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Similarit´e inter-individuelle des r´egimes alimentaires

Plusieurs ´etudes ont sugg´er´e que les r´egimes alimentaires des

indivi-dus d’une mˆeme population se diff´erenciaient d’autant plus que la

dispo-nibilit´e globale en ressources diminuait (Svanb¨ack & Bolnick 2007, Tinker

et al. 2008, Robertson et al. 2015). Cette dissimilarit´e inter-individuelle,

signifiant que les individus d’une mˆeme population se nourrissent sur des

ressources diff´erentes, a ´et´e interpr´et´ee comme un moyen de diminuer la

pression de comp´etition intra-populationnelle en situation de faible

dispo-nibilit´e trophique. Les r´esultats de ce travail de th`ese semblent indiquer le

sc´enario inverse, c’est-`a-dire des populations non-s´electives compos´ees

d’in-dividus ayant des r´egimes alimentaires tr`es similaires (et donc eux aussi

non-s´electifs) en milieux pauvres (en ´energie). La diff´erence entre nos r´esultats et

les conclusions des ´etudes susmentionn´ees pourrait s’expliquer par

l’inten-sit´e de la contrainte trophique subie par les organismes dans les diff´erents

environnements consid´er´es. En effet, les milieux souterrains de notre ´etude

sont parmi les environnements les plus pauvres d´ecrits dans la litt´erature

(en termes de disponibilit´e en ressources trophiques et en ´energie), et sont

donc certainement bien plus contraignants que les milieux consid´er´es comme

pauvres dans les ´etudes comparatives cit´ees ci-dessus (Tinker et al. 2008,

Robertson et al. 2015). Une strat´egie de dissimilarit´e inter-individuelle serait

ainsi envisageable et avantageuse dans des milieux

relativement

pauvres

o`u les ressources restent tout de mˆeme assez abondantes pour qu’une partie

de la population puisse se nourrir s´electivement et diff´erentiellement

des-sus, mais cette strat´egie ne pourrait pas ˆetre retenue ou adopt´ee dans les

milieux souterrains o`u les disponibilit´es en ressources sont bien trop faibles

pour qu’une population s´elective puisse se maintenir.

Cependant, dans ce travail le degr´e de similarit´e trophique inter-individuelle

n’a ´et´e estim´e que pour 10 populations correspondant `a 2 esp`eces hypog´ees

vivant en milieux tr`es pauvres (Article 1). Pour conclure sur la variation

de la similarit´e inter-individuelle avec la disponibilit´e en ´energie du milieu

(cadre A.3 de la Figure 7.1), ainsi que sur son interaction avec la s´electivit´e

7.4. PERSPECTIVES 161

trophique (au niveau de la population), il est n´ecessaire de se baser sur un

jeu de donn´ees plus large et contrast´e en termes de disponibilit´e trophique.

Ce jeu de donn´ees est d´ej`a disponible sous la forme des 16 esp`eces ´etudi´ees

le long du gradient environnement de disponibilit´e en ´energie dans l’Article

2. Les 16 r´egimes alimentaires correspondants ont d´ej`a ´et´e d´etermin´es au

niveau de la population (c’est-`a-dire que tous les individus ´echantillonn´es

pour cette population sont pris en compte par le mod`ele bay´esien de m´elange

lors de la reconstruction du r´egime alimentaire), mais le r´egime alimentaire

peut ´egalement ˆetre d´etermin´e `a l’´echelle individuelle, en utilisant les mˆemes

mod`eles bay´esiens mais en consid´erant ind´ependamment chaque individu de

la population. Il sera ainsi possible, pour chaque population i ´etudi´ee, de

reconstruire les n

i

r´egimes alimentaires individuels (n´etant le nombre

d’in-dividus ´echantillonn´es pour cette population i).

