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Pékin et Washington à l’épreuve du nucléaire nord-coréen : malgré la menace, des stratégies divergentes

Ayant déterminé les caractéristiques historico-politiques et stratégiques de la Corée du Nord, ainsi qu’évoqué les spécificités géopolitiques et géostratégiques de la rivalité sino-américaine en Asie

II) Le risque nucléaire nord-coréen et son impact sur la rivalité sino-américaine L’aspect de la politique nord-coréenne qui a le plus d’impact sur la rivalité sino-américaine reste bien

1) Pékin et Washington à l’épreuve du nucléaire nord-coréen : malgré la menace, des stratégies divergentes

Le programme nucléaire nord-coréen a la particularité intéressante d’avoir la capacité d’influencer positivement ou négativement la rivalité sino-américaine en Asie orientale. Les deux pays étant opposés à la poursuite des velléités nucléaires de Pyongyang, il existe la possibilité d’une entente qui pourrait rapprocher les deux rivaux dans la recherche d’un but commun. Toutefois, les approches mises en place pour atteindre cet objectif diffèrent parfois grandement, et Pékin comme Washington ont une vision bien spécifique de cette dénucléarisation, qui doit se faire en accord avec les intérêts stratégiques de chacun. Un objectif difficile à réaliser, sachant que la dénucléarisation n’est pas le seul facteur déterminant d’une rivalité sino-américaine de plus en plus apparente.

a) Les implications sécuritaires du nucléaire nord-coréen dans la rivalité sino-américaine

Du programme nucléaire nord-coréen découlent de nombreuses implications sécuritaires en Asie orientale, et même au-delà, aussi bien pour la Chine que pour les Etats-Unis, et notamment dans le cadre de leur rivalité. Même si Pékin n’est pas directement visé par les provocations nucléaires nord-coréennes, la menace nucléaire que fait peser Pyongyang sur la région dessert les intérêts géostratégiques chinois face aux Américains. Comme évoqué précédemment, l’attitude et les provocations de la Corée du Nord permettent de justifier la présence américaine en Extrême-Orient, et entrainent des conséquences néfastes sur la sécurité du territoire chinois. En effet, face à cette menace nord-coréenne, les Etats-Unis renforcent leurs liens sécuritaires avec la Corée du Sud et le Japon, qui dépendent du “parapluie nucléaire” américain pour assurer leur protection, au grand dam de la Chine. L’installation de batteries anti-missile américaines sur les territoires japonais et sud-coréen amoindrissent de facto la puissance chinoise, comme l’explique le politologue chinois Zhu Feng : “Ce système [anti-missile] américain a des implications évidentes pour le

second corps d’artillerie [division de l’APL en charge des missiles chinois] car un système de défense anti- missile opérationnel limiterait la valeur des armes nucléaires chinoises et pourrait éventuellement forcer la Chine à changer de stratégie nucléaire. […] La Chine, et l’APL en particulier, est fermement opposée au développement d’un système de défense anti-missile dans son arrière-cour. Pourtant, les actions de la Corée du Nord légitiment cette initiative américaine” . A ce sujet, Jeffrey Bader, ancien directeur de la section 240

ZHU Feng, “North Korea’s security implications for China”, op. cit., p. 52

Extrême-Orient du Conseil de Sécurité Nationale des Etats-Unis lors du premier mandat mandat de Barack Obama écrivait : “Bien que ces moyens de défense anti-missile ne visent pas à nuire à la modeste force de

dissuasion nucléaire chinoise, ils auront inévitablement un effet à cet égard” . La Corée du Sud utiliserait 241 également des drones furtifs de fabrication américaine pour surveiller la Corée du Nord, mais ceux-ci pourraient facilement être utilisés de l’autre côté du Yalu, et peuvent donc également affecter la sécurité chinoise et son intégrité territoriale . De plus, les exercices militaires conjoints effectués entre les Etats-242 Unis et la Corée du Sud ou le Japon sont vus par la RPC comme une menace à sa sécurité. Les Etats-Unis, par ces exercices conjoints, ont également la volonté claire de montrer à la Chine que leur soutien à Pyongyang a un coût sécuritaire élevé, comme le démontre ce commentaire de l’ancien Secrétaire d’Etat- adjoint américain James Steinberg : “La Chine subit l’outrage d’exercices militaires près de ses côtes, et bien

