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Chapitre 2 : Recension des écrits

2.4 Perspective disciplinaire : le modèle humaniste des soins infirmiers-UdeM

Dans cette section de la recension des écrits, il est question du modèle humaniste choisi en tant que toile de fond théorique pour cette étude. Tout d’abord, une explication du modèle

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est donnée. Par la suite, la perspective du modèle face aux quatre concepts centraux de la discipline infirmière et ses deux concepts-clés sont présentés et illustrés afin de comprendre la cohérence du modèle avec notre étude. Le modèle humaniste avec sa perspective du mieux-être s’harmonise bien avec le PERS. En effet, selon Cara et Girard (2013), le but principal pour les infirmières est de développer une collaboration empreinte d’humanisme et de respect avec la Personne afin de l’accompagner vers l’atteinte d’harmonie et d’un mieux-être en santé. Aussi, nous croyons que le processus d’évaluation du risque suicidaire s’inscrit dans une telle perspective. En fait, pour discuter d’un sujet sensible empreint de tabou avec l’enfant et sa famille (Personne), l’infirmière doit faire preuve d’humanisme afin de favoriser un mieux-être éventuel. La partie suivante traitera de la définition des concepts centraux de la discipline soit la Personne, l’environnement, le soin et la santé selon le modèle humaniste et des deux concepts- clés du modèle que sont la compétence et le Caring.

2.4.1 Personne. Selon le modèle humaniste, la Personne6 est au cœur de l’intervention infirmière (Cara et al., 2016; Cara et Girard, 2013). La Personne correspond à l’individu, la famille, la communauté, ainsi que la population. Dans cette perspective, la Personne est unique, présente un potentiel et détient un pouvoir d’agir. L’accent est donc mis sur les forces de la Personne. Celle-ci aspire à un mieux-être au niveau spirituel et développemental, et demeure motivée à l’atteindre. Selon le modèle humaniste, l’infirmière est en relation continue avec la Personne qui vit une expérience de santé (Cara et al., 2016). En fait, dans le cadre de ce projet,

6Dans notre étude, la Personne signifie dépendamment des circonstances « l’infirmière, l’enfant et la famille ». Par conséquent, nous utilisons le terme « infirmière, enfant ou famille » afin de bien distinguer ce qui appartient seulement à l’infirmière, l’enfant de ce qui implique la famille.

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le concept de Personne fait référence à l’enfant et sa famille et comprend des dimensions biologiques, psychologiques, socioculturelles, développementales et spirituelles indissociables qui vont influencer le PERS.

2.4.2 Environnement. L’environnement correspond à tout ce qui entoure la Personne, comme les aspects matériels, sociaux, culturels, spirituels, écologiques et sociopolitiques (Cara et al., 2016). Selon cette vision du modèle humaniste, il est possible de constater que l’environnement et la Personne sont considérés, dans un processus dynamique, comme étant interreliés. Concrètement, lors de la recension des écrits, il a été possible de constater que l’environnement dans lequel l’enfant et sa famille (Personne) évoluent influence le risque suicidaire et l’environnement (lieu, moment, contexte) dans lequel se déroule le PERS va avoir une influence. Cela est vrai pour ce qui est du PERS auprès des adolescents et des adultes et donc potentiellement auprès des enfants. Cette vision humaniste de l’environnement prônée par le modèle est utilisée dans notre recherche.

2.4.3 Soin. Le but ultime du soin, en plus d’assurer la sécurité de la Personne et la qualité des soins, consiste à participer au bien-être de la Personne, tout en préservant la dignité humaine (Cara et al., 2016). Le soin représente donc une approche d’accompagnement de la Personne visant le mieux-être de cette dernière. Par conséquent, cela confère une place spéciale à l’infirmière auprès de l’enfant et sa famille car elle collabore avec eux en misant sur leur potentiel d’agir. Elle agit de manière humaine et transformatrice reconnaissant ainsi la signification accordée par l’enfant et sa famille à l’épisode de santé/maladie. L’infirmière co- crée avec l’enfant et sa famille un environnement permettant l’atteinte du bien-être souhaité par

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cette dernière. Autrement dit, dans cette étude, il sera question de regarder comment l’infirmière, en relation avec l’enfant et sa famille, procède à l’évaluation du risque suicidaire et les conséquences de ce processus.

