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La perception des personnes ayant une DI au sujet de leur inclusion sociale

Chapitre 5 : Discussion

5.1 Discussion des résultats

5.1.1 La perception des personnes ayant une DI au sujet de leur inclusion sociale

participation communautaire comme dimensions à considérer pour analyser l’inclusion sociale des personnes ayant une DI. Le contenu des entretiens témoigne d’ailleurs du lien étroit entre ces deux éléments. Les interactions sociales satisfaisantes et les occasions de

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participation semblent contribuer à une perception plus favorable de l’inclusion sociale des participants. La perspective interactionnisme adoptée permet également de mettre en lumière les échanges qu’entretiennent les personnes ayant une DI au quotidien, à travers leurs contacts avec les membres de la communauté et leurs occasions d’exercer leur participation communautaire.

Suivant les témoignages des participants au sujet de leur inclusion sociale, il est possible de dégager que la modalité d’habitation dans laquelle la personne vit n’est pas un élément qui influence directement le sentiment d’inclusion. Comme McConkey (2007) avance, le logement autonome est souvent indicateur d’une plus grande participation communautaire pour les personnes ayant une DI en comparaison avec d’autres options résidentielles, telles que les foyers de groupe et les centres d’hébergement. Chez les répondants, les interactions entretenues avec les autres et le contexte de celles-ci semblent primer sur le type d’habitation dans lequel ces personnes vivent. Il importe toutefois de considérer que les occasions d’entrer en contact avec les membres de la communauté ne se profilent pas de la même manière dans les projets de mixité résidentielle et dans les logements dispersés.

Les appartements de mixité résidentielle offrent des contextes favorables aux interactions entre les résidents qui y habitent, notamment grâce aux espaces communs disponibles et aux activités organisées. Les contacts entre les résidents s’initient sur une base volontaire et en fonction des besoins de chacun. Bien que les échanges puissent avoir peu de profondeur, ils contribuent au développement d’un sentiment de reconnaissance chez les locataires ayant une DI. Cette analyse correspond à la vision de l’intervenante rencontrée lors de l’entretien exploratoire. D’ailleurs, comme Bigby et Wiesel (2019) l’avancent, les interactions conviviales devraient être reconnues comme des éléments essentiels à l’inclusion sociale des personnes ayant une DI, plutôt que comme de simples premiers pas pouvant possiblement mener à une relation à long terme. L’échange des salutations et l’idée de ne pas se sentir ignorées contribuent à faire sentir aux personnes qu’elles font partie de la communauté (Van Alphen et al., 2009).

Le contact avec d’autres personnes ayant une DI peut avoir un effet variable sur la perception d’inclusion sociale des répondants. Alors que pour certains, se retrouver avec des pairs ayant

