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3. Le dispositif « Langues du Monde »

3.3. Evaluation du dispositif et perspectives didactiques

3.3.2. Effets du dispositif à plus long terme

3.3.2.1. Perspectives générales et didactiques

Au niveau personnel et professionnel, de manière individuelle, les enseignants ont apprécié de découvrir l’Eveil aux Langues et les Sacs d’Histoires. Tous ont déclaré désirer poursuivre l’année scolaire suivante. Au cours des entretiens, certains ont aussi exprimé comment ils l’envisageraient ou proposé les aménagements qu’ils apporteraient : « je pense continuer ça l’année prochaine, je ne sais pas comment mais avec le livre du cycle 1. Je vais essayer de me fournir le livre du cycle 1 pour voir un petit peu ce qu’on fait avant, quoi. Et continuer ça, oui », « c’est peut-être pas quelque chose que je ferais toute l’année mais par contre, sur des moments massés, c’est à dire 3-4 semaines où on va faire une première activité, un peu plus loin dans l’année 3-4 semaines où on va faire une autre activité, et que ça arrive de temps en temps comme ça, qu’il y ait un fil conducteur quand même ». Nous notons aussi que certains freins restent présents. « J’aimerais bien continuer, je sais pas si je suis capable de le faire, mais… Pourquoi pas, ça m’intéresse », « j’apprends beaucoup en regardant les autres, donc, ce que tu as fait, je me sens de le refaire (...) Après, les séances nouvelles, il faudra que… J’ai les grandes vacances pour travailler ! ». C’est ce qui explique, en partie, que la plupart n’ont finalement pas poursuivi les séances en classe de manière autonome. Seul le projet « Sacs d’Histoires » a été maintenu sur l’école et certainement parce qu’il est porté par mon enthousiasme et ma volonté. Une formation dense et des directives ministérielles plus engageantes seraient sans doute nécessaires pour que les enseignants se sentent en confiance pour mener seuls ce type de projets. D’ailleurs une enseignante le décrit très bien : « Je pense que c’est dur pour l’enseignant de se retrouver en porte-à-faux et ne peut pas donner... (...) pas avoir la réponse, voilà ». Aussi, inscrire ce dispositif dans le projet d’école permettrait sans doute de le maintenir sur la durée. Tous, d’ailleurs, seraient en faveur de son inclusion dans le prochain projet d’école : « on construit

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quelque chose au niveau de l'école et là je pense que ce sera vraiment profitable », « je pense que ça pourrait être une des activités qui pourrait être (...) mise dans le projet d’école. Surtout dans notre école, avec le public qu’on a ». Cela rejoint la principale limite soulevée concernant la durée du projet : « c’est très peu de séances. Tu vois, pour imaginer que ça ait des effets, je pense qu’il faut faire ça 3-4 ans ». Inscrire l’Eveil aux Langues dans un projet d’école sur trois ans permettrait donc à toute une équipe de s’y impliquer et de voir plus précisément les effets constatés. Il est indéniable que la mise en place du dispositif « Langues du Monde » reste bien trop court pour ancrer des changements de manière durable.

D’autres difficultés sont relatées, mais davantage d’ordre logistique. Néanmoins, ces remarques sont intéressantes car elles pourraient permettre d’améliorer le dispositif mis en place. Concernant les séances d’Eveil aux Langues proprement dites, des améliorations pourraient être apportées, notamment pour les plus petits. Les enseignants aménageraient en permettant davantage de manipulation par les élèves et passeraient moins de temps en collectif à l’oral : « au niveau pédagogique, moi je trouve que c’est bien ce module là. Après, c’est un moment de langage et de regroupement tous ensemble, c’est vrai qu’il faut pas que ça dure trop longtemps quand c’est tous ensemble, c’est vrai que c’est bien qu’il y ait un petit temps court, un petit temps d’écoute, un petit temps de… Peut-être un petit peu plus de manipulation ». Chez les plus grands, les séances pourraient durer plus de 45 min : « C'est vrai que c'est une chose sur laquelle on peut facilement passer 1h / 1h15. Il y a vraiment un intérêt des élèves donc on peut faire des séances plus longues que ce qu’on va faire en langue ou que ce qu’on va faire sur d’autres... ».

En ce qui concerne les Sacs d’Histoire, les retours des parents et leurs propositions nous ont aussi permis de faire évoluer le projet. Tout d’abord, pour les glossaires, choisir des mots qui soient vraiment présents dans texte semble plus judicieux. En effet, pour chaque livre, trois images ont été choisies comme modèle de mot à traduire mais il n’a pas été vérifié que le mot apparaisse véritablement dans le texte. Avec les enseignants et grâce à l’aide des familles, nous avons envisagé de fournir, à partir de la rentrée suivante, une version audio de l’histoire en plusieurs langues. Cette évolution a pu être réalisée et cette année, les élèves ont eu la possibilité d’écouter l’histoire en plusieurs langues sur un CD, une

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clé USB ou le site internet de l’école. L’étape suivante envisagée sera d’accueillir des parents volontaires pour lire des histoires aux enfants, en classe, en différentes langues. Nous aimerions ensuite, selon l’implication des familles et leurs compétences linguistiques, créer nos propres livres bilingues à l’aide de parents en mesure de traduire un texte simple dans une autre langue.