que ceux-ci ne soient pas dirigés contre la Chine, ils sont le résultat direct du soutien de la Chine à la Corée du Nord et de sa réticence à dénoncer les provocations nord-coréennes” . Ce commentaire 243 particulièrement virulent a été fait après la non-dénonciation par la Chine de l’attaque nord-coréenne sur le navire sud-coréen Cheonan en 2010, à un moment où les tensions avec Pyongyang étaient très élevées, toutefois, cette déclaration montre bien ce que pensent les Etats-Unis du soutien de Pékin à Pyongyang, et en même temps illustre de manière sous-jacente l’avantage stratégique sur la Chine que représente la Corée du Nord pour les Etats-Unis. Une autre implication sécuritaire non négligeable du nucléaire nord-coréen est le risque de prolifération nucléaire vers le Japon et la Corée du Sud, qui pourraient vouloir se doter d’armes nucléaires pour faire face à Pyongyang. Il est improbable que le gouvernement chinois tolère que le Japon possède une telle arme au vu des différends qui les opposent, notamment autour des îles Senkaku/Diaoyu, et verrait certainement une telle initiative comme une menace à sa sécurité, voire une provocation directe. De plus, si la Chine ne désire pas une réunification de la péninsule coréenne par le Sud, outre du fait de l’alliance de Séoul avec Washington, c’est aussi possiblement car Pékin craint que la Corée du Sud hérite des armes nucléaires nord-coréennes en cas de réunification. Pour l’instant toutefois, il semble que Séoul et Tokyo se contentent du “parapluie nucléaire” américain pour assurer leur sécurité, et l’idée d’une prolifération nucléaire en Asie du Nord-Est semble improbable à court terme. Néanmoins, le problème nucléaire nord-coréen a un impact sécuritaire sur la rivalité sino-américaine même au delà de l’Asie du Nord-Est. En effet, la prolifération de technologie nucléaire nord-coréenne vers des régimes dits “voyous”, comme l’Iran, nuit autant à Pékin qu’à Washington. “Le soutien direct apporté par la Corée du Nord aux

efforts faits par l’Iran pour obtenir l’arme nucléaire a directement favorisé une instabilité régionale au Moyen-Orient qui nuit aux intérêts chinois. Ces coûts indirects [du soutien de Pékin à Pyongyang] comprennent notamment une relation dégradée à l’ONU entre les Etats-Unis et la Chine au sujet des sanctions à mettre en place sur l’Iran et une augmentation des prix du pétrole pour les consommateurs chinois” . Ajouté à cela, Pékin craint de voir la technologie nucléaire se répandre dans des pays musulmans 244 défavorables à la Chine, notamment du fait de son traitement de la minorité ouïghoure au Xinjiang, et tomber aux mains de groupes terroristes soutenant les velléités indépendantistes de certains groupes au sein même de

BADER Jeffrey, Obama and China’s rise, Washington, Brookings Institution Press, 2012, p. 38

241

WOLF Jim, “US moves to sell advanced spy drones to South Korea”, Reuters, 25 décembre 2012

242

GERTZ Bill, “New details point to sinking by North Korean torpedo”, The Washington Times, 29 juillet 2010

