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les erreurs médicamenteuses

Etape 3 : L’administration des médicaments aux patients avec retour de ceux qui ont

B. Matériel et Méthodes :

4. Période et lieu de l’étude

4. Période et lieu de l’étude

Il s’agit d’une étude prospectif et descriptif portant sur les erreurs du circuit du médicament, le recueil et l’analyse d’ordonnances des différents services au sein de la pharmacie de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V sur une période qui s’étale du 1 novembre 2018 au 1 mars 2019.

L’approche du risque des erreurs médicamenteuses a été évaluée par voie d’enquête à l’aide d’une fiche de suivi des patients établis en compromis avec le service du médicament et le personnel de celle-ci (annexe 1)

Cette fiche, intitulée fiche de suivi, nous permet de se renseigner sur différents types d’informations relatifs à chaque patient : identité du patient (nom, prénom, âge, poids, taille, IMC, ville et numéro de téléphone) également le type d’erreur impliqué (risque d’erreur, potentielle, avéré.) et les principales causes responsables de ces erreurs.

Pour la recherche des interactions médicamenteuses, les prescriptions sont analysées à l'aide d’une base de données sur le médicament réalisée par le centre national hospitalier de l’information sur le médicament (CNHIM)[90] , et le thesaurus 2016 de l’ANSM à la recherche des interactions médicamenteuses possibles. [91]

Tout ce cela était sous la concordance d’une équipe pharmaceutique qui comporte des pharmaciens, spécialistes, résidents et internes mais également des préparateurs en pharmacie qui signalait toute suspicion d’erreur ou erreur au niveau d’une ordonnance pour pouvoir intervenir au bon moment.

Critères d’inclusion :

Tout bon de médicament ou ordonnance nominative

Critères d’exclusion :

Les bons ou les ordonnances des réactifs et des dispositifs médicaux et bons ou ordonnances globales des médicaments et ceux des antituberculeux

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C. Résultats

Au cours de la période d’étude, 19 200 ordonnances ont été analysées par l’équipe pharmaceutique. Sur cette période, les pharmaciens ont rédigé 2 152 IP (Intervention Pharmaceutique), ce qui représentait une incidence de 11.20 IP pour 100 ordonnances analysées.

Parmi ces IP, 752 étaient liées à une erreur médicamenteuse, ce qui représentait 34.94 % du total des IP rédigées. L’incidence atteignait 3.91 EM détectées pour 100 ordonnances analysées.

L’analyse des données a permis d’identifiés 562 patients, avec une prédominance masculine (80,60%) et un sex-ratio H/F égal à 4.15 , l’âge moyen de nos patients est de 62.5 ans avec des extrêmes allant de 2 à 92 ans, la durée moyenne de l’hospitalisation est de 10 jours.

L’analyse des prescriptions a permis d’extraire la répartition des 752 EM codées selon leur type [Tableau 3].

Cinq types d’EM représentaient 92.81 % des EM détectées au moment de l’analyse pharmaceutique des ordonnances. Il s’agissait des erreurs d’interactions médicamenteuses (47.87 %), des erreurs d’omission (10.50 %), des erreurs de dose (16.88 %), des erreurs de posologie ou de concentration (17.55 %) et des erreurs de suivi thérapeutique et clinique (3.05 %).

Tableau 3 : Types d’erreurs médicamenteuses

Type d’erreur Nombre %

Erreurs d’interactions médicamenteuses 360 47.87

Erreur de posologie ou de concentration 132 17.55

Erreur de dose 127 16.88

Erreur d’omission 79 10.50

Erreur de suivi thérapeutique et clinique 23 3.05

Erreur de médicament 13 1.72

Erreur de forme galénique 12 1.59

Erreur de moment d’administration 4 0.53

Erreur de voie d’administration 2 0.26

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Figure 12 : Types d’erreurs médicamenteuses en %

Six causes immédiates étaient à l’origine de plus de 64.2 % du total des EM détectées. Ces six causes immédiates sont présentées dans la Tableau 4.

Tableau 4 : Répartition des 6 causes immédiates les plus fréquentes

Causes immédiates les plus fréquentes Nombre %

Prescription d’un mauvais dosage pour un médicament donné 115 15.29

Erreur d’unité 97 12.89

Prescription médicamenteuse souvent avec faute d’orthographe, pas de dosage… 89 11.83

Omission d’arrêt de traitement 79 10.50

Redondance de prescription 62 8.24

Erreur de fréquence de prise 41 5.45

Erreur d’omission 10% Erreurs d’interactions médicamenteuses 48% Erreur de dose 17% Erreur de posologie ou de concentration 18% Erreur de suivi thérapeutique et clinique 3% Erreur de médicament 2% Erreur de voie d’administration 0% Erreur de moment d’administration 0% Erreur de forme galénique 2%

Erreur d’omission Erreurs d’interactions médicamenteuses Erreur de dose Erreur de posologie ou de concentration Erreur de suivi thérapeutique et clinique Erreur de médicament

Erreur de voie d’administration Erreur de moment d’administration Erreur de forme galénique

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Figure 13 : Répartition du Pourcentage des 6 causes immédiates les plus fréquentes

Les médicaments les plus souvent en cause étaient : les antibactériens (189 EM), les antithrombotiques (156 EM), les analgésiques (174 EM), médicaments du système cardiovasculaires (153 EM), les substituts du sang et solutions de perfusion (48 EM), les laxatifs (32 EM). Le taux de correction des EM a été de 81.64 % (614/752).

