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Le Grand Orient de France, considérant les conceptions méta- physiques comme étant du domaine exclusif de l'appréciation indi-

Dans le document MON ITINÉRAIRE MAÇONNIQUE (Page 25-40)

viduelle de ses membres, se refusant, par conséquent, à toute affir-

mation dogmatique, continuera avec un solide optimisme, au-dessus

des délires actuels la grande tradition française de liberté absolue

de conscience, pierre angulaire de la tolérance et de la fraternité.

VIII

Tout le monde se veut « libre ». Le Maçon lui-même se définit comme

« libre et de bonnes mœurs ». Le premier terme de la devise de la Répu- blique française est « Liberté ». Mais que recouvre au juste cette notion de Liberté ?

Les propos tenus p a r Francis Viaud il y a plus d'un quart de siècle, le 4 avril 1954, ne sont-ils pas encore à méditer ?

LA VRAIE LIBERTÉ

SPEAKER. — Le Grand Maître du Grand Orient de France vous parle :

En ce jour si proche de l'équinoxe de printemps et de Pâques, symbole de l'éternelle espérance renaissante des hommes, je voudrais rappeler comment et pourquoi la franc-maçonnerie apparaît comme un des derniers refuges du véritable esprit de liberté individuelle.

Plusieurs correspondants m'ont, en effet, objecté que le respect de certaines formes rituelles propres à la franc-maçonnerie leur paraissait inconciliable avec l'esprit de liberté que cette institution prône si fort.

Bien sûr, comme dans toute association, comme dans tout groupement d'individus, il y a certaines règles à observer. Le rite, nous l'avons dit bien des fois, n'est que l'ordonnance des cérémonies.

Mais il s'agit là d'un lien très ténu, de nature à faciliter surtout les exposés de chaque Frère ou même simplement de nature à faire respecter sa propre méditation, devant les propos entendus.

Dès l'instant — du moins au Grand Orient de France — qu'on n'exige pas des adeptes une soumission ou une appartenance quel- conque à une religion révélée (chacun restant libre de croire ou de ne pas croire, de mettre sur le bureau du Président un livre proclamé

« Sacré » ou de ne pas le mettre), chacun reste absolument et entière- ment libre de ses pensées. Mais un ensemble de Frères constitue un Atelier maçonnique, une loge. Or, un individu donné n'est menta- lement plus lui-même, sa conduite, ses sentiments, ses actes diffèrent selon qu'il se trouve seul, ou en compagnie de plusieurs de ses semblables.

C'est là un principe élémentaire de sociologie. Si bien qu'en fait, pour conserver sa propre personnalité, il faudrait être délibérément

« a-social », « en-dehors ». E t encore, les individualistes purs, à la Stirner, par exemple, réfractaires à la vie sociale, inadaptés, forment eux aussi des groupes, des groupes de hors-groupes, tout comme à l'Assemblée nationale on trouve le « Groupe des non-inscrits à aucun groupe », en dehors d'une poussière de groupes et de partis, motivée le plus souvent par des intérêts assez mineurs de combi- naisons ministérielles.

Dans une étude récente publiée dans l'excellente revue L'Unique, Munier, traitant des Recherches sur le mécanisme d'aveulissement, pose la question suivante : « Comment expliquer que celui qui ne gendarmes, sans juges, sans prisons. Ce sont des utopies qui, toujours, germèrent dans des cerveaux individualistes.

Sans doute, le développement des sociétés modernes, la complexité des rouages d'un E t a t toujours prêt à demander davan- tage aux individus, ceux-ci étant d'ailleurs toujours prêts à demander davantage à l'Etat, ne sont-ils guère propices au maintien intégral de la pure liberté de pensée, et l'homme apparaît-il davantage comme un animal social que comme un individu.

Il est à noter qu'Auguste Comte, aussi bien que son contemporain Karl Marx, n'aimait pas la psychologie. Pour les excuser, il convient de remarquer qu'à leur époque tous les prétendus psychologues ne

par le contact volontaire et de plein gré avec ses semblables aux et sous l'emprise de la nécessité — une existence inférieure, amoindrie et se vautre dans l'imitation, le conformisme, l'asservissement, l'avachissement, perd sa personnalité, son autonomie et sa liberté.

En fait, il est à craindre que toute doctrine qui exalte la vie collective et les règlements de groupe soit, au regard de l'individu, une doctrine d'aveulissement et de régression.

Nous avons vu de près, chez nous, à une époque récente, s'im- participant du judéo-christianisme, qui n'ont fait que comporter des formes de pensée hostiles à l'individualisme.

