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3. La méthode distinctive

3.4. Outils

Les outils de cette méthode permettent de représenter les différents sons de la langue.

3.4.1. Les voyelles

A chaque son vocalique est associée une carte de couleur. Ces cartes se différencient par - Leur couleur : Les sons vocaliques très différents sont représentés par des couleurs

opposées, tandis que les voyelles intermédiaires sont représentées par des couleurs sériées.

- Leur place par rapport aux autres : Ces cartes se placent les unes par rapport aux autres sur le bureau, de façon à symboliser le trapèze vocalique. Cette représentation particulière permet de mettre en avant les caractéristiques articulatoires propres à chaque voyelle. En effet, plus la carte est à gauche du triangle plus la voyelle est étirée, et plus la carte est située en bas, plus la voyelle correspondante est ouverte.

- Leur forme : Les voyelles orales sont symbolisées par des cartes rectangulaires, les voyelles nasales par des cartes rondes et les diphtongues par des cartes triangulaires.

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3.4.1.1. Les voyelles orales

La figure 2 présente le trapèze vocalique, comportant les voyelles orales.

A l’extérieur de ce triangle a été rajoutée une carte correspondant à la voyelle [wa], en raison de sa fréquence dans la langue française.

Figure 2: Trapèze vocalique

3.4.1.2. Les voyelles nasales

Elles sont symbolisées par des cartes rondes. Pour la plupart de ces cartes, la couleur ne prend pas en compte les aspects phonétiques, mais les aspects orthographiques. Pour chaque phonème vocalique nasal, la couleur de la carte est choisie en fonction de la couleur de la voyelle qu’on associe à la lettre « n » pour former le graphème correspondant.

Lorsque plusieurs graphies peuvent correspondre à la voyelle nasale (comme c’est le cas pour les sons [ɑ̃] et [ɛ̃]), on dissocie le travail à l’oral du travail à l’écrit. Si on travaille uniquement à l’oral, on présente une carte bicolore. Si on travaille à l’écrit, on utilise la carte correspondant à la voyelle utilisée dans le mot qu’on souhaite écrire.

Le tableau 2 présente les cartes correspondant aux phonèmes nasaux. Tableau 2: Voyelles nasales

Voyelles nasales ne correspondant qu’à une seule graphie Voyelles nasales ayant deux graphies correspondantes : travail à l’oral. Voyelles nasales ayant deux graphies correspondantes : travail à l’écrit

Pour [œ̃] car ce son s’écrit « un »

Pour [ɔ̃] car ce son s’écrit « on »

Pour [wɛ̃] car ce son s’écrit « oin »

[ɛ̃], qui peut s’écrire « in », « ein » ou « ain » Pour « an »

Pour « ein » ou « ain »

Pour « in » Pour « en » [ɑ̃], qui peut s’écrire « an » ou « en »

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3.4.1.3. Les semi-voyelles

La semi-voyelle [j] est représentée par une carte triangulaire jaune. La semi-voyelle [w] suivie de la voyelle [a] est intégrée aux voyelles orales du fait de sa fréquence. Néanmoins, cette semi-voyelle n’est pas représentée de façon isolée par les outils de la méthode distinctive. De même, le [ɥ] n’a pas de carte spécifique, du fait de sa rareté.

3.4.1.4. Ordre de présentation des voyelles

Les outils ne sont pas nécessairement tous présentés au patient. En effet, il est possible de n’en présenter que quelques-uns, de façon à cibler les difficultés précises du patient.

Cependant, lorsque tout le système langagier est à réorganiser, les phonèmes vocaliques peuvent être présentés dans l’ordre décrit ci-dessous.

On commence par les voyelles se situant aux extrémités du trapèze vocalique : le [a], le [i] et le [u]. Lorsque le patient maîtrise ces voyelles, on peut introduire les autres en enchaînant les voyelles « extrêmes », ce qui provoque l’articulation de la voyelle intermédiaire.

Par exemple, quand on enchaîne [i] et [u], on passe par le [y], lorsqu’on enchaîne [i] et [a] on passe par le [e]… Ainsi, les patients peuvent percevoir les autres voyelles, ce qui permet de compléter le trapèze vocalique.

De plus, à chaque fois que le patient ne produit pas la voyelle adéquate, on lui propose la carte correspondant à la voyelle qu’il a produite, pour soutenir, par l’opposition des couleurs l’opposition des sons.

3.4.2. Les consonnes

3.4.2.1. Symbolisation

Les consonnes sont représentées par des gestes et des symboles, dont les caractéristiques sont de représenter les traits articulatoires de la consonne, ainsi que d’évoquer les caractéristiques du graphème correspondant. Elles sont en général présentées par séries, soit en les regroupant par leur point d’articulation (présentation [p,b,m] par exemple), soit par leur mode d’articulation (présentation [p,t,k] par exemple).

Chaque symbole rappelle le geste, chaque geste le symbole.

L’association entre le geste et le symbole permet de mettre en jeu à la fois la mémoire kinesthésique et la mémoire visuelle, pour stabiliser les représentations du patient.

Le tableau 3 résume les caractéristiques des gestes en fonction des traits articulatoires des consonnes.

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Tableau 3 : symbolisation des consonnes

Traits

articulatoires Représentation gestuelle Exemples de correspondance geste/symbole/graphie

Le mode d’articulation

Les constrictives sont effectuées avec deux doigts, ce qui symbolise le passage de l’air.

Ex : Le phonème [f], constrictif

Les occlusives sont symbolisées par la main entière, pour montrer la fermeture.

Ex : Le phonème [p], occlusif

Le point

d’articulation Il est symbolisé par la position de la main Pour le phonème [p], présenté ci-dessus, le geste s’effectue au niveau des lèvres, symbolisant l’aspect bilabial du phonème.

Le voisement

Le voisement est symbolisé par la détente de la main

Ex : Le phonème [d], sonore

L’assourdissement est au contraire symbolisé par la

crispation

Ex : Le phonème [t], sourd

La nasalité Le geste se fait à la hauteur du nez.

Ex : Le phonème [n], nasal

La palatalisation

Le geste montre un

« écrasement » des doigts dans la

paume de l’autre main.

Ex : Le phonème [ɲ]

Les consonnes

liquides

Le [r] et le [l] sont représentés par les aspects les plus évidents de leur articulation.

Ex : Le phonème [l]

L’index et le majeur partent du nez, et viennent frôler la main gauche, tendue et verticale

Les deux doigts contre la paume de la main opposée forment les deux pattes du « n » Le geste représente l’apex de la langue, qui monte au contact du palais Le crayon monte lui aussi pour former un « l »

La main droite est détendue, et forme une bulle. Elle vient se coller contre la main gauche.

La main gauche part des lèvres fermées, et vient frapper dans la main droite, tendue

Le geste représente également la graphie de la lettre : la main gauche descend, puis rebondit, comme le crayon.

L’index et le majeur frottent de haut en bas sur les lèvres.

La graphie peut s’inscrire entre les deux doigts, ou entre les deux barres du symbole

Le geste rappelle la forme du « d »

Les deux mains sont tendues, verticales, et frappent l’une dans l’autre

L’index de la main droite se plie, pour former la barre du « t »

Le geste commence comme celui du [n], et se termine en tournant les doigts pliés contre la main opposée, symbolisant par-là la palatalisation. Le symbole représente quant à lui la graphie « gn », par un crochet ajouté au symbole correspondant au [n].

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