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4.2 Analyse des relations végétation-morphologie sur le Laval

4.2.2 Pente-végétation

La distribution des groupements de végétation en fonction du degré de pente, sur le

bassin du Laval, est exposée dans cette section. La figure 4.11 présente la répartition

des pentes par type de végétation sur le bassin du Laval. Autrement dit l’étude,

présentée ici, permet d’indiquer pour chaque groupe végétal la proportion du nombre

de valeurs du groupe végétal tombant dans une gamme de valeur de pente donnée.

La distribution des pentes pour chaque groupe végétal a été répertoriée pour 256

groupes de pentes différentes (Fig. 4.11).

Figure4.11 – Distribution des pentes par type de végétation sur le bassin du Laval.

Sur la figure 4.11 apparaît clairement une succession des différents groupes végétaux

pour des degrés de pente croissants. La chênaie pubescente constitue le groupement

végétal dont la distribution est la plus fortement décalée sur la gauche, c’est-à-dire

pour de faibles degrés de pente. Ensuite vient la hêtraie-chênaie et la pelouse suivies

par le peuplement forestier pionnier. Le stade pionnier s’ensuit pour finir par le sol

dénudé dont la distribution est la plus fortement centrée sur la droite, ainsi pour de

grandes valeurs de degrés de pente.

La forêt représente donc le type de végétation dont la distribution est la plus

forte-ment décalée vers la gauche. Plus la forêt est mature, plus cette tendance est marquée.

Néanmoins une nette différence est constatée entre les parcelles peuplées de chênaie,

où la distribution des pentes est centrée autour d’une moyenne de 21 , et les parcelles

peuplées de hêtraie-chênaie qui montrent une présence plus marquée sur des terrains

un peu plus pentus, dont la moyenne des pentes s’élève à 33 (Fig. 4.11 ; Tab. 4.2).

Il est donc intéressant de s’attarder sur l’âge des hêtraies et des chênaies situés sur

les différentes parcelles afin de possiblement expliquer le décalage vers des pentes

plus élevées de la hêtraie-chênaie en comparaison de la chênaie pubescente. Les

études menées sur la Javie sur les trajectoires “chênaie pubescente” et “hêtraie”,

par [Vallauri, 1997], ne soulignent pas de différence d’ancienneté significative pour

ces deux trajectoires distinctes. En effet, sur la Javie 47 % des hêtraies étaient déjà

boisées avant la Révolution française. Cette proportion est sensiblement identique

pour les chênaies pubescentes de la Javie. Néanmoins ces études ont montré que le

redéploiement naturelle des hêtraies est favorisé par une exposition Nord et une

al-titude supérieure à 1000 m [Vallauri, 1997]. Ce dernier constat pourrait expliquer la

présence moins marquée des hêtraies-chênaies sur le bassin du Laval en comparaison

de la chênaie pubescente.

Par ailleurs, il semble se distinguer deux principaux groupes en matière de répartition

de la distribution des pentes : les peuplements forestiers et la pelouse, pour les pentes

les plus douces à moyennes, et le stade pionnier et les sols nus, pour les degrés de

pente les plus élevés (Fig. 4.11).

La table 4.2 expose la pente moyenne pour chaque groupement végétal par ordre

décroissant. Les sols nus et les stades pionniers possèdent des pentes moyennes

su-périeures à 43 alors qu’en dessous de cette valeur nous ne retrouvons que les pentes

moyennes pour les peuplements forestiers et la pelouse. Il se distingue à nouveau

deux principaux groupes en termes de distribution des pentes avec les peuplements

forestiers et la pelouse, pour les pentes moyennes douces à modérées, et le stade

pionnier et le sol nu se répartissant sur les moyennes de pentes les plus fortes.

De surcroît, la chênaie pubescente et la pelouse constituent les deux groupements

présentant les pentes les plus faibles et dont la pente moyenne est même inférieure

à 30 . La chênaie pubescente est, soit dense, soit clairsemée, mais alors mêlée à une

pelouse pâturée antérieure. Ce dernier constat pourrait révéler que les plus faibles

pentes locales permettraient possiblement l’installation de la végétation et sa

distri-bution plus homogène dans l’espace, comme il en est question pour la pelouse et la

chênaie pubescente en comparaison du stade forestier pionnier.

Table 4.2 – Les différents groupes végétaux du bassin du Laval et leurs pentes

moyennes respectives ( ) par ordre décroissant

Groupes végétaux Pente moyenne ( )

Substrats nus marneux 51

Stade pionnier 44

Stade forestier pionnier 35

Hêtraie-chênaie 33

Pelouse 29

Afin de conclure, de manière générale il y a une corrélation entre la végétation de

plus en plus ancienne et dense et la pente s’adoucissant. La topographie et les pentes

jouent également un rôle prépondérant sur la distribution spatiale et homogène de

la végétation puisque la pelouse est le groupe végétal possédant une des pentes

moyennes les plus faibles, au même titre que les peuplements forestiers plus

ma-tures que représentent la chênaie pubescente et la hêtraie-chênaie.

Ces derniers constats concordent avec les analyses décrites dans les travaux de

[Robert, 1997] menés sur le bassin versant du Saignon, terrain marneux situé dans

les Alpes-de-Haute-Provence, où l’effet modérateur du couvert végétal est mis en

avant au regard de sa structure verticale et de sa densité. En effet, dans cette étude,

il est constaté que le taux d’érosion diminue lorsque l’occupation du sol passe

suc-cessivement de la marne dénudée à un couvert d’arbres isolés, puis à des couverts

arbustifs et herbacés au sein desquels prévalent les genêts (Genista sp.) et

l’aphyl-lanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), et finalement à un couvert de

pins groupés [Rey et al., 2002, Rovéra et al., 1999]. Ainsi plus la végétation est dense

et mature, plus le taux d’érosion est faible et associé à des pentes possiblement plus

douces.

En conclusion, la pente, donc la topographie, semblent influer plus fortement sur

l’établissement de la végétation et sa maturité que l’exposition.