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Orthogonalité, noyau et rang

Dans le document 11.1 Formes linéaires (Page 33-43)

 1 0 0

0 a 0

0 0 1 +a2

où :

P =

 1 −1 −1

0 1 1

0 0 1

11.6 Orthogonalité, noyau et rang

Pour ce paragraphe, ϕest une forme bilinéaire symétrique sur un espace vectoriel E etq la forme quadratique associée.

Définition 11.11 On dit que deux vecteurs x, y de E sont orthogonaux relativement à ϕ si ϕ(x, y) = 0.

Exemple 11.6 Sur R2 ou R3 le produit scalaire usuel :

(x, y)7→x·y=x1y1+x2y2 ou (x, y)7→x·y=x1y1 +x2y2+x3y3

définit une forme bilinéaire symétrique et la définition de l’orthogonalité correspond bien à celle étudiée au Lycée.

Définition 11.12 Si X est une partie non vide E, l’orthogonal de X relativement à ϕ est le sous-ensemble de E formé des vecteurs orthogonaux à tous les vecteurs de X.

L’orthogonal d’une partie non vide X deE est notée X et on a : X ={y∈E | ∀x∈X, ϕ(x, y) = 0}. Exemple 11.7 Pour X ={0}, on a X =E.

Les propriétés suivantes se déduisent immédiatement de la définition.

Théorème 11.15 Soient X, Y deux parties non vide de E.

1. X est un sous-espace vectoriel de E.

2. X ¡ X¢

.

3. Si X ⊂Y, alors Y ⊂X.

Comme, pour toute partie non videXdeE, Xest un sous-espace vectoriel deE,l’inclusion X ¡

X¢

sera stricte pourX non sous-espace vectoriel.

Pour le produit scalaire usuel sur E = R2, on a E = {0}. En effet si y E, il est en particulier orthogonal à lui même, donc y·y=y12+y22 = 0 ety1 =y2 = 0,soit y= 0.

Mais de manière général un vecteur peut être orthogonal à lui même sans être nécessairement nul.

Considérons par exemple la forme bilinéaire symétrique ϕdéfinie sur R2 par : ϕ(x, y) =x1y1−x2y2

Un vecteur x est orthogonal à lui même si, et seulement si, x21 −x22 = 0, ce qui équivaut à x2 =±x1.

Définition 11.13 On dit qu’un vecteur xdeE est isotrope relativement àϕs’il est orthogonal à lui même.

Définition 11.14 L’ensemble des vecteurs isotropes deE,relativement àϕ,est le cône isotrope de ϕ.

Le cône isotrope de ϕest donc le sous-ensemble de E :

Cϕ ={x∈E |q(x) = ϕ(x, x) = 0}.

On dit aussi que Cϕ est le cône isotrope de la forme quadratique q et on le note alorsCq ou q−1{0}.

Définition 11.15 Le noyau de ϕ est l’orthogonal de E.

En notant ker (ϕ)le noyau de ϕ, on a :

ker (ϕ) = E ={y∈E | ∀x∈E, ϕ(x, y) = 0}

et ce noyau est un sous-espace vectoriel de E.

On dit aussi que ker (ϕ) est le noyau de la forme quadratique q et on le note alorsker (q). Lemme 11.1 Le noyau de ϕ est contenu dans son cône isotrope, soit :

ker (ϕ)⊂Cϕ.

Démonstration. Si x ker (ϕ), il est orthogonal à tout vecteur de E et en particulier à lui même, ce qui signifie qu’il est dans le cône isotrope de ϕ.

Exercice 11.24 Déterminer le noyau et le cône isotrope de la forme bilinéaire symétrique ϕ définie sur R3 par :

ϕ(x, y) =x1y1+x2y2−x3y3

Solution 11.24 Dire que y est dans le noyau de ϕ signifie que ϕ(x, y) = 0 pour tout vecteur x de R3, ce qui équivaut à ϕ(ei, y) = 0 pour chacun des vecteurs de base canonique e1, e2, e3. Le noyau de ϕ est donc l’ensemble des solutions du système linéaire :



ϕ(e1, y) = y1 = 0 ϕ(e2, y) = y2 = 0 ϕ(e3, y) = −y3 = 0 soit :

ker (ϕ) ={0}.

Le cône isotrope de ϕ est formé des vecteurs x tels que x21 +x22 −x23 = 0, et on reconnaît là l’équation d’un cône de R3 (figure 11.1).

