• Aucun résultat trouvé

III. DIAGNOSTIC DES DCM

2) E XAMEN CLINIQUE

2.2 Palpation

2.2.1.2 Palpation musculaire

La palpation musculaire permet d’évaluer un volume musculaire, sa consistance et de localiser les zones douloureuses.

2.2.1.2.1 Technique de palpation

La palpation musculaire doit s’effectuer sur des muscles ou des insertions musculaires au repos, sur un patient décontracté et détendu un maximum.

La palpation est généralement bilatérale (pour les muscles symétriques) et digitale grâce à la pulpe d’un seul doigt (index ou majeur) s’il existe un support osseux sous-jacent. Lorsqu’il n’y a pas de support osseux, la palpation est alors bidigitale. La pression exercée doit être progressive (légère, modérée puis soutenue) et relativement brève (ne pas excéder 3 secondes). La palpation peut être pincée, roulée ou à plat. Lors de l’étude de muscles symétriques, la pression exercée doit évidemment être la même sur chacun des muscles.

2.2.1.2.2 Objectifs de la palpation

La palpation permet d’apprécier un volume musculaire et sa consistance et d’évaluer la présence de la douleur et ses caractéristiques : l’étendue de la zone sensible peut être en forme de bande et suivre le relief musculo-tendineux ou alors peut être marquée par la présence de points

91

gâchettes. Enfin, les tendinites peuvent être retrouvées par une douleur se situant sur une saillie osseuse et limitée à une surface réduite.

Généralement, face à la pression sélective, la réponse positive forte sera extériorisée par une contracture des muscles faciaux ou un mouvement de recul ; la réponse positive faible par une fermeture des paupières. Il faut être attentif aux réactions du patient à tout moment afin de déceler un signe marquant l’apparition de douleur.

La présence d'un faisceau de fibres musculaires tendues, associé à un point hypersensible à la palpation, doit évoquer une douleur myofasciale. Elle est caractérisée par la présence de points gâchettes ("trigger points") (Carlier et Laplanche 2010).

2.2.1.2.3 Palpation des différents muscles

- Muscle temporal : c’est un des muscles les plus faciles à palper de part son volume et sa disposition. Ses faisceaux antérieurs, moyens et postérieurs sont à palper séparément, à travers le cuir chevelu.

Figure 34 : palpation des muscles temporaux

Pour aider à localiser ces différentes zones, le patient peut serrer et desserrer les dents plusieurs fois de suite pour permettre la contraction du temporal. Des douleurs référées d’une zone gâchette sont possibles.

92

Figure 35 : douleurs référées des zones gâchettes antérieure, moyenne et postérieure du muscle temporal

- Muscle masséter : comme le temporal, c’est un muscle dont la palpation est facile. Il se compose d’une partie superficielle ainsi que d’une partie plus profonde. Le faisceau profond peut être palpé par voie endobuccale (voir 2.2.2). Le praticien demande au patient de serrer les dents afin de faire ressortir le muscle masséter. Selon Gola, le faisceau profond est palpable par voie cutanée, en avant de l’oreille et de l’articulation.

93

Figure 37 : douleurs référées des zones gâchettes du muscle masseter (superficiel et profond)

- Muscle digastrique: la palpation de ce muscle nécessite sa mise en action. Le patient place son poing sous le menton afin de contrarier son ouverture buccal à environ 15 mm. La pulpe des doigts va ainsi palper deux « cordes » bien distinctes que sont les ventres antérieurs du muscle digastrique. Le ventre postérieur est plus difficile à palper car recouvert par le sterno-cléido-mastoïdien.

Figure 38 : palpation des muscles digastriques

La palpation du ventre antérieur provoque des douleurs référées jugales et sous-auriculaires alors que le ventre postérieur (si on arrive à le palper) des douleurs au niveau des incisives inférieures.

94

Figure 39 : douleurs référées des zones gâchettes des muscles digastriques

- Muscle sterno-cléido-mastoïdien : ce muscle est facilement palpable par rotation de la tête du côté opposé à la palpation. Le corps musculaire de ce muscle fait sailli et ressemble à une corde dont l’exploration se fait par pincée. Les deux chefs que constituent ce muscle sont palpables sur toute leur longueur depuis leur insertion supérieur (région mastoïde) jusqu’aux régions inférieures (sternum et clavicule).

Figure 40 : palpation des muscles sterno-cléido-mastoïdiens

Les douleurs référées se situent au niveau de l’oreille, de la joue, du menton, de l’occiput ou encore de l’orbite.

95

- Muscle trapèze : ce grand muscle au niveau de la nuque et de la partie supérieure du dos est facilement palpable et provoque des douleurs référées des zones gâchettes au niveau du cou, de l’angle mandibulaire, du temporal voir de la région sus-auriculaire.

Figure 42 : palpation des muscles trapèzes Figure 43 : douleurs référées des zones gâchettes des muscles trapèzes

- Muscles ptérygoïdiens : la palpation des muscles ptérygoïdien médial et latéral n’est possible que par voir intra-orale.

2.2.2 Endobuccale

2.2.2.1 Palpation articulaire

La palpation de l’articulation temporo-mandibulaire est essentiellement exobuccale. Du fait de sa situation, de sa composition et de l’organisation des muscles avoisinants, la palpation articulaire endobuccale n’a que peu d’intérêts.

2.2.2.2 Palpation musculaire

Les règles, techniques et objectifs de la palpation endobuccale sont identiques à celles de la palpation exobuccale.

- Muscle temporal : l’essentiel de la palpation de ce muscle se fait par voie exobuccale ; cependant, la palpation interne permet l’investigation des insertions du temporal sur la mandibule (au niveau du coroné). Pour cela, l’index glisse le long de la branche montante jusqu’au processus coronoïde où se situe l’insertion tendineuse.

96

- Muscle masséter : alors que la palpation exobuccale s’intéressait aux faisceaux superficiels, les faisceaux profonds ne sont palpables que par voie endobuccale. L’index du praticien est placé entre les molaires et la joue ; il peut ainsi palper le bord antérieur du masséter lorsque le patient serrera les dents.

- Muscle ptérygoïdien médial : afin de le palper, ce muscle doit être contracté. Pour cela, le patient ouvre la bouche, puis place ses doigts sur ses incisives afin de créer une résistance à la fermeture buccale. Une fois contracté, le ptérygoïdien médial est exploré au niveau de la face interne de la branche montante de la mandibule.

- Muscle ptérygoïdien latéral : muscle essentiel et faisant partie intégrante de l’articulation temporo-mandibulaire, il est malheureusement extrêmement difficile voire impossible à palper. « Seul le bord inférieur du chef inférieur peut être atteint par l’extrémité de l’index s’insinuant derrière et en haut de la tubérosité maxillaire, bouche ouverte » selon Rozencweig ; nous passons donc sur la méthode pour y parvenir.

- Muscles sus-hyoïdiens : ils sont également palpables au niveau du plancher de bouche grâce à la pointe des index mais nous ne détaillerons pas davantage car ces palpations n’ont que peu d’intérêts.

L’essentiel de la palpation de l’ATM et des muscles qui la composent s’effectue par voie exobuccale. La palpation endobuccale est plus rare, moins significative et doit être réservée dans le cas d’investigations plus poussées ou en cas de dysfonction de la déglutition.