L’analyse des prescriptions a permis d’identifier 360 interactions chez 94 patients avec un nombre moyen de médicament par patient de 5.2. La prévalence des interactions médicamenteuses a été estimée à 68.11% dont les plus communes ont concerné Acide acétylsalicylique/clopidogrel (12.22%), Acide acétylsalicylique/Héparine (8.33%) et Furosémide/Spironolactone (5.83%).

Ces interactions médicamenteuses ont été impliqué essentiellement à un niveau de contrainte : association déconseillée (11.11%), précaution d'emploi (37.22%) et prendre en compte (51.66%). 8.51% des patients ont exprimé des effets indésirables dont les plus observés ont été les hypotensions et les hyperkaliémies.

Redondance de prescription 13% Omission d’arrêt de traitement 16% Erreur d’unité 20% Prescription d’un

mauvais dosage pour un médicament

donné 24% Prescription médicamenteuse souvent avec faute d’orthographe, pas de dosage… 18% Erreur de fréquence de prise 9%

Répartition du Pourcentage des 6 causes immédiates les plus fréquentes

Redondance de prescription Omission d’arrêt de traitement Erreur d’unité

Prescription d’un mauvais dosage pour un médicament donné Prescription médicamenteuse souvent avec faute d’orthographe, pas de dosage…

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Figure 14 : Répartition des interactions médicamenteuses

11% 37% 52% Association Déconseillée Précaution d'emploi Prendre en Compte

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D. Discussion

Les erreurs médicamenteuses sont fréquentes et présentes. Elles sont observées lors de toutes les étapes du circuit du médicament (prescription [92, 93] dispensation, reconstitution, administration [94, 95]). Selon les données de la littérature, l’erreur survient de 1 fois sur 100 à 1 fois sur 10 à chaque étape du circuit du médicament. D’une manière générale, 1% de ces erreurs entraînent des événements indésirables graves (EIG) évitables [96] . Les EM représentent la 4ème cause des EIG déclarés aux états unis [8] et sont responsables d’environ 7 000 décès annuels évitables [97] . Alors que en France, les EM provoquent un EIG toutes les 2 000 journées d’hospitalisation[98] , soit environ 70 000 EIG par an. En effet, le bloc opératoire est l’une des unités où le processus de la prise en charge médicamenteuse du patient est complexe et marqué par quelques spécificités qui tendent à accroître le risque d’EM ainsi que la gravité de ses conséquences [99, 100]. Cette complexité s’explique par la diversité des interventions chirurgicales et des actes d’anesthésie, leur degré variable d’urgence et de gravité et la diversité des terrains des patients. D’où la nécessité d’une bonne gestion des moments de stress intense ; la nécessité d’une confiance totale entre les intervenants et la nécessité pour eux de faire preuve de réactivité immédiate, notamment lorsque se manifestent des évènements indésirables en rapport avec l’administration d’un médicament. En anesthésie, les rares études publiées mettent en évidence qu’une erreur médicamenteuse survient de 1 fois sur 900 soit (0.11%) [101] à 1 fois sur 130 anesthésies soit (0.77%) [102].

Cependant, ce chiffre est vraisemblablement sous-estimé car issu de déclarations volontaires, méthode peu adaptée à l’identification des erreurs médicamenteuses. En effet, il a été montré que la fréquence des erreurs observées pourrait être 400 fois supérieure à celle des erreurs déclarées [103].

L’étude que nous avons menée au sein du pôle de la pharmacie de l’hôpital militaire avait pour objectif de mettre l’accent sur la problématique des EM, essayer de proposer des actions et de décrire les interventions pharmaceutiques réalisés.

D’autres études ont été réalisées sous le même thème notamment une étude des erreurs médicamenteuses en anesthésie ; c’est une étude prospective qui a été menée dans 9 hôpitaux

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répartis sur quatre centres hospitaliers universitaires (Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech) étalé sur une période de 8 mois , on retrouve une incidence de (1/575) EM, une autre étude concernant les EM en anesthésie, des séries historiques rapportent des incidences extrêmes allant de 1/5 [104] à 1/8000 [105, 106] .

La différence d’incidence entre notre étude (3.91 %) et celle qui est objectivée dans ces 2 études peut être expliqué par plusieurs paramètres notamment : la durée d’étude, la nature des médicaments impliqués mais surtout par la différence des méthodes de recueil de l’information.

La nôtre étant basée sur la présence d’une équipe de pharmaciens résidents et internes qui veillent à déchiffrer et à analyser toutes les ordonnances à l’étape de dispensation et donc repérer et rectifier les EM avant l’administration du médicament ce qui revêt un intérêt majeur dans la diminution de la morbi mortalité liée aux EM

Alors que les autres études reposent sur les déclarations volontaires des praticiens. Ce qui sous-entend que des erreurs connues peuvent ne pas être rapportées (erreurs estimées non graves ou au contraire trop graves pour être avouées) et que des erreurs peuvent ne pas être connues. De plus le risque de sous-estimation des EM dans cette étude est du également à la présence d’un rapport Hiérarchique entre les référents et les déclarants d’erreurs.

On a estimé un taux d’intervention de 11.2%, ces interventions consistaient principalement à :

- Contacter le service concerné ou le praticien prescripteur avant l’administration du médicament pour discuter l’indication de la prescription et corriger les éventuelles erreurs après avis du prescripteur

En effet les 3 études se rejoignent en termes d’intérêts notamment :

- Mettre l’accent sur la gravité des EM et leur coût élevé à la fois sanitaire et économique

- Diminuer la fréquence des EM avant leur survenue

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Donc les EM sont fréquentes et présentes à toutes les étapes du processus thérapeutiques[108, 109]. D’une manière générale, 1% des EM entrainent des évènements indésirables grave [110]. La dépense financière inhérente à ces EM dépasse 3.5 billions de dollars/an aux états unis[111]

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