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CHAPITRE IV : ANALYSE DES DONNÉES

4.1 MATHIEU

4.1.4 Participation au traitement

Mathieu a participé à tous les exercices au cours de la thérapie et aucune absence n’a été relevée. Au départ, le jeune mentionnait anticiper négativement la thérapie, mais il s’est dit surpris d’avoir trouvé sa place au sein du groupe. Il évoque avoir eu l’envie de nuire au bon déroulement au départ, mais a su respecter les attentes et s’impliquer progressivement. Nous avons pu constater l’effort fourni par l’adolescent afin de nous donner accès à son vécu, mais il nous a semblé qu’il devait davantage se remettre en question et développer sa capacité d’auto- critique.

Lors de l’activité touchant les événements marquants de sa vie, Mathieu est en mesure d’énumérer spontanément certains éléments importants (ex : victime de violence de sa belle- mère, tentative de suicide, relation conflictuelle avec ses parents et période de recherche d’identité sexuelle difficile).

Lorsque nous faisons le génogramme de Mathieu, nous réalisons qu’il maintient des relations plus ou moins bonnes avec les membres de sa famille. En effet, la seule relation positive qu’il décrit est avec sa grande sœur. Beaucoup de relations conflictuelles, neutres et même coupées sont rapportées, que ce soit avec son père, sa mère, ses grands-parents maternels et paternels ou sa demi-fratrie. Nous nous apercevons aussi que plusieurs membres de la fratrie et de la demi-fratrie ont été victimes d’agression sexuelle.

Au troisième exercice, les adolescents doivent identifier les conséquences positives et négatives de leur agression, autant pour eux que pour leur famille. À tous les niveaux, l’adolescent a pu énumérer plus d’un impact positif et négatif. Personnellement, Mathieu a vécu ces conséquences : «vivre davantage d’intimité» (puisqu’il ne se voit plus constamment entouré de ses petits frères), «faire réagir la mère de la victime», «valider son orientation sexuelle», «perdre le contact avec ses demi-frères», «se faire imposer des restrictions par le tribunal» et «perdre la confiance de ses parents». Pour sa famille, il évoque ces conséquences : sa mère obtient la garde des enfants, ses parents doivent davantage se parler suite à l’événement donc

ils développent une meilleure communication entre eux, son père perd la garde des enfants et, enfin, ses parents perdent confiance en lui.

Les semaines précédant l’abus sexuel sont décrites, en général, de façon négative. À cette époque, l’adolescent qui vit chez son père, manque d’espace et d’intimité. Les relations familiales sont alors très tendues. Dans ce mauvais climat, Mathieu ne trouve pas sa place. À l’école, malgré le fait que ses notes soient bonnes, il est constamment victime de moqueries. Il se retrouve souvent impliqué dans des situations de batailles et de consommations de substances psychoactives. De plus, trois jours avant l’agression, il vit une rupture amoureuse et devient de plus en plus isolé et solitaire. Il ne travaille pas et consomme davantage de drogues. De façon globale, il est envahi par la colère et une agressivité qui agit contre autrui et contre lui par des gestes d’automutilation. Bref, il juge qu’il avait une mauvaise estime de soi et qu’il était malheureux pendant cette période.

Lorsqu’il est temps de décrire l’agression, le jeune parle d’un seul événement survenu. Selon ses dires, une fellation s’est produite tout juste après qu’il soit rentré à la maison suite à une soirée avec des amis. Il nous explique que son demi-frère était à côté de lui. Il lui a donc demandé de baisser son pantalon. Le geste a duré quelques secondes et s’est arrêté lorsqu’il a réalisé l’ampleur de son acte. Sans le menacer, il aurait dit à son demi-frère d’aller dans le salon tout en gardant le silence sur l’événement qui venait de se produire.

À l’exercice du cycle de l’agression, Mathieu est capable, avec l’aide des thérapeutes, de décrire les éléments appartenant à sa chaîne délictuelle :

 Événements marquants : violence de sa belle-mère (deuxième conjointe du père), agression sexuelle et conflits avec ses parents et sa demi-fratrie.

 Facteurs de risque : impulsivité, faible estime de soi, sentiment d’avoir peu d’espace, peine d’amour, sentiment de rejet, consommation de drogues et caractère influençable.  Émotions : colère, frustration, abandon et rejet, confusion et honte.

 Situations dangereuses : Proximité avec la victime, isolement et pensées sexuelles déviantes.

 Laisser-aller (fausses idées) : je vais vérifier si je suis un «pédo», je ne me ferai pas prendre.

Le dernier exercice de la thérapie consistait à écrire une lettre fictive à sa victime. Chacun était libre de la remettre ou pas. Pour cette activité, Mathieu à été capable de remplir toutes les exigences en écrivant la lettre qui suit :

«Cher petit frère, je suis désolé de ce que je t’ai fait. C’est parce que tout allait mal dans ma vie, le monde me méprisait et je consommais de la drogue. J’avais peur de ce que les autres me disaient. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta vie, je ne sais pas quelles ont été les conséquences de ce que je t’ai fait. Tu dois te sentir mal et être déboussolé dans ta vie. Je te promets de ne plus jamais te faire du mal. Maintenant, je suis bien dans ma vie, le monde m’accepte et me respecte comme je suis. J’ai confiance en moi et je te promets de ne jamais recommencer. Je ne prends plus de drogue et je ne sais pas si je te reverrai un jour. Je ferai tout ce que je peux pour te revoir et pour devenir le grand frère que tu voulais.»

4.1.5 Analyse des données post-traitement

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