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 Le registre de la ville de la région du Grand Casablanca (RCRGC) : quant à lui présente le cancer du sein comme étant toujours le premier cancer de la femme avec 662 cas

II. Epidémiologie analytique :

1. Facteurs sociodémographiques : 1 Age :

1.3 Origine des malades :

La répartition géographique du cancer du sein dans le monde semble inégale avec des zones à haut risque, comprenant l’Amérique du Nord, certains pays d’Europe, d’Amérique du Sud, l’Australie et la Nouvelle Zélande et certaines zones à faibles risques comprenant l’Asie et l’Afrique [62].

Bien que le cancer du sein chez les femmes fasse l’objet de recherches approfondies, la majorité des études publiées portent sur les femmes d’origine urbaine, alors que celles qui vivent au milieu rural sont généralement sous-représentées [63].

Les différentes études ont démontrés que l'incidence du cancer du sein est plus faible chez les femmes en milieu rurale, mais avec un taux de mortalité plus élevé par rapport aux femmes urbaines. Les femmes qui résidaient en milieu rural, étaient moins susceptibles d’avoir subi une mammographie ou un examen clinique des seins que les femmes en milieu

urbain. Ceci pourrait être expliqué par plusieurs facteurs tel que; le manque de programmes de dépistage dans les zones rurales et accès limité aux centres médicaux, centres de traitement de référence du cancer et parfois aux services de soins primaires, ce qui augmente le risque de diagnostiquer le cancer du sein à un stade avancé chez les femmes d’origine rurale, par conséquent, la détection précoce est liée à un meilleur pronostic [63].

Wang et al, Owen et al, Oppong et Hodgson ont tous appliqué des techniques du système d’information géographique (SIG) pour mieux comprendre et aborder les problèmes affectant l’accès aux services de santé dans divers pays. Wang et all ont utilisé des méthodes d’analyse spatiale pour créer une mesure de l’accès spatial aux cliniques de soins primaires et de mammographie pour le diagnostic tardif du cancer du sein en Illinos (USA). Les résultats de cette étude et ceux de l’étude de Williams F et Jeanetta S (Missouri aux USA), indiquent que l’accès spatial aux soins primaires et le temps de déplacement sont d’une importance cruciale pour atteindre des taux élevés de détection précoce du cancer du sein en Illinos, en Missouri et dans les Etats avoisinants. Par conséquent, le fait de vivre dans des régions où l’accès géographique aux soins primaires est limité, augmente la probabilité d’un diagnostic tardif de cancer du sein [64].

Des études faites en Egypte et en Poland, montrent également que l’incidence du cancer du sein est plus élevée chez les femmes au milieu urbain que celles du milieu rural, avec une mortalité importante et une forme plus avancée du cancer chez ces dernières, ce qui laisse nos résultats rejoindre ceux de la littérature (origine urbaine représente 84,2) [65] [66].

1.4 Niveau socio-économique :

En 1980, paraissait en Angleterre, le rapport Inequalities in Health: Report of a research working group. Ce rapport a été une révélation quant à la notion d’inégalités sociales de santé (ISS) en démontrant que le taux de mortalité des hommes au bas de l’échelle sociale était le double de celui des hommes qui appartenaient à la classe la plus riche. Plusieurs rapports subséquents sont arrivés aux mêmes conclusions [67].

Générale de l’hôpital Militaire Avicenne de Marrakech

Depuis, de nombreuses études (Commission des Déterminants sociaux de santé de l'OMS, 2008) ont démontré que ce constat s’appliquait à de multiples problématiques de santé dans diverses sociétés telles que l’incidence des cancers, des maladies cardio-vasculaires, des maladies infectieuses et autres. Le cancer du sein n’y échappe pas [68].

Les études sur la disparité socio-économique dans le cancer du sein ont commencé par des études américaines comparant le pronostic du cancer du sein selon la race ou l’ethnie. Et si cette variable était parfois un facteur de risque indépendant, il l’était en fait le plus souvent par le biais du niveau socio-économique, plus faible chez les noirs américains que chez les blancs ou les hispaniques [69].

Puis d’autres pays, les plus touchés par le cancer du sein comme les pays du nord de l’Europe, se sont penchés sur cette problématique. Ils ont mis en évidence une différence de statut socio-économique à la fois pour l’incidence (le cancer est plus fréquent chez les femmes de milieux plus favorisés), le stade de découverte et la survie (moins bons chez les patientes de niveau socio-économique plus faible). [70].

En Europe et aux États-Unis, des études ont essayé de faire le lien entre la situation socio-économique et le taux de cancers du sein. Le taux d’incidence du cancer du sein est plus élevé chez les femmes ayant un niveau socio-économique élevé. L’analyse d’autres auteurs est plus pertinente et montre que le niveau socio-économique individuel peut constituer un facteur supplémentaire de risque du cancer du sein [59].

Le problème du diagnostic tardif des cancers du sein demeure un problème d’actualité dans notre milieu d’exercice et reste l’apanage de la femme dont les revenues socio- économiques sont faibles. Dans la plupart des publications africaines faites respectivement au Niger, en Tunisie, au Burkina Faso et à la Cote d’Ivoire, le délai diagnostique était particulièrement très allongé (supérieur à dix mois) dont les raisons étaient multiples et dominées par les problèmes financiers [71].

En effet, 62,5 % des patientes de la série de M. Toure et E. Nguessan (Côte d’ivoire) avaient un niveau socio-économique bas et très peu pouvaient avoir accès à des moyens

diagnostiques. Une enquête réalisée dans le même pays par l’Institut national de la statistique sur le niveau de vie des ménages, a confirmé également l’impact du bas niveau socio- économique sur l’incidence, l’accès aux soins et la mortalité par cancer du sein [71].

Au Niger, selon l’étude de H.M. Zaki, 92,68 % des patientes atteintes du cancer du sein, avaient un revenu économique bas, dont la majorité était des femmes n’exerçant aucune activité génératrice de revenus. Seuls 4,91 % des patients avaient un revenu économique élevé [59].

Selon J.Gentil, les patientes ayant un moins bon niveau socio économique constitueraient des sous-groupes «à risque»: moindre participation au dépistage individuel ou organisé, maladie diagnostiquée à un stade plus avancé, moindre accès aux traitements et aux centres de référence et évolution de la maladie et survie moins bonnes [72].

On peut conclue donc à travers ces études, que le niveau socio-économiques est un facteur de risque indépendant à tous les niveaux de la maladie : de la non- participation au dépistage, d’une différence dans l’incidence de la tumeur au diagnostic, d’un moins bon accès aux soins, d’un taux élevé du stade avancé et d’une moins bonne prise en charge avec des conséquences sur la survie avec ou sans récidive.

Dans notre série, 42,1% des patientes avaient un bas niveau socio-économique.

Tableau XLV : Concordance revenu mensuel–délai diagnostique dans la série de M. Toure et E. Nguessan(Côte d’ivoire) de [71].

Générale de l’hôpital Militaire Avicenne de Marrakech