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B. EPIDEMIOLOGIE

1. Parasite :

a. Classification :

Plusieurs classifications ont été établies, mais celle retenue est la classification donnée par l'Organisation Mondiale de la Santé qui se base sur l’électrophorèse isoezymatique des parasites (Chaara D, 2015) (figure 21).

Figure 21: Classification des leishmanies selon le caractère iso-enzymatique (OMS, 1990)

b. Morphologie :

Les leishmanies sont des eucaryocytes unicellulaires qui possèdent un ADN mitochodrial ; le kinétoplaste, repartit en deux formes; les maxi-cercles et les mini-cercles. Ce kinétoplaste est spécifique aux kinetoplastidés, considéré comme un critère d’indentification de ces parasites sur les frottis colorés au May-Grunwald-Giemsa.

Deux stades successifs et distincts représentent le cycle évolutif des leishmanies: le stade amastigote intracellulaire chez l’hôte vertébré et le stade promastigote dans le tube digestif du phlébotome.

Le stade amastigote est ovalaire ou arrondi, qui mesure environ de 2 à 6 μm de diamètre. Cet organite présente en microscopie optique, après coloration, un noyau arrondi, un kinétoplaste en bâtonnet plus sombre et une ébauche de flagelle qui ne dépasse pas le corps cellulaire. C’est le stade du parasite chez les

mammifères, où il est localisé à l’intérieur des cellules du système des phagocytes mononuclées.

Le stade promastigote est allongé, de 10 à 25 μm de longueur, et flagellé à son extrémité antérieure. Le kinétoplaste situé en position antérieure par rapport au noyau qui est approximativement central.

Les leishmanies se multiplient aux deux stades par division binaire simple. Des échanges génétiques rares semblent participer de façon significative à la structuration des populations parasitaires.

La composition cellulaire des leishmanies inclue des organites plus classiques tels que le noyau, le flagelle et sa poche flagellaire ou encore l’appareil de Golgi. La membrane plasmique est composée principalement de glycolipides de haut poids moléculaire et de protéines membranaires. La séquence complète du génome des espèces majeures de Leishmania est disponible.

Figure 22 : Corps de leishman intramacrophagiques dans les sérosités dermiques,

coloration MGG, microscopie optique, grossissement 1000

Figure 23: stade promastigote « L. tropica »

c. Aspect biologique :

 Nutrition :

Les besoins énergétiques des amastigotes sont satisfaits par glycolyse. En cas de carence glucidique, les leishmanies exacerbent leur métabolisme protéique et deviennent protéolytiques, elles effectuent un processus de néoglucogenèse à partir des acides aminés, par transamination.

 Cycle :

Le parasite du genre Leishmania a un cycle de vie dimorphique qui nécessite deux hôtes, l’insecte phlébotome hôte intermédiaire et un mammifère hôte définitif. Il se présente chez leurs hôtes successifs sous deux stades morphologiques principaux : les promastigotes et les amastigotes. Lorsque la femelle de phlébotome infectée prend un repas sanguin chez un hôte mammifère, elle régurgite au site de piqûre les parasites sous forme promastigote, qui sont extracellulaires et mobiles vivant dans le tube digestif de l’insecte. Chez l’hôte mammifère, Leishmania infecte ensuite un phagocyte (principalement les

monocytes / macrophages) du système phagocytaire mononuclé et se transforme en forme amastigote. A noter que dans le cas des leishmanioses cutanées, le phlébotome se contamine plutôt via les réservoirs, puisqu’en théorie, il faudrait qu’il pique dans la lésion cutanée de l’homme (où sont les amastigotes) pour s’infecter.

Figure 24 : Cycle parasitaire des leishmanioses

 Multiplication :

Les amastigotes, sans flagelle extériorisé, sont intra-macrophagiques et localisés dans une vacuole parasitophore où ils échappent à la digestion cellulaire et à la présentation antigénique ce qui leur permet de survivre et de se multiplier par division binaire. Après multiplication intracellulaire et éclatement de la cellule hôte, les leishmanies sont phagocytées et évoluent dans d’autres macrophages. Le stade promastigote, libre et mobile grâce à son flagelle, est retrouvé dans l’intestin du phlébotome et dans les milieux de culture.

d. Répartition géographique :

 Dans le monde :

La leishmaniose est endémique dans 88 pays. L’organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé 10 Millions de personnes souffrant de leishmaniose cutanée (Bailey, 2007).

