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Perception cadre légal global

5.3 PERCEPTION DES ORIGINES DU CADRE LEGAL Analyse thématique des perceptions

Motifs de la prohibition

Dix thématiques principales, classées par ordre de fréquence décroissante, constituent plus de 85 % des notions évoquées pour justifier la prohibition du cannabis:

Les dommages individuels (19.5%) comprennent les dommages généraux (7.9%), la dépendance (5.5%), les troubles psychiatriques (3,5%), puis les troubles organiques (altération du système neurocognitif et cancers) (2,6%).

Les dommages sociétaux (13,4%) comprennent les accidents de la route (5,6% des notions) puis par fréquence décroissante, les troubles du comportement et de l’ordre public (3.2%), la

désocialisation (2,1 %), le syndrome a motivationnel et la perte de rendement qu’il engendre (1.7 %) et enfin les dommages sociétaux généraux.

L’absence d’usage traditionnel et culturel (historique et religieux) représente 10,8 % des notions exprimées, soit la 3ème raison évoquée.

La pénalisation n’est pas justifiée dans 10 % des notions exprimées, soit au vu du faible niveau de dommage engendré (2.3%) ou du bénéfice thérapeutique potentiel (1.2%), soit parce qu’il n’y a aucune raison valable (4.5%) ou qu’elles sont occultes (2 %).

La démagogie politique sécuritaire est évoquée dans 7,6 % des notions.

L’absence de bénéfices socio-économiques (6.5 %).

L’idéologie conservatrice (5.8 %).

L’escalade vers les autres drogues (5.3 %).

La réduction de l’usage et du coût sanitaire (5.3 %).

Le tabou social (4.8 %).

Motifs d’une éventuelle légalisation

Huit thématiques principales, classées par ordre de fréquence décroissante constituent plus de 85 % des notions évoquées pour justifier une éventuelle légalisation du cannabis:

Le retour dans la pharmacopée est la première raison évoquée, et souvent la seule, dans 16.5 % des notions exprimées. Les vertus antalgiques sont au premier plan.

La réduction des dommages individuels représente 13.7 % des notions exprimées. Elle est envisagée à travers un contrôle de la filière (2.9 %), l’encadrement des consommations (2,7 %), le contrôle de la qualité des produits (2,4 %), la réduction des consommations et des usages problématiques (2,2 %), les mesures de prévention et d’éducation à l'usage (1,8 %), un meilleur suivi des consommateurs (1,4 %) et enfin une meilleure connaissance du cannabisme (0,8 %). • La démagogie politique représente 13.3 % des notions exprimées à travers la démagogie libertaire,

libérale ou adressée aux jeunes.

La diminution ou l’arrêt du trafic représente 12.2 % des notions exprimées

Les bénéfices socio-économiques représentent 10.6 % des notions exprimées.

La légalisation n’est pas justifiée dans 8,7 % des cas, que cela soit au nom de la morale (2.4 %), parce qu’il n’y aucun intérêt (3.7 %), pas d’intérêt évident (1.7 %) ou que cela est impossible (1.2 %)

La réduction des dommages sociétaux est justifiée par le frein à la délinquance et l’insécurité liée au marché parallèle ainsi que l’intégration sociale des usagers jusqu’alors marginalisés (6.1 %) • L’idéologie politique réformiste représente 4.8 % des notions exprimées.

Figure 78 : principales raisons d’une légalisation éventuelle du cannabis selon notre panel (n=621 répartie sur 461

Analyse descriptive des perceptions

Cette analyse fait appel à de nombreuses citations de notre panel qui sont mises en italique et entre guillemets. Au sein de chacune des sous-thématiques, ces commentaires sont triés par représentation commune, c’est-à-dire articulée autour d’une même idée et forgée sur la base d’une tendance commune.

Notions de santé publique

Celles-ci sont regroupées en cinq thématiques et en sous thématiques pour certaines :

Dommages individuels répartis en cinq sous thématiques : dommages généraux, dommages somatiques, dommages psychiques, dépendance et connaissance des dommages.

Dommages sociétaux répartis en trois sous-thématiques : accidents, troubles du comportement et de l’ordre public, désocialisation.

Réduction des consommations répartis en trois sous-thématiques : protection de la population, pouvoir dissuasif du cadre légal, réduction du coût sanitaire et social.

Escalade toxicomaniaque.

Usage médical.

