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Pelletier considère, donc, « le monde extérieur comme un agrégat de

perceptions associés173* », tout en soulignant qu’ « il est difficile de ne pas voir

l’importance du rôle de l’association des idées dans un tel processus mental ; [car] (…) en s’observant tant soit peu on se rend compte qu’en percevant un rapport nous ne faisons pas autre chose que prendre conscience de

onde en vertu de la loi d’association, soit par ressemblance, soit par contiguïté simultanée ou successive. (…) Ainsi un rapport n’est autre chose qu’une consécution de

deux idées liées entre elles par association174* ».

Pour Madeleine Pelletier, c’est donc le « manque de coordination des états de

conscience » qui est à l’origine de la « non – perception » de la « réalité [qui, selon elle,] est toute la question de l’existence extérieure175 » ou, plus exactement, si la « coordination des états de conscience » manque, le sujet ne sera pas en mesure de différencier les perceptions actuelles, venant de « l’extérieur », et ses « pensées » ou ses « souvenirs » - il n’y au po

ciations d’idées » ainsi vont avoir pour lui la même valeur que les perceptions actuelles : elles ne seront considérées ni comme étant réelles, ni irréelles, mais « comme étant tout simplement176 ».

’autant plus que, comme le souligne M. Pelletier, « le souvenir est (…) un état

présent ; (…) mentalement nous le sentons présent. Et s l s’a

nt où nous nous les remémorons, nous n’avons plus conscience de leur caractère passé177 ». Néanmoins, elle indique que « si fort soit – il, un souvenir ne sera jamais pris

pour une perception, à moins qu’il n’y ait hallucination178 ».

172 Ibid., pp. 14 – 15.

uligne. – J. G. 20.

uligne. – J. G. . 16.

C’est moi qui so 173 Ibid., p. 20. 174 Ibid., pp. 19 – 175 Ibid., p. 104. 176 Ibid., p. 145. C’est moi qui so 177 Ibid., p. 18. 178 Ibid., p

Tout Made

expliquer la distinction si nette que nous fa

consc es souvenirs. L’explication qu’elle propose est

suiva

lletier la notion du temps : du passé et du présent, tout comme son appréhensio idées lois d des lo Carl G t (…) toute la

Et bien que Jung cite l’ouvrage de Schtadelman « Maladie mentale et sciences de la nature » (Geisteskrankheit und Naturwissenschaft) : « Le psychotique remplit son

en essayant rendre sa conception compatible avec la théorie de Pierre Janet, leine Pelletier fait remarquer qu’ « une différence de degré ne peut suffire à

isons entre ces deux ordres d’états de ience179 » : des perceptions et d

nte :

« Si nous savons (...) que les événements sont passés, c’est (…) en vertu de raisonnements, de tout un travail élaboré au commencement de la vie et par lequel nous avons construit le temps (…). La série n’a pas conscience d’elle – même mais [il] (…) s’est élaboré un complexus d’idées* qui nous donne la notion de l’état conscient comme à la fois passé et nôtre, et ce complexus (…) est lui même un élément dans la série180 ».

Ainsi pour M. Pe

n, résulte des associations d’idées. Dans son ouvrage « L’association des dans la manie aiguë et dans la débilité mentale » elle nous démontre, donc, que les u « raisonnement [ainsi que] (...) les lois de la rêverie [et] (…) du délire (…) sont

is d’association181* », tout en rajoutant une idée qui va particulièrement intéresser

ustav Jung182 :

« Il est à remarquer que le symbole joue un très grand rôle dans les divagations des

aliénés ; chez les persécutés, les débiles, on le rencontre à chaque pas ; cela est dû à ce que le

symbole est une forme très inférieure de la pensée. (…) Bien des rêveries que nous faisons à l’état normal ne valent pas mieux : toute la différence vient de ce que chez nous les résultats de ce travail à faible tension disparaissent en face de la réalité ; tandis qu’elles constituen

personnalité du malade, aucune forme plus précise d’association ne venant les refouler183 ».

De ce passage, pris au pied de la lettre, C. G. Jung aurait pu être tenté de déduire que toute la personnalité du malade est constituée par les symboles, aucune forme plus

précise d’association ne venant les refouler. Néanmoins en 1907, Jung reste attentif au

point de vue de M. Pelletier elle – même qui est nettement plus intéressant.

f. pp. 15-17 de l’édition française de la version initiale ce 1924).

. – J. G.

