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6. A NALYSE DES DONNEES

6.1. Partenariat infirmière-client

Le partenariat représente, pour ma part, le principe fondamental de la relation soignant/soigné. Il permet la collaboration et la participation du client aux soins. Étant donné que le consentement libre et éclairé aux soins et aux traitements figure au centre de ma recherche, je me suis référée à l’étude suédoise intitulée « Patient participation in nursing care : towards a concept clarification from a nurse perspective127 », parue dans le Journal of Clinical Nursing en 2007. Cette étude met en évidence l’importance d’un partenariat infirmière/client. En effet, les infirmières participant à l’étude évoquent la

« négociation réciproque » comme étant une condition indispensable à un processus dynamique d’interaction infirmière/client qui favorise la participation de celui-ci aux soins. La négociation réciproque se caractérise par quatre composantes :

« Les méthodes interpersonnelles ;

L’approche thérapeutique ;

La centration sur les ressources ;

Les opportunités pour agir128 ».

Ces quatre caractéristiques vont me permettre de structurer les thèmes identifiés dans la récolte de données.

Les méthodes interpersonnelles :

Ces méthodes correspondent à l’échange entre l’infirmière et le client.

Dans un premier temps je vais apprécier la rencontre entre ces deux protagonistes.

L’approche thérapeutique :

Cette approche fait référence aux besoins du client. Dans un deuxième temps, je vais traiter de l’état d’esprit et des inquiétudes qui habitent le client au départ de la cure de chimiothérapie.

La centration sur les ressources :

Elle correspond aux moyens dont disposent les professionnels de la santé, le client ainsi que sa famille pour faire face à la situation. Je vais

127 SAHLSTEN, Monika [et al.]. Patient participation in nursing care : towards a concept clarification from a nurse perspective. Journal of Clinical Nursing. 2007. No 16, p. 630-637

128 Ibidem

donc examiner les rôles spécifiques qu’occupent le médecin oncologue et l’infirmière envers le client qui débute la chimiothérapie.

Les opportunités pour agir :

Elles répondent au but de la négociation autrement dit celui d’augmenter l’influence du client dans ses propres soins. Je termine par le consentement libre et éclairé donné par le client pour les soins dispensés par l’infirmière, qui est selon moi obtenu grâce aux informations données par cette dernière.

Voici sous forme de schéma illustratif, les différents thèmes qui articulent mon analyse. Le partenariat infirmière/client en est le cœur. Autour de celui-ci gravitent les différents thèmes, qui ensemble visent l’obtention du consentement du client aux soins et aux traitements à venir. Étant donné que le consentement du client n’est pas une acquisition définitive, mais à chaque fois renouvelable, les thèmes sont en constante mouvance.

CLIENT ET SON ETAT DESPRIT

INFIRMIERE ET MEDECIN

INFORMATIONS

CONSENTEMENT LIBRE ET ECLAIRE

PARTENARIAT

Le partenariat établi entre l’infirmière et le client est essentiel pour la qualité des soins. Les infirmières interrogées relèvent la confiance comme étant le principe fondamental de leur relation avec le client. Brigitte dit « qu’on ait une relation de confiance en premier, c’est le plus important ». Maria, qui est du même avis, dit « l’important c’est d’établir une relation de confiance ».

Quand il existe entre deux individus une relation de confiance, alors il est possible d’établir un partenariat. Laurie N. Gottlieb et Nancy Feeley129 le décrivent dans leur livre « La collaboration infirmière-patient, un partenariat complexe130 », comme étant le meilleur procédé pour que les clients reçoivent des soins adaptés à leurs besoins, qu’ils y participent et qu’ils en soient satisfaits étant donné le sentiment d’emprise qu’ils ont sur leur propre santé.

Pour atteindre cette collaboration, les infirmières participant à l’étude de Monika Sahlsten and Co « Patient participation in nursing care : towards a concept clarification from a nurse perspective131 », relèvent la notion de

« réciprocité » comme condition indispensable à un processus dynamique entre l’infirmière et le client. D’ailleurs, Paulette le met en évidence en disant qu’il faut « vraiment qu’il y ait une confiance réciproque entre le professionnel et le soigné ». Ce partenariat de réciprocité offre à l’infirmière la possibilité de transmettre au client les informations qui lui permettent de s’impliquer et de faire des choix éclairés. Il permet également au client de collaborer avec l’infirmière dans la prise en charge de sa santé, selon des buts et des objectifs communs.

Un autre regard de la relation infirmière/client est mis en avant par Gérard Fitoussi dans son article « Le pouvoir des mots132 ». Il dit « le soignant se situe du côté d’un savoir sur la maladie, le patient se retrouve lui, en place de vivre l’expérience qu’il traverse de la maladie dont il est atteint. Il attend du soignant d’être entendu depuis sa place de « malade unique » qui

129 Infirmière chercheure et professeure adjointe à l'École de sciences infirmières de l'Université McGill, Québec.

130 FEELEY, N, GOTTLIEB, L, N. La collaboration infirmière-patient, un partenariat complexe. Montréal. Beauchemin, 2007. 184p. (p. 12-15)

131 SAHLSTEN Monika [et al.]. Patient participation in nursing care : towards a concept clarification from a nurse perspective. Journal of Clinical Nursing. 2007. No 16, p. 630-637

132 FITOUSSI, G. Le pouvoir des mots. Soins, no 675. mai 2003, p. 37-39.

traverse cette maladie avec tous les effets associés et que lui seul vit ».

L’« asymétrie » de la relation est, selon lui, due aux différents rôles et enjeux de chacun. Elle permet la structure de la relation infirmière/client et offre une place définie à chacun « Le malade présente ses symptômes et recherche un savoir pour pallier sa souffrance ; le soignant a un savoir sur la maladie, dont il fait bénéficier le patient133 ». Il est mis en évidence dans ces propos, l’importance pour le soignant d’identifier les besoins du client afin d’adapter sa prise en soins et de lui donner des ressources pour tendre vers son autonomie.

Dorothea Orem dans sa conception des soins vise la capacité de la personne à exercer des auto-soins, c’est-à-dire « une capacité complexe et acquise qui permet à une personne de satisfaire ses propres exigences continuelles de soins134 ».

L’infirmière peut déceler les besoins du client à travers la relation établie avec ce dernier. D’ailleurs Brigitte dit « qu’on ait une relation de confiance en premier c’est le plus important, déjà pour essayer de la [cliente] situer, voir comment je la sens… ».

Quelque soit la façon donc on imagine la relation infirmière/client, il est essentiel que le client participe, en tant qu’acteur, au processus de gestion de sa santé. Lui seul connaît sa maladie de l’intérieur. C’est à travers le partenariat qu’il y parvient. Toutefois, celui-ci n’est efficace que si l’infirmière tient compte de l’état d’esprit et des inquiétudes qui habitent le client.