Toutes les notions évoquées ici sous-tendent que le cadre légal aurait un impact sur la santé publique. Sur le versant médical, une légalisation permettrait aux malades d’avoir accès aux soins, dans le cas où le cannabis soit indiqué. Sur le versant récréatif, l’interdit ou au contraire l’autorisation réglementée peuvent être considérés comme dissuasifs. Ainsi, la prohibition, pour certains, ou la légalisation, pour d’autres, pourrait limiter l’accès au cannabis et dissuader de son usage récréatif, ainsi que de celui des autres drogues.

Par ailleurs, une minorité non négligeable de médecins motive de surcroit l’interdiction du cannabis par une dangerosité très importante du produit en lui-même : « dépendance extrême, dosage élevé en THC, flashback, trouble du comportement grave auto et hétéro agressif, déchéance, aliénation, schizophrénie, escalade vers les drogues dures »… Ces éléments expliquent en partie la majoration des dommages observés précédemment, comparativement aux données de référence. Certains médecins semblent également ignorer les vertus médicinales du cannabis, ce qui pourrait expliquer en partie la minoration des bénéfices individuels, notamment des bénéfices auto-thérapeutiques.

Dommages individuels • Dommages généraux

La dangerosité du cannabis est perçue de très faible à très importante « à court, moyen et long

terme » sans notion de dose consommée, ni de fréquence d’usage dans la plupart des cas. Quelques

médecins pondèrent néanmoins leur propos.

Pour certains médecins, la prohibition du cannabis semble justifiée par des dommages individuels généraux perçus comme très importants avec une notion de « roulette russe »: « produit très

dangereux » « dont la prise éclairée n’est pas possible », « que de dégâts » liés à « ce poison à assimiler à une drogue dure. »

Parallèlement d’autres médecins estiment au contraire que « la prohibition ne repose sur aucun fondement sanitaire (rapports scientifiques mis au tiroir) », au vu d’une perception des dommages

faibles : « Moins toxique que l'alcool, tabac et télévision ! », le cannabis « ne présente pas de danger

majeur pour la santé de l'individu », « avec modération bien sûr!» « Comparativement à l'alcool et au tabac, le cannabis est nettement moins dangereux en terme de santé publique, donc je ne pense pas que ce soit l'ennemi public N° 1.»

Pour certains médecins, la prohibition du cannabis semble justifiée par son caractère dissuasif même si les dommages sont perçus comme modérés : « L'excès de consommation de cannabis est dangereuse pour la santé tout comme l'alcool.» Il s’agirait d’un « produit toxique» « par définition néfaste pour la santé » et il ne faudrait pas commettre les mêmes erreurs qu’avec l’alcool et le tabac, sous entendant par là qu’il eût été préférable de prohiber ces produits également. «C’est sûr que tabac et alcool font probablement pires dégâts et devraient être réglementés également.»

Enfin certains médecins estiment, au contraire, qu’une légalisation du cannabis limiterait les dommages car elle permettrait in fine de délivrer une information plus éclairée, plus ciblée, plus adaptée : « une légalisation du cannabis permettrait de faire mieux passer des messages sanitaires », « de développer des actions de santé publique », « de cibler la prévention », « de sensibiliser les consommateurs » et « de les déculpabiliser, un usager occupé à fuir les représentants de la loi étant sans doute moins accessible aux messages de sensibilisation et de prévention sanitaire.»

• Dommages somatiques :

Ils sont globalement perçus de faibles à très importants, parfois pondérés en termes de quantité ou de fréquence. La plupart des médecins, évoquent des dommages organiques « similaires à ceux du

tabac », liés au mode d’administration commun (inhalation) ainsi qu’à la consommation associée des

2 produits, avec de surcroit, « une altération des capacités mnésiques.» Pour d’autres médecins les dommages somatiques du cannabis seraient en revanche, bien supérieurs à ceux du tabac.

Pour certains médecins, la prohibition se justifie car le cannabis serait un toxique puissant avec des « effets psycho-neurologiques à court ou moyen terme et une altération des fonctions supérieures à long terme.» Ce serait « un toxique cérébral même à petite dose » comme le rapporte un confrère qui « aurait constaté des pertes définitives de mémoire.» Par ailleurs, « l'impact sur la santé physique

des personnes est désastreux » et le cannabis serait un « produit stupéfiant athérosclérogène »

entrainant une « cancérogenèse importante » et des « pathologies immunitaires.»

