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Les personnes vivant avec des troubles mentaux ou une maladie

mentale sont entièrement intégrées à titre de membres de la société.

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« [...] Quand une personne compose le 911 afin d’obtenir une aide en matière de santé mentale ou que la police est appelée parce qu’une personne a un épisode d’anxiété sociale, un dossier de police est créé, ce qui ne fait

qu’envenimer les choses puisqu’on stigmatise la personne à vie parfois. [...] La discrimination sélective, les préjugés et le profilage sont des choses que les gens qui vivent avec une maladie mentale ne devraient pas avoir à subir, à surmonter et à gérer en plus de leurs problèmes médicaux et financiers. »

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Le terme stigmatisation renvoie aux croyances et aux mentalités à l’égard des troubles mentaux et des maladies mentales qui mènent à stéréotyper les personnes qui vivent avec ces troubles et à avoir des préjugés envers elles et leur famille.

Ces comportements sont souvent dus à l’ignorance, à l’incompréhension et à des connaissances erronées.

L’étiquetage qui résulte de ces préjugés peut devenir prédominant au point qu’il conduit certaines personnes à ne plus considérer les gens qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale comme des personnes, mais à les réduire à leur état de santé mentale. En conséquence, les personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale sont définies par leur étiquette et non par ce qu’elles sont vraiment.

Pendant longtemps, la vie des gens vivant avec des troubles mentaux ou une maladie mentale a été un sujet médiatique à sensation présenté d’une manière inexacte, stigmatisante et néfaste. Ces dernières années, les articles positifs et exacts présentés dans plusieurs grands journaux canadiens témoignent d’une grande amélioration. Cependant, il y a encore du chemin à faire.

Plusieurs croyances erronées sont largement répandues. Par exemple, une étude canadienne récente indique que presque la moitié des répondants pense que les personnes prétextent des problèmes de santé mentale pour expliquer un comportement déplacé66. Au nombre des stéréotypes les plus fréquents au sujet des personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale, mentionnons la croyance que ces personnes sont généralement violentes ou dangereuses, qu’elles sont imprévisibles ou incapables de fonctionner normalement.

66 Associaton médicale canadienne. (2008). 8e bulletin national annuel sur la santé. Consulté le 22 septembre 2009 à l’adresse http://www.cma.ca/multimedia/CMA/Content_Images/Inside_cma/

Annual_Meeting/2008/GC_Bulletin/National_Report_Card_FR.pdf

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Évidemment, ces croyances sont inexactes, mais les personnes qui y adhèrent, partiellement ou totalement, ont tendance, consciemment ou non, à les traduire en comportement discriminatoire. Le terme discrimination renvoie aux différentes façons dont les personnes, les organisations et les institutions peuvent traiter injustement les personnes vivant avec des troubles mentaux ou une maladie mentale, souvent parce qu’elles adhèrent à ces croyances et à ces mentalités stéréotypées et préjudiciables.

Il existe de nombreuses formes de discrimination. Elle peut être déclarée et directe, impliquer l’exercice d’un pouvoir sur autrui, comme lorsqu’on refuse aux personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale l’accès à un emploi, à un logement ou à des soins à domicile. Elle peut aussi consister à simplement éviter le contact avec ces personnes.

La discrimination peut également être passive ou structurelle, c’est-à-dire qu’elle transparaît dans les politiques, les pratiques et les lois. Par exemple, les niveaux de financement de la recherche en santé mentale ne sont pas en adéquation avec le fardeau économique et social que représentent les problèmes de santé mentale pour la société. Les personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale sont plus à risque que le reste de la population de ne pas pouvoir obtenir un logement adéquat à un coût abordable.

« [...] Je suis encore très bouleversé par ma cessation d’emploi et la façon dont l’entreprise m’a traité. J’ai fait l’objet de discrimination de la part de [nom de l’entreprise] parce que l’entreprise ne voulait pas prendre le temps de faire les efforts qu’il faut pour travailler avec une personne dévouée qui vit avec une maladie mentale. Je comprends que les entreprises s’intéressent aux résultats et veulent faire des profits, mais à quel coût? »