179 Ibid. 180 Ibid., p. 19. 181 Ibid., p. 2.

182 Cf. notamment p. 73 de l’ouvrage de C. G. Jung « De la psychologie de la démence précoce ; un

essai » où il cite une partie de cet énoncé de M. Pelletier ; tout comme les passages de ses « Métamorphoses et symboles de la libido » (1912) où il compare les « deux formes de penser : le penser dirigé et le rêve ou fantaisie » (c

texte, éditions Montaigne, Paris,

C’est moi qui souligne 183 Ibid., pp. 129 - 130.

sentiment de moi, plus ou moins défait, avec des symboles184 », il rajoute dans la même phrase que le psychotique « compare ces sentiments aux autres processus et objets

autre

(…) du symbole (…) rend (…) compte des raisons de sa fréquence chez nos malad

me les gens normaux, les mêmes lois d’association relient l’idée antéc

directrice et comme dans la pensée normale, cette idée directrice ordon

ment qu’une personne normale. Il arrive qu’une image que le psychotique a choisi pour une comparaison devienne la réalité – sa propre réalité subjective qui apparaît aux autres comme étant le délire185 ».

Dans son texte « De la psychologie de la démence précoce, un essai » Jung cite Madeleine Pelletier qui considère, qu’ « on pourrait définir le symbole [comme étant] la

perception fausse d’un rapport d’identité ou d’analogie très grande entre deux objets qui ne présentent en réalité qu’une analogie vague186* ». Ainsi, selon elle, cette

« définition

es. Ce faux rapport d’identité est la résultante d’une association d’idées dans laquelle l’élément commun, faiblement conscient, n’a pu aboutir qu’à une liaison vague187 ».

De ce fait, les patients, atteints de démence précoce, « ont des successions

d’idées com

édente à l’idée présente. De petits groupes même d’idées se constituent et ils ne sont pas absurdes, mais chacun d’eux succède au précédent sans qu’un lien logique l’y unisse188∗ ».

A son avis « l’étrangeté [des associations] est un bel exemple de cohérence

incomplète189 » qui caractérise les énoncés des patients atteints de la démence précoce. Pour l’illustrer elle nous présente « un fragment de conversation [avec une patiente qui]

montre bien (…) qu’(…) au début la malade veut bien dire quelque chose, c’est-à-dire qu’elle a une idée

ne les éléments des états de conscience. Mais le « niveau mental » est faible, par suite l’idée directrice l’est aussi et le peu de clarté consciente qu’elle avait au début diminue très vite.

184 C. G. Jung, De la psychologie de la démence précoce ; un essai (1907), op. cit., p. 72. 185 Ibid.

186 M. Pelletier, L’association des idées dans la manie aigue et dans la débilité mentale (1903), op.

cit., p. 129.

187 Ibid. 188 Ibid., p. 140.

C’est moi qui souligne. – J. G. 189 Ibid., p. 137.

Elle ne disparaît cependant pas tout – à - fait et c’est pourquoi des quelques associations par ressemblance et contiguïté qui suivent résultent des phrases se rappo

implement à l’affaiblissement intellectuel généralisé qui porte sur les états

au « niveau mental » de remon

s le même

éléments que l’on possède et [qui] servaient

rtant encore, quoique très vaguement, au sujet. L’élément conscient qui sert de lien entre les associations appartient encore à l’idée directrice, mais il est trop faible pour que la pensée puisse atteindre jusqu’à la cohérence190 ».

M. Pelletier ose contredire P. Janet, en écrivant que dans le cas de la démence précoce « cette absence de coordination n’est pas due à la perte d’une faculté

supérieure ; mais s

de conscience et fait que, lorsqu’une idée directrice apparaît elle n’a jamais l’énergie suffisante pour se maintenir quelque temps et ordonner selon elle les idées consécutives191 ».

Mais quelle est la nature de cette « énergie » dont elle parle autant ? Madeleine Pelletier évite soigneusement tenter de répondre à cette question, qui, pourtant, s’impose. Elle fait simplement remarquer que « pour permettre (...)

ter (...), il faut surtout s’adresser aux idées qui ont été les plus fortes, les mieux coordonnées dans l’état normal soit par une répétition constante (la profession), soit par des sentiments très intenses (amitié)192 ».