Pour d’autres médecins, le cannabis aurait « un impact sur les capacités de mémorisation et

d’apprentissage» et il existerait surtout un « risque de maladies organiques sur le plan cardiovasculaire et respiratoire, à long terme », d’autant que « les consommateurs de cannabis sont

le plus souvent aussi consommateurs de tabac » : « B.P.C.O., cancer orl, cancers pulmonaire.» Parallèlement à ces arguments, une légalisation permettrait selon certains médecins plus progressistes de « limiter la toxicité du cannabis par des règles de constitution », « une surveillance du produit » et « plus de transparence » car l’interdiction favorise l’émergence de produits frelatés, source de troubles de la santé publique.»

• Dommages psychiatriques

Les dommages psychiatriques induits par le cannabis sont globalement perçus de faibles à très importants, parfois pondérés en termes de quantité, fréquence ou de facteurs de vulnérabilité (adolescence, fragilité psychologique).

Pour certains médecins, « il entraine des troubles psychotiques graves avec aboulie à moyen terme ou éventuellement dès la première prise.» Il serait ainsi « interdit pour limiter les risques de bouffées délirantes aigües et l’induction de schizophrénie, en raison de son pouvoir hallucinogène » comme le rapporte un médecin qui aurait « de nombreux cas où la prise de cannabis a entrainé l'éclosion de pathologies psychotiques.»

Pour d’autres, son usage entraine des dommages comparables à celui de l’alcool, voire moindre: « décompensation psychiatrique en cas de consommation chronique importante » à savoir, « dépression, anxiété, état borderline, quelques cas de psychoses cannabiques.»

Parallèlement, une légalisation pourrait permettre selon d’autres médecins un meilleur suivi médical somatique et psychique en termes de « dépistage et de prise en charge » car « son caractère illégal

peut pousser le consommateur à cacher sa consommation et entraver l'aide médicale que l'on pourrait apporter à ceux pour lesquels le cannabis aura un effet addictif ou ceux chez qui il pourra déclencher des effets secondaires négatifs.»

• Dépendance

La dépendance au cannabis est perçue de façon très variable de faible à extrêmement forte. En d’autres termes, elle est estimée inférieure, équivalente, ou supérieure à celle des drogues légales, la dépendance du tabac étant perçue comme identique à celle de l’alcool, comme nous avons pu le mettre en évidence précédemment.

Pour certains médecins, « la dépendance est rapide et irréversible » comme le rapporte un confrère qui ne voit aucun de ses patients « se libérer de la drogue », alors que selon lui, « l'arrêt du tabac est relativement facile et l'arrêt définitif d'une alcoolisation chronique fréquent.» « Légaliser le cannabis équivaudrait ainsi à autoriser l'addiction avec à la clef une dépendance plus précoce.»

Pour d’autres médecins, l’interdiction est justifiée simplement « en raison du risque potentiel de

dépendance, bien que celle-ci soit « identique à l'addiction à l'alcool et au tabac », « avec quelques

cas de dépendance forte.» « L'homme serait ainsi fait pour la liberté, et sa dignité ne peut pas s'accommoder de cette dépendance.» On retrouve là encore une perception plus morale et globalisante plébiscitant une prohibition des 3 produits…

Parallèlement, une partie du panel plus non-conformiste estime en revanche que « la dépendance au

cannabis est faible » et ne constitue pas un argument valable pour l’interdire.

Enfin, certains médecins estiment qu’une légalisation permettrait de «mettre en vente des substances à taux modéré avec un contrôle de ses principes actifs et de leur dosage pour limiter la dépendance.» De plus, un cadre officiel pourrait faciliter l’instauration « d’une aide au sevrage.»

Connaissance des dommages : suffisante pour les plus hygiénistes, insuffisante pour les autres. La prohibition est justifiée pour certains médecins car il est nécessaire d’appliquer « le principe de précaution » : « les méfaits du cannabis sont sous-estimés, par snobisme idéologique.»

Pour d’autres médecins la prohibition se justifie car « les méfaits ne sont plus à démontrer, son impact

négatif sur la santé étant avéré scientifiquement.»

Parallèlement, la légalisation permettrait, selon certains médecins, de mieux connaitre le produit et ses usagers « afin de pouvoir mieux en cerner l'utilisation et le mésusage et mieux en prévenir les conséquences.»