243

ZHU Feng, “North Korea’s security implications for China”, op. cit., p. 53

la Chine. Bien entendu, cette menace qui lie terrorisme et prolifération nucléaire concerne tout autant la Chine que les Etats-Unis, ces derniers étant une cible privilégiée du terrorisme islamiste. Les Etats-Unis, quant à eux, sont directement menacés par le programme nucléaire nord-coréen, si l’on en croit la rhétorique du régime de Pyongyang. Les implications sécuritaires pour les Américains sont donc relativement claires : même s’il est faible, il existe un risque d’attaque nucléaire sur le territoire des Etats-Unis et un risque d’attaque sur ses alliés japonais et sud-coréen, aux conséquences évidemment désastreuses. En définitive, c’est plutôt le risque de déstabilisation d’une région cruciale pour ses intérêts économiques qui inquiète les Etats-Unis à court terme. Les implications sécuritaires du programme nucléaire nord-coréen sont donc multiples et préoccupantes, autant pour la Chine que les Etats-Unis. Il apparaît évident que le soutien de Pékin à une Corée du Nord nucléarisée a un coût sécuritaire important pour la Chine, presque autant que pour les Etats-Unis, qui eux sont directement visés par les menaces nucléaires nord-coréennes. Les deux rivaux ont donc un objectif commun : la dénucléarisation du pays. Qu’est-ce qui empêche les deux premières puissances mondiales de trouver un terrain d’entente ? Et comment expliquer leur échec face à un petit pays parmi les plus pauvres de la planète ?

b) Pourquoi la dénucléarisation n’est pas un terrain d’entente entre la Chine et les Etats-Unis

Le programme nucléaire nord-coréen, de par ses implications sécuritaires inquiétantes et le risque d’instabilité qu’il fait peser, dessert à la fois les intérêts américains et chinois, et de surcroît affecte leur relation. On pourrait donc penser que les deux rivaux trouveraient un terrain d’entente à ce sujet, et parviendraient à atteindre une dénucléarisation de la Corée du Nord. La réalité est plus complexe. Certes, Washington et Pékin désirent officiellement la dénucléarisation du pays et la stabilité en Asie orientale, notamment pour maintenir et développer leurs intérêts économiques, et les deux pays sont même en phase au niveau des sanctions à appliquer à l’encontre de la Corée du Nord, puisque la Chine et les Etats-Unis ont voté favorablement pour toutes les nouvelles sanctions prises au sein du CSNU depuis 1993. Toutefois, il est possible d’argumenter que, outre l’attitude et les objectifs de Pyongyang, c’est le fait même que Pékin et Washington se considèrent comme des rivaux qui empêche d’arriver à une dénucléarisation de la Corée du Nord. Les deux pays considèrent que la menace que représente l’autre est plus dangereuse que celle que représente Pyongyang. La mentalité de rivalité qui affecte aujourd’hui la Chine et les Etats-Unis limite grandement la confiance mutuelle qu’ils s’accordent et surpasse la crainte de la menace nord-coréenne. Une menace qui peut en réalité être utilisée par chacun comme un atout pour tenter d’obtenir un avantage significatif dans la rivalité qui les opposent (Etat-tampon contre prétexte utile). La Chine comme les Etats- Unis désire la dénucléarisation de la Corée du Nord, mais en réalité ne la désire pas de la même façon, et c’est d’abord un problème de sémantique, qui trahit un objectif stratégique. Les Etats-Unis désirent une dénucléarisation de la Corée du Nord alors que la Chine désire une dénucléarisation de la péninsule coréenne. La nuance est subtile, mais la vision chinoise implique que les Etats-Unis retirent tout armement nucléaire ou de défense anti-missile de la Corée du Sud, ce que les Etats-Unis ne désirent pas faire. Selon Ba Dianjun, professeur au département d’économie internationale de l’université du Jilin : “Pour mettre un

terme aux hostilités et apaiser définitivement la situation coréenne, il faudrait arrêter les exercices conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, retirer les systèmes THAAD du pays, mais aussi les bases militaires des Américains en Corée et calmer le jeu dans leur alliance militaire avec Séoul. Mais toutes ces propositions pourraient changer radicalement le rapport de force en Asie du Nord-Est et les Etats-Unis ne

les accepteraient pas. Et en ne faisant que contourner tous ces problèmes, la confiance mutuelle restera difficile à établir” . C’est aussi la vision de Pyongyang, qui comme garantie de sécurité, condition à son 245 désarmement nucléaire, veut un retrait de la présence américaine de Corée du Sud, ou en tout cas l’assurance que des missiles ou des systèmes de défense anti-missile ne soient plus installés au Sud. La Chine, qui a tout intérêt à un retrait des Américains de Corée et veut limiter leur influence dans la région, considère les Etats- Unis comme principaux responsables de l’impasse sur la situation nord-coréenne. Selon Zhang Huizhi directrice du département de recherche sur la Corée du Nord et la Corée du Sud à l’université du Jilin : “Les

