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Organisation des relations d’interopération au cœur du processus de co-spécification

3. INTEGRATION D'EXIGENCES PHYSICO-PHYSIOLOGIQUES EN INGENIERIE D'UN SYSTEME SUPPORT DE

3.2. P ROPOSITION D ’ UNE ORGANISATION D ’ INGENIERIE D ’ UN SYSTEME HOMME - MACHINE SUPPORT DE MAINTENANCE

3.2.1. Organisation des relations d’interopération au cœur du processus de co-spécification

Comme nous avons pu le montrer dans les parties précédentes, l’obtention du mode

indicatif pour spécifier des exigences système requiert la sollicitation de plusieurs espaces de

solution de domaines de connaissances spécialistes différents. Mais encore faut-il

« maitriser » ces diverses sollicitations pour répondre au mieux au besoin posé. Il est ainsi

nécessaire de disposer d’un rôle équivalent à celui de maître d’ouvrage ou architecte qui

pilote cette activité pouvant être appréhendée comme la coordination d’un ensemble de

relation d’interopération. La dimension organisationnelle de l’Ingénierie Système représente

alors un élément clé pour la réussite du processus technique de spécification d’exigences

d’un système comme un Tout. Dans cette partie finale, nous proposons de présenter notre

vision des conditions de mise en œuvre a priori pour l’Ingénierie Système.

3.2.1. Organisation des relations d’interopération au cœur du processus de

co-spécification

Le processus de spécification que nous avons mis en œuvre a permis de mettre en avant

plusieurs relations d’interopération entre domaines. En effet, l’ingénieur système a sollicité

en premier le domaine de la physiologie, puis, en regard de la prescription physiologique

fournie, le domaine technique.

Nous avons choisi (dans la partie précédente) de restreindre notre scénario à deux

spécifications (mesurables) afin de montrer une approche de raffinement système non

dichotomique. Si nous poursuivons le scénario, une nouvelle exigence systèmePuits centrée

Humain peut être inférée afin de poursuivre le raffinement de l’exigence ITHLL (Figure 3-14).

Figure 3-14 - Exigence K

LL3

spécifiant la condition d’Alignement du verrou sur l’axe visuel

Plus précisément, selon la même logique itérative et d’identification de « Rationale» (voir

annexe 5), le spécialiste prescrit tout d’abord une exigence d’alignement de la source objet

Antropometric_Axis_Alignment

«Biological_Requirement»

ID = KLL 3

Antropometric axes shall be aligned on the visual axe.

Biological Domain - Solution Space Requirement

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technique, non pas sur la pupille de l’œil mais sur la fovéa (KLL2). Mais cette exigence

d’alignement visuel source-puits doit être revisitée en tenant compte de la nature

binoculaire de la perception visuelle chez l’humain (KLL2.1) et de la « géométrie »

anthropométrique en introduisant les plans frontal et sagittal, ce dernier séparant l’homme

en deux parties symétriques gauche et droite où se trouve chaque œil (KLL3).

Ainsi, du point de vue de l’organisation des relations d’interopération, on distingue au moins

deux relations du domaine de l’ingénierie système vers des domaines « Spécialiste

Humain ». En d’autres termes, il aura fallu solliciter au moins deux spécialités humaines pour

progresser, d’un point de vue Facteurs Humains, dans la complétude de la spécification ITHLL

(Figure 3-15).

Figure 3-15 - Relations d’interopération avec deux domaines Facteurs Humains

Mais ces domaines spécialistes n’ont pas été sollicités dans n’importe quel sens ou ordre. En

effet, cet