Dommages sociétaux

Pour certains médecins, le cannabis serait dommageable avant tout sur le plan sociétal : «Ce n'est

tant pas les effets sur la santé du consommateur, mais cela représente des risques pour les autres. La société n'a pas à payer pour des personnes qui jouent avec leur santé. » L’argument le plus fréquemment avancé concerne la sécurité routière puis suivent les troubles du comportement et de l’ordre public et la désocialisation.

• Accidents : risque important de dommages aigus.

Le cannabis serait interdit « afin d'éviter les conduites automobiles sous l'emprise du cannabis.» La dangerosité de la conduite sous l’emprise du cannabis semble importante pour tous les médecins qui ont abordé le sujet : les risques encourus seraient amalgamés avec ceux sous l’emprise de l’alcool ou seraient considérés comme encore plus dangereux.

Il semble en effet curieux d’interdire son usage privé si le principal problème est la conduite sous son emprise. Ceci peut s’expliquer dans la mesure où certains médecins considèrent que sa dangerosité au volant est telle qu’elle justifie sa prohibition totale, l’usage du cannabis étant totalement incompatible avec la conduite d’un véhicule, plus encore que celui de l’alcool: « la durée de vie du cannabis est trop importante entrainant une non perception du danger dans la conduite automobile 4 jours après la consommation.»

Pour d’autres médecins, « tout ce qui peut nous rendre dangereux doit être prohibé d'un point de vue politique et social : alcool en grande quantité lorsque l'on prend le volant et/ou cannabis quelle que soit sa consommation.» «Le cannabis a des effets certains dans la conduite automobile : impact sur capacité sensorielle, atteinte de la vigilance, diminution des réflexes, levée des inhibitions, troubles des distances.» «Il y aurait ainsi un « nombre important et croissant d’accidents sous THC, souvent mortels (230 décès par an).»

• Troubles du comportement et de l’ordre public :

Pour certains médecins, la prohibition du cannabis est justifiée au vu de conséquences sociales graves et imprévisibles liées à son usage. Le cannabis aurait un « effet psychogène immédiat.» Il entrainerait des « troubles comportementaux graves» et une « destruction de la responsabilité individuelle.» Il serait ainsi interdit «afin d'éviter le désordre et la débauche dans les rues » et « les conduites agressives consécutives à l'usage du cannabis.» « Autant l’alcool consommé avec modération n'est pas néfaste, autant les effets d'un seul "joint" peuvent faire perdre le contrôle à son consommateur.» « Les toxicomanes ne sont plus responsables de leurs actes » :« mise en danger du consommateur et des satellites » avec « violence », « passages à l'acte du point de vue judiciaire, viols, homicides.» « Je vis ce problème au quotidien avec mon fils et je peux donc voir les dégâts que je n'aurais pas soupçonné avant » explique un médecin, non sans subjectivité. Un contexte familial de toxicomanie problématique pourrait ainsi être à l’origine de ces représentations qui semblent erronées. Pour d’autres médecins, les propos sont plus modérés : le cannabis entrainerait « des troubles des conduites à long terme » et « l’impact du cannabis sur le comportement social et personnel» serait « inhomogène, imprévisible, inégal et changeant tant en terme d'intensité, de durée que de symptomatologie.»

Parallèlement certains médecins estiment que les dommages sociétaux seraient moins liés à l’usage du produit qu’aux effets pervers de la prohibition. Légaliser le cannabis permettrait ainsi d’« éviter

la délinquance liée à son mode de vente actuel clandestin » : « il y aurait moins de problèmes judiciaires », « de violences », « de rackets » et « la criminalité des jeunes pourrait diminuer.» Désocialisation : liée à l’usage du produit ou au contexte légal

Pour certains médecins, la prohibition du cannabis se justifie par le fait que son usage entraîne une désocialisation importante, comparable à la désocialisation induite par l’alcool, voire plus importante : « Le cannabis est une drogue tout comme l'alcool et le tabac, mais le risque de désocialisation est plus important.» Selon eux, l’usage de cannabis entraînerait de nombreuses conséquences négatives, notamment chez « les sujets gros consommateurs » : « désinsertion sociale », « renfermement sur soi », « rupture familiale », « perte d'emploi » ou « surendettement »;« finalement, un bilan très cher en termes de santé publique !»

