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Matériel et méthods

B. objectifs secondaires

III. PATHOLOGIES ET GROSSESSE

La pathologie la plus fréquemment relevée durant la grossesse dans notre population d’étude était l’anémie ferriprive. Elle est définie selon l’OMS par un taux d’hémoglobine inferieure à 11g/dl pendant la grossesse. Selon la même organisation, l’anémie par carence en fer touche 41,8% des femmes enceintes à travers le monde (88). 44,3% est la prévalence de l’anémie dans notre échantillon ; compte tenu qu’un nombre important de parturientes n’ont pas bénéficié d’un suivi médicalisé de leurs grossesse, ce chiffre n’est pas réellement significatif. En effet, parmi les femmes non bilantées de notre population d’étude, 7% avaient cliniquement une pâleur cutanéo-muqueuse franche.

Seulement 18% des parturientes anémiques ont été dépistées au début de leurs grossesse, ce qui retarde la mise en route du traitement et empêche de restreindre les conséquences materno-fœtales de l’anémie.

Les résultats obtenus dans notre échantillon, sont similaires à ceux publiés par une étude prospective récente, en 2010, réalisée à l’hôpital militaire d’instruction Mohamed V portant sur 66 patientes suivies au cours des trois trimestres de la grossesse. Trois prélèvements sanguins pour chaque patiente correspondant aux trois trimestres ont été effectués. La prévalence de la carence martiale a été de 15%, 25,8% et de 42% respectivement au premier, deuxième et troisième trimestre. Ces prévalences restent supérieures à celle déclarée au niveau de la dernière enquête réalisée par le ministère de la santé en 2000 qui montre que la prévalence de l’anémie est de l’ordre de 37,2% chez la femme enceinte (89).

En réalité, l’anémie est un grand problème de santé public dont souffrent plusieurs femmes à travers le monde aussi bien dans les pays en voie de développement que les pays développés. Un dépistage mené par le ministère de santé Algérien 2005, a signalé que 49% des femmes en âge de procréer étaient atteintes d’une anémie légère et 15% d’anémie sévère (90). De même dans une étude menée dans la wilaya de Blida, Nord d’Algérie, en 2008, il ressort également une prévalence de l’anémie de 10%, 33,33% et 46,66% respectivement pour les femmes au premier, deuxième et troisième trimestre -88-. En Tunisie, 46% des femmes de trois mois de grossesse ont été déclarées être anémiées d’après une étude menée en 1990 (91). Une étude française, faite en 2000, montre que plus des deux tiers des femmes enceintes ont une totale déplétion des réserves en fer aboutissant à des anémies ferriprives en fin de grossesse chez 20% d’entre elles (92).

Pour faire face au problème d’anémie, le ministère de la santé marocain a mis en place un programme national de lutte contre les troubles dus aux carences en micronutriments, en chef de file les carences en fer, basé sur 3 actions :

 La fortification des aliments de base : par l’enrichissement de la farine de blé tendre en fer électrolytique à raison de 45mg/kg.

 Education nutritionnelle : par l’organisation de séances d’IEC en collaboration avec la société civile moyennant des supports éducatifs et en impliquant les Médias.

 Supplémentation médicamenteuse : dans un but aussi bien curatif que préventif moyennant des préparations pharmaceutiques composées de 120 mg de sulfate ferreux/ 400ug d’acide folique (93).

Tableau X : protocole de supplémentation de la femme enceinte

en fer et acide folique selon le ministère de santé marocain. A titre préventif:

fer/acide folique

un cp par semaine depuis le premier contact pendant 30 semaines

A titre curatif: fer/acide folique

1à 2 cp /jour selon l'importance de l'anémie pendant toute la grossesse

En fait, ce schéma de supplémentation répond exactement aux recommandations de l’organisation mondiale de la santé OMS qui propose aussi une supplémentation intermittente en fer et en acide folique avec 120 mg de fer élémentaire et 2800 ug d’acide folique une fois par semaine pour toute femme enceinte en vue d’améliorer les issues maternelles et néonatales de la grossesse (94). De même, l’OMS propose en plus une supplémentation des adolescentes et des femmes adultes menstruées par du fer 60 mg/acide folique2800 ug à raison d’une supplémentation par semaine pendant 3 mois suivie d’une fenêtre thérapeutique de 3 mois. Ces recommandations sont particulièrement réservées pour les populations ou la prévalence de l’anémie chez les femmes en âge de procréer et les femmes enceintes atteint ou dépasse 20% (95).

En réalité, la supplémentation systématique n’est plus recommandée dans d’autres pays ou l’anémie ferriprive est moins récurrente. En France, à titre d’exemple, selon le programme national nutrition et santé, la supplémentation médicamenteuse n’est indiquée qu’en cas d’une anémie avérée à raison de 40 mg/j jusqu’à normalisation de l’hémoglobine. Cependant, la supplémentation en acide folique est systématiquement démarrée deux mois avant la grossesse, quant celle-ci est programmée, et poursuivie jusqu’à huit semaines d’aménorrhée à raison de 400ug/j (96).

Parmi les 44,3 % des parturientes qui ont été anémiques, la majorité d’entre elles ont été supplémentées en fer. Toutefois, 29% seulement, le prenaient régulièrement pendant les neuf mois. La mauvaise observance thérapeutique est due essentiellement aux effets indésirables engendrés par la supplémentation martiale telle que les nausées, vomissements, constipation, surtout durant la période de la grossesse ou ces troubles digestifs sont fréquents.

La prévalence du diabète gestationnel dans notre échantillon était basse 3,37% seulement, mais elle n’est pas réellement représentative compte tenu que 36% des grossesses sont non ou mal suivies. En fait, la prévalence du diabète gestationnel au Maroc est en perpétuelle augmentation. Une étude réalisée à l’hôpital militaire de Rabat a trouvé des prévalences de 7,7% en 2009 passées à 8,5% en 2011 (97). De même pour de nombreux autres pays au monde, la prévalence du diabète gestationnel dépasse actuellement les 8% en France,(98) 13,9% en Inde (99) et en Niger (100) et elle est actuellement entre 16 et 23% aux Etats-Unis (101).

Un problème majeur de santé publique est représenté par l’hypertension artérielle gravidique. Elle est observée au cours de 10 à 15% des grossesses à travers le monde et responsable de 20 à 33% de l’ensemble des décès maternels (102). 2,25% est la prévalence de l’HTAG dans notre population d’étude. C’est un chiffre bas du fait que les parturientes qui présentaient des complications d’HTAG étaient hospitalisées au service de réanimation de la maternité Souissi et non incluses dans notre échantillon d’étude.

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