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Chapitre 3 : Méthodologie

3.2 Le déroulement de l’étude

3.2.5 Analyse des données

mentionner que l’analyse des données en théorisation ancrée n’est pas totalement dissociable de la collecte de données. Il s’agit d’un processus itératif entre les deux (Bryant et Charmaz, 2012; Holloway et Galvin, 2017). Autrement dit, il y a des allers-retours entre le recrutement des participantes, la collecte et l’analyse des données tout au long de la recherche. Plus précisément, les résultats obtenus ont permis de peaufiner le canevas d’entrevue durant la collecte. Ainsi, la découverte de nouveaux concepts a orienté la construction de notre échantillon théorique, ce qui a permis de bien distinguer les propriétés et les dimensions de ces données. À cet égard, Corbin et Strauss (2015) précisent que l’analyse permet d’ajuster les questions et les instruments de la collecte afin de favoriser l’émergence et le développement des concepts et de la théorie.

Les données recueillies lors des entrevues ont donc été retranscrites et soumises à une analyse selon la triple codification propre à la théorisation ancrée de Strauss et Corbin (1998). La triple codification s’est faite selon un processus cyclique et avait pour but de conceptualiser des catégories pertinentes, leurs propriétés et leurs dimensions afin de répondre au but de l’étude (Paillé, 1994; Strauss et Corbin, 1998). Un schéma de ce processus est présenté à l’annexe I. Par ailleurs, il est important de préciser qu’en théorisation ancrée, l’unité de base de l’analyse est le concept et que ceux ayant un sens semblable sont regroupés en catégories conceptuelles. C’est donc au fil des entrevues qu’émergent les faits ou les incidents permettant de construire les concepts servant à bâtir la théorie (Laperrière, 1997). Ainsi, tout au long de l’analyse, le chercheur compare les données notées avec chaque nouvelle donnée qu’il découvre (Streubert et Carpenter, 2011). Autrement dit, il y a une comparaison constante entre les données. De plus, pour faciliter cette comparaison, nous avons utilisé le logiciel QDA-miner, résumé et schématisé chaque

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entrevue à l’aide du modèle paradigmatique qui sera abordé plus loin. Une démonstration de la comparaison entre l’entrevue 1, 2 et 3 est disponible à l’annexe J.

Également, tout au long du processus d’analyse et de collecte de données, Corbin et Strauss (2015) de même que Strauss et Corbin (1998) proposent l’utilisation de mémos théoriques servant à garder une trace de la réflexivité du chercheur. Les schémas sont également recommandés, car ils permettent d’illustrer la conceptualisation effectuée par le chercheur. En fait, c’est à travers ces mémos et ces réflexions qu’il a été possible de constater que le PERS se déroulait en deux phases inter reliés et qu’il y avait une intensité émotionnelle pour l’infirmière. Les paragraphes suivants traitent des trois types de codification (ouverte, axiale et sélective) utilisés pour l’analyse des données.

3.2.5.1 Codification ouverte. Corbin et Strauss (2015) ainsi que Strauss et Corbin (1998) parlent de codification ouverte permettant de faire émerger le plus grand nombre de concepts. Concrètement, la codification ouverte est le plus bas niveau de conceptualisation. Il consiste à dégager, nommer et thématiser chaque ligne des verbatim provenant des transcriptions d’entrevue afin d’en faire émerger les concepts (Corbin et Strauss, 2015; Paillé, 1994; Strauss et Corbin, 1998). C’est à ce moment que débute la conceptualisation puisque le chercheur tente alors de regrouper des éléments similaires sous un même concept. Afin de s’assurer que la théorie soit bien ancrée, l’appellation des concepts provient du contexte de l’entrevue ou des verbatim retranscrits (Strauss et Corbin, 1998). Après l’analyse de notre première entrevue, nous avions une liste de 55 concepts (annexe K). Le but à cette étape est de regrouper des éléments similaires sous un même concept. C’est donc dire que les concepts qui partagent les mêmes propriétés sont regroupés ensemble (Corbin et Strauss, 2015). Par exemple, une infirmière mentionne : « je suis insécure, moi j’ai

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toujours une espèce de chose qui me reste derrière la tête… » (Inf. 1, p.8), nous avons choisi de retenir l’insécurité et de nommer ce concept : caractéristiques de l’infirmière.