Etats-Unis et la Corée du Nord comprennent la dénucléarisation de façon différente : les Etats-Unis entendent par ce terme seulement la dénucléarisation de la Corée du Nord et l’arrêt de son programme nucléaire, alors que Pyongyang considère la dénucléarisation comme étant celle de la totalité de la péninsule, comprenant donc aussi les installations américaines en Corée du Sud. Les Etats-Unis et la Corée du Nord désirent chacun que l’autre renonce à son intérêt, et c’est pour cela que nous sommes actuellement dans une impasse. […] La dénucléarisation déterminera le futur de la Corée du Nord, alors qu’elle impacte finalement peu les Etats-Unis. Washington désire donc voir le problème demeurer dans le but de justifier sa présence militaire en Asie” . Les analystes chinois considèrent que la dénucléarisation est un processus 246 long et certains préconisent de ne pas commencer tout de suite par demander une dénucléarisation complète. Pour Piao Yingai, professeur au département d’économie internationale de l’université du Jilin, “la Corée du

Nord a déjà fait le premier pas, il vaut mieux lui donner une réponse positive pour créer de la confiance. Il ne faut pas toujours mettre l’accent sur les sanctions mais parfois encourager la Corée du Nord, et pour cela le rôle de la Chine et de la Russie est donc très important. Cette réponse positive à la Corée du Nord fait contrepoids à la position plus sévère des Etats-Unis. Il faut d’abord trouver de nouveaux secteurs de coopération avec Pyongyang. Séoul et Washington commencent par le plus difficile [la dénucléarisation] alors qu’ils devraient commencer par le plus facile, par exemple des petits projets de coopération sur des secteurs non-sensibles, puis étendre ces projets au fur et à mesure. Le processus doit être progressif et monter en puissance, et non l’inverse. Le développement économique serait un premier pas, qui permettrait de montrer à Pyongyang les bénéfices obtenus et de faciliter une ouverture progressive, pour arriver in fine a la dénucléarisation” . De leur côté, les Etats-Unis tiennent aussi la Chine pour responsable du maintien du 247 programme nucléaire nord-coréen, les ayant accusés par le passé de ne pas mettre en oeuvre de façon assez sérieuse les sanctions. “Les mesures punitives prises par la Chine ont été quelque peu restreintes. Bien

qu’elle a soutenu les résolutions du CSNU, la Chine les a parfois bloquées jusqu’à ce qu’elles soient atténuées. De plus, plusieurs décideurs et experts occidentaux doutent de l’engagement réel de la Chine à appliquer les restrictions commerciales, même limitées, et l’ont parfois même accusée de contourner les sanctions” . Les deux pays s’accusent donc mutuellement d’être au moins partiellement responsables du 248 problème nucléaire nord-coréen et de l’impasse qu’il représente, ce qui rend une réponse concertée sur la dénucléarisation d’autant plus compliquée. Les considérations stratégiques de la rivalité sino-américaine prennent donc le pas sur la volonté de dénucléariser la Corée du Nord. En bref, une dénucléarisation (sans

Propos recueillis par l’auteur Damien Corneloup le 30 mai 2019 lors d’un colloque sur la situation coréenne à l’université du Jilin,

245 à Changchun, Chine. Ibid. 246 Ibid. 247

ALBERT Eleanor, “The China North-Korea Relationship”, Council on Foreign Relations, 25 juin 2019

garanties solides) de la Corée du Nord seule donnerait un avantage aux Américains, et la Chine craindrait une réunification par la Corée du Sud et la présence de soldats américains à ses frontières. A l’inverse, une dénucléarisation de la totalité de la péninsule donnerait un avantage à la Chine et ferait perdre aux Etats-Unis le “pied stratégique continental” en Asie du Nord-Est que représente leur présence en Corée du Sud. Tant 249 que les deux rivaux ne se seront pas mis d’accord sur les modalités de la dénucléarisation, la peur qu’ils s’inspirent mutuellement poussera la Chine à garder la Corée du Nord “en vie” et les Etats-Unis à maintenir, voire accentuer, leur présence militaire en Corée du Sud. Arriver à une entente sur le sujet paraît aujourd’hui difficile, surtout dans le contexte d’une opposition de plus en plus forte entre Pékin et Washington, et dont le problème nucléaire nord-coréen n’est pas le seul facteur déterminant.

