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Conclusion générale

CONCLUSION GÉNÉRALE

Il n'existe actuellement aucune nomenclature reconnue en santé mentale (DSM IV ; American Psychiatrie Association, 1994) permettant l'identification d'un état clinique d'épuisement professionnel. L'absence de reconnaissance diagnostique découle de plusieurs facteurs notamment du peu d'études portant sur l'identification des signes et symptômes d'épuisement professionnel. Par ailleurs, certains chercheurs et cliniciens s'interrogent sur la pertinence clinique de considérer l'épuisement professionnel à titre de désordre mental, en raison principalement de ses similitudes au plan clinique avec d'autres entités mentales, dont la dépression.

En santé au travail, on remarque néanmoins un intérêt important pour l'étude de l'épuisement professionnel en tant que variable d'effet sur la santé des stresseurs organisationnels et contextuels au travail.

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-Les-études dtr -domaine ont, en—effet-, identifié plusieurs facteurs de risque professionnel ayant un impact sur la santé mentale, dont des

symptômes d'épuisement professionnel.

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L'étude de l'impact du travail sur la santé mentale auprès de populations de travailleurs, suppose qu'on s'intéresse à des populations toujours actives professionnellement et donc moins «malades»

cliniquement, bien que cette présence physique dans leur milieu professionnel ne renseigne pas la quantité et la qualité de leur travail, soit leur capacité à fonctionner adéquatement selon les règles prescrites par leur profession. En effet, plusieurs travailleurs ne peuvent se retirer de leur milieu de travail, en raison, notamment, de la précarité d'emploi, de contraintes financières et/ou de manque de personnel remplaçant. Cette stratégie méthodologique dans l'étude du stress au travail impliquant des «travailleurs» comportent plusieurs avantages, surtout en terme de prévention. En identifiant les facteurs de l'organisation et du contexte de travail à l'origine de l'apparition de signes et symptômes, il est possible d'intervenir à un stade moins avancé d'atteinte. Par ailleurs, parmi les sujets recrutés, les plus ■

atteints d'épuisement professionnel peuvent être distingués des moins atteints et permettre d'étudier la progression des signes et symptômes d'épuisement professionnel.

Dans cet ordre d'idées, la majorité des chercheurs ont eu recours à l'Inventaire d'épuisement professionnel de Maslach et Jackson (MBI

;Maslach et Jackson, 1986) comme mesure critère pour étudier l’impact de l'organisation du travail sur l'épuisement professionnel. Cet instrument est sans nul doute la mesure d'épuisement professionnel la plus utilisée, bien qu'il s'agisse d'une mesure non clinique (Maslach et Jackson, 1986). Sa large utilisation découle entre autres des ses qualités psychométriques établies (Maslach et Jackson, 1986) et dupliquées dans plusieurs autres études (voir Mitchell, 1985).

L'absence de version francophone reconnue et éprouvée au niveau psychométrique a contribué à l'émergence ce mémoire. Ce manuscrit comprend deux articles permettant, par des indices de validité et de fidélité, d'appuyer les qualités psychométriques de la version en langue française de l'Inventaire d'épuisement professionnel de Maslach et Jackson (MBI ; Maslach & Jackson, 1986).

Le premier article est composé de trois études, effectuées auprès de 260 éducatrices et de 123 infirmières, et vise à évaluer les qualités psychométriques de la traduction du MBI en termes de consistance interne, de stabilité temporelle, de validité factorielle, de validité de convergence et de validité hypothético-déductive. Les résultats indiquent que la traduction du MBI rejoint par ses qualités psychométriques la version américaine originale. Les données suggèrent que le contenu des items du MBI se prête à une application culturelle québécoise.

Le deuxième article permet d'évaluer l'indépendance relative des symptômes d'épuisement professionnel et de la symptomatologie dépressive. Cette démonstration est effectuée par l'analyse factorielle de l'ensemble des items des deux mesures, le MBI et l'Inventaire de Dépression de BECK (BDI). La structure factorielle obtenue démontre que les items d'épuisement professionnel et les items de symptomatologie

dépressive saturent sur des facteurs différents, ce qui appuie la conception que ces deux mesures évaluent des états psychologiques différents.

Les résultats des études de ce mémoire appuient donc la qualité de la traduction française du MBI, qui apparaît tout aussi valide et fidèle que la version originale américaine. L’ensemble des résultats suggère que le contenu des items du MBI se prête à une application culturelle québécoise. Comme les sujets ont été sélectionnés dans deux populations de travailleurs, des éducatrices en garderie et des infirmières, principalement composées de femmes, les résultats devront être dupliqués auprès d'échantillons occupant d'autres types d'emploi, dont des échantillons d'hommes, tout aussi à risque d'épuisement professionnel.

L'épuisement professionnel est depuis plus d'une vingtaine d'années le domaine privilégié de plusieurs chercheurs en santé au travail. Le nombre toujours croissant d'études utilisant le plus souvent le MBI comme mesure critère appuie son utilité comme construit dans l'évaluation de l'impact du travail chez les travailleurs exerçant toujours leur profession. Tel que mentionné précédemment, certains chercheurs ou cliniciens contestent, avec raison, les limites diagnostiques propres au construit d'épuisement professionnel, et indirectement la portée clinique des symptômes évalués par le MBI. Bien que son caractère relativement récent, en comparaison à d'autres domaines d'étude, ne soit pas en soi une justification, la recherche sur l'épuisement professionnel en est encore à sa période d'adolescence, du moins en regard de sa nature et de sa différentiation en regard d'autres construits en santé mentale déjà bien établis. Dans cette optique, les résultats de ce mémoire suggèrent la différenciation des symptômes d'épuisement professionnel et des symptômes de dépression. Ces résultats, encourageants quant à la spécificité du construit d'épuisement professionnel, demandent néanmoins à être dupliqués. Par ailleurs, pour répondre à la réserve justifiée de plusieurs concernant la validité clinique de l'épuisement professionnel, la recherche pourrait être alimentée par des études longitudinales et épidémiologiques, qui permettraient, notamment, d'évaluer la progression des signes et

symptômes d'épuisement professionnel en relation avec la progression des signes et symptômes d'autres entités mentales conceptuellement liées, telle la dépression.

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