Exercice 11.25 Déterminer le noyau et le cône isotrope de la forme bilinéaire symétrique ϕ définie sur R3 par :

ϕ(x, y) =x1y1−x3y3

Fig. 11.1 – Cône : x21+x22−x23 = 0

Solution 11.25 Dire que y est dans le noyau de ϕ signifie que ϕ(x, y) = 0 pour tout vecteur x de R3, ce qui équivaut à ϕ(ei, y) = 0 pour chacun des vecteurs de base canonique e1, e2, e3. Le noyau de ϕ est donc l’ensemble des solutions du système linéaire :



ϕ(e1, y) = y1 = 0 ϕ(e2, y) = 0 = 0 ϕ(e3, y) = −y3 = 0 soit :

ker (ϕ) =



y=

 0 y2 0

|y2 R



c’est donc la droite vectorielle dirigée par e2.

Le cône isotrope de ϕest formé des vecteurs x tels que x21−x23 = 0, soit :

Cϕ =



x=

x1 x2 x1

|(x1, x2)R2





x=

x1 x2

−x1

|(x1, x2)R2



et il contient bien le noyau. Ce cône isotrope est la réunion de deux plans.

Exercice 11.26 Soient F, G deux sous-espaces vectoriels de E. Montrer que : (F +G)=F∩G et (F ∩G) ⊃F+G

Solution 11.26 Si x (F +G), on a alors ϕ(x, y+z) = 0 pour tous vecteurs y F et z ∈G et en particulier :

½ ∀y∈F, ϕ(x, y) = ϕ(x, y+ 0) = 0

∀z∈G, ϕ(x, z) = ϕ(x,0 +z) = 0 ce qui nous dit que x∈F∩G.

Réciproquement si x∈F∩G, on a alors ϕ(x, y) =ϕ(x, z) = 0 pour tous vecteurs y∈F et z ∈G et conséquenceϕ(x, y+z) = 0 pour ces vecteursy, z, ce qui nous dit que x∈(F +G). Si x=u+v ∈F+G avec u∈F et v ∈G, on a alors pour tout y∈F ∩G :

ϕ(x, y) =ϕ(u, y) +ϕ(v, y) = 0 et x∈(F ∩G).

L’égalité (F ∩G) = F +G n’est pas assurée en général. Par exemple pour F, G supplé-mentaires dans E, on a F ∩G = {0} et (F ∩G) = {0} = E n’est en général pas égal à F+G.

Dans le cas où E est de dimension finie, en désignant par A la matrice de ϕdans une base B et ul’endomorphisme de E ayantA pour matrice dans cette base, le noyau de ϕest égal au noyau de u.

Théorème 11.16 Soient E un espace vectoriel de dimension n, B= (ei)1≤i≤n une base de E, A la matrice de la forme bilinéaire ϕ dans la base B et u l’endomorphisme de E de matrice A dans la base B. On a alors :

ker (ϕ) = ker (u).

Démonstration. Un vecteur x est dans le noyau de ϕ si, et seulement si, il est orthogonal à tout vecteur de E, ce qui équivaut à dire du fait de la linéarité à droite de ϕ que x est orthogonal à chacun des vecteurs de la base B,soit :

x∈ker (ϕ)(∀i∈ {1,2,· · ·, n}, ϕ(x, ei) = 0)

ce qui revient à dire les coordonnéesx1, x2,· · · , xndexdans la baseBsont solutions du système linéaire de n équations à n inconnues :

ϕ Ã n

X

j=1

xjej, ei

!

= Xn

j=1

xjϕ(ej, ei) = Xn

j=1

ϕ(ei, ej)xj = 0 (1≤i≤n)

Ce système s’écrit AX = 0 oùA= ((ϕ(ei, ej)))1≤i,j≤nA est la matrice de ϕdans B etX le vecteur colonne formé des composantes dexdans cette base. Ce système est encore équivalent à u(x) = 0,oùul’endomorphisme deEde matriceAdansB,ce qui revient à dire quex∈ker (u). On retiendra qu’en dimension finie, le noyau deϕse calcule en résolvant le systèmeAX = 0, en utilisant les notations du théorème précédent.

Ce résultat peut aussi se montrer comme suit. Dire que x ker (ϕ) équivaut à dire que ϕ(y, x) = 0 pour tout y E, soit à tY AX = 0 pour tout Y Kn et prenant Y =AX, on a

t(AX)AX = 0. Mais pour Z Kn, on a tZZ = Pn

i=1

zi2 et tZZ = 0 équivaut à Z = 0. Donc AX = 0 pourx∈ker (ϕ).La réciproque est évidente.

Définition 11.16 On dit que la forme bilinéaire symétrique ϕ (ou de manière équivalente la forme quadratique q) est non dégénérée si son noyau est réduit à {0}.