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une DI favorise la participation à des activités, pour d’autres l’effet sera plutôt neutre ou négatif. Effectivement, la présence des pairs peut multiplier la fréquence des sorties dans le quartier ainsi que la participation à des activités de loisirs. Il importe de rappeler que le réseau social des personnes ayant une DI est souvent limité à leurs pairs qui présentent aussi une DI, à leurs familles et aux intervenants rémunérés (Amado et al., 2013; Clement et Bigby, 2016). Cette affirmation semble effectivement corroborée par les participants à la recherche. Dans le contexte de mixité résidentielle, les activités significatives réalisées par les participants dans la communauté se font en compagnie d’autres personnes ayant une DI. Il existe un contraste intéressant dans le vécu des personnes : les contacts qui se réalisent sont souvent avec les mêmes individus et ce sont ces échanges qui mènent à une participation communautaire plus substantielle. En d’autres mots, les relations restreintes aux personnes ayant une DI, aux membres de leur entourage et aux intervenants, si elles donnent l’impression de garder la personne dans un cercle fermé, peuvent au contraire l’inciter à participer dans la communauté. Abbott et McConkey (2006) établissent que le manque de personnes avec qui réaliser des activités peut être une barrière à l’inclusion sociale des personnes ayant une DI. La proximité des pairs ayant une DI vécue dans les milieux de mixité résidentielle devient une occasion de surmonter ce défi. Alors que l’inclusion sociale semble souvent se mesurer par la possibilité d’établir des relations durables avec des membres de la communauté, Milner et Kelly (2009) soutiennent que cette perception enlève de l’importance au sentiment d’appartenance qui peut être vécu par la personne auprès des pairs, de la famille ou des intervenants. Les personnes ayant une DI peuvent participer pleinement, développer des relations et se sentir reconnues dans un milieu dit ségrégé, ce qui a un impact positif sur la perception d’inclusion sociale. À ce sujet, Bigby et al. (2017) soutiennent que cette participation à des activités avec d’autres personnes ayant une DI peut contribuer au développement d’un sentiment d’appartenance et a une meilleure estime de soi. Ces activités constituent également un contexte où la personne peut développer des intérêts qui lui permettront de créer des contacts avec la communauté. Par exemple, une personne ayant une DI qui participe à une activité sportive avec des personnes ayant également une DI, pourrait ensuite s’engager dans une ligue ou participer à des événements sportifs par la suite. Les résultats de cette étude indiquent d’ailleurs démontré que les répondants ont tendance à diversifier leurs activités. Même si la diversification se fait au travers de la relation avec une

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autre personne ayant une DI, ces nouvelles activités sont susceptibles de créer des rapprochements avec des membres de la communauté. Bref, dans les entretiens réalisés, la composition relativement homogène du réseau social ne semblait pas avoir de répercussions négative sur la perception que la personne ayant une DI entretient à l’égard de la place qu’elle occupe dans sa communauté d’appartenance. Ce sont plutôt les interactions insatisfaisantes qui amènent ce type de perceptions. Ces relations négatives peuvent aussi bien être entretenues avec une personne ayant une DI qu’avec une personne qui n’en a pas.

Le contact avec d’autres personnes ayant une DI peut ne pas être recherché à cause des capacités de ces dernières, telles que perçues par le répondant. Effectivement, lorsque la personne juge que ses capacités générales sont supérieures à celles des pairs, les relations avec les personnes ayant une DI semblent moins satisfaisantes et parfois étaient même présentées comme générant une charge supplémentaire pour le répondant. Wiesel et Bigby (2014) avancent que plus les capacités d’une personne ayant une DI sont perçues positivement par les membres de la communauté, plus ces derniers seront favorables à son inclusion. Les participants à la recherche ont démontré des attitudes similaires ; ils ont davantage envie de développer des relations avec des personnes dont les habiletés sont jugées positivement. La perception des capacités des pairs a également une influence sur la participation à des activités incluant d’autres personnes ayant une DI. Lorsque les répondants ont une appréciation négative des habiletés des participants à une activité, leur envie de participer diminue.

Le vécu exprimé par les participants montre que la création de liens avec des personnes n’ayant pas de DI constitue en défi, peu importe le type d’habitation dans lequel les personnes vivent. Des échanges conviviaux prennent place avec certains membres de la communauté contribuant à créer un sentiment d’appartenance chez la personne ayant une DI. Les entretiens ont toutefois témoigné de peu de relations plus approfondies avec la communauté. Pourtant, les occasions de développer des liens avec les membres de la communauté sont directement liées au sentiment de bien-être chez les personnes ayant une DI (Cummins et Lau, 2003). La relation avec les pairs ayant une DI pouvant avoir des effets autant positifs que négatifs sur le processus d’inclusion sociale, les résultats démontrent l’importance de

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soutenir les personnes ayant une DI à développer des relations plus durables avec des personnes qui n’ont pas de DI ou qui ne sont pas impliquées auprès des personnes ayant une DI (famille ou intervenants).

5.1.2 Les facilitateurs et les obstacles à l’inclusion sociale des personnes ayant une DI

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