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Performance de la TAFD dans le dépistage du cancer du poumon

3. PERFORMANCE, EFFICACITÉ ET INNOCUITÉ DU DÉPISTAGE DU CANCER DU

3.2. Performance de la TAFD dans le dépistage du cancer du poumon

Un test de dépistage vise à détecter une maladie à un stade précoce tout en minimisant les examens complémentaires pour les cas de faux positifs.

La sensibilité de la TAFD dans un contexte de dépistage du cancer du poumon a varié entre 80 % et 94,4 % dans trois ECR. La spécificité a varié entre 72,6 % et 98,6 % dans trois ECR (tableau 4).

Le dépistage du cancer du poumon par la TAFD est associé à un taux de rappel au premier dépistage se situant entre 7,6 % et 30,3 %, puis celui-ci a tendance à diminuer entre 0,9 % et 27,9 % aux cycles de dépistage subséquents. Toutefois, les critères de positivité des nodules ont varié dans les ECR, ce qui complique l’interprétation et limite la portée de ces résultats. Dans l’ECR NLST, le taux de rappel a été similaire pour les deux premiers cycles de dépistage, puis a diminué lors du troisième cycle puisque les

anomalies suspectées d’être un cancer qui sont demeurées stables ont alors été considérées comme des résultats négatifs avec anomalies mineures (tableau 4). Dans leur revue systématique, Seigneurin et ses collaborateurs [2014] ont rapporté que le taux de rappel du test de dépistage initial (24,4 %) était plus élevé que celui des tests de dépistage subséquents (18,1 %) en considérant seulement les résultats tirés d’ECR. Le taux de rappel global a varié considérablement selon les études incluses, soit 42,4 % pour les études observationnelles et 29,6 % pour tous les types d’études.

Le dépistage du cancer du poumon par la TAFD comporte un risque important de

résultats faux positifs. Selon les modalités de dépistage des ECR, la proportion de faux positifs a varié entre 59 % et 96 % des résultats de TAFD positifs (tableau 4), ce

problème touchant entre 1,6 % et 31 % des participants au dépistage. Cette variabilité pourrait notamment être associée aux différents critères d’admissibilité de la population cible et critères de positivité pour les nodules suspects dans les études retenues. Les ECR LSS et NLST ont démontré que les taux de faux positifs étaient supérieurs lors du dépistage par la TAFD comparativement à la radiographie thoracique [Aberle et al., 2011a; Croswell et al., 2010]. L’étude NELSON a rapporté des proportions de faux positifs par rapport au nombre de tests positifs plus faibles que les études DCLST, ITALUNG, NLST et LUSI. De plus, dans trois méta-analyses, les proportions de faux positifs ont varié de 19,1 à 25,5 % par rapport au nombre total de tests effectués [Fu et al., 2016; Usman Ali et al., 2016; Gopal et al., 2010]. Les méta-analyses de Fu [2016] et de Gopal [2010] ont démontré que le groupe de dépistage du cancer du poumon par la TAFD a été associé à une proportion de faux positifs lors du premier cycle de dépistage supérieure au groupe témoin (rapport des cotes [RC] de 8,7 [IC95 % : 7,43 à 10,19] et 3,12 [IC95 % : 2,62 à 3,72], respectivement). Toutefois, les groupes témoins de trois des études incluses dans ces méta-analyses recevaient des soins courants, ce qui excluait la survenue de faux positifs [Fu et al., 2016; Gopal et al., 2010].

Les résultats de l’ECR NLST ont démontré que la valeur prédictive positive de la TAFD a été inférieure à celle de la radiographie thoracique lors du premier cycle de dépistage.

Dans l’étude NELSON, la valeur prédictive positive a été évaluée à 40,4 %, ce qui

concorde avec la proportion de faux positifs plus faible pour cette étude en comparaison à l’ECR NLST (tableau 4). Seigneurin et ses collaborateurs [2014] ont rapporté une valeur prédictive positive d’environ 4 % lors des tests de dépistage initiaux et

subséquents basée sur une revue des résultats de dix ECR utilisant des protocoles de lecture variables (critères de positivité, nombre de lecteurs et logiciel de volumétrie).

Le dépistage par la TAFD augmente le nombre de cancers du poumon qui sont détectés à un stade précoce et diminuerait le nombre de cancers du poumon qui sont détectés à un stade avancé. Le taux de détection du cancer du poumon par la TAFD a varié entre 2,1 % et 5,2 % selon sept ECR (tableau G-1 de l’annexe G). Trois de ces ECR ont démontré une augmentation significative de la proportion de cancers du poumon détectés dans le groupe de dépistage par la TAFD (DLCST : rapport de risque [RR] de 1,8 [IC95 % : 1,3 à 2,6]; DANTE : p = 0,0418; NLST : RR de 1,13 [IC95 % : 1,03 à 1,23]) [Wille et al., 2016; Becker et al., 2015; Infante et al., 2015; Aberle et al., 2011a]. Dans l’ECR DEPISCAN, le risque de détecter un nodule non calcifié lors du dépistage initial a été significativement supérieur dans le groupe dépisté par la TAFD comparativement au groupe dépisté par la radiographie thoracique (RC de 10,42 [IC95 % : 6,36 à 17,07]) [Blanchon et al., 2007]. Dans l’étude ITALUNG, aucune différence significative n’a été démontrée entre le groupe dépisté par la TAFD et le groupe témoin

(RR de 0,93 [IC95 % : 0,67 à 1,30]) [Paci et al., 2017].

