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Ce travail de thèse a pour objectif de rechercher les facteurs de stress spécifiques aux IMG.

Ceux-ci ayant été décrits, il paraît opportun de discuter des solutions à apporter face au stress des

internes afin d’améliorer, à la fois la qualité de vie des IMG, mais aussi la qualité de la prise en charge

des patients. Il est en effet difficile de soigner si l’on est soi-même malade…

Il est primordial de pouvoir repérer les étudiants à risque et ce dès l’externat avec la mise en

place de rendez-vous médicaux annuels où la question du stress professionnel et du burn-out devrait

être évoquée de manière systématique et sans tabou. Ceci permettrait de proposer un suivi aux

étudiants dans le besoin et aussi de pouvoir les alerter sur leur fragilité. Dans la même ligne, une

formation devrait être proposée aux étudiants sur les risques et signes d’alerte du burn-out afin

qu’ils puissent être capables de reconnaître les signes avant-coureurs chez leurs collègues et même

chez leurs patients. Il est important aussi de les déculpabiliser en mettant en avant la prévalence et la

fréquence de ces troubles psychologiques à la fois chez les internes, mais aussi chez les médecins.

Comme cela a été fait dans certaines régions pour les médecins généralistes, des groupes de

parole et d’échange sur les cas difficiles pourraient être mis en place pour les internes volontaires.

Ceux-ci n’étant peut-être pas réceptifs à ce genre de méthode et se plaignant de manque de temps, il

pourrait être intéressant d’inclure ces groupes dans les heures de cours universitaires obligatoires

afin que les internes puissent critiquer cette pratique (de manière positive ou négative) en

connaissance de cause. Une ligne téléphonique d’écoute dédiée pourrait compléter ce dispositif.

Comme nous l’avons vu dans notre étude, les internes souffrent du manque d’encadrement

et de la relation que certains chefs entretiennent avec eux. Il est évident que les internes doivent

être mis en situation et être formés pour réagir aux situations graves ou urgentes de façon autonome

mais ceci doit se faire en toute sécurité, à la fois pour le patient et pour les soignants. Le stress des

internes est accentué lors des premières semaines de stage. Il est donc important de former les chefs

à l’encadrement des internes et définir clairement quels sont les objectifs et les rôles de l’interne

pour chaque terrain de stage. Une évaluation à mi-stage avec un maître de stage attitré est

normalement proposée aux internes mais elle est rarement faite en pratique. Les enseignants, mais

aussi les chefs « de terrain » doivent être formés à la prise en charge des internes en médecine

générale et à la spécificité de leur cursus universitaire.

On peut aussi se demander dans quelle mesure les internes fragilisés sur le plan

professionnel au cours de leur internat le seront lorsqu’ils seront installés et si cela affectera la

qualité des soins. D’autres recherches pourraient tenter de montrer le lien entre le stress ainsi que le

burn-out des internes et celui des médecins. Cela pourrait permettre de dépister et de prévenir les

troubles psychiques chez les médecins libéraux. Dans le même ordre d’idée, il faudrait aussi se

demander si un internat difficile sur le plan psychologique ne décourage pas les internes de s’installer

en libéral car ils craindraient l’isolement et une charge de travail plus importante. Ces questions

devraient faire l’objet d’études plus poussées à l’heure où le manque de médecins libéraux est un

problème majeur.

Les résultats concernant la prévalence et les moyens de prévention des troubles psychiques

chez les IMG doivent être diffusés afin que les instances universitaires, les chefs de service

hospitaliers mais aussi les internes et les patients soient conscients de ce phénomène. Il paraît

primordial de sensibiliser ces populations afin d’améliorer la qualité de vie des internes. Le rôle des

seniors et des universitaires paraît évident dans cette démarche mais il serait souhaitable que les

internes eux-mêmes bénéficient d’une campagne d’information afin de savoir à qui s’adresser en cas

de signe d’alerte pour eux-mêmes ou leurs collègues. Les études médicales sont longues et la

population des IMG est bien répertoriée et facile d’accès pendant cette période, il est donc opportun

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de profiter de ces conditions avant que les futurs médecins ne se dispersent et soient moins

accessibles. En ce qui concerne les patients, ils doivent être informés des risques qui existent chez les

internes mais peut-être faudrait-il commencer par leur expliquer clairement ce qu’est un interne,

dans les services et en ambulatoire. Cela permettrait de faciliter le dialogue et participerait à une

revalorisation de leur travail au quotidien.

