• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE

 

3.1 DÉMARCHE QUALITATIVE  

Le nombre restreint de sujets disponibles pour notre étude et l’aspect clinique de la démarche font de l’orientation qualitative un choix approprié et judicieux pour notre projet. L’analyse des données se fera à partir de trois histoires de cas. La profondeur des données qualitatives et le fait qu’elles révèlent la vision de la réalité des sujets sont des avantages compte tenu des objectifs de ce projet.

Cela dit, la démarche comporte certaines limites. De prime à bord, la généralisation des données à l’ensemble des adolescents agresseurs sexuels sera impossible vu la petite taille de l’échantillon. Par ailleurs, il faut noter que les données proviennent essentiellement du témoignage des jeunes. Il faut donc être vigilant envers ces propos qui proviennent des interprétations et des perceptions de ceux-ci. Ainsi, il peut arriver que certains adolescents manquent d’honnêteté ou que leur mémoire ne reproduise pas fidèlement certains souvenirs se situant plus loin dans le temps. Par ailleurs, si tous les jeunes interrogés répondent aux mêmes questions, chacun peut les comprendre différemment. Autrement dit, une même question peut avoir un sens différent d’un jeune à l’autre.

3.2 SOURCES DES DONNÉES ET PROCÉDURE  

Les données colligées pour ce projet ont été tirées de plusieurs sources. Chacune d’elle s’est révélée utile pour 1) évaluer divers aspects de la réceptivité des adolescents en traitement

et 2) atteindre les objectifs cliniques et académiques cités précédemment. Tout d’abord, certaines données ont été recueillies grâce aux échanges découlant des évaluations initiales et cliniques, des rencontres de groupes basées sur le modèle de la prévention de la récidive ainsi que des rencontres bilan pré et post traitement. De plus, deux entretiens individuels ont été faits avec les trois jeunes participants afin de procéder à une collecte de données inspirée directement du protocole présenté dans la prochaine section.

Ensuite, une certaine partie des informations a été amassée de manière indirecte, soit ; à travers les dossiers antérieurs (rapports d’évaluation et d’orientation de la Protection de la jeunesse, rapports prédécisionnels, rapports psychologiques ou psychiatriques, rapports ou notes de traitement antérieur, etc.). Les rapports de police ont aussi été pertinents afin de comparer la version du jeune et celle officiellement retenue. Lorsqu’il y avait divergence au niveau des versions, le point de vue de la victime ou de la police a été pris en compte lors de l’analyse des données. Enfin, toutes les notes d’observation, les notes évolutives et les exercices faits dans le cadre de la thérapie de groupe ont été une source d’informations complémentaires facilitant l’atteinte de certains objectifs de cette étude.

Finalement, dans le quatrième chapitre les sources de données utilisées pour la présentation des cas ont été tirées essentiellement des rapports d’évaluation initiale fait au C.P.L.M. Celles prises pour les données sur la réceptivité et la réactivité proviennent exclusivement des entrevues menées par nous tandis que la participation au traitement des jeunes découle des notes-bilans de traitement et de nos observations en cours de thérapie.

3.3 OUTIL  

Protocole d’évaluation de la réceptivité et de la réactivité à l’égard du traitement et, par la suite, des gains acquis

À la base, le protocole d’évaluation de Serin et Kennedy a été conçu pour les intervenants du Service Correctionnel du Canada. Dans ce contexte, la plupart des traitements font partie d’un continuum de gestion du risque de récidive et les facteurs de réceptivité deviennent un élément essentiel pour maximiser l’efficacité de l’intervention et évaluer le niveau d’ouverture des délinquants (Serin & Kennedy, 1997). En structurant l’évaluation de la «traitabilité» du délinquant, que ce soit au niveau de sa disponibilité ou de sa motivation, le protocole peut contribuer à l’efficacité des programmes correctionnels. Les différentes parties de l’instrument questionnent la préparation au changement, les capacités du délinquant, ainsi que le soutien qu’il reçoit.