Il s’agit d’une étape importante car le chercheur doit, avec sa sensibilité théorique, différencier ce qui est significatif de ce qui l’est moins et puis en comprendre le sens (Holloway et Galvin, 2017). Toutefois, Strauss et Corbin (1998), qui utilisent seulement le terme « sensibilité » pour désigner cette sensibilité théorique, mentionnent que celle-ci augmente progressivement à travers les interactions avec les données et que des nouvelles idées et questions peuvent émerger. C’est pourquoi, ces concepts sont provisoires en début d’analyse des données.

3.2.5.2 Codification axiale. Le niveau de conceptualisation s’élève avec la codification axiale. À ce moment, le chercheur relie les concepts ensemble selon leurs propriétés et dimensions (Strauss et Corbin, 1998), afin d’obtenir une catégorie conceptuelle. Avec l’utilisation du modèle paradigmatique, l’étudiante chercheuse a regroupé les concepts de façon à identifier ce qui compose le phénomène ainsi que les conditions, les conséquences et les interactions qui l’entourent, permettant une compréhension de l’ensemble du processus. À l’égard du phénomène, la réponse à la question : « qu’est-ce qui se produit » permet d’identifier à quoi correspond le phénomène. Dans le cadre de notre étude il s’agit du PERS chez les moins de 12 ans. Les conditions sont l’ensemble des évènements qui mènent au phénomène et qui expliquent pourquoi les individus agissent ou réagissent comme ils le font.

Plus précisément, les conditions peuvent êtres causales, intermédiaires et/ou contextuelles. Les conditions causales sont celles qui enclenchent et influencent le phénomène tandis que les conditions intermédiaires sont celles qui agissent entre les conditions causales et le phénomène. Autrement dit, les conditions intermédiaires vont influencer la façon dont les conditions causales

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vont agir sur le phénomène. Les conditions contextuelles pour leur part agissent entre le phénomène et les actions/interactions. Il s’agit généralement du contexte dans lequel le phénomène survient et qui influence la réponse de l’individu. Les actions/interactions représentent les stratégies et les actions utilisées par la Personne afin de faire face au phénomène. Finalement, les conséquences peuvent être prévisibles ou non. Soulignons que ce modèle a servi de guide pour la chercheuse novice, tel que conseillé par Strauss et Corbin (1998). Toutefois, nous sommes restée sensible aux relations établies entre les données afin de permettre la meilleure explication possible du phénomène à l’étude. Ainsi, l’utilisation de ce modèle paradigmatique a permis, ici, de circonscrire les composantes du PERS selon une perspective infirmières en santé mentale auprès des moins de 12 ans, représenté par la Figure 3.1. Également, il est important de rappeler que bien que ces étapes de codification soient présentées séparément, il n’en demeure pas moins que ce processus est cyclique et itératif (Strauss et Corbin, 1998).

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Figure 3.1 : Diagramme préliminaire des catégories

3.2.5.3 Codification sélective. La codification sélective correspond au plus haut niveau de conceptualisation ( Strauss et Corbin, 1998; Bryant et Charmaz, 2012). Il implique l’intégration des concepts afin de décrire, comprendre et schématiser le PERS. Les codes obtenus, en évolution constante lorsque comparés avec les données nouvelles, permettent l’émergence d’une catégorie centrale et le développement d’une théorie (Corbin et Strauss, 2015). Dans notre étude, l’intensité émotionnelle importante teintant ce PERS auprès des moins de 12 ans est apparue comme la catégorie centrale. Par la suite, deux sous-catégories d’action de l’infirmière ont émergé et ont servi à établir les phases du processus. Autrement dit, l’intensité émotionnelle importante présente tout au long du PERS chez les moins de 12 ans produit des effets sur les actions à entreprendre durant

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l’évaluation qui est constituée de deux phases, soit 1) comprendre le sens de la détresse et 2) assurer la sécurité de l’enfant et de sa famille.

La théorisation ancrée a permis la compréhension du processus vécu à travers la transcription et la codification ouverte, axiale, puis sélective des données provenant des entrevues, du questionnaire sociodémographique, des formulaires de collecte de données des infirmières ainsi que du journal de bord de l’étudiante chercheuse. Maintenant que nous avons décrit le processus d’analyse comprenant la triple codification, les critères de scientificité retenus pour cette étude seront décrits dans les paragraphes suivants.