Des outils doivent être créés pour améliorer la qualité de vie des internes. Nous avons

proposé quelques solutions et certaines sont déjà mises en place dans une région ou une autre. Un

observatoire national de la santé des internes pourrait être chargé de collecter les données sur la

santé des internes de façon longitudinale et observer quelles méthodes sont les plus efficaces pour

les aider à faire face à des études longues et éprouvantes.

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Conclusion

« Il vaut mieux tomber dans les mains d’un médecin heureux que d’un médecin savant. »

Bonaventure Des Périers, Extrait de Nouvelles récréations et joyeux devis

Les médecins de demain ne seront pas les médecins d’hier. Effectivement, la nouvelle

génération est majoritairement féminine, plus consciente des risques psychologiques du métier et

n’est pas prête à sacrifier sa vie privée à la pratique de la médecine. Les patients aussi ont changé et

deviennent plus consommateurs et plus exigeants.

Dans cette étude qualitative, réalisée sur la base de 17 entretiens d’IMG semi-directifs, nous

avons recherché les facteurs de stress spécifiques à la population des IMG d’Ile-de-France afin

d’améliorer leur qualité de vie, de limiter le burn-out dans cette population et de permettre, de

façon indirecte, une meilleure prise en charge des patients.

Les internes de médecine générale sont, comme nous l'avons vu, sujets à un épuisement

professionnel et à divers troubles psychiques. Un des facteurs sur lequel il est possible d’améliorer

leur qualité de vie est le stress professionnel perçu. Celui-ci est particulièrement dépendant de

l’encadrement et de la relation qu’ont les internes avec leurs seniors. Ceux-ci doivent donc être

sensibilisés à la question. Un autre facteur de stress principal de notre échantillon est la charge de

travail, qui comprend les heures de présence en stage mais aussi le nombre de patients alloués par

interne. Un facteur essentiel du stress ressenti par les IMG est la gestion des situations graves ou

difficiles. Il est évident que les internes doivent être confrontés à ces situations et apprendre à réagir

de manière autonome face à l’une d’elle mais il faut leur permettre de parler de ces difficultés sur

leur terrain de stage ou en groupe de pairs. Repérer les internes à risque est aussi indispensable afin

de leur proposer un suivi et de ne pas les confronter à des situations stressantes de façon brutale. La

responsabilité médicale et la peur des erreurs médicales est aussi source de stress chez les IMG mais

elle est probablement en lien avec le manque d’encadrement. Les derniers facteurs de stress

retrouvés chez plus de la moitié des internes interrogés sont la fatigue ressentie, les conditions de

travail et l’adaptation au nouveau stage.

La satisfaction au travail est un facteur essentiel quant au désir d’installation des IMG. A

l’heure où on parle beaucoup de la pénurie de médecins généralistes libéraux, il serait bon pour les

pouvoirs publics de se pencher sur ces questions de stress et de burn-out chez les jeunes médecins

mais aussi en amont, chez les internes et de définir, avec les instances concernées, des moyens à

mettre en place. Malheureusement, à l’heure actuelle, peu d’études de grande envergure sont

engagées sur le sujet.

Nous avons suggéré quelques pistes de réflexion quant aux solutions qui pourraient être

proposées. Il existe cependant des obstacles à l’instauration de ces mesures. Le premier est le

manque de temps et de moyens qu’ont les médecins, les internes et les responsables universitaires à

consacrer à ce sujet. Il n’est pas sûr que les internes soient très réceptifs à un problème qui peut leur

sembler secondaire car ils sont pris par leurs stages, le travail universitaire, les gardes et ne

consacrent que peu de temps à leur propre santé. L’autre obstacle est d’ordre moral : le médecin et

donc l’interne n’a pas le droit d’être malade d’autant plus si c’est une pathologie d’ordre

psychologique. Cependant, la mise en place d’une ligne d’écoute, de groupe de pairs, la création de

fiche de poste claire pour chaque terrain de stage, la sensibilisation des universitaires, seniors et

internes à ce problème et des consultations préventives en médecine du travail doivent être

envisagées. La mise en place de ces mesures ne doit pas se faire sans un outil pour permettre de les

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évaluer et cela pourrait se faire via un observatoire de la santé des internes en médecine générale

mais aussi dans d’autres spécialités. Cette prise en charge des troubles psychiques des IMG

permettra de former de meilleurs médecins pour demain, plus disponibles pour leurs patients.

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Annexes

Annexe 1 : Caractéristiques sociodémographiques de la population

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