La leishmaniose cutanée est due à L. tropica, L. major et L. aethiopica dans l’ancien monde, rapportée dans le sud de l’Europe, le nord d’Afrique, la méditerranée, le moyen-orient, le sous-continent indien et le centre d’Asie (Guddo, 2005) (Siah, 2014). Elle est endémique en province du Baloutchistan à Pakistan (Talat, 2014), dans le centre de l'Iran, le Royaume d’Arabie Saoudite (Alhumidi, 2013), en Ethiopie causée essentiellement par L. aethiopica et d’autres régions du monde (Dassoni, 2013). Dans les pays du Sud-ouest de l’Europe, comme le Portugal, l’Espagne, la France et Malte, la L. infantum est la principale espèce qui a été identifiée dans les cas de leishmaniose cutanée. La forme érysipéloïde de la LC a été rapportée en Iran, au Pakistan, en Turquie et en Tunisie. Sa fréquence varie dans la littérature entre 0,05 et 3,2 % (Salmanpour R, 1999).

Figure 25 : La distribution géographique de la LC à L. major (a)et L. tropica (b) dans l’Ancien Monde (WHO 2010).

a a b b b b

La Leishmaniose du nouveau monde causée par L. mexicana species, L. braziliensis et L. guyanensis, est endémique dans une partie du centre de l’Amérique (Mexique) et des pays du sud de l’Amérique (Pérou, Bolivie, Équateur, Colombie, Guyane française et Brésil). En Brésil, parmi les cas atypiques rapportés, il y avait un cas de forme vésiculeuse (Adriano, 2013). Un cas de leishmaniose ulcérée a été rapporté dans une étude américaine en 2012.

 Au Maroc :

Les leishmanioses continuent à poser un important problème de santé publique au Maroc. Sur une période de 10 ans (2008 à 2017), 54 838 cas de leishmaniose, toute forme confondue, ont été déclarés, dont 54 % avait une LCM et 43 % une LC localisée. La recrudescence de leishmaniose à L. major a été notifiée depuis l’année 2015 (Bulletin d'Epidémiologie et de Santé Publique, Juillet 2018). Les leishmanioses cutanées au Maroc ont été subdivisées en trois entités éco- épidémiologiques différentes : la LC zoonotique (LCZ) à L. major dite forme humide ou rurale, et la LC anthroponotique (LCA) à L. tropica dite forme sèche ou urbaine, et la LC sporadique (LCS) à L. infantum.

 LCZ à L. major :

La LCZ à L. major est localisée dans un macro-foyer en mode endémo-épidémique, s’étendant de la côte atlantique au Sud de l’Anti-Atlas jusqu’à la région d’Oujda passant par les zones sahariennes au Sud du haut et de l’Anti- Atlas et à l’Est du moyen Atlas en particulier au niveau des provinces d’Er- Rachidia, Figuig, Jerada, Ouarzazate, Tata et Zagora (vallée de draa).

Dans notre série, 5 patients étaient originaires de Zagoura et 1 patient d’Errachidia, avec notion de séjour dans ces zones.

 LCA à L. tropica :

En gros, La LC à L. tropica sévit dans les zones semi-arides du pays allant de la région d’Agadir à l’Ouest aux plateaux péri-Rifains de Taza à l’Est en passant par le versant Ouest de la chaine de l’atlas touchant le centre du pays dans les régions du centre du pays ( Al Haouz, Azilal, Chichaoua, Beni Mellal, Settat, Meknès, Fès) et au nord du pays ( Taounate, Sidi kacem, Sefrou et Chefchaouen).

Dans notre série, 1 patient était originaire de Souk-larbaa, 1 patient de Tafilalet et un cas de Ouazzane.

 LCS à L. infantum :

Cette espèce est responsable de cas sporadiques de LC caractérisées par des lésions uniques, ulcéro-crouteuses ou lupoïdes, dont l’évolution se fait sur plusieurs mois. La majorité de ces cas ont été enregistrés au niveau de la province de Sidi Kacem.

Même si l’identification de la souche n’a pas pu être faite dans notre étude, on peut déduire d’après l’origine géographique des patients comparée à la forme clinique, que la plupart des formes atypiques sont causées par la L. major.

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