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Dans cette optique plusieurs projets de recherche sont en cours ou en préparation en collaboration avec les différentes unités de recherche déjà impliquées dans les études présentées dans ce travail ou de nouvelles collaborations. Une première thématique concerne l’invariance temporelle de la mesure et la présence de « response-shift » (Brown, 2006; Millsap, 2011; Sprangers et Schwartz, 1999). Dans la deuxième étude présentée dans ce manuscrit, il existait chez les patients considérés comme ayant un état de santé stable entre les deux temps de collecte (ayant répondu « à peu près pareil » à la QT) une diminution moyenne de leur santé perçue qu’elle soit mesurée sur l’échelle du score ou sur celle du TL à l’aide de la sous-échelle SP du questionnaire MOS-SF36. Comme discuté dans cette étude, ce phénomène posait plusieurs questions dont celle de la présence de response-shift dans un ou plusieurs items de la sous-échelle SP entre les deux temps de collecte. Le phénomène de response-shift apparaît lorsque des changements de référence vis-à-vis du phénomène subjectif mesuré surviennent au cours du temps. Par exemple, dans le cadre de la douleur chronique, une adaptation des sujets à leur douleur peut avoir lieu au cours du temps et entrainer une modification de leur conception du phénomène « douleur ». Dans un tel cas, à douleur identique aux deux temps de collecte, les sujets pourront répondre différemment aux items d’un questionnaire sur la douleur chronique. Une demande de financement par l’EA 4275 à Nantes a été déposée à l’Agence Nationale pour la Recherche en vue d’étudier la problématique de la définition et de la détermination de la DMCP d’un questionnaire en présence de response-shift.

Une autre thématique est la présence d’un phénomène appelé fonctionnement différentiel d’item (DIF : Differential Item Functioning) lié à une caractéristique des sujets (le sexe, l’âge, la région géographique d’habitation, etc.). A l’image du response-shift (qui n’est autre qu’un DIF lié non pas à une caractéristique du sujet mais au temps), le DIF associé à une caractéristique du sujet survient lorsque, dans les modèles IRT, les paramètres d’items, difficultés et/ou discriminations, ont une valeur différente en fonction d’une caractéristique. Dans le modèle en facteurs communs et spécifique, le DIF correspond à des charges factorielles et/ou des constantes différentes en fonction d’une caractéristique des sujets

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(Millsap, 2011). Par exemple, un résultat fréquemment retrouvé dans la littérature est le niveau de la qualité de vie perçue inférieur chez les femmes. Il est possible que si le questionnaire de qualité de vie utilisé contient des items affectés de DIF sur le sexe, cette différence observée soit la résultante d’un biais de mesure lié à la présence de ce DIF-sexe. Cette question a été étudiée sur un échantillon représentatif de la population française et il semble que même en prenant en compte dans les analyses le DIF-sexe existant dans le questionnaire MOS-SF36, cette différence entre hommes et femmes persiste (Hardouin et al., 2012). Ce résultat a entrainé une réflexion sur l’impact possible de la présence de DIF en termes de biais de mesure. Une étude par simulation a donc été programmée et est en cours d’analyse dans le but d’étudier cette problématique. Le critère de jugement principal en est le biais sur l’estimation d’une différence concernant le phénomène mesuré par un questionnaire entre deux groupes concernés par du DIF. Les différents paramètres contrôlés dans le modèle de simulation sont : l’amplitude de la vraie différence entre les deux groupes, le pourcentage d’items du questionnaire touchés par le DIF, l’ampleur du DIF sur chaque item, etc.

Une autre thématique, ne portant pas sur le biais de mesure, est l’application en pratique et l’apport des techniques psychométriques, en particulier des SEM, en épidémiologie. Comme décrit précédemment, un des intérêts de ces modèles est qu’ils permettent de travailler directement sur les variables latentes et donc d’éviter les différentes sources de biais potentiellement engendrées par le calcul du score. Un autre avantage de ces modèles est la possibilité qu’ils offrent d’étudier différentes hypothèses concernant les liens de causalité existant entre les phénomènes subjectifs étudiés. Par exemple, un nouveau modèle théorique du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF : Classification Internationale du Fonctionnement) a été publié en 2001. Aucune étude empirique n’a, à ce jour, encore testé ce modèle dans sa globalité (World Health Organization, 2001). Ce modèle a plusieurs composantes distinguant les conséquences d’une condition de santé (déficience des fonctions organiques et des structures anatomiques, limitations des activités, restriction de la participation sociale) et les facteurs contextuels (personnels et environnementaux). Aucune hypothèse n’est faite dans ce modèle théorique sur les liens de causalité existant entre ces composantes. Les liens représentés dans le document officiel de l’OMS le sont par des flèches

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bidirectionnelles reliant toutes les composantes entre elles. L’application des SEM sur les données d’une étude de cohorte française multicentrique de sujets souffrant de gonarthrose et suivis pendant trois ans a permis d’étudier en longitudinal les relations causales et les interactions existant entre les différentes composantes de la CIF mesurées à l’aide de différents questionnaires de santé perçue (Guillemin et al., 2012). Cette étude est en cours de finalisation.