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La perte de NCOR1 rend les souris plus susceptibles au traitement DSS en

Chapitre 4 : Discussion

1.1 La perte de NCOR1 rend les souris plus susceptibles au traitement DSS en

Le premier objectif de notre étude consistait à étudier les impacts de la perte épithéliale de Ncor1 chez des souris en condition inflammatoire chronique. Pour ce faire, un modèle de colite chronique a été généré via un traitement de plusieurs cycles de DSS- récupération sur une période totale de 90 jours. La prise de mesure de poids quotidienne des animaux a permis de tracer un profil de variation de poids des souris correspondant à une diminution lors de l’introduction de DSS et à une reprise de poids dans les périodes de retrait du détergent. Cela permet d’observer que les souris Ncor1DCEI, et davantage les mâles, ont

une perte de poids plus importante que les contrôles et ce, de façon plus prononcée lors de la deuxième introduction au DSS. Ce phénomène peut être expliqué par une augmentation du pourcentage de DSS durant ce cycle afin d’éliminer les risques de résistance au traitement, mais également parce que cette réintroduction induit une plus grande réponse inflammatoire affectant également les capacités protectrices de la barrière intestinale. Cette réaction plus prononcée est souvent présente lors d’une rechute chez un patient atteint de colite ulcéreuse (Langholz et al., 1994).

En plus de la perte de poids plus prononcée chez les animaux Ncor1DCEI, une quantité

poids avait chuté au-delà de la limite déterminée de 20%. Ce nombre de sacrifices a également été plus important chez les souris mâles Ncor1DCEI que chez les femelles de la

même lignée. Ces résultats obtenus suggèrent aussi que la sévérité de la maladie serait dépendante du sexe de l’animal. En effet, la littérature rapporte que les hommes seraient plus susceptibles de développer la colite ulcéreuse que les femmes (Goodman et al., 2020), (Hammer et al., 2016), (Gearry et al., 2006), (Bernstein et al., 2006), (Molinié et al., 2004). Cependant, cela ne signifie pas que les femmes ne développent pas la maladie. La maladie chez les femmes serait plutôt moins sévère que les hommes (Goodman et al., 2020). Les femmes seraient également plus susceptibles de contracter la maladie de Crohn plutôt que la colite ulcéreuse (Molinié et al., 2004). Cette susceptibilité diminuée à contracter la maladie chez les femmes pourrait venir de l’aspect protecteur des récepteurs à l’œstrogène.

Les récepteurs à œstrogène (ERa et b) sont des récepteurs nucléaires capables d’être activés lors de la liaison avec leur ligand. De façon générale, le récepteur le plus exprimé dans le côlon est ERb. Dans la voie classique, lorsque le 17b-estradiol (E2) lie les domaines de liaison au ligand du récepteur, cela entraîne un changement de conformation, dissociation des protéines de répression et formation d’homo- et hétérodimères. Ces dimères transloquent alors au noyau et, via interaction directe à l’ADN en s’associant à des éléments de réponse spécifique à l’œstrogène ou indirecte en s’associant à d’autres facteurs de transcription, activent l’expression de leurs gènes cibles (Jia et al., 2015). L’E2 joue aussi un rôle au niveau de l’intégrité de la barrière protectrice intestinale. En effet, Langen et collaborateurs ont montré que l’activation de ce récepteur, via des agonistes synthétiques, diminue la perméabilité intestinale chez les souris invalidées pour l’interleukine 10 (Langen et al., 2011). Ces souris sont caractérisées par le développement spontané de symptômes correspondant à une colite et une augmentation de leur perméabilité intestinale (Macdonald, 1994). Dans le même ordre d’idées, une autre étude a montré que la délétion des récepteurs à l’œstrogène augmentait la sévérité des symptômes de la colite lorsque les souris étaient soumises à un traitement AOM-DSS (Saleiro et al., 2012). Ces observations pourraient expliquer une mortalité diminuée chez les femelles mutantes lors du traitement chronique au DSS. Une expression plus grande de récepteur à l’œstrogène chez les femelles pourrait faire en sorte qu’elles soient moins affectées par la présence de DSS, car leur barrière protectrice

pourrait avoir une meilleure intégrité que celle des mâles. Les résultats obtenus dans cette étude suggèrent donc que, tout comme en condition aigüe (Mennillo et al., 2020), la perte épithéliale de Ncor1 rend les souris plus susceptibles au stress inflammatoire en condition de colite expérimentale chronique. De plus, les profils de perte de poids et la survie atténuée chez les mâles suggèrent également que la susceptibilité au DSS est sexe-dépendante.

1.2 Confirmation de la délétion de Ncor1 dans l’épithélium intestinal

L’introduction des séquences LoxP de part et d’autre de l’exon11 du gène de Ncor1 entraîne une incapacité à produire la protéine lorsqu’il y a recombinaison homologue par l’action de la recombinase Cre (Yamamoto et al., 2011). Les croisements de souris effectués ont permis d’obtenir des souris transgéniques où l’expression de la recombinase Cre permet la délétion de l’exon11 du gène Ncor1, et ce, seulement dans les CEIs. En effet, la recombinase Cre est exprimée sous le contrôle du promoteur de la Villine, protéine seulement exprimée dans les bordures en brosse des CEIs. La présence négligeable de la séquence située entre les exons 10 et 12 du gène de Ncor1 chez les animaux mutants en condition de stress inflammatoire chronique confirme la grande efficacité de délétion du système mais indique aussi que la contribution des autres composantes cellulaires du côlon pour l’expression de Ncor1 est relativement négligeable.

1.3 La perte de Ncor1 n’entraîne pas plus de dommages à l’épithélium intestinal au terme