Diff´erents indices ont ´et´e d´evelopp´es dans la litt´erature pour

quanti-fier le degr´e de similarit´e des r´egimes alimentaires individuels. Par exemple,

l’indice de similarit´e propos´e par Newsome et al. (2012) permet soit de

com-parer les n

i

individus un `a un (‘pairwise comparisons’), soit de comparer

chaque individu `a la population globale. Des approches de d´ecomposition

hi´erarchique de variance pourront ´egalement ˆetre utilis´ees, en calculant par

exemple les indices de Roughgarden (par ex. WIC/TNW ; Roughgarden

(1974), Bolnick et al. (2002, 2003), Zaccarelli et al. (2013), Article 1). Cette

d´ecomposition de variance pourrait ´egalement ˆetre int´egr´ee directement

dans le mod`ele de m´elange bay´esien utilis´e pour reconstruire le r´egime

ali-mentaire, grˆace au d´eveloppement d’un nouvel algorithme (MixSIAR, bas´e

sur l’article de Semmens et al. (2009)) qui permet une structure hi´erarchique

des donn´ees (individu / population) et r´ealise un partitionnement de

va-riance en parall`ele de la reconstruction des r´egimes alimentaires individuels

et populationnels. Cet algorithme permettrait ainsi d’estimer l’´ecart-type

inter-individu σ

ind

pour chaque population.

Cependant, la reconstruction des r´egimes alimentaires individuels par

des mod`eles bay´esiens peut induire de potentiels erreurs / biais (inh´erents

par exemple au choix des facteurs de discrimination Δ

13

C et Δ

15

N ou aux

choix de regroupements de ressources trophiques ; cf. Chapitre 2), qui

se-raient ensuite propag´es au calcul du degr´e de similarit´e inter-individuelle.

Une approche compl´ementaire pourra alors consister `a estimer ce degr´e de

similarit´e directement `a partir des signatures isotopiques des diff´erents

in-dividus. Les diff´erentes m´etriques propos´ees par Layman et al. (2007), et

en particulier la

dispersion

des individus dans l’espace isotopique (aire

du polygone incluant tous les individus d’une esp`ece donn´ee, ‘convex hull

area’), permettraient d’estimer ce degr´e de similarit´e. Ces m´etriques, d´efinies

`

a l’´echelle de la communaut´e, sont toutefois difficilement adaptables pour

notre analyse o`u les divers environnements consid´er´es contiennent des

res-sources trophiques potentiellement diff´erentes et pr´esentant des signatures

isotopiques tr`es variables. Ces m´etriques de Layman peuvent cependant

ˆ

etre normalis´ees pour permettre une comparaison entre environnements.

Une approche ´el´egante consisterait `a combiner une correction pour la taille

de l’´echantillonnage (nombre d’individus n

i

) grˆace aux approches d’

el-lipses bay´esiennes

(SIBER, Jackson et al. (2011)) et une normalisation

par la

dispersion isotopique

des ressources (correspondant `a la ‘convex

hull area’ cit´ee ci-dessus, mais appliqu´ee aux ressources trophiques), comme

cela a ´et´e propos´e par Newsome et al. (2012).

Une fois estim´e pour les 16 populations de l’Article 2, il sera alors

pos-sible d’´etudier la variation de ce degr´e de similarit´e inter-individuelle le long

du gradient environnemental en ´energie (et de tester l’hypoth`ese d’une forte

similarit´e dans les milieux tr`es pauvres et, par comparaison, une

variabi-lit´e inter-individuelle plus ´elev´ee dans les milieux interm´ediaires en ´energie)

ainsi que d’analyser la potentielle relation entre ce degr´e de similarit´e

inter-individuelle et le degr´e de s´electivit´e trophique de la population.