c) Le problème nucléaire nord-coréen : une importance relative dans une rivalité sino-américaine plus globale ?

La difficulté pour les Etats-Unis et la Chine à trouver un terrain d’entente sur la dénucléarisation nord- coréenne n’est donc pas seulement due à l’attitude de Pyongyang et à son importance stratégique pour Pékin et Washington, mais est également due au fait que la rivalité entre les deux pays dépasse de loin le seul problème nord-coréen. En effet, il convient de remettre la situation coréenne dans le contexte d’une rivalité plus globale entre la Chine et les Etats-Unis, et qui touche de nombreux domaines. Les deux superpuissances sont en compétition pour une domination économique d’abord, dont la “guerre commerciale” qui les oppose aujourd’hui est un exemple parlant. Elles sont aussi en compétition pour une domination militaire, pour l’instant plutôt limitée à l’Asie orientale, mais il n’est pas exclu que cette rivalité militaire s’étende au-delà des frontières de l’Asie dans les années à venir, à mesure que les capacités militaires de projection de la Chine s’améliorent. De plus, la Corée n’est pas le seul point d’achoppement dans la région, sachant que la situation sécuritaire est également très tendue entre les Chinois et les Américains, notamment en mer de Chine méridionale et en mer de Chine orientale du fait des revendications territoriales insulaires. La Chine et les Etats-Unis, de par leurs perceptions mutuelles de rivalité et de méfiance, résultant de cette opposition protéiforme qui les animent, peinent à trouver des terrains d’ententes, l’un se retrouvant invariablement suspicieux des agissements de l’autre. C’est donc aussi ce contexte de rivalité multiple qui, indirectement, affecte les prises de décisions, entraîne un manque de décisions concertées, et fait apparaître des visions divergentes au sujet du programme nucléaire nord-coréen. Si le problème nord-coréen affecte bien la rivalité sino-américaine hors de l’Asie du Nord-Est, en retour, la rivalité elle-même nuit aussi à la résolution de ce problème, dans une sorte d’interconnectivité néfaste. Cela dit, quelle est donc l’importance de cette situation coréenne dans la rivalité sino-américaine ? En est-elle un facteur déterminant ? Il est possible d’argumenter que la situation est aujourd’hui davantage tendue dans les mers de Chine qu’autour de la péninsule coréenne. Les multiples accrochages autour des îles disputées, qui parfois peuvent amener à un face à face direct entre des navires chinois et des navires américains, et l’importance stratégique de ces espaces maritimes (ressources naturelles et passage commercial), semblent révéler une situation plus crispée qu’autour du problème nord-coréen. Surtout à partir de la détente Trump-Kim de 2018, depuis laquelle aucun essai nucléaire ni aucun essai de missile balistique intercontinentale n’a été effectué. Le problème autour de la souveraineté de Taïwan, que la Chine désire récupérer et que les Etats-Unis continuent à soutenir

En effet, la Corée du Sud est le seul pays d’Asie du Nord-Est où les Etats-Unis possèdent une présence militaire sur le continent,

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militairement, peut aussi constituer un risque majeur dans un conflit sino-américain, tout autant que la Corée du Nord. La “guerre commerciale” qui fait rage entre Pékin et Washington semble également être à ce jour un facteur déterminant dans la rivalité sino-américaine, et celle-ci implique même indirectement la Corée du Nord. Dans un tweet de 2017, Donald Trump avait demandé au président Xi

Jinping d’utiliser le levier d’influence que la Chine pouvait avoir sur Pyongyang pour régler le problème