Pour d’autres médecins, la prohibition du cannabis est justifiée par des «effets très néfastes sur la

capacité de travail » à l’origine d’« absentéisme », avec pour corollaire le « syndrome a motivationnel.» Le cannabis rendrait « paresseux » et favoriserait « l'oisiveté » faisant « reculer un

monde qui travaille et avance.» Chez les adolescents, il existerait ainsi un risque accru «de démobilisation, de désinvestissement», « d’échec scolaire » ; son usage les conduirait « à des pratiques marginales » et leur ôterait « toute objectivité dans les obligations de la vie courante.»

Parallèlement, la légalisation du produit permettrait, selon certains médecins, « d’éviter la

marginalisation des consommateurs » en leur apportant « une meilleure intégration dans la société.»

Elle permettrait donc d’«augmenter la cohésion sociale », avec pour corollaire le fait de « déculpabiliser les consommateurs qui ne seraient plus dans l'illégalité », de « prévenir les comportements revendicatifs» et « de reconnaitre et prendre en compte enfin les déviants autrement que sur le plan pénal !»

Réduction consommation et coût sanitaire • Protection de la population selon le cadre légal

Pour certains médecins, la prohibition serait avant tout un support de communication pour lutter contre le cannabisme. Il s’agirait ainsi d’« alerter les consommateurs de son effet néfaste pour la

santé », « pour que le produit soit considéré comme dangereux », pour « mettre des limites à la consommation de drogues.» « Une relative déréglementation risquerait d'innocenter l'usage du cannabis de ses conséquences dommageables » : « si c'est en vente libre, c'est donc peu grave ou acceptable pour la population. »

Pour d’autres médecins, une légalisation serait un meilleur support de communication pour lutter contre le cannabisme : «un encadrement pédagogique et réglementaire efficace m'apparaît meilleur

que la prohibition.» « S'il devait être légalisé, ce serait pour mieux encadrer les consommateurs », « mieux maitriser la consommation et l'objectif de l'utilisation.» Cela permettrait de « contrôler la vente exclusive à des sujets majeurs » («voir les expériences à Bilbao en Espagne») et « de protéger les jeunes de la consommation (actuellement cannabis vendu au détail essentiellement dans les collèges et les lycées).»

• Pouvoir dissuasif du cadre légal :

Certains médecins estiment qu’une légalisation ferait exploser la consommation de cannabis, constituant ainsi une véritable « incitation à la consommation» : « à ne surtout pas banaliser », « sachant que cela deviendra un véritable problème sanitaire dans le temps.» «Il y a assez de drogues!» «La dépénalisation de l'usage du cannabis conduirait vraisemblablement à tous les abus » et « la permissivité va faire exploser la consommation.» Par ailleurs, une légalisation augmenterait selon eux « l’accessibilité du produit » et diminuerait son prix, qui serait « moins cher que les prix

pratiqués par les dealers déjà très bas », ce qui entrainerait une « consommation non freinée chez les jeunes.» En résumé, « la légalisation du cannabis inciterait une nouvelle partie de la population à consommer» et « multiplierait les consommateurs majeurs et mineurs qui se fourniraient auprès des majeurs.»

Pour d’autres médecins, le pouvoir dissuasif de la prohibition de cannabis demeure mais de manière plus nuancée : elle aurait ainsi pour but «de limiter les addictions » et « de prévenir l’usage

inconsidéré » mais «ce lien de cause à effet reste à prouver... Il s’agit là plus d’un principe de

précaution. « Sa consommation n'est heureusement pas banalisée, contrairement à celle de l’alcool

et du tabac.» « Pourquoi ajouter un troisième risque ?» « Est-on sûr que sorti de son ghetto le cannabis ne prendra pas l'ampleur qu'ont connue le tabac et l'alcool.» Enfin, « la légalisation éventuelle du cannabis doit être soumise à la question suivante : qui souhaite que son enfant en consomme ?»

Parallèlement, certains médecins estiment qu’une légalisation du cannabis dissuaderait plus efficacement de l’usage abusif que des mesures de prohibition, «La clandestinité étant source

d'abus». «Un cadre légal officiel pourrait ainsi limiter les dommages sanitaires liés aux consommations abusives et à la dépendance par des actions de prévention cohérente, la création d'unité de cannabis et la définition d’une norme socialement acceptable. » Cela permettrait d’« éviter des consommations excessives par un accès réglementé », de « contrôler son coût », « de banaliser le

cannabis pour limiter l'attrait de l'interdit » et « la surconsommation cachée.» « De cette façon, le cannabis concernerait probablement moins de monde » et « les abus extrêmes seront évités.»