Test de la th´eorie stoechiog´enomique dans diff´erents groupes

phy-log´en´etiques

Les r´esultats de ce travail de th`ese remettant fortement en cause

l’exis-tence de m´ecanismes stoechiog´enomiques chez les m´etazoaires (ce qui

pour-rait notamment s’expliquer par leur faible Ne), ils remettent aussi en

ques-tion leur existence chez d’autres mod`eles pluricellulaires (faible Ne ´egalement),

en particulier chez les plantes sur lesquelles de pr´ec´edentes ´etudes ont conclu

7.4. PERSPECTIVES 163

`

a des signatures de s´election stœchiog´enomique (Elser et al. 2006, Acquisti

et al. 2009). Ces ´etudes souffraient cependant de biais m´ethodologiques

(absence de prise en compte de l’inertie phylog´en´etique et de l’influence

des processus non-s´electifs), il se r´ev`ele donc n´ecessaire de v´erifier leurs

interpr´etations. Par ailleurs, nos conclusions sur les m´etazoaires ne sont

po-tentiellement pas directement g´en´eralisables aux plantes de par leur mode

de nutrition sp´ecifique (extraction de l’azote min´eral de l’environnement).

Au niveau du prot´eome, il est relativement ais´e de tester

rigoureuse-ment les hypoth`eses stoechiog´enomiques si l’on travaille sur des familles

de prot´eines orthologues en prenant en compte les relations de parent´e

entre esp`eces. Dans cette perspective, il sera int´eressant de reprendre le

jeu de donn´ees d’Elser et al. (2006) sur les prot´eomes de 9 plantes et 9

m´etazoaires et de le compl´eter avec des esp`eces d’isopodes ´etudi´ees dans

ce travail (dont les prot´eomes ont des coˆuts en N interm´ediaires entre ceux

des plantes et ceux des m´etazoaires de l’´etude d’Elser) ainsi qu’avec les

esp`eces de plantes et m´etazoaires dont les prot´eomes sont disponibles dans

les bases de donn´ees (EnsemblMetazoa, PlantGDB, PopPhyl . . . ), afin

d’ob-tenir un ´echantillonnage repr´esentatif de la diversit´e phylog´en´etique. Ce

jeu de donn´ees am´elior´e sera ensuite analys´e en prenant en compte

l’iner-tie phylog´en´etique (PGLS). Si les r´esultats obtenus par Elser et al. (coˆut

en N des prot´eomes de plantes inf´erieur `a celui des m´etazoaires) en sont

modifi´es (absence de dichotomie plantes / m´etazoaires), cela invaliderait

leur interpr´etation d’une s´election d’´economies stoechiog´enomiques dans

le prot´eome des plantes de par leur ‘forte limitation environnementale en

azote’ li´ee `a leur mode de nutrition. D’un point de vue g´en´eral, il semble

´

egalement n´ecessaire de quantifier v´eritablement cette limitation en N pour

les diff´erentes esp`eces consid´er´ees, plutˆot que de se baser sur des estimations

qualitatives de ce que devrait th´eoriquement ˆetre leur acc`es aux nutriments

(selon leur mode de nutrition).

Au niveau du transcriptome, les analyses sont plus d´elicates de par

l’in-fluence des processus non-s´electifs (BGC, changement de patron de

muta-tion), rarement pris en consid´eration alors mˆeme qu’ils peuvent impacter

la composition ´el´ementaire des transcrits. `A cet ´egard, le test du

biais

brin-sp´ecifique de substitutions

d´evelopp´e dans l’Article 3 permet

de discriminer entre ces processus non-s´electifs et des m´ecanismes

stoe-chiog´enomiques, `a condition de se placer dans uncadre comparatif (esp`ece

de r´ef´erence / esp`ece contraints par la disponibilit´e en N). Il suffit pour

cela de d´efinir des familles de g`enes orthologues (sur le couple d’esp`eces

focales et un ou deux groupes externes), et ainsi d’estimer les 4 taux de

substitutions d’int´erˆet (qAT, qTA, qGC et qCG ; cf. l’explication

d´etaill´ee de ce test dans le Chapitre 6). Ce test pourra permettre de

tes-ter les conclusions d’Acquisti et al. (2009), qui ont compar´e les

transcrip-tomes de plantes sauvages et de plantes cultiv´ee, en faisant l’hypoth`ese que

la suppl´ementation des plantes cultiv´ees par des engrais azot´es relˆachait

la pression de s´election sur l’utilisation de N dans leurs transcriptomes.