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« Je crois qu’on a besoin de sensibilisation, et pas seulement pour les professionnels de la santé, qui doivent reconnaître les signes de la maladie mentale, mais aussi pour d’autres intervenants comme la police et les enseignants. Les gens croient qu’une personne qui agit d’une drôle de manière, assise au coin d’une rue, doit avoir pris de la drogue ou est un fou rejeté de notre société : quelqu’un qui ne peut pas aller mieux. La prochaine fois que vous voyez une jeune personne dans la rue ou une personne plus âgée, imaginez qu’il s’agit de votre fils ou de votre fille ou peut-être de votre frère ou de votre sœur. Ce pourrait être le cas. »

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De plus, la discrimination se fait sentir tant au sein du système de santé mentale qu’au sein du système de santé. Par exemple, la recherche montre que les personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale ne reçoivent pas des soins de même qualité que les autres67. La stigmatisation est également responsable des délais d’attente et des traitements souvent médiocres dont les personnes qui vivent avec des troubles mentaux font l’objet dans les urgences.

En raison de la stigmatisation, certains fournisseurs de services de santé mentale et de services de santé ont de la difficulté à croire au rétablissement. Malgré des signes évidents que le rétablissement est beaucoup plus fréquent que la plupart des gens ne le pensent, même pour ceux qui ont reçu un diagnostic de troubles mentaux graves, les fournisseurs continuent de croire que la maladie mentale condamne les gens à une lente et douloureuse descente. Ils peuvent donc être moins enclins à partager l’espoir que le rétablissement et le bien-être sont possibles.

Parallèlement, la stigmatisation et la discrimination ont des conséquences néfastes sur les travailleurs du secteur de la santé mentale et peuvent dissuader certaines personnes de se diriger vers ce secteur d’emploi. Les psychiatres sont souvent considérés comme n’étant pas de véritables médecins par leurs confrères d’autres spécialités. Et plusieurs demeurent les spécialistes les moins rémunérés.

Les personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale s’attendent souvent à être victimes de stigmatisation et de discrimination de toutes

67 Mitchell, A, J., Malone, D., et Dœbbeling, C. C. (2009). « Quality of medical care for people with and without comorbid mental illness and substance misuse: Systematic review of comparative studies ».

British Journal of Psychiatry, 194(6), 491-499.

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sortes, et cela compte parmi les principales barrières qui les empêchent de demander l’aide dont elles pourraient bénéficier. Cette attitude est appelée autostigmatisation, c’est à dire que ces personnes finissent par accepter et intérioriser des croyances erronées sur leur propre état de santé. Elle peut également les amener à ne pas tenter des choses qu’elles sont en réalité capables de faire.

Les membres de la famille peuvent aussi avoir des attitudes stigmatisantes. Par exemple, selon une étude, 38 % des parents d’un enfant vivant avec une maladie mentale ont avoué qu’ils ne cherchent pas d’aide pour leur enfant par crainte de stigmatisation68. Par ailleurs, comme le mentionne l’objectif quatre, les familles subissent aussi les effets néfastes de la stigmatisation.

Dans la majorité des cas, ce ne sont ni la méchanceté ni l’intention de nuire qui sont à l’origine de la stigmatisation et de la discrimination. Les personnes qui adoptent des attitudes stigmatisantes ne sont généralement pas injustes par choix. Elles réagissent selon un mode de fonctionnement qu’elles ont fini par accepter et par trouver normal. Les conséquences de ces croyances sont néanmoins terriblement dommageables pour les personnes qui vivent avec des troubles mentaux ou une maladie mentale et pour leur famille. Parmi ces conséquences, mentionnons la difficulté à participer pleinement à la vie sociale.

D’autres communautés et d’autres groupes sont également victimes de préjugés, de discrimination et d’exclusion sociale à des degrés divers, que ce soit en raison de leur origine ethnique, de leur couleur de peau, de leur sexe, de leur âge, de leur orientation sexuelle, de leur histoire de toxicomanie ou d’implication avec la justice. De multiples formes de préjudices et de discrimination peuvent entrer en interaction, de façons très complexes, avec la stigmatisation associée aux maladies mentales. Par exemple, les conséquences de la colonisation et de la discrimination résultant de politiques telles que la création des pensionnats indiens ont eu de graves conséquences sur la santé et le bien-être de plusieurs générations de membres des Premières Nations, d’Inuits et de Métis.

« Je crois que si nous, en tant que membres des familles n’étions pas si honteux, nous parlerions de la maladie mentale et combien nous en sommes tous affectés en société. Ce ne serait pas seulement l’affaire des personnes qui vivent avec la maladie mentale. »

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68 Kinark Child and Family Services. (2007).

« Les femmes qui vivent avec des problèmes de santé