C'est ce qui fait l'attrait des doctrines totalitaires — communistes ou judéo-chrétiennes (qui souvent se rejoignent, même dans leurs conséquences temporelles) — auprès de la jeunesse.

La jeunesse marche à fond, elle qui a, à peine, connu le ciel libre. Et c'est compréhensible : l'un des traits essentiels de la jeunesse est l'indétermination. Elle est « disponible ». Les solutions de tous savants, les grands philosophes spéculatifs eux-mêmes paraissent noyés. centre, conserve l'individualité de chacun dans les régimes sociaux de demain, tout comme elle a toujours tenté de le faire dans ceux d'hier et d'aujourd'hui.

Les chaînes sociales, matérielles, intellectuelles et morales qui enserrent l'individu vivant en collectivité et qui restreignent singu- lièrement la liberté de ceux qui se proclament pourtant libres, sont bien légères au franc-maçon retrouvant, dans sa loge, ses propres Frères. Elles deviennent même inexistantes. Il n'en reste que les fantômes.

Mais, tout en sauvegardant farouchement sa liberté individuelle, le franc-maçon reste attentif aux problèmes d'ordre social. Tout en quels qu'ils soient, quels que soient leur race, leur pays, leur religion, ne reprendront goût à la vie et à la liberté que si leurs besoins élé- mentaires sont satisfaits. C'est pourquoi la franc-maçonnerie

— comme on l'a dit à plusieurs reprises et notamment le mois dernier — étudie, et ceci en toute liberté, les grands problèmes d'ordre politique, économique et social qui se posent à la conscience humaine.

La Maçonnerie permet la permanence d'un tel effort. Chez nous, toutes les croyances, toutes les confessions, toutes les différentes morales qui partagent les hommes sont examinées. Nos devanciers maçons ont été à l'avant-garde de la pensée libérale et ont été les guides dans une société en pleine évolution. Sous nos yeux, et sans que nous nous en doutions, un nouvel état social est en train de se former. La franc-maçonnerie ne peut pas en être absente, puisque c'est par excellence la Science de l'Homme — comme l'a définie un de ses illustres membres il y a déjà longtemps, le catholique Joseph de Maistre.

Elle sera présente par son esprit de justice et de concorde, qui doit prédominer sur l'esprit de chicane et de division. La vraie cité politique, au sens véritable du terme, n'existera que lorsqu'elle se mesurera d'une façon totale au compas de la moralité, que lorsqu'elle sera reflétée au miroir de la cité morale.

A une heure où le monde chancelle sur ses bases, où ses assises jusque-là les plus acceptées sont remises en discussion et s'effondrent, le Grand Orient de France accueille toutes les bonnes volontés certaines, toutes les croyances, réelles ou virtuelles, qui se recom- mandent du libre examen. Elles ne seront pas de trop pour remettre les choses en place. Ce qui fait la grandeur de l'homme, c'est qu'il préfère la vérité à lui-même, et, pour y parvenir, n'oublions pas, selon le mot de Victor Hugo, « que le mieux n'est trouvé que par le meilleur ».

I X

L a franc-maçonnerie, toute intemporelle qu'elle soit, a toujours prêté attention a u x éternels et successifs solstices et équinoxes. Une causerie de F r a n c i s V i a u d à l'occasion de l'équinoxe de 1955 croque l'homme et ses problèmes devant l'indifférente nature.

ÉQUINOXE 55

E m i s s i o n du dimanche 4 septembre 1955

SPEAKER. — A u j o u r d ' h u i , le G r a n d M a î t r e du G r a n d Orient de F r a n c e vous p a r l e :

N o u s voici, u n e fois de plus, r e v e n u s à c e t t e é p o q u e de l ' a n n é e q u e les n a v i g a t e u r s r e c o n n a i s s e n t , depuis des millénaires, c o m m e é t a n t l ' é q u i n o x e de s e p t e m b r e .

A p r è s les longs j o u r s de l ' é t é — qui o n t m a r q u é , je l'espère p o u r la p l u p a r t d ' e n t r e vous, q u e l q u e d é t e n t e et p e u t - ê t r e q u e l q u e b o n h e u r — voici des j o u r s plus courts. L e u r d u r é e v a b i e n t ô t égaler celle des nuits. E t la n u i t elle-même v a s ' a c c r o î t r e j u s q u ' a u solstice d ' h i v e r . E t l'éternel cycle r e c o m m e n c e , ce q u i est u n s u j e t de médi- t a t i o n p o u r les philosophes, qu'ils soient logiciens ou m é t a p h y s i c i e n s . . . Il est, effectivement, des p h é n o m è n e s n a t u r e l s sur lesquels l ' h o m m e n e p e u t à p e u près rien, sinon les p r é v o i r à q u e l q u e s secondes près — ce q u i m o n t r e qu'il en c o n n a î t a u moins les lois.