Ils ont en effet observ´e un coˆut en N des transcriptomes des plantes

sau-vages inf´erieur `a celui des plantes cultiv´ees et ont interpr´et´e cette diff´erence

comme une relaxation de la s´election sur les ´economies stoechiog´enomiques

lors de la domestication. Cette diff´erence peut cependant ˆetre caus´ee par des

m´ecanismes non-s´electifs, le processus de domestication ayant de profondes

cons´equences sur l’histoire ´evolutive et la structure du g´enome des esp`eces

cultiv´ees. Leurs conclusions pourront donc ˆetre v´erifi´ees en appliquant le

test du

biais brin-sp´ecifique de substitutions

`a des couples de plantes

sauvages / cultiv´ees, en reprenant les esp`eces utilis´ees dans leur ´etude

et en ajoutant d’autres esp`eces dont le g´enome ou le transcriptome est

dis-ponible. Deux couples de Poac´ees peuvent ainsi ˆetre d´efinis : un premier

couple comprenant le riz cultiv´e (Oryza sativa; Goff et al. (2002), Yu et al.

(2002)) et une esp`ece de riz sauvage (Oryza longistaminata, O.

brachyan-tha ou O. rufipogon; Yang et al. (2010), Chen et al. (2013), Huang et al.

(2012)), et un second couple comprenant le ma¨ıs (Zea mays ssp. mays;

Schnable et al. (2009)) et la t´eosinte, son esp`ece soeur sauvage (Zea mays

ssp. parviglumis; Chia et al. (2012), Swanson-Wagner et al. (2012), base de

donn´ees MaizeHapMap). Chacun de ces couples d’esp`eces pourra ˆetre utilis´e

en tant que groupes externes de l’autre couple. D’autres esp`eces de Poac´ees

peuvent ´eventuellement ˆetre utilis´ees comme groupes externes, par exemple

Phyl-7.4. PERSPECTIVES 165

lostachys heterocycla; Peng et al. (2013)). Au cas o`u l’utilisation du test

brin-sp´ecifique

sur les deux couples de Poac´ees confirment les conclusions

stoechiog´enomiques d’Acquisti et al. (2009), il sera int´eressant d’appliquer

ce test `a des couples de Fabac´ees (l´egumineuses). En effet, la majorit´e des

esp`eces de cette famille sont en symbiose avec des bact´eries fixatrices du

N

2

atmosph´erique (les rhizobiums, contenues dans des nodosit´es au niveau

des racines) qui assurent une partie de l’acquisition de N par la plante (en

plus de l’extraction de N min´eral par la plante elle-mˆeme). Cette

particu-larit´e devrait permettre de relˆacher (au moins partiellement) la pression de

s´election sur l’utilisation du N chez les Fabac´ees. Si c’est bien la diff´erence de

disponibilit´e en N qui cr´ee la diff´erence de coˆut en N des transcriptomes de

Poac´ees sauvages / cultiv´ees, on s’attend alors `a une absence de diff´erence

entre les Fabac´ees sauvages et cultiv´ees. Cette hypoth`ese pourra ˆetre test´ee

sur deux couples de Fabac´ees : le couple pois chiche sauvage (Cicer

reticu-latum; Jhanwar et al. (2012)) et pois chiche cultiv´e (Cicer arietinum; Garg

et al. (2011)), et le couple tr`efle (Trifolium pratense; Istv´anek et al. (2014))

et soja (Glycine max; Schmutz et al. (2010)).

