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Le Patrimoine Et Sa Transformation

IV- DES ACTIONS EN FAVEUR DE LA VIEILLE VILLE

2/ Le Patrimoine Et Sa Transformation

Toute la difficulté des politiques de protection patrimoniale est de trouver un juste équilibre entre les impératifs de protection et la nécessaire évolution du patrimoine, qui ne doit pas se transformer en un simple décor figé.

Concernant plus particulièrement le patrimoine à l’échelle du bâti comme le monument qui ne peut se concevoir comme un simple objet obsolète, d'une époque révolue et impropre aux usages modernes. Il ne peut être réduit à un musée pittoresque et inerte ; un tel parti peut le condamner à une lente agonie.

Bien au contraire, ces bâtiments représentent un héritage qu'il s'agit de faire fructifier avant de le transmettre, en y insérant un mode de vie contemporain et en l'intégrant dans la vie urbaine.

Aussi les opérations de reconversion et de réutilisation des bâtiments prennent-elles toutes leurs dimensions en tant que formes de valorisation patrimoniale.

. Sans compter que les restructurations intérieures, engendrées par la nécessité d'affecter et d'adapter le bâtiment aux besoins et usages nouveaux, sollicitent la recherche architecturale et insufflent un souffle nouveau à la création.

CONCLUSION

A partir de l’enquête de terrain, nous remarquons qu’actuellement la valorisation du patrimoine se fait aussi à travers des actions isolées menées par le ministère de la culture (entre autre la restauration et mise en valeur du Palais du Bey) en plus des actions initiées de temps à autre par la wilaya comme pour le Tombeau Massinissa.

Les différentes interventions menées à ce jour ont aussi posé une série de problèmes spécifiques, de nature administrative, juridique, financière et technique, dont la prise en charge contribuerait à enrichir la réflexion sur la mise en place d’un plan de gestion du projet de réhabilitation de la Médina en général.

Même dans l’enceinte extra muros, Constantine a un passé et ce passé surgit au moment le plus inopportun sous les roues des engins mécaniques lors de travaux de terrassements qu’il s’agisse d’édification d’immeubles (en se référant à l’exemple de Békira III).

A ce moment, le mal est fait et les collectivités locales n’ont jamais accepté mettre en balance quelques murs, quelques fosses et débris face aux capitaux, aux équipes d’ouvriers et d’ingénieurs mobilisés par le chantier urbain176.

On dira que de tout temps, l’archéologie urbaine est structurellement conflictuelle prétendant immobiliser pour quelques mois voir quelques années des espaces d’intérêt collectif sur lesquels pèsent d’importants facteurs économiques177.

Dans le futur, ces interventions, quelles soient à l’échelle du site ou du bâti ancien devront être menées avec prudence, rigueur et qualité ; ou il faut déterminer les objectifs et évaluer les opérations déjà engagées, afin d’améliorer et d’envisager des correctifs à partir des moyens juridiques, financiers et humains existants; arrêter les responsabilités et préciser le rôle de chaque

176 : Ballani R, Jacqier CI, Danis G, Broudic JY, Girard R ? Mollet Veraeke , M ; Sites urbains en mutations, territoires et trajectoires ; Edition L’Harmattan, Troisième Edition 1990.

177 : Alitalia, Banco Di Roma France ; Archéologie et projet urbain ; Caisse nationale des monuments historiques et des sites ;1985 by De Luca ; Edition s.r.l.

intervenant178 « mairie, wilaya, différents services concernés comme la direction de la culture, de l’urbanisme….. » ; et enfin unifier l’action de sauvegarde par la création d’un organisme qui gère le projet, coordonne les actions et encadre les initiatives privées et aller au bout des réflexions menées pour la réalisation des études de faisabilité des différents projets lancés.

« En d’autres termes la faisabilité des projets menés reste tributaire de la mobilisation des compétences et savoir faire, de la bonne gouvernance urbaine responsable et du pouvoir

managérial dont le pays en souffre dans tous les domaines ».

178

: Pierre Signoles in « l’urbain dans le monde arabe politiques, instruments et acteurs » » ; Sous la direction de Pierre Signoles, Galila el- Kadi, Rachid Sidi Boumédiène. CNRS-Edition/ Colloque tenu à Tours les 25 et 26/101996.

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INTRODUCTION

La dégradation générale que nous constatons au niveau de la vieille ville de Constantine est la conséquence de la transformation de la société. Le cadre de vie qu’elle s’était donnée

correspondait aux besoins de son économie, de son système social et de ses goûts178.

L’évolution de ceux-ci, lente et progressive au départ, s’est rapidement accélérée après l’indépendance. La Médina s’est trouvée remise en cause ou sa structure ne correspond plus aux besoins actuels.