Elle observe que « les malades disent des choses sans lien, mais celles qui se

rapportent à leur métier, à leur famille, à leur milieu reviennent le plus souvent. Le nombre des idées de ces malades est souvent très limité et (…) les mêmes phrases reviennent constamment, même les associations se répètent. (…). Cela du reste est conforme à la normale ; chez la très grande majorité des hommes, même instruits, les idées évoluent dans des limites restreintes ; les mêmes mots, les mêmes pensées se reproduisent nombre fois au cours d’une journée et l’esprit tourne sans cesse dan

cercle. (…) Les idées se rapportent aux besoins élémentaires de la vie, la profession [etc.]193 ». A son avis, ces idées se trouvent « constamment dans la

subconscience [du] (…) malade, attendant la moindre occasion pour se raviver194 ». Etant une fine observatrice, elle ne manque pas non plus de remarquer qu’ «on ne

rêve, on ne délire, on ne divague qu’avec les

190 Ibid., p. 136. 191 Ibid., p. 140. 192 Ibid., p. 119. 193 Ibid., pp. 61- 62. 194 Ibid., p. 66. 42

dans

oins lorsqu

aient quelque chance de se raviver197 ». Lesqu

ouvra

pparaître qu’il est plus

l’utilisation

lecture de Freud et, donc, à la découverte de son concept de libido.

crivant :

) présente de véritables oscillations sous bien des influences, tantôt sous l’action de certains phénomènes physiques et de certaines intoxications, tantôt par le mécanisme de phénomènes moraux,

la vie normale à élaborer des organisations plus cohérentes. (…) Si on divague avec ce que l’on a, on ne divague pas avec tout ce que l’on a et la restriction provient de la persistance de l’association systématique.

Un malade (…) possède dans son cerveau un nombre très grand possibilités conscientes. (…) Il a certainement entendu parler d’une foule de choses195 ». Son discours peut présenter « une succession d’idées tirées l’une après l’autre d’un sac où

elles auraient été jetées pêle–mêle (…). Aussi, bien entendu, ne sont elles pas de lui ; il les a ramassées de ci, de là dans des livres, il a dû les comprendre plus ou m

’il les a acquises, maintenant qu’il est affaibli, elles arrivent ébauchées à sa conscience ; s’associent selon les ressemblances vagues196 », « mais parmi ces états

possibles il en est relativement très peu qui

els ont cette « chance » ? La réponse donnée par Madeleine Pelletier dans son ge de 1903 « L’association des idées dans la manie aigue et dans la débilité mentale » est, en apparence, très simple :

« Un état de conscience a d’autant plus de chances de réa intense198 ».

Malheureusement elle ne poursuit pas cette voie qui aurait pu la conduire de des concepts janetiens du « niveau mental » et de la « subconscience » à la

Néanmoins, malgré ses élaborations fort intéressantes et novatrices pour son époque, Madeleine Pelletier témoigne d’une certaine passion de l’ignorance en é

« Nous ne rechercherons pas ce qu’est, en dernière analyse, cette intensité, car cela nous entraînerait trop loin199 ».

Pourtant, elle ne manque pas de noter qu’il s’agit là d’une loi qui s’applique à toutes les associations d’idées – « la loi de l’intensité200 » de l’investissement.

Vu le contexte parisien du début de vingtième siècle où régnait la conception de Pierre Janet selon laquelle « la tension psychologique (…

1. . 61. . 65. 195 Ibid., p. 61. 196 Ibid., pp. 130 – 13 197 Ibid., p 198 Ibid., p 199 Ibid. 200 Ibid. 43

dont l

…) parmi toutes [les] (…) i

Tout comme la remarque de Madeleine Pellet

les ressemblances et les contiguïtés qui se succèdent à la consc

es plus importants semblent les émotions201 », la position de Madeleine Pelletier est nettement moins conservatrice.

Elle considère que dans « la rêverie de l’homme passionné, (

dées disparates beaucoup se [rapportent] (…) à l’objet de sa passion202 ». Pourtant, elle n’arrive pas à saisir que tout être humain est un« passionné ».

Cependant, pour Jung, qui avait déjà étudié la « Science des rêves » de Freud203, ces observations sont très précieuses.

ier que « s’il est permis de considérer la passion comme un agrégat d’états de

conscience forts, il en est de même pour l’idée directrice204.

Soit qu’il s’agisse de la solution d’un problème, soit que (…) nous ayons une préoccupation toute matérielle, dans les deux cas l’état (…) d’états psychiques est fort : aussi ne disparaît – il de l’esprit que pour un temps très court et la moindre cause le fait réapparaître. Comme tout état de conscience l’idée directrice amène, par les lois ordinaires de l’association, l’apparition d’autres états ; mais par le fait qu’elle est un état fort elle ne disparaît pas quand les états associés sont parvenus à la conscience ; elle persiste (…) et s’incorpore aux états nouvellement parus, constituant l’élément principal autour duquel tous leurs attributs se groupent. On voit que par ce processus la pensée est nécessairement coordonnée et n’abandonne pas son objet initial ; non que l’idée directrice persiste toujours sous la même forme ; l’association marche au contraire comme dans la rêverie, mais

ience sont comme imprégnées de l’idée directrice, elle s’incorpore à eux tous et donne son ton à chacun205 ».