Enfin, ce test pourra ˆetre appliqu´e de la mˆeme fa¸con sur des

micro-organismes, afin de confirmer les conclusions des (nombreuses) ´etudes ayant

d´etect´e des signatures de m´ecanismes stoechiog´enomiques dans ces mod`eles

`

a grand Ne. Par exemple, ce test pourra ˆetre tr`es rapidement appliqu´e au

jeu de donn´ees de Luo et al. (2015) qui ont d´ej`a d´efini un couple

d’alpha-prot´eobact´eries marine / d’eau douce (clade SAR11), les esp`eces marines

vivant dans des eaux oc´eaniques de surface plus pauvres en N que celles des

lacs dont proviennent les esp`eces d’eaux douces. De par sa position

phy-log´en´etique, la souche marine HIMB59 (sous-clade V), dont le g´enome est

disponible (Grote et al. 2012), pourra ˆetre utilis´ee comme groupe externe

pour ce couple.

Efficacit´e de l’assimilation : ´etude des m´ecanismes sous-jacents

L’efficacit´e de l’assimilation des nutriments varie selon les organismes et

les ressources consid´er´es (voir par ex. les r´esultats de l’Article 1), ces

varia-tions pouvant influencer fortement les strat´egies trophiques (et ´ecologiques

au sens large) de ces organismes. Afin d’´etudier les processus ´evolutifs et

´

ecologiques sous-jacents `a ces diff´erences d’efficacit´e de l’assimilation, il

est n´ecessaire d’analyser ind´ependamment les diff´erents

niveaux

physio-logiques

dont l’efficacit´e d’assimilation est la r´esultante. Certains de ces

niveaux d´ependent en effet de l’organisme-hˆote (par ex. s´ecr´etion d’enzymes

digestives) alors que d’autres d´ependent de son microbiote digestif

(en-semble des micro-organismes pr´esents dans son tube digestif et participant

pour une large part `a ses fonctions digestives). La composition (sp´ecifique

et fonctionnelle) du microbiote influence donc l’efficacit´e d’assimilation de

l’organisme-hˆote. L’´evolution de la composition de ce microbiote, `a court (`a

l’´echelle de la vie d’un individu) et `a long termes, est actuellement l’objet de

multiples ´etudes bas´ees majoritairement sur des mod`eles mammif`eres (De

Filippo et al. 2010, Bertino-Grimaldi et al. 2013, Delsuc et al. 2014, Smith

et al. 2015, Xu & Knight 2015). Le d´eveloppement de ces probl´ematiques

est en effet essentiel `a notre compr´ehension des strat´egies trophiques des

organismes et implique de potentielles applications m´edicales, de par les

liens suspect´es entre r´egime alimentaire, composition du microbiote et risque

d’ob´esit´e chez l’humain (Turnbaugh et al. 2006, Jumpertz et al. 2011,

Di-Baise et al. 2012). Cependant, les influences relatives des processus ´evolutifs

(inertie phylog´enique, conservatisme de niche) et ´ecologiques (composition

du r´egime alimentaire) sur la composition de ce microbiote sont encore

lar-gement d´ebattues dans la litt´erature, les mod`eles utilis´es dans les ´etudes

pr´ec´edemment cit´ees n’´etant pas forc´ement les plus ad´equats pour aborder

ces probl´ematiques (par ex. covariation entre phylog´enie et environnement).

Notre mod`ele biologique (isopodes ´epig´es / hypog´es) est id´eal pour aborder

ces probl´ematiques d’´ecologie et d’´evolution des communaut´es microbiennes

digestives, car il permet de comparer le microbiote d’esp`eces relativement

proches phylog´en´etiquement mais dont les r´egimes alimentaires diff`erent

radicalement (par ex. P. parvulus consommant presque exclusivement du

biofilm et P. meridianus consommant presque exclusivement des d´ebris de

feuilles) et ainsi de discriminer les influences relatives des processus

´

ecologiques et ´evolutifs sur la composition (sp´ecifique et

7.4. PERSPECTIVES 167

Cette perspective vise donc `a analyser les processus ´evolutifs et ´ecologiques

influen¸cant l’efficacit´e de l’assimilation trophique en ´etudiant deux niveaux

compl´ementaires : le niveau de l’organisme-hˆote (isopode) et le niveau de

son microbiote. Pour cela, il faudra s´eparer le r´epertoire fonctionnel

(en-semble des prot´eines et voies m´etaboliques exprim´ees) de l’organisme-hˆote

(isopode) de celui de son microbiote. Le r´epertoire fonctionnel des isopodes

(`a l’´echelle de l’organisme entier) est d´ej`a disponible sous la forme des

trans-criptomes acquis pour les 13 couples d’esp`eces ´epig´ee / hypog´ee (Article 3).