Dans la méta-analyse d’Usman Ali [2016], le dépistage par la TAFD a été associé à une hausse de la probabilité de diagnostiquer un cancer du poumon à un stade précoce (RR de 1,74 [IC95 % : 1,25 à 2,42]) ainsi qu’à une baisse du risque de diagnostiquer un cancer de stade avancé (RR de 0,62 [IC95 % : 0,48 à 0,79]) comparativement à une absence de dépistage. En se basant sur les données de l’étude NLST, Usman Ali et ses collaborateurs ont estimé que le dépistage par la TAFD a détecté huit cas de cancer du poumon de stade précoce de plus par 1 000 participants admissibles au dépistage et quatre cas de cancer du poumon de stade avancé de moins par 1 000 participants admissibles au dépistage, en comparaison de la radiographie thoracique pour trois cycles de dépistage sur un suivi de 6,5 ans. De plus, la méta-analyse de Fu [2016] ainsi que celle de Gopal [2010] ont également démontré une hausse significative de la détection du cancer du poumon à un stade précoce par le dépistage au moyen de la TAFD comparativement à la radiographie thoracique, à l’examen clinique ou à une absence de dépistage (RC de 4,12 [IC95 % : 2,03 à 8,37] et de 3,90 [IC95 % : 2,05 à 7,43], respectivement) [Fu et al., 2016; Gopal et al., 2010].

Le mode de calcul des cancers d’intervalle a varié d’une étude à l’autre. Néanmoins, la proportion de personnes ayant un cancer d’intervalle a été relativement faible (0,05 % à 0,4 %) par rapport au nombre de participants, sauf pour l’ECR ITALUNG et DANTE où les proportions ont été de 1,8 % et 3,0 %, respectivement (tableau G-1 de l’annexe G).

Le nombre de cancers d’intervalle répertorié pour l’ECR NLST comprend 44 cancers survenus après un résultat négatif au dépistage par la TAFD et 367 cancers

diagnostiqués chez des individus n’ayant pas participé au dépistage ou survenus pendant la période de suivi [Aberle et al., 2011a].

Tableau 4 Paramètres de performance du dépistage du cancer du poumon par la TAFD selon les ECR retenus

Étude [Référence]

Sensibilité (%) [IC95 %]

Spécificité (%) [IC95 %]

Faux positifs VPP (%)

[IC95 %]

Taux de rappel (%) FP/tests positifs FP/tests totaux Initial Subséquent NELSON [Horeweg et al.,

2014] 84,6 [79,6-89,2] 98,6 [98,5 à 98,8] 59,6 n.r. 40,4 [35,9-44,7] 6,5 n.r.

DLCST [Wille et al., 2016] n.r. 92,6 90,5

7,9 (T0) 1,6 à 2,0 (T1 à

T4)

n.r. 7,6 0,9 à 1,3

LUSI [Becker et al., 2015] n.r. n.r. 93 8 n.r. 22,2 4,0 à 5,7

DANTE [Infante et al., 2015] 80 [77-82] n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r.

ITALUNG [Lopes Pegna et

al., 2013] n.r. n.r. 96,2 18,8 n.r. 30,3 15,7

MILD [Pastorino et al., 2012] n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. 15 (annuel)

14 (biennal) n.r.

NLST [Aberle et al., 2013;

Aberle et al., 2011a]

94,4 (T1) 93,0 (T2)

72,6 (T1)

83,9 (T2) 96,4* 23,3*

3,8 [3,3–4,2] (T0) 2,4 [2,1–2,8](T1) 5,2 [4,5–6,0] (T2)

27,3 16,8 à 27,9 LSS [Croswell et al., 2010;

Gohagan et al., 2005] n.r. n.r. n.r. 31 n.r. 34,5§ n.r.

Abréviations : FP : faux positif; IC95 % : intervalle de confiance à 95 %; n.r. : non rapporté; TAFD : tomographie axiale à faible dose; T0 : cycle initial; T1 : cycle 1; T2 : cycle 2; VPP : valeur prédictive positive.

* Valeur calculée pour les trois cycles de dépistage.

† Groupe radiographie thoracique : 4,4 % [IC95 % : 3,4 à 5,5] (T1).

‡ Groupe radiographie thoracique : 9,2 % (T0), 6,2 % (T1) et 5,0 % (T2).

§ Taux cumulatif (valeur initiale et suivi un an). Groupe radiographie thoracique : 15,8 % [IC95 % : 13,9 – 17,6].

Résumé

Les estimations de sensibilité et de spécificité sont variables en l’absence de consensus sur le système de classification et de gestion des nodules.

Le dépistage du cancer du poumon par la TAFD est associé à un taux de rappel élevé et à une proportion importante de résultats faux positifs parmi les résultats suspects du dépistage.

Le dépistage par la TAFD augmente le nombre de cancers du poumon qui sont détectés à un stade précoce et diminuerait le nombre de cancers du poumon qui sont détectés à un stade avancé.