Les e s t i v a n t s des côtes de l ' A t l a n t i q u e o n t eu et a u r o n t t o u j o u r s , à leur disposition, des t a b l e s d o n n a n t les heures des m a r é e s et leurs coefficients, d é t e r m i n é s r i g o u r e u s e m e n t b i e n l o n g t e m p s à l ' a v a n c e . N é a n m o i n s , d ' a u c u n s p r o c l a m e n t que c e t t e h a r m o n i e des p h é n o - mènes périodiques est d'essence s u r n a t u r e l l e , s u p r a t e r r e s t r e . V o l t a i r e lui-même, t r a i t é de m é c r é a n t p u i s q u ' i l é t a i t f r a n c - m a ç o n , s'inter- rogeait sur la nécessité d ' u n g r a n d horloger r é g l a n t le m o u v e m e n t des astres. D e là à exiger, p o u r la c o m p r é h e n s i o n d u m o n d e et p o u r son évolution, u n p r i n c i p e c r é a t e u r et t r a n s c e n d e n t a l , il n ' y a q u ' u n pas...

Certains a u d i t e u r s o n t été choqués de ce q u e les déclara- t i o n s m a ç o n n i q u e s a i e n t p u d i s t i n g u e r diverses sortes de francs- m a ç o n n e r i e s , les u n e s se d i s a n t a u t h e n t i q u e s et o r t h o d o x e s , e x i g e a n t

la croyance en un principe créateur divin, les autres, plus libé-

L'histoire des hommes est tellement pleine de crimes, d'injustices, de persécutions commises au nom de divinités plus ou moins véritable brute des cavernes, a, en lui, l'inquiétude de sa faible durée et le désir, plus ou moins avoué, de ne pas démériter à l'égard de de France, cette hypothèse est aussi valable qu'une autre. L'essentiel est de ne pas vouloir l'imposer avec un contenu dogmatique. Nous dans les lois civiles, par la stricte neutralité de l'Etat et la laïcité des services publics, c'est-à-dire que le Grand Orient reconnaît, à chaque citoyen, le droit de concevoir Dieu comme il l'entend et de pratiquer une religion ou de n'en pratiquer aucune. A fortiori entend-il n'im- poser à aucun de ses membres une croyance obligatoire. Il respecte, en cela, la charte capitale des fondateurs de la franc-maçonnerie philosophique moderne, qui entendait en faire un « Centre d'Union » entre ses membres, quelles que soient les dénominations et croyances

qui pouvaient les distinguer, pourvu que fût bon le terrain moral prennent elles-mêmes conscience du fait humain, elles s'alignent au fond sur la conception maçonnique universelle.

Ne voit-on pas — comme je le lisais récemment sur les murs d'une petite station balnéaire bretonne où je passais mes vacances — des proclamations de l'Action ouvrière catholique de la section de Saint-Nazaire, dénonçant l'égoïsme de certaines classes dirigeantes et rappelant que le désordre social qu'il entraînait n'était pas conforme à l'ordre divin, et plus spécialement chrétien ?

La franc-maçonnerie progressive du Grand Orient de France est tout à fait d'accord sur ce point. Elle pense qu'il n'est même pas nécessaire d'identifier le Dieu auquel on se réfère. Partout où règne le désordre résultant d'injustices flagrantes, il faut dénoncer les véritables responsables qui, pourtant, s'appuient souvent sur des Eglises fortement organisées et disposant de moyens puissants.

Chacun connaît bien les forces que représentent la Banque du Vati- can, la Haute Finance protestante, les capitaux israélites. Ces forces, très matérielles, sont-elles bien au service de l'idéal de justice et de

Nous pensons, avec tel secrétaire de centrale syndicale chrétienne de Nantes, qu'on ne fait pas mieux comme « odieuse fable en la et lui donneront encore demain d'admirables unités navales, n'était-elle pas non plus une contrainte implacable ? Et si, à l'heure présente — en ce 4 septembre, anniversaire d'une Troisième Répu- blique qui a répandu des libertés politiques, mais peut-être pas

complètement la liberté sociale et économique — si, à l'heure présente, les conflits sociaux menacent de s'étendre en province, n'y a-t-il pas là un signe évident de la sourde révolte contre l'injus- tice ? Je pense, en toute honnêteté mentale, que sont également responsables l'insouciance et l'insolence de certains patrons (pas tous, heureusement) qui n'ont rien appris ni rien oublié...

C'est dans des cas de ce genre — et nous pourrions en citer bien d'autres, à travers un Monde en plein désarroi — que prend toute sa valeur l'enseignement de fraternité maçonnique, tout empreint de synthèse et de concorde, non englué dans des intérêts de clan politique ou religieux.

Les francs-maçons sont attentifs à l'évolution du Monde moderne.

C'est une vérité d'évidence — déjà remarquée il y a plus de dix ans par Louis Marlio, membre de l'Institut, dans son ouvrage La Révo- lution d'hier, d'aujourd'hui et de demain — que dans le dernier demi- siècle, l'homme a conquis l'air et la mer. Il a maîtrisé l'espace et le temps. Mais quel profit avons-nous tiré de cette magnifique révéla- tion due au génie humain ? Pratiquement aucun. Au lieu d'utiliser ces découvertes, nous avons cherché à les stériliser : pour nous protéger contre les transports rapides, nous avons accumulé les barrières douanières, administratives, monétaires ; nous avons arrêté l'immigration. Dans un Monde qui, déjà à la veille de 1939, avait faim et qui demandait plus de travail, une utilisation plus complète des bras, des capitaux et des outillages, nous avons vu — et nous revoyons actuellement sous nos yeux — détruire des récoltes, arrêter des machines, geler les capitaux, emprisonner la pensée par des détente, d'utilisation pacifique des nouvelles formes d'énergie. Peut- être ceux qui ont la charge de conduire les hommes prennent-ils peu à peu conscience de ces principes spirituels supérieurs épars à travers le globe et que, justement, la franc-maçonnerie tente de rassembler, très au-dessus des religions qui les ont déformés pour les faire servir, bien souvent, à des intérêts matériels.

Le développement des moyens d'information par le cinéma, puis par la radio, la télévision, engendre aussi le développement de l'instruction des masses, et cela dans le Monde entier. Dans les pays les plus reculés, dans les chaumières les plus éloignées des

1. Edition Brentano's, 586 Fifth Avenue, New York.

grandes villes, on peut entendre chaque jour des conférences sur toutes questions qui préoccupent notre époque. Des populations qui étaient presque illettrées — et que d'aucuns voudraient conser- ver dans un tranquille analphabétisme — sont aujourd'hui instruites ou se croient instruites. Les masses populaires, mieux informées, ont pris conscience de leur force et ont conçu le désir d'en profiter.

Or, il faut réaliser un certain équilibre sans lequel les hommes ne sauraient vivre. La tâche n'est pas aisée, certes. Derrière chacun des mots qui nous paraissent clairs, il y a des réalités complexes.

Dès que l'on veut accomplir quelque réforme politique, sociale ou économique, des groupements d'intérêts font entendre des protes- tations enflammées au nom des principes réputés sacrés ou intan- gibles. On représente — je l'ai déjà souligné à titre d'exemple — la collaboration nécessaire avec les unions ouvrières, comme un acte de démagogie ou un pas vers le bolchevisme. L'évolution inéluctable de la politique douanière vers la libération des échanges est repré- sentée comme une cause de ruine pour l'industrie nationale. On essaiera d'empêcher la réalisation de la fraternité nationale au nom du patriotisme, etc.

Aussi faudra-t-il que les créateurs du Monde de demain soient endurcis contre les déceptions et poursuivent leur œuvre courageu- sement, sans compromission, vers la pure lumière.

La franc-maçonnerie ne peut, quant à elle, qu'être aux côtés de ceux qui désirent élargir sur cette propre terre la participation humaine — même si les hommes se croient obligés de se référer à une lumière divine (qui doit comporter aussi bien l'infrarouge ou l'ultraviolet). Chacun doit recevoir, suivant son apport, humble ou modeste, ce à quoi il a droit. C'est une question d'équité et de justice.

X

Les peuples qui ont faim seront-ils toujours résignés ? Problème permanent, déjà évoqué il y a près de vingt-cinq ans en des termes toujours valables.

LA GUERRE ET LA FAIM

Emission du 2 septembre 1956

SPEAKER. — Le Grand Maître du Grand Orient de France vous parle :

Cette date du 2 septembre retentit comme un écho sinistre dans la mémoire de ceux qui vécurent les heures angoissantes de 1939...

Les historiens se chargeront de déterminer les causes profondes du cataclysme qui devait plonger le Monde dans les ténèbres pendant près de six ans, alors que l'on parlait de Blitzlcrieg, de guerre éclair.

Tout comme en août 1914, on pensait à la promenade de quelques semaines, et les Cosaques étaient alors à cinq étapes de Berlin !

E t voici maintenant, alors que « l'encre des traités n'est pas encore séchée » — puisque, aussi bien, il n'y a eu que très peu de traités après cette dernière guerre — que rôde de nouveau le hideux mufle de la guerre.

Il appartient aux forces spirituelles du Monde, quelles qu'elles soient — appuyées ou non sur un Dieu habitué d'ailleurs à toutes les bêtises humaines et sans doute, par là même, désabusé et inefficace — d'élever la voix pour démasquer, une fois de plus, l'inanité des guerres et de faire appel, par-delà les armes, à la fraternité et à l'amour.

La franc-maçonnerie a, de tout temps, mis l'accent sur la valeur de l'homme considéré en lui-même, comme parcelle de l'Humanité, indépendamment de toute attache provisoire à un pays, à une race, à une religion. Elle rejoint, en somme, à certains égards, les puis- sances dites spirituelles qui ne voient en l'homme qu'une créature d'un Dieu idéal, somme de toutes les perfections que l'homme n'a pu atteindre, un Dieu omniprésent et éternel, qualités que l'homme a toujours ambitionnées pour lui-même.

Mais les récompenses attendues dans un autre monde sont autant de traites tirées sur un avenir incontrôlable, qu'on peut donc ima- giner aussi beau que l'on veut, paré de toutes les félicités non atteintes en ce monde. Il y a même là, soit dit en passant, une conception

affreusement matérialiste, puisqu'elle convertit en petites satis- prétextes, tels que le coup d'éventail du dey d'Alger à l'ambassadeur de France, la dépêche d'Ems, le bombardement de Fribourg, etc., desquels les hommes reviennent à leurs instincts primitifs de bestialité grégaire. Il est douteux que l'homme, en tête à tête avec lui-même, leurs divisions apparentes et d'ailleurs savamment entretenues par ceux qui ont intérêt à en profiter, il y a une unité et une stabilité, fruit de longs tressaillements. André Maurois termine son ouvrage datant déjà de 1938 et intitulé Mes songes que voici, par cette réflexion d'une vieille paysanne de Cocherel à Aristide Briand :

« Il ne faut pas faire la guerre. Ça dérange tout le monde. » E t Maurois ajoute : « Phrase typiquement française. La mesure de l'expression, la force contenue du sentiment, l'amour du travail,

l'horreur de ce qui « dérange » les travaux et les jours, telle est la dorés » — pour reprendre une expression schématique traditionnelle et d'ailleurs inexacte, comme tout schéma, car il y a des degrés dans la concavité des ventres tout comme dans leur dorure.

Lisez et méditez les publications de l'ONU pour l'alimentation et l ' a g r i c u l t u r e notamment la deuxième enquête mondiale sur l'ali- mentation (1953), et le rapport du Comité sur les besoins en calories datant déjà de 1950. Lisez aussi l'étude sur les implications politiques du problème de la faim, par Richard Wright qui parle de B a n d o e n g Vous constaterez que les ravages de la faim sont bien supérieurs à ceux des guerres et des épidémies et qu'actuellement la moitié de la population mondiale, ou même les deux tiers selon certains, ne mange pas assez ou se nourrit mal.

Evidemment, il est difficile d'apprécier exactement les besoins en calories de l'être humain. Car ils varient suivant l'âge, le sexe, le poids, le travail fourni, la température extérieure. D'après les spécialistes de l'ONU, ces besoins seraient de 3 200 calories par jour, pour un « homme type » et de 2 300 pour une « femme type ». On admet généralement que le chiffre de 2 500 ou 2 600 calories constitue un objectif moyen minimum.

Si l'on consulte un planisphère où sont inscrits les nombres moyens de calories fournies par les diverses rations alimentaires, on voit que se dégagent deux grands ensembles mondiaux : l'un dont la ration alimentaire équivaut à plus de 2 600 calories, l'autre à

Si l'on consulte un planisphère où sont inscrits les nombres moyens de calories fournies par les diverses rations alimentaires, on voit que se dégagent deux grands ensembles mondiaux : l'un dont la ration alimentaire équivaut à plus de 2 600 calories, l'autre à

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