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Ce pari, sur lequel il faut miser, a de

dangereux que, tel qu’il est formulé, il risque d’ajouter encore « un pognon de dingue » à un système aujourd’hui défaillant.

Michel MONIER

Ancien directeur général adjoint de l’Unédic

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files d‘attente pour, simplement, accéder à un repas ? Les associations caritatives nous alarmaient, l’émotion primait. Une misère que l’on ne voyait pas, ou que l’on ne voulait plus voir, se montrait alors que l’attention était tout entière occupée par celle qu’il fallait apporter à ceux des «  premières lignes  ». Était-ce là une façon de continuer à cacher encore ceux qui n’en sont même pas de ces indispensables des premières lignes ?

L’émotion passée, avec l’aide de quelques « Ségur », et l’aide aussi de la dette souveraine, l’heureux rebond de notre économie semble suffire à promettre un retour à meilleure fortune, une sage euphorie fait oublier que les causes préexistantes à la crise sanitaire sont toujours là. Le pari est fait de la croissance économique retrouvée qui garantira le financement du système de Protection sociale. Ce pari, sur lequel il faut miser, a de dangereux que, tel qu’il est formulé, il risque d’ajouter encore «  un pognon de dingue  » à un système aujourd’hui défaillant.

La sage euphorie est alors submergée par l’ambition de la mise en œuvre effective de réformes elles aussi un moment confinées. Mieux, la « Grande Sécu » ajoute à l’ambition en faisant oublier que des besoins immédiats restent insatisfaits !

Alors et si… et si avant de vouloir faire les choses en grand, on faisait efficace et rapide  ? Si l’on répondait d’abord à l’urgence en réallouant cette part inefficace du pognon de dingue au financement d’actions sociales majeures immédiates ?

Les leçons de la crise sont nombreuses et enseignent quelques mesures d’urgence. Les mettre en œuvre de façon prioritaire, ce serait redonner du sens au modèle social ; ce serait participer à remettre en marche l’ascenseur social.

Alors, et si… et si on s’interrogeait sur l’irrationalité qu’il y a à investir dans des moyens qui ne sont utilisés que 9 mois sur 12 quand on subventionne par ailleurs des structures associatives pour pallier l’absence de la République ? Ces infrastructures, écoles, collèges et lycées, ces moyens sont-ils à bail exclusif de l’EN  ? Quel tabou les rend inutilisables pour le bien commun quand ils sont inutilisés un tiers du temps ?

Alors, et si on laissait ouvertes les cantines scolaires 12  mois sur 12 pour assurer, «  à ceux qui en ont le plus besoin », la sécurité alimentaire ?

Et si on mobilisait, durant les vacances scolaires, pour offrir aux «  jeunes  » des «  territoires oubliés de la

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République » les activités dont ils sont privés ? Ces activités que des associations subventionnées peinent à réaliser…

Et, puisque l’on parle ici de l’EN… Et si… Et si l’EN prenait en charge la lutte contre l’illettrisme  ? Peut-être trouverait-on là à mieux rémunérer les (des) enseignants…

Et si, dans un autre domaine, celui de l’emploi, l’on validait des expérimentations telles que les «  territoires zéro chômeurs  » avec la même réactivité que celle mise pour imposer des politiques publiques conçues dans les cabinets ministériels et les administrations centrales ?

Et si l’on développait les Contrats à impact social qui font déléguer la mise en œuvre d’une politique publique à un tiers que l’État rémunère en fonction des objectifs effectivement atteints ? Faut-il que ces tiers soient qualifiés de « start-up du social  » pour que le dispositif trouve de l’intérêt ?

Oui, et si la nécessaire refondation du modèle social se faisait pas à pas en commençant par donner du sens à ce qui n’en a plus ; en s’attachant à des « success stories » faciles à obtenir, en réduisant les dépenses inutiles pour affecter les crédits à la réalisation de « petites Sécu » ?

Alors, et si… et si on commençait par faire simple, rapide, mesurable pour répondre à des urgences et donner un sens à de plus grandes ambitions.

Et si...

on faisait de la prévention un véritable axe partenarial

RO-RC ?

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Alors que nous tentons péniblement de sortir d’une pandémie, dont nous subissons encore les résurgences successives, il semble être déjà l’heure de tirer des leçons structurelles et structurantes sur l’organisation de notre système de santé et de protection sociale.

Ô non, pas pour proposer une forme de radicalité centralisatrice et hégémonique que d’aucuns souhaiteraient rendre programmatique, à la veille d’échéances électorales centrales pour notre pays. Pas plus que pour revoir cette organisation à travers l’unique lorgnette financière, alors même que les défis systémiques ne se situent pas ici, dans une France qui bénéficie des restes à charge parmi les moins élevés du monde, malgré les efforts évidents qu’il reste à fournir sur le sujet.

Non, ce n’est clairement pas de propositions dogmatiques et beveridgiennes dont a besoin notre système de santé et de protection sociale.

C’est en réalité à la question suivante, bien plus profonde, que nous devons désormais répondre collectivement : comment faire, pour les 30, 40, 50 prochaines années, pour augmenter l’espérance de vie en bonne santé de nos concitoyens, laquelle stagne, alors

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