Ces transcriptomes contiennent certainement des s´equences provenant des

eucaryotes unicellulaires du microbiote. Il sera donc n´ecessaire de filtrer ces

transcriptomes afin d’en retirer les s´equences identifi´ees comme provenant

de micro-organismes (blast, seuil de similarit´e `a d´efinir), afin de constituer

des

banques de r´ef´erence

contenant tous les g`enes exprim´es par chaque

esp`ece d’isopode ´etudi´ee.

´

Evolution des voies d’assimilation de l’organisme-hˆote Dans ces

banques de r´ef´erence, il faudra ensuite identifier les g`enes impliqu´es dans

les voies m´etaboliques d’assimilation des nutriments, qui sont consid´er´ees

ici au sens large de toutes les voies m´etaboliques permettant

l’assimila-tion de nutriments, provenant d’une ressource consomm´ee, dans les tissus

de l’organisme (incluant entre autres les enzymes digestives s´ecr´et´ees, les

transporteurs de nutriments ou de compos´es azot´es / phosphor´es, les

en-zymes des voies m´etaboliques intra-cellulaires, . . . ). Certaines enzymes-clef

de ces voies d’assimilation sont bien connues et ´etudi´ees chez les

arthro-podes, par exemple la phosphatase alcaline (acquisition du P) ou

l’amino-leucine peptidase qui d´egrade les liaisons azot´ees des compos´es alimentaires

(B¨arlocher & Porter 1986, Wolf et al. 1997, Wagner et al. 2013).

Cepen-dant, par souci d’exhaustivit´e il est pr´ef´erable de ne pas cibler que quelques

voies m´etaboliques d’assimilation, mais de travailler sur toutes les prot´eines

d´ecrites dans la litt´erature comme impliqu´ees dans des voies d’assimilation.

La plupart de ces prot´eines pourront ˆetre identifi´ees dans les

transcrip-tomes d’isopodes en propageant les annotations issues des g´enomes

dans les familles de g`enes orthologues d´efinies dans l’Article 3. En utilisant

les num´eros ‘GO’ (Gene Ontology), les prot´eines pourront ˆetre class´ees et

structur´ees en diff´erents ensembles (correspondant aux fonctions et

proces-sus biologiques auxquels elles sont associ´ees), ces ensembles ´etant imbriqu´es

hi´erarchiquement les uns dans les autres (du niveau le plus global au

ni-veau le plus pr´ecis). Par exemple, il est possible d’isoler toutes les prot´eines

identifi´ees comme ´etant impliqu´ees dans le transport de compos´es azot´es

(correspondant au GO num´ero 71705) ou plus globalement dans les

proces-sus m´etaboliques ciblant ces compos´es azot´es (GO 6807).

Il sera ainsi possible d’estimer l’expression des diff´erentes voies m´etaboliques

d’assimilation pour chaque esp`ece, et donc d’´evaluer les influences relatives

de la phylog´enie et de la composition du r´egime alimentaire sur ces profils

d’expression. Certaines voies (li´ees `a la d´egradation des compos´es

cellulo-siques par exemple) pourraient ˆetre syst´ematiquement surexprim´ees chez

toutes les esp`eces consommant principalement de la mati`ere organique

par-ticulaire (par rapport `a des esp`eces n’en consommant pas). Cela indiquerait

une forte influence de la composition du r´egime alimentaire sur ce profil

d’expression (convergence). Il serait ´egalement possible d’observer des

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