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A. Clarification des eaux par coagulation/floculation/décantation

4. Paramètres affectant la coagulation

Le processus de coagulation est complexe et peut être influencé par plusieurs facteurs. Dans cette section, nous discutons brièvement des effets de la température, du pH et de l'alcalinité. Dans un souci de concision, seuls ces paramètres sont abordés dans le cadre de notre projet de recherche. Toutefois, il convient de préciser que d'autres paramètres tels que la dose du coagulant, la concentration des particules colloïdales, la couleur. La présence d'anions et cations, l'intensité du mélange et le potentiel Zéta sont importants

a) Effet de la température

Nous savons qu'une baisse de la température ralentit la cinétique des réactions chimiques. L'équation d'Arrhénius décrit bien l'effet de la température sur les constantes cinétiques [23]. Une baisse de température se traduit par une réduction de la constante de vitesse k :

K = Ae

−EaRT Eq.2

A = constante de réaction propre au produits concernés ; Ea = énergie d'activation

R = constante des gaz T = température

Camp et al [24] expliquent le problème en eau froide de deux façons : 1) la solubilité des coagulants est plus faible ; 2) l'augmentation de la viscosité de l'eau freine la décantation des flocs. Une solution proposée par ces auteurs est d'augmenter l'intensité du mélange afin que le coagulant soit mieux dispersé et qu'un floc de meilleure qualité soit obtenu. Une autre solution proposée est d'ajuster le pH en eau froide afin que la solubilité des coagulants soit minimale. Cette dernière solution a été supportée par plusieurs chercheurs dans les années subséquentes

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[25]. Par contre, plusieurs de ces chercheurs ont conclu que certains coagulants sont moins affectés par de basses températures.

Plusieurs recherches ont montré que la plage de pH optimal varie lorsque la température de l'eau varie. Pour l'alun, le pH optimal augmente d'environ 0'6-0,8 unités lorsque la température de l'eau passe de 20°C à 4°C, alors que pour le chlorure ferrique, l'augmentation du pH optimal est d'environ 0,4 unité [25]. Une diminution de température cause une diminution du produit ionique de l’eau. IL, donc une moins grande concentration d'ions OH-. Cela expliquerait peut-être cette variation de pH optimal en fonction de la température de l'eau.

Van Benschoeten et al [26] comparent les performances de l'alun et d'un coagulant pré hydrolysé, le PACl dans des eaux à 25°C et à 4°C. Le temps de floculation est de 30 minutes suivi d'une heure de décantation. Les résultats montrent que le pH optimal varie en fonction de la température pour l'alun ce qui confirme les résultats de Camp et al. [24]. Le pH optimal passe d'environ 6 à environ 6,8. L'augmentation du pH permet, dans cette étude, de contrer partiellement les effets néfastes d'une basse température. Quant au PACI, une basse température est moins nuisible, la turbidité, la mobilité électro phorétique ainsi que la solubilité des composés dérivés de l'aluminium sont moins affectés. La précipitation des produits formés à partir du PACl est possible sur une plage plus large de pH. L'étude a donc conclu que les effets d'une eau Froide sont de nature chimique et que le PACl donne des meilleurs résultats que l'alun.

Dans une autre étude, les mêmes auteurs Van Benschoeten et al [26] montrent que l'augmentation du pH optimal de coagulation au-dessus de 7 compense l'effet négatif d'une baisse de la température sur l'enlèvement des acides fulviques.

Dans les conditions testées, les doses optimales en équivalent Al,O, pour Mun et le PACl sont identiques. Par contre, la meilleure eau décantée obtenue avec l'alun demeure moins bonne que celle obtenue avec le PACl parce que le phénomène d'hydrolyse pour l'alun est altéré davantage.

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b) Effet du pH

Le pH est un des paramètres qui affecte la coagulation-floculation, son contrôle est donc suggéré. Selon les caractéristiques d'une eau, il existe un pH optimal permettant la meilleure coagulation [26]. Ce pH se situe souvent dans la plage où la solubilité du coagulant utilisé est minimale, ce qui permet une meilleure précipitation. Le contrôle du pH permet aussi d'améliorer la coagulation lorsque la température de l'eau est faible.

Il existe un pH de floculation optimum pour un type d'eau et un floculant donné : ce pH résultera de celui de l'eau brute, de l'action du coagulant qui consomme des ions OH- et de l'éventuelle introduction d'un réactif correcteur.

Aux valeurs habituelles de pH rencontrées dans les eaux naturelles, les ions OH- libres n'existant pas, ils résulteront de la décomposition des bicarbonates (HCO3-) par le floculant (et formation de gaz carbonique CO2) :

𝐻𝐶𝑂

3

→ 𝐶𝑂

2

+ 𝑂𝐻

Eq.3

Réaction à laquelle se superpose celle de l'équilibre du bicarbonate de calcium avec ses produits de dissociation.

L'équation globale type de coagulation peut donc s'écrire :

𝑋

+++

+ 3𝐻𝐶𝑂

3

→ 𝑋(𝑂𝐻)

3

+ 3𝐶𝑂

2 Eq.4

Donc, précipitation d’un hydroxyde métallique X (OH) 3 et formation de CO2. Rappelons que 𝐶𝑂2+ 𝐻2𝑂 ↔ 𝐻2𝐶𝑂3 (acide carbonique).

L'apparition d'acide carbonique et la diminution subséquente de l'alcalinité bicarbonatée conduit à un abaissement du pH du milieu dont l'ampleur dépend du pouvoir tampon (Alcalinité initiale et Force ionique) et de la dose de coagulant introduite.

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C'est pour cette raison qu'il est essentiel de tenir compte du pH, de l'alcalinité et de la minéralisation de l'eau brute pour la définition du procédé de coagulation/floculation.

c) Grosseurs et concentration des particules colloïdales

Il existe un seuil propice, pour la coagulation, du point du vue dimensionnel. Pour les particules dont les dimensions sont inférieures au micron, les forces de surface deviennent prépondérantes vis-à-vis des forces de masse. Dans ces conditions, on constate un état de dispersion stable due aux effets conjugués du mouvement brownien.

De même, il s’avère que la concentration des particules ; c'est-à-dire le nombre de charges électriques est mis en jeu pour rompre le potentiel zêta, a une grande influence sur la coagulation. Cette coagulation est très difficile quand la concentration colloïdale est basse, sachant que le taux de contact interparticulaire se trouve probablement baissé. [27].

d) Etat d’hydratation

L’hydratation est un phénomène complexe dont les effets se répercutent sur le taux d’agrégation des colloïdes.

Dans une solution aqueuse, les particules microscopiques s’hydratent et s’enveloppent de liquide inter micellaire. Cette monocouche d’eau absorbée chimiquement sur les surfaces des particules (ex : les oxydes métalliques, les argiles et le quartz) produit l'effet d'une gaine isolante protectrice, s'opposant à l'agrégation des particules, par réduction de la tension superficielle à l'interface particule liquide, par conséquent, la stabilité des colloïdes se trouve renforcée.

Aussi, les interactions colloïdes-eau peuvent retarder l’agrégation des systèmes colloïdaux. Ce phénomène peut être contrarié par l’augmentation de la quantité de coagulant et le prolongement de l’opération.

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