De façon concrète, les deux premiers construits (réceptivité et réactivité) comportent 11 critères, chacun se détaillant en deux sous-critères. Chaque sous-critère est côté selon une échelle de likert à quatre points (0 à 3). Les scores totaux pour un construit vont donc de 0 à 66. Les notes plus élevées indiquent une plus grande traitabilité et un niveau de motivation plus grand. Les deux construits ont été évalués deux fois, soit en début de traitement (pré) et en fin de traitement (post). Cela permet de mesurer l’évolution des données entre le pré et le post traitement. La comparaison produit un résultat allant de -3 à +3. Les scores inférieurs à 0 démontrent une régression et ceux supérieurs à 0, une progression. Finalement, l’évaluation d’un troisième et dernier construit (gains tirés du traitement) repose sur 15 critères, dont deux ont des sous-critères. Chacun d’eux est évalué selon une échelle likert à quatre points (0 à 3). Pour ce construit, il n’y a qu’un temps de mesure, soit à la fin du traitement.

Pour la cotation du matériel clinique des trois cas de l’étude, la méthode des accords inter-juges a été choisie parce qu’elle assure une meilleure fidélité des données. Les deux juges ont été Mme Julie Carpentier (ma superviseure) et moi-même. Chaque partie évaluait les sujets de façon individuelle pour que, par la suite, leurs évaluations soient comparées. Dans les cas de désaccord, les parties expliquaient leurs points de vue et les raisons de leur choix afin d’en arriver à un commun accord sur le score attribué.

 

3.4 ÉCHANTILLON  

Dans le prochain chapitre, trois cas d’adolescents agresseurs sexuels seront analysés. Ces jeunes participants ont été admis au programme de traitement du C.P.L.M. après être passés par le processus d’évaluation initiale. Rappelons qu’ils ont minimalement reconnu les gestes qu’on leur reproche et qu’ils ont dû manifester un certain niveau de motivation à changer. Ils ont assisté, de manière assidue au groupe basé sur la prévention de la récidive qui a débuté en février 2009 pour se terminer en août 2009 (groupe fermé). Nous avons donc pu suivre l’évolution et le cheminement de ces jeunes, même si nous n’avions pas été présents lors de leur évaluation initiale.

Concernant la procédure et les critères de recrutement pour notre projet, nous avons, dès la première rencontre de groupe, présenté notre recherche et nous avons sollicité les adolescents qui étaient intéressés à faire partie de notre échantillon. Nous leur avons décrit l’objectif de ce travail, les avantages (contribution à l’avancement des connaissances, occasion de mieux se connaître et d’avoir un moment pour dire leur opinion, coupon rabais dans un restaurant, etc.) et l’implication nécessaire (deux rencontres individuelles d’une heure environ soit en début et à la fin du traitement). Au départ, cinq jeunes du groupe ont manifesté un intérêt à la participation. À la première rencontre individuelle, nous leur avons expliqué le formulaire de

consentement (voir annexe 1) afin que chacun en signe une copie. Nous avons terminé notre projet avec trois sujets puisque deux des cinq se sont désistés. Les rencontres individuelles se sont tenues au C.P.L.M. avant ou après les rencontres de groupe et ont duré, en moyenne, une heure à une heure trente. Lors de ces entrevues, notre superviseure de stage et nous étions présents. Par contre, lors des questions portant sur les thérapeutes du groupe et sur l’alliance thérapeutique, la deuxième évaluatrice (notre superviseure) s’est absentée afin de limiter les effets de désirabilité sociale et de favoriser l’authenticité des réponses des jeunes.

Bref résumé des situations de nos trois cas:

- Mathieu, 15 ans, agression sexuelle intrafamiliale sur son demi-frère de 5 ans. Première participation à une modalité thérapeutique.

- Jacob, 15 ans, agression sexuelle intrafamiliale sur sa demi-sœur de 9 ans. Avant de participer à la thérapie de groupe, il a bénéficié d’un suivi individuel au C.P.L.M. (octobre 2008 à janvier 2009).

- Éric, 14 ans et 10 mois, multiples agressions sexuelles de type polymorphe sur des victimes telles que la fille (deux ans plus jeune) du deuxième conjoint de la mère, son demi-frère de 8 ans et des jeunes d’une ressource intermédiaire où Éric a été placé. Il a déjà participé à une modalité thérapeutique offerte par le CÉTAS et a mis fin à sa

Documents relatifs