201

es tier, L’association des idées dans la manie aigue et dans la débilité mentale (1903), op. publia en 1902 sur les phénomènes occultes, on

in temps» (C. G. Jung, De la psychologie de la démence précoce ; un essai (1907), op. cit., p. P. Janet, Les obsessions et la psychasthénie (études cliniques et expérimentales sur les idées obsédantes, les impulsions, les manies mentales, la folie du doute, les tics, les agitations, les phobies, les délires du contact, les angoisses, les sentiments d’incomplétude, la neurasthénie, l modifications du sentiment du réel, leur pathologie et leur traitement) (1903), t. I, op. cit., p. 515.

202 M. Pelle

cit., p. 29.

203 Cf. p. 51 de l’ouvrage de S. Freud « Sur l’histoire du mouvement psychanalytique » (1914), éd.

Gallimard, Paris, 1991 : « Dans le livre que Jung trouve déjà référence à L’interprétation du rêve. »

204 En 1907 C. G. Jung reprend la notion de l’idée directrice pour expliquer les principes du

fonctionnement du complexe : « Le complexe, qui a une forte charge affective atteint dans la conscience un haut niveau de netteté, ou, s’il est refoulé, a une influence d’inhibition sur le raisonnement conscient, interrompant ou affaiblissant l’influence de l’idée directrice pour un certa

59).

205 Ibid., pp. 29 -30.

Elle remarque également qu’ « un système étant présent à la conscience, tous les

états qui en font partie se ravivent et inversement les états qui n’en font pas partie sont éliminés. C’est ainsi que sous l’influence d’une passion on a tendance à ne voir que ce

qui la

Si, en

élabo ent chargés), Madeleine Pelletier, en

1903, parle

certain rapport, certes loin

e des réactions différentes suivant les individ

s systèmes d’états de conscience. Tel qui appren

ganisations. Ainsi ses sentiments d’amour pour son prochain ne pouvant plus avoir leur base dans la religion

flatte, tandis que l’on n’aperçoit pas les choses qui peuvent la contredire ; nous parons volontiers de toutes les qualités les gens que nous aimons, et d’autre part nous ne voyons guère que des défauts à nos ennemis et cela, trop souvent, en dépit de tous les raisonnements du monde206 ».

1907, Carl Gustav Jung parle des constellations psychologiques207 (tout en

rant sa conception des complexes affectivem

plutôt des systèmes psychiques, tout en donnant des exemples qui ont un tain, à « l’astronomie » :

« Au cours de l’évolution de chaque individu, les états de conscience s’organisent en des systèmes dont la nature varie suivant le milieu. (…)

Ce qui fait qu’une même circonstance provoqu

us, c’est précisément la différence d’ordonnancement des systèmes. Une paysanne en regardant le soleil pense à son action sur les récoltes, parce que dans son esprit l’idée de soleil fait partie d’un système où entrent aussi des préoccupations agricoles. Un astronome d’autre part, en regardant le soleil pourra penser à en observer les taches, parce que chez lui l’idée de soleil fait partie de systèmes se rattachant à la science qu’il étudie.

Une fois fermés les systèmes psychiques ne sont pas immuables ; la vie de l’esprit n’est (…) que le travail continuel d’agrégation et de désagrégation de

d un métier voit ses états psychiques s’ordonnancer en des organisations nouvelles ; chez tel autre qui par exemple perd le foi, toute une systématisation mentale solidement organisée jusque – là se désagrège et ses éléments, rendus à la liberté, iront s’incorporer à d’autres or

pourront faire partie d’un système quelconque de morale.

La stabilité des systèmes est variable : certains traversent toute la vie presque sans modifications : de ce nombre sont les systèmes qui se rattachent à la conservation de l’individu et qui aboutissent aux actes les plus élémentaires de la vie, comme manger (…) etc.208 ».

arle des « termes fondamentaux de [la] (…) constellation minaire, Livre VII, « L’Éthique de la psychanalyse » (1959/1960), 986, p. 280).

uligne. - J. G.

C’est moi qui souligne. - J. G. 206 Ibid., p. 10.

207 Il est intéressant de noter qu’encore en 1960, dans son Séminaire sur « L’Éthique de la

psychanalyse », Jacques Lacan p subjective » (cf. J. Lacan, Le Sé éd. du Seuil, Paris, 1

C’est moi qui so 208 Ibid., pp. 7 – 8.