Peu à peu, au hasard des nécessités individuelles, sans intervention d’une pensée coordinatrice, elle a subi de regrettables mutilation, transformation ou adjonction ; ainsi abandonnée à elle-même, elle marche inexorablement vers un fatal dépérissement. Mais cette Médina par la qualité de ses éléments, son architecture et de sa composition d’ensemble mérite d’être conservée.

A l’ère contemporaine, la ville du troisième millénaire est celle qui cherche à se renouveler en adoptant un ensemble d’actions appelées à l’inscrire dans une perspective de développement durable qui propose notamment la revalorisation de l’héritage urbain.

La démarche qualité de vie, qualité de ville devrait se poursuivre dans le respect de la fidélité à la mémoire du lieu ou l’idée de récupérer la ville, tient d’abord sur le fait de récupérer une identité qui se perd en étant en quête d’un juste équilibre entre modernité et respect du patrimoine179.La Médina de Constantine, lieu chargé d’histoire et de valeurs culturelles d’une part et support d’un centre ville d’une animation et vitalité considérables, se voit accablée par des surcharges d’exploitation économique pouvant nuire à son unité et son intégrité

178 : Revue « Architecture d’aujourd’hui » No 120 ; Intitulée « Patrimoine architectural et intervention du pouvoir public. Année 1977.

179 : N. Bouanane, M. Mazri, S. Bétina, A. Lechheb ; « Abords et requalification du Secteur Sauvegardé de Constantine » ; notre thème de recherche d’atelier de première année magistère ; encadré par Docteur Benabbas. S ; Université de Constantine ; Année 2006.

C’est ainsi qu’une procédure de sauvegarde fût officiellement établie ou un périmètre de sauvegarde ou « secteur sauvegardé » fût érigé et qui sera appelé à la conserver dans ses traces et tracés.

Dans cette vision et notamment pour arriver à revaloir les intérêts perceptifs et attractifs du centre ville par rapport à l’ensemble urbain, un droit de regard s’impose au niveau de son voisinage immédiat.

La prévention d’un périmètre en suite logique du premier, s’avère impérative : c’est le périmètre de protection fixé à 200 mètres prévu par la loi 98-04, qui définit les abords du centre historique et qui sera appelé quant à lui à protéger la relation entre le site et son environnement.

Le secteur sauvegardé sera doté d’un plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur qui tient lieu d’un plan d’occupation des sols.

I/ LA RECONNAISSANCE DES VALEURS DU SECTEUR

Après avoir pris connaissance en introduction de la situation qui prévaut au niveau du secteur sauvegardé de la Médina de Constantine et vu le caractère personnel de ce dernier, de notre part et afin d’apporter notre contribution aussi modeste soit-elle à la sauvegarde de ce site, nous avons jugé de la pertinence d’établir une étude préalable du site afin de sauver et d’entourer de soins tout ce qui mériterait d’être protégé.

La finalité de ce travail est d’aboutir à établir des propositions pour le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé suite auxquelles nous tenterons de suggérer quelques types de mesures qui peuvent constituer les éléments fondamentaux d’un cahier des charges pour ce secteur.

L’objet donc du présent travail n’est pas à notre sens de présenter un plan de sauvegarde classique tel qu’il est entendu ailleurs, c’est-à-dire un plan de prise en charge de l’ensemble du tissu du périmètre à sauvegarder, planifié dans le temps . L’expérience nous a montré dans notre pays combien sont restés vains les plans de ce type180.

Connaissant parfaitement le site, nous avons constaté que les circonstances locales se caractérisent par des situations particulières et exceptionnelles qu’il est nécessaire d’analyser et d’évoquer dans le détail.

180 : Ministère de la Culture et de la Communication. Casbah d’Alger : Avant projet du Plan général de sauvegarde. Impression : ANEP Rouiba 1995.

Malheureusement, pour notre cas, nous n’avons nullement la prétention d’aboutir à un tel travail vu qu’on soit bousculé par le temps, d’autant plus que l’architecte chargé d’établir un plan de sauvegarde et le règlement qui l’explicite et l’accompagne dispose de dix huit mois comme stipulé par la loi pour accomplir cette dure mission, ce qui nous contraint à apporter seulement quelques réflexions sur le site en s’appuyant sur des travaux de mémoires de magistère, de thèses de doctorat ou de travaux divers déjà élaborés.

Notons que si les textes d’application du périmètre de sauvegarde n’ont pas encore vu le jour, notre modeste contribution se veut de le rendre opérationnel et pratique à la fois pour maîtriser toute intervention sur le tissu ancien car nous sommes bien en présence d’une entité spatiale dynamique qui nécessite un cadrage et un encadrement particuliers.