Du théorème précédent, on déduit qu’en dimension finie, une forme bilinéaire symétrique est non dégénérée si, et seulement si, sa matrice dans une quelconque base de E est inversible, ce qui équivaut à dire que son déterminant est non nul.

Comme pour les applications linéaires, on peut définir le rang d’une forme quadratique à partir de la dimension de son noyau.

Définition 11.17 Si E est de dimension finie égale à n, le rang de ϕ (ou de q) est l’entier : rg (q) = n−dim (ker (q)).

Du théorème précédent, on déduit qu’en dimension finie le rang d’une forme quadratique est égal à celui de sa matrice dans une quelconque base.

Exercice 11.27 On note B= (ei)1≤i≤n la base canonique de Rn et on désigne par q la forme quadratique définie dans cette base par :

q(x) = Xn

i=1

x2i + X

1≤i<j≤n

xixj.

1. Déterminer la matrice de q dans la base B.

2. Déterminer le noyau et le rang de q.

3. On suppose que n= 2.

(a) Effectuer la décomposition en carrés de Gauss de q.

(b) En déduire une base q-orthogonale de R2. (c) Écrire la matrice de q dans cette base.

4. On suppose que n= 3.

(a) Effectuer la décomposition en carrés de Gauss de q.

(b) En déduire une base q-orthogonale de R2. (c) Écrire la matrice de q dans cette base.

5. On suppose que n≥4 et on note f1 =e1.

(a) Déterminer l’orthogonal relativement à q de e1. On notera H cet orthogonal.

(b) Pour tout j compris entre 2 et n, on note fj =e1+· · ·+ej−1−jej. Montrer que (fj)2≤j≤n est une base de H.

(c) Calculer Afj pour tout j compris entre 2 et n.

(d) Montrer que B0 = (fj)1≤j≤n est une base q-orthogonale de Rn. (e) Écrire la matrice de q dans la base B0.

(f) En déduire une décomposition deq comme combinaison linéaire de carrés de formes linéaires indépendantes.

Solution 11.27

1. A= ajoutant toutes ces équations on obtient Pn

j=1 (b) En résolvant le système

(

x1+1

2x2 =a

x2 =b pour (a, b) = (1,0) et (a, b) = (0,1), on obtient la base q-orthogonale : f1 =

µ 1

(a) x ∈ {e1} ϕ(x, e1) = 0 txAe1 = 0 (x1,· · · , xn)

(b) Les coordonnées de fj dans B sont données par :

x1 =· · ·=xj−1 = 1, xj =−j, xj+1 =· · ·=xn= 0 et :

2x1+x2+· · ·+xn= 2 + (j 2)−j = 0.

Les vecteurs fj sont bien dans H et ils sont libres, donc forment une base.

(c) Afj = 1

avec X0 =P−1X où :

P =







1 1 1 · · · 1

0 −2 1 ...

... 0 −3 . .. ...

... ... ... 1

0 0 0 0 −n







est la matrice de passage de B à B0. Pour n = 5, on a :

P−1 =





1 12 12 12 12 0 12 16 16 16 0 0 13 121 121 0 0 0 14 201 0 0 0 0 15





et pour n 4, la ligne 1 de P−1 est :

¡ 1 12 12 · · · 12 ¢ et la ligne j 2 est :

µ

0,· · · ,0,1

j,− 1

j(j + 1),· · · ,− 1 j(j + 1)

. On a donc :











`1(x) =x1 +1

2x2+· · ·+ 1 2xn

`j(x) = 1

jxj + 1

j(j + 1)xj+1+· · ·+ 1 j(j+ 1)xn

`n(x) = 1 nxn ou encore :

q(x) = 1 2

Xn−1

j=1

1

j(j+ 1)((j+ 1)xj +xj+1+· · ·+xn)2 +n+ 1 2n x2n.

En dimension finie la réduction de Gauss d’une forme quadratique nous permet d’obtenir son rang et son noyau.

Pour la suite de ce paragraphe, q désigne une forme quadratique non nulle sur un espace vectoriel E de dimension n et q = Pp

j=1

λj`2j la réduction de Gauss de cette forme quadratique où pest un entier compris entre 1 etn, λ1,· · · , λp sont des scalaires non nuls et `1,· · · , `p des formes linéaires indépendantes.

On a vu que la forme polaire de q est définie par : ϕ(x, y) =

Xp

j=1

λj`j(x)`j(y).

