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4.7 Analyse des résultats de transmission

4.7.2 Pénalité et seuil d'eondrement de la cohérence

Dans ce paragraphe, on se propose de montrer que le mécanisme de dégradation de la pénalité en transmission est lié au seuil du régime d'eondrement de la cohérence du laser. Les contributions respectives des bruits de phase et d'intensité seront également évaluées. Le lecteur pourra retrouver l'ensemble de la discussion à travers la référence [10]. Considérons quatre lasers droits issus de la famille B dont les caractéristiques fondamentales sont κL = 0,1 (coecient de couplage normalisé) et αH = 2,4 (facteur de Henry). Le taux de retour

optique RL (déni au chapitre 2) dans la bre varie entre -50 dB et -8 dB. Les mesures de transmissions sont réalisées en xant le taux d'extinction (ER) à 5 % pour une puissance d'in- jection de 10 mW. On rappelle que le taux d'extinction quantie l'ouverture du diagramme de l'oeil (rapport du niveau bas au niveau haut) obtenu en superposant l'ensemble des bits reçus c'est-à-dire l'ensemble des 1 et des 0. Par exemple, la Fig. 4.12 montre le diagramme de l'oeil (sans rétroaction optique) enregistré pendant l'expérience et correspondant à un taux d'extinction de 5 %. Ainsi, plus le diagramme de l'oeil est ouvert, moins le taux d'erreurs sera important. Signalons enn que cette étude est conduite dans un premier temps à température ambiante c'est-à-dire à 25◦C. Sur la Fig. 4.13(a), la variation du taux d'erreurs binaires en

fonction de la puissance arrivant sur le récepteur STM16 est reportée en back-to-back pour un des composants étudiés. Ces mesures réalisées en direct (i.e pas de transmission) traduisent

Fig. 4.12  Diagramme de l'oeil expérimental correspondant à un taux d'extinction ER = 5%

l'eet propre du bruit d'intensité sur la pénalité. Comme le montre la Fig. 4.13(a), une aug- mentation graduelle de la pénalité avec le taux de retour optique est observée. Par exemple, celle-ci atteint la valeur de +1,0 dB à 10−10 pour un taux de retour optique de RL = -8

dB. Sur la Fig. 4.13(b), les mêmes courbes sont reportées mais cette fois-ci en transmission c'est-à-dire en incluant les eets de la dispersion chromatique. Comme il l'a été mentionné en introduction, la dispersion chromatique de la bre utilisée est de 300 ps/nm, correspondant ainsi à une distance de propagation de l'ordre de 40 km. En conséquence, il est aisé de consta- ter que l'eet de la dispersion chromatique provoque une augmentation de la pénalité plus importante qu'en back-to-back et proche de +1,5 dB à 10−10 pour le taux de retour optique

maximum (RL = -8 dB). Le passage en transmission induit donc une pénalité additionnelle dont la valeur est de l'ordre de 1,5 dB - 1,0 dB = +0,5 dB. Sur la Fig. 4.14, la variation de la pénalité (toujours mesurée à 10−10) entre la transmission obtenue pour un taux de re-

tour optique donné et le back-to-back sans réalimentation optique est reportée. Chaque cercle noir représente un point de mesure de la pénalité à un taux de retour optique donné. Une courbe reliant les diérents points de mesure est ensuite tracée et ce pour chaque laser an de permettre au lecteur de visualiser plus facilement le phénomène physique observé. Par ailleurs, de manière à augmenter la clarté de la discussion, les spectres des lasers enregistrés dans les diérents régimes de fonctionnement (plus spécialement les régimes I, II et IV, cf. Chap. 2) ont été insérés. La zone rectangulaire colorée en gris clair représente le lieu des seuils d'eondrement de la cohérence mesurés sur les lasers droits AR/HR de la famille B. Comme le montre la Fig. 4.14, lorsque le taux de retour optique reste inférieur à -30 dB, la pénalité n'est pas du tout aectée par la réalimentation optique. L'impact de la réexion ex- terne reste faible puisqu'il y a superposition des spectres avec et sans réalimentation optique.

4.7. Analyse des résultats de transmission

Fig. 4.13  Courbes de taux d'erreurs binaires obtenues sur des lasers droits AR/HR (famille B) en présence de réalimentation optique (-50 dB < RL < -8 dB) à 2,5 GBit/s (P = 10 mW, ER = 5% et T = 25◦C)

