e utilis´e pour doubler la fr´equence afin d’obtenir le faisceau 380nm, mis en jeu comme source d’excitation `a un photon. [13]

L’utilisation d’une photor´esine est bien adapt´ee `a une photoinscription `a deux photons, `a condition qu’elle soit transparente `a la longueur d’onde de travail et que l’´energie des photons absorb´es soit la moiti´e de celle n´ecessaire pour cr´eer les esp`eces transitoires capable d’amorcer la photopolym´erisation. Si le mat´eriaux est transparent `a la longueur d’onde de travail et en choisis- sant bien la puissance du faisceau incident, la polym´erisation peut n’avoir lieu qu’au plan de focalisation, c’est `a dire l`a o`u la puissance lumineuse est suf- fisante pour induire la photopolym´erisation par absorption `a deux photons. La polym´erisation par ADP est tr`es localis´ee et donc particuli`erement bien

5.2 Photopolym´erisation par absorption `a deux photons 139

adapt´ee `a la fabrication de micro- ou nano-structures 3D.

5.2.3

La r´esolution spatiale

Le profil en intensit´e du faisceau incident dans une photor´esine est assimil´e `a une gaussienne de largeur l. Dans le cas d’une absorption biphotonique, l’´energie absorb´ee au point focal est proportionnelle `a I2 et a un profil gaussien

plus ´etroit de largeur l/√2. Ce r´etr´ecissement n’a pas lieu lorsqu’il s’agit d’une absorption monophotonique. Ce profil gaussien ´etroit donne une r´esolution lat´erale meilleure que l’absorption `a un photon et peut d´epasser la limite de diffraction. Les valeurs de la r´esolution obtenues exp´erimentalement sont indiqu´ees dans la section 5.2.5.

5.2.4

Exemple d’un phototraceur `a 2PP

Le syst`eme de photoinscription par polym´erisation `a deux photons est proche de celui d’ecriture directe par faisceau laser (section 1.3.1 page 20). Le syst`eme est principalement constitu´e d’une source laser `a impulsion ultra- courte, majoritairement des lasers Ti : Sapphire ou des laser Nd-YAG, d’un modulateur de lumi`ere, d’un objectif de microscope et de platines de transla- tion tridimensionnelles XY Z. Source laser impulsionnel Modulateur Objectif de microscope Substrat + r´esine Platines de translation XY Z

Figure 5.4 – Principe d’un syst`eme de photoinscription par polym´erisation `a deux photons.

5.2.5

Etat de l’art´

La photopolymerisation par ADP est utilis´ee par les scientifiques depuis le d´ebut des ann´ees 90. Par exemple, Wu et al. [14] ont excit´e `a deux photons des r´esines habituellement utilis´ees en micro´electronique `a l’aide d’un laser `a impulsions femtosecondes ´emettant `a 620 nm.

1.3 µm 2.2 µm

(a) Une h´elice de 7 µm de diam`etre, 10.3 µm de pas et 1,3 µm d’´epais- seur fabriqu´ee par Maruo et al. [15]

(b) Une micro-roue d’engrenage en libre rotation autour de son arbre fabriqu´ee par Sun et al. [16]

Figure 5.5 – Micro structures fabriqu´ees par absorption `a deux photons. En 1997, Maruo et al. [15] ont con¸cu une structure tridimensionnelle par cette technique. Ils ont fabriqu´e une h´elice de 7 µm de diam`etre, 10.3 µm de pas et 1,3 µm d’´epaisseur avec un laser Ti : Sapphire ´emettant `a λ = 790 nm, pour une dur´ee d’impulsion de 200 fs, `a une fr´equence de 76 MHz et une puissance crˆete de 50 kW (voir figure 5.5a).

En 2000, Sun et al. [16] ont fait une micro-roue d’engrenage en libre rota- tion autour de son arbre `a l’aide d’un laser impulsionel focalis´e `a une longueur d’onde λ = 400 nm, avec des impulsions de 150 fs (voir figure 5.5b).

L’ann´ee suivante, Kawata et al. [17] ont cr´e´e le plus petit animal jamais fabriqu´e, un micro-taureau tr`es m´ediatis´e ayant pour dimensions 10 µm de long et 7 µm de haut, soit la taille d’un globule rouge. Il a ´et´e fabriqu´e grˆace `a un laser Ti : sapphire focalis´e ´emettant `a 780 nm, avec une r´esolution de 120 nm (voir figure 5.6a).

En 2005, Lemercier et al. [18] ont utilis´e un laser Nd–YAG doubl´e de chez Nanolase microlaser - JDS Uniphase ´emettant `a une longueur d’onde λ = 532 nm, pour une dur´ee d’impulsion de 0,5 ns, une puissance crˆete de 4 µJ et une fr´equence de travail de 6,5 kHz pour fabriquer une pi`ece de monnaie de 1 euro ayant un diam`etre de 20 µm , pour une r´esolution de 200 nm. (voir figure 5.6b).