Théorème 11.17 Avec les notations qui précèdent, on a : rg (q) = p

et :

ker (q) = {x∈E |`1(x) =`2(x) = · · ·=`p(x) = 0}

Démonstration. À la réduction de Gaussq = Pp

j=1

λj`2j est associée une base (fi)1≤i≤n deE dans laquelle la matrice de q est diagonale de la forme :

D=





λ1 0 · · · 0 0 λ2 . .. ...

... ... ... 0 0 · · · 0 λn





où les p premiers λi sont non nuls et les suivants nuls (théorème 11.14). Il en résulte que rg (q) = rg (D) =p etker (q)est de dimension n−p.

Comme les formes linéaires`1, `2,· · · , `p sont linéairement indépendantes, l’espace vectoriel : F ={x∈E |`1(x) =· · ·=`p(x) = 0}

est de dimension n−p. De plus pour tout x∈F et y∈E, on a : ϕ(x, y) =

Xp

j=1

λj`j(x)`j(y) = 0 ce qui signifie que F est contenu dans le noyau de q.

Ces espaces étant de même dimension, on a l’égalité F = ker (q).

Le résultat précédent nous permet de simplifier la recherche d’une baseq-orthogonale(fi)1≤i≤n de E en se passant de compléter le système libre (`i)1≤i≤n en une base du dual de E.

Dans le cas oùp=n, la forme qest non dégénérée et une telle base q-orthogonale se calcule en résolvant les n systèmes linéaires :

`i(fj) =

½ 1 sii=j

0 sii6=j (1≤i, j ≤n)

ce qui revient à inverser la matrice Q= ((αij))1≤i,j≤n,où les αij sont définis par :

`i(x) = αi1x1 +· · ·+αinxn

(les `i étant exprimés dans une base canonique donnée de E).

Dans le cas où 1≤p≤n−1,on détermine tout d’abord une base (fp+1,· · ·, fn) du noyau de q en résolvant le système linéaire de p équations à n inconnues :

`i(x) = 0 (1≤i≤p)

Ces vecteurs sont deux à deux orthogonaux puisque orthogonaux à tout vecteur de E.

Il suffit ensuite de résoudre les p systèmes linéaires :

`i(fj) = δij =

½ 1 sii=j

0 sii6=j (1≤i, j ≤p)

ce qui fournit une famille q-orthogonale (f1,· · · , fp) formée de vecteurs non nuls. Pour j fixé entre1etp,le système linéaire`i(fj) =δijivarie de1àpa des solutions puisque la matrice de ce système est de rang pet deux solutions de ce système diffèrent d’un élément du noyau de q.

La famille (fi)1≤i≤n est alors une base q-orthogonale de E (exercice : vérifier qu’on a bien une base).

Dans la pratique, on résout d’abord le système :





`1(x) = b1

...

`p(x) = bp

b = (b1,· · · , bp) est un élément quelconque de Kp. La valeur b = 0 nous donne une base du noyau de q, puis les valeurs successives b = (1,0,· · · ,0), b = (0,1,0,· · · ,0), · · · , b = (0,· · · ,0,1) nous permettent de déterminer des vecteursf1,· · · , fp.

Exercice 11.28 Soit q la forme quadratique définie sur R3 par : q(x) =x2+ (1 +a)y2

1 +a+a2¢

z2+ 2xy2ayz 1. Donner la matrice A de q dans la base canonique de R3.

2. Calculer le déterminant de A.

3. Pour quelles valeurs de A la forme q est-elle non dégénérée ? 4. Réduire q et donner son rang en fonction de a.

5. Déterminer une base orthogonale pour q.

6. En déduire une matrice inversible P telle que D= tP AP soit diagonale.

Solution

1. La matrice de q dans la base canonique deR3 est :

A=

 1 1 0 1 1 +a −a 0 −a 1 +a+a2

.

2. On a :

det (A) = a¡

1 +a2¢ 3. La forme q est dégénérée si, et seulement si, a= 0.

4. On a :

q(x) = (x+y)2+a(y−z)2

1 +a2¢ z2 Pour a= 0, q est de rang 2.

Pour a6= 0, q est de rang 3.

5. Dans tous les cas, il s’agit de résoudre le système :



x+y =α y−z =β z =γ

Ce système a pour solution : 

x=α−β−γ y=β+γ z =γ ce qui donne pour base q-orthogonale :

f1 =

 1 0 0

, f2 =

−1 1 0

, f3 =

−1 1 1

6. La matrice de q dans la base(f1, f2, f3) est :

D= tP AP =

 1 0 0

0 a 0

0 0 1 +a2

où :

P =

 1 −1 −1

0 1 1

0 0 1

11.7 Signature d’une forme quadratique réelle en

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