Entre -30 dB et -20 dB de retour optique, les caractéristiques spectrales sont légèrement perturbées. Ainsi, deux phénomènes simultanés apparaissent : un léger élargissement spec- tral couplé à des oscillations périodiques. La période des oscillations est de l'ordre de 8 GHz et permet d'attribuer ce phénomène aux oscillations de relaxation du laser. Dans ce régime de fonctionnement, des instabilités temporelles commencent à apparaître provoquant ainsi une légère variation de la pénalité en transmission. Néanmoins, comme on peut le constater, l'augmentation de la pénalité reste relativement faible (< 0,2 dB). Enn, lorsque le laser pénètre dans le régime IV de fonctionnement c'est-à-dire dans et à partir du régime d'eon- drement de la cohérence, une augmentation brutale de la pénalité est mise en évidence. Une telle variation de la pénalité conduit dans de nombreux cas à un phénomène de plancher en transmission c'est-à-dire à un taux d'erreurs constant quelque soit la puissance. En raison des fortes instabilités temporelles et de l'augmentation importante de la largeur de raie générée dans ce régime de fonctionnement, la dégradation de la pénalité est attribuée en partie aux bruits d'intensité et de phase. Cette représentation donnant la variation de la pénalité avec le taux de retour optique montre donc que la connaissance du seuil de déclenchement du régime d'eondrement de la cohérence est un élément capital pour l'optimisation des trans- missions optiques. C'est une donnée fondamentale qui permet de prédire le comportement du laser en présence de réalimentation optique externe. Il est important de signaler que la détérioration de la pénalité mesurée, plus ou moins importante selon les lasers, conrme les

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Fig. 4.14  Variation de la pénalité versus le taux de retour optique -50 dB < RL < -8 dB (P = 10 mW, ER = 5 % et T = 25◦C) sur les lasers droits AR/HR issus de la famille B

(κL = 0,35 et αH = 2,4)

prédictions théoriques annoncées par Clarke [5]. En eet, ce dernier prédit une augmentation de la pénalité en transmission à partir du seuil d'eondrement de la cohérence du laser et ce en considérant des débits optiques de 0,5 GBit/s, 1 GBit/s et 2,5 GBit/s. Par ailleurs, Clarke prédit aussi que l'augmentation de la pénalité est principalement induite par du bruit d'intensité. Cette dernière conclusion théorique peut-elle se vérier expérimentalement? En séparant les contributions respectives des bruits de phase et d'intensité, l'origine de la dégradation de la pénalité peut être analysée et comprise. Cette étude est menée à bien en prenant pour objet le laser exhibant la plus forte augmentation de pénalité (cf. Fig. 4.14). Ainsi, sur la Fig. 4.15(a), la variation de la pénalité à 10−10 en back-to-back est reportée.

Plus précisément, cette variation correspond à la diérence de pénalité entre le back-to-back sans réalimentation optique et le back-to-back pour un taux de retour optique donné. Dans ces conditions de mesures, les eets propres du bruit d'intensité sont observés et peuvent être quantiés. De manière parallèle au comportement décrit sur la Fig. 4.14, la pénalité augmente au-dessus du seuil d'eondrement de la cohérence du laser (représenté sur la Fig. 4.15(a) par une droite verticale noire) et ce jusqu'à +0,9 dB. Sur la Fig. 4.15(b), la variation de la pénalité à 10−10 correspondant à la diérence, pour un taux de retour optique donné, de

pénalité entre le back-to-back et la transmission est maintenant reportée. Ainsi, les eets du bruit de phase et du chirp peuvent être mis clairement en évidence. Rappelons que le chirp, qui correspond aux modulations de fréquence couplées aux variations d'amplitude, constitue un obstacle considérable pour les mesures de transmission [11]. Lors de la propagation, le

4.7. Analyse des résultats de transmission ! " # ! " " ##

Fig. 4.15  Origine de la dégradation de la pénalité en transmission : inuences respectives des bruits de phase et d'intensité

bruit de phase et le chirp sont convertis ensuite en bruit d'intensité dans la bre. Bien qu'une augmentation de la pénalité soit de nouveau observée au-dessus du seuil d'eondrement de la cohérence du laser (de nouveau représenté sur la Fig. 4.15(b) par une droite verticale noire), la Fig. 4.15(b) met en exergue une pénalité additionnelle dont la valeur maximale n'excède pas +0,5 dB pour le taux de retour optique maximum. Cette décomposition simple de la Fig. 4.14 permet de comprendre et de montrer que la dégradation de la pénalité en présence de réalimentation optique externe est principalement attribuée au bruit d'intensité (mesuré en back-to-back) et non au bruit de phase. Les conclusions théoriques avancées par Clarke sont bien conrmées par l'expérience. Pour conclure, sur la Fig. 4.16, les diagrammes de l'oeil (correspondant au laser dont les transmissions sont représentées sur la Fig. 4.13) enregistrés à diérents niveaux de retour optique sont reportés ((a) RL = -50 dB, (b) RL = -25 dB, (c) RL = -15 dB et (d) RL = -8 dB). Comme on peut le constater, la forme générale de l'oeil ne change pas. En revanche, lorsque le taux de retour optique augmente, le bruit d'intensité provoque un élargissement du diagramme de l'oeil. Expérimentalement, cette variation se traduit directement par une augmentation de la pénalité en transmission. Lorsque l'élargis- sement devient trop important, des points apparaissent au centre de l'oeil conduisant alors systématiquement à un plancher en transmission.