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4. RÉSULTATS

4.2. Les personnes interviewées

Pour mieux comprendre les propos dans nos analyses, il nous semble pertinent de présenter quelques repères biographiques sur chacune des participantes. Nous avons attribuer un prénom fictif à chacune de nos participantes.

Participante 1 : Sandrine a 26 ans, elle est célibataire et n’a pas d’enfants. Elle travaille en communication, elle est conseillère en relations publiques. Elle a un travail stressant et un horaire chargé. Elle a vécu une dépression après avoir été confrontée à une surcharge de travail. Elle admet qu’elle jugeait la dépression avant de la vivre elle-même. Elle ne voulait pas que les personnes de son travail soient au courant de son diagnostic par peur d’être perçue comme non fiable et incapable de faire ce qui est attendu d’elle. Elle sent qu’elle a eu un bon soutien auprès de son père, qui a lui-même souffert de dépression. Elle se protège des jugements négatifs potentiels de la maladie en ne se confiant qu’à des amis proches. Elle prend des antidépresseurs depuis son épisode de dépression, mais elle les perçoit comme une aide temporaire et voudrait les arrêter.

Participante 2 : Caroline a 48 ans, elle est célibataire, n’a jamais été mariée et n’a pas d’enfants. Elle travaille en communication et marketing. Elle a vécu trois épisodes de dépression : deux à l’université qui n’ont jamais été traités et un épisode à l’âge adulte qui a été traité. Elle n’a parlé à personne de son premier épisode de dépression et son réflexe a été de s’isoler. Elle a senti de l’incompréhension de la part de ses parents qui ne l’ont jamais supporté et la percevaient comme une personne faible. Elle ne parle pas de sa dépression au travail car elle ne veut pas se nuire. Elle sent un meilleur soutien des personnes qui ont aussi vécu la maladie. Elle prend des antidépresseurs mais elle a eu beaucoup de difficulté à commencer son traitement.

Participante 3 : France a 53 ans, elle est divorcée et elle a deux enfants. Elle travaille comme secrétaire juridique. Elle a fait un épisode de dépression majeure secondaire due au stress subit au travail. Elle a été en arrêt de travail pour 9 mois. Elle ne s’est pas sentie particulièrement isolée suite à sa maladie. Elle n’a pas vraiment partagé son diagnostic

avec son entourage. Elle a ressenti un bon soutien dans son travail et n’a pas eu de jugements négatifs. Elle prend des antidépresseurs depuis son diagnostic et elle adhère et accepte son traitement.

Participante 4 : Chantal a 44 ans, elle est célibataire, n’a jamais été mariée et n’a pas d’enfants. Elle n’a pas de travail stable, elle a eu différents emplois dans les dernières années, comme serveuse dans un restaurant, caissière et vendeuse dans un magasin de meubles. Elle souffre d’épisodes de dépression majeure depuis son jeune âge et relate avoir fait une dizaine d’épisodes de dépression dans sa vie. Ses épisodes l’ont souvent arrêtée de travailler pour des périodes prolongées de 6 mois à 1 an. Elle n’a jamais dit au travail qu’elle souffrait de dépression, elle démissionnait de son travail chaque fois qu’elle ne se sentait pas capable de continuer. Elle est très craintive qu’on la juge et elle a du soutien uniquement de sa famille. Elle suit présentement un traitement antidépresseur.

Participante 5 : Stéphanie a 34 ans, elle est célibataire, n’a jamais été mariée et n’a pas d’enfants. Elle travaille dans le domaine des assurances. Elle vit avec la dépression depuis les 15 dernières années et a fait 5 épisodes de dépression majeure. Elle ne sent pas qu’elle a eu un soutien adéquat de la part de sa famille, et elle a senti de l’éloignement de la part de plusieurs personnes de son entourage. Par contre, dans son travail, elle a toujours eu des attitudes positives et compréhensives de ses employeurs et de ses collègues. Elle suit un traitement médicamenteux qu’elle voudrait arrêter.

Participante 6 : Charlotte a 52 ans, elle est célibataire, n’a jamais été mariée et n’a pas d’enfants. Elle travaille à temps partiel comme chargé de cours à l’université. Elle a vécu une grande déception dans son travail car elle n’a jamais réussi à terminer son doctorat et elle associe cela à sa dépression. Pour garder un poste à temps plein à l’université, elle devait terminer sa thèse et elle a ressenti une pression trop importante qui a mené à une dépression majeure et par la suite, un arrêt de travail. Elle n’a jamais dévoilé sa condition au travail pour ne pas perdre d’opportunités. Elle a eu beaucoup de difficulté à accepter sa maladie. Elle ne sent pas qu’elle a eu beaucoup de soutien ni au travail, ni dans sa vie

personnelle. Elle prend des antidépresseurs, mais elle n’aime pas les prendre et voudrait les arrêter un jour.

Participante 7 : Marie a 32 ans, elle est célibataire, n’a jamais été mariée et n’a pas d’enfants. Elle est infirmière auxiliaire. Elle dit qu’elle s’est toujours trouvée plus bizarre que son entourage. Elle souffre d’épisodes de dépression majeure récurrents depuis son adolescence. Elle a été arrêtée pour 6 mois lors de son dernier épisode. Son employeur a toujours été compréhensif quand elle a du arrêter de travailler, mais elle rapporte que ce n’était pas toujours le cas de son entourage. Elle a trouvé son diagnostic initialement difficile à accepter, mais elle vit bien avec sa condition maintenant et son traitement médicamenteux.

Participante 8 : Laurie a 55 ans, elle est mariée et elle a deux enfants. Elle est professeure de littérature à l’université et elle est présentement en arrêt de travail depuis 6 mois pour une dépression majeure. Elle a souffert de quatre épisodes de dépression depuis les dix dernières années et elle a été arrêtée plusieurs fois au travail pour des périodes de 6 à 12 mois. Elle n’a jamais dit à ses collègues qu’elle souffrait de dépression et elle a toujours senti une pression pour retourner au travail et de l’incompréhension de la part de son employeur (l’université). Elle vit difficilement avec son diagnostic et n’aime pas le fait d’être dépendante de son traitement antidépresseur.

Participante 9 : Élodie a 53 ans, elle est célibataire, n’a jamais été mariée et n’a pas d’enfants. Elle est secrétaire dans une commission scolaire, elle est très heureuse dans son travail et ne trouve pas son emploi stressant. Elle a vécu 3 grands épisodes de dépression majeure, dont 2 à l’adolescence. Elle a vécu le dernier, il y a 4 ans et a été arrêtée pour 1 an. Elle a trouvé que son travail, son entourage et sa famille l’ont beaucoup supporté. Elle prend des antidépresseurs et accepte son traitement.

Participante 10 : Corinne a 55 ans, elle est divorcée, et n’a pas d’enfants. Elle travaille comme secrétaire dans une firme de comptabilité. Elle a fait 3 épisodes de dépression, dont deux qui ont mené à un arrêt de travail pour 6 mois chaque fois. Elle ne dit pas à ses

collègues de travail qu’elle a souffert de dépression. Seulement son employeur était au courant et elle a senti qu’il était compréhensif de sa condition. Elle blâme sa dépression comme étant la cause de son divorce. Elle admet qu’elle jugeait la dépression avant d’en souffrir. Elle accepte son traitement médicamenteux mais elle cache à son entourage qu’elle prend des antidépresseurs.