2.4.4 Santé. Selon la perspective du modèle humaniste, l’accent est mis sur une expérience de santé unique. C’est donc dire que l’optimisation continue du bien-être, du mieux- être et de l’harmonie de la Personne constitue le but premier des soins infirmiers. En outre, l’expérience de Santé s’avère unique pour chaque Personne (Cara et al. 2016; Cara et Girard, 2013). L’infirmière accompagne donc la Personne dans son expérience de santé et de bien-être. Dans ce contexte, elle tient compte des caractéristiques propres à chaque enfant et sa famille (l’évalué) lorsqu’elle les accompagne dans leur expérience de santé. Cette conception de la santé et de l’expérience unique de chaque personne peut aussi s’appliquer à un contexte de recherche comme c’est le cas dans la présente étude. Ainsi, en tant que chercheur, c’est la perspective unique de chaque infirmière œuvrant en santé mentale jeunesse qui sera considérée afin de comprendre le processus de l’évaluation du risque suicidaire auprès des enfants de moins de 12 ans.

Maintenant que nous avons décrit les quatre concepts centraux de la discipline à travers la vision du modèle humaniste, la partie suivante abordera la Compétence et le Caring, deux concepts-clés de ce modèle.

2.4.5 Compétence. Le concept de Compétence, selon le modèle humaniste des soins infirmiers-UdeM représente l’ensemble du corpus des savoirs tant personnels que professionnels (empiriques, personnels, esthétiques et éthiques) nécessaires afin d’assurer la

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sécurité et la qualité des soins à la Personne ainsi que l’engagement de l’infirmière auprès de cette dernière. La Compétence nécessite la mobilisation de différents types de savoirs de la part de l’infirmière, incluant le savoir-faire et le savoir-être (Cara et al., 2016). Ils sont combinés en fonction de l’interprétation que l’infirmière a de la situation vécue par la Personne. Selon Cara et al. (2016), le développement de ces savoirs requiert une pratique réflexive de la part de l’infirmière, c’est-à-dire que l’infirmière procède à une réflexion dans l’action et au sujet de cette même action. Il s’agit d’un processus de développement des savoirs en sciences infirmières qui contribue à l’accroissement de la Compétence. À ce sujet, Norheim et al. (2013) mentionnent que l’expérience (le savoir-faire et le savoir-être) et la formation (le savoir) des infirmières influencent le processus d’évaluation du risque suicidaire. La compétence des infirmières ainsi que les différents savoirs seront à considérer lors de l’évaluation du PERS dans une perspective disciplinaire teintée du modèle humaniste.

2.4.6 Caring. Selon Cara (2010), le Caring est fondé sur des valeurs humanistes comme le respect, la dignité humaine, la reconnaissance de l’intégrité et de la liberté de choix de la Personne, ainsi que la confiance en son potentiel. Ces valeurs guident les comportements et la pratique professionnelle des infirmières. Le Caring est perçu comme un art en raison de l’obligation morale pour les infirmières d’agir selon une éthique déontologique et à partir de leurs expériences personnelles (Cara et al., 2016). Par ailleurs, puisqu’il provient de la théorie et de différents savoirs, il est aussi considéré comme une science. Autrement dit, un soin empreint de caring consiste à l’engagement professionnel conscient de la part des infirmières envers la Personne afin de l’accompagner respectueusement dans sa quête du bien-être. Dans le cadre de notre étude auprès des infirmières en santé mentale, il sera possible d’être témoin de

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différents comportements et attitudes, empreints ou non de caring, de l’infirmière impliquée dans le PERS auprès des moins de 12 ans.

Ayant défini les concepts centraux et les concepts-clés de Compétence et du Caring, voyons maintenant les raisons pour lesquelles nous avons choisi ce modèle comme perspective disciplinaire.

2.5 Cohérence du modèle humaniste comme toile de fond disciplinaire à la présente