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6. Des suggestions pour une meilleure intégration des approches non pharmacologiques au plan d’intervention.

4.3 Objectif 3: Identification des facilitateurs et les obstacles à l’intégration et au suivi des approches non-pharmacologiques en GMF

4.3.3 Organisation du travail

Au-delà de lignes directrices, l’intégration et le suivi d’approches non- pharmacologiques nécessitent des changements organisationnels (Cohen-Mansfield, 2013).

Par exemple, pour Cohen-Mansfield (2013), la construction d’une relation de confiance avec l’usager et sa famille nécessaire à l’intégration et au suivi d’approches non- pharmacologiques passe par le maintien du même intervenant. Ce facteur facilitant a aussi été identifié par au moins une participante qui y voyait un potentiel de pratique à améliorer. Il serait donc souhaitable pour les usagers des GMF ayant de TNCM de conserver la même infirmière le plus souvent possible.

Les perceptions des approches non–pharmacologiques comme telles ont été discutées précédemment, mais il existe aussi la perception que les intervenants ont de leur

rôle et des attentes à leur égard. Ainsi les infirmières en GMF nouvellement formées dans le cadre du déploiement du PAQ perçoivent leur rôle comme en étant un de dépistage, d’évaluation et, quelques fois, de suivi pharmacologique. Lorsque questionnées, elles disent ne pas pressentir que leur rôle est d’intégrer et de suivre des approches non- pharmacologiques.

Celles-ci, exception faite de la psychothérapie, ne sont généralement pas régies par un ordre professionnel, il n’est donc pas évident pour les intervenants de savoir à qui s’adresser pour avoir des informations sur une approche en particulier et où référer l’usager pour l’obtenir. Cet obstacle ressort aussi des écrits consultés (Cohen-Mansfield, 2013). Il est donc permis de penser qu’une organisation de travail claire à ce sujet, ainsi qu’une meilleure connaissance des ressources communautaires, permettraient une meilleure intégration des approches non-pharmacologiques. La présence d’une équipe ambulatoire SCPD est vue comme un facteur facilitant à l’intégration d’approches non- pharmacologiques, tout comme des guides de pratique ou des outils cliniques appropriés.

Suite au déploiement de la phase 2 du PAQ, le rôle de l’infirmière a été modifié et les infirmières dédiées exclusivement à la clientèle présentant des TNCM n’existent plus dans la plupart des régions, même dans celles où les projets pilotes ont été tenus. La prise en charge des usagers aux prises avec un TNCM se fait encore par les infirmières en GMF, mais elle est intégrée au suivi des maladies chroniques, au même titre que le diabète, la pression artérielle, et autres tâches connexes. Il semblerait que ce changement organisationnel ait généré une perte d’expertise dans les GMF et affecté l’ampleur de la prise en charge globale d’un usager avec un TNCM. Les usagers présentant des SCPD et leurs aidants sont maintenant référés à d’autres intervenants, équipes de travail spécialisées telle que l’équipe SCPD ou organismes indépendants, notamment la Société Alzheimer. Ceci dit, pour au moins une région non-participante à la présente recherche, le conseil d’administration du GMF a pris la décision de garder le poste d’infirmière dédiée à la clientèle TNCM1. Dans un autre GMF, le poste d’infirmière dédiée aux TNCM est passé de temps plein à temps partiel, générant ainsi une liste d’attente avant que les usagers y aient

1 Ces informations proviennent d’entretiens menés auprès de responsables de l’application du PAQ dans les GMF de certaines régions par l’étudiante-chercheuse lors de sa participation comme assistante de recherche sur les projets d’évaluation des phases 1 et 2 du PAQ

accès1.Il est donc possible que certaines régions diffèrent quant à leur façon de fonctionner de celles étudiées dans la présente recherche. Il est à noter qu’au cours de la phase 1 du PAQ, les projets pilotes, les budgets étaient alloués directement aux GMF pour mettre en œuvre leur projet tel qu’il avait été présenté au départ1. Ces budgets comprenaient, dans la plupart des cas, l’ajout d’une infirmière dédiée spécifiquement aux usagers aux prises avec un TNCM. Or, lors du déploiement de la phase 2, les budgets ne sont plus accordés aux GMF directement, mais sont maintenant administrés pas les CISSS/CIUSSS. Bien que la volonté du MSSS soit d’étendre le PAQ à l’ensemble des GMF du Québec avec des budgets gérés par les CISSS/CIUSSS de leur région, il est à noter que la gestion des GMF reste en grande partie privée et, à ce titre, il est difficile pour le système public d’y imposer sa volonté1. Ainsi, tous les GMF de toutes les régions n’adhèrent pas au PAQ au même niveau et, suite à la phase 1, il y a eu au moins un GMF qui s’est désisté. D’autres CISSS/CIUSSS ont refusé de participer à la présente étude car le PAQ n’avait pas encore été déployé sur leur territoire. Tous ces facteurs organisationnels devraient être considérés si la prise en charge globale des usagers présentant un TNCM par les infirmières en GMF devait comprendre l’intégration d’approches non-pharmacologiques.

En termes d’organisation de travail, le fait que la majorité des infirmières en GMF ne se déplacent pas à domicile soulève la question de savoir si elles sont les mieux placées pour prendre en charge la gestion des SCPD par le biais d’approches non-pharmacologique. Au moins une participante à notre étude estime que les infirmières du SAD seraient mieux placées qu’elle pour intégrer des approches non-pharmacologiques, puisqu’elles se déplacent à domicile. Il serait peut-être pertinent d’entamer une réflexion à ce sujet.

Enfin, selon Hinton et ses collaborateurs (2007), les contraintes organisationnelles récurrentes peuvent aller jusqu’à retarder le dépistage et l’évaluation des TNCM et engendrer une pratique de réaction aux SCPD en opposition à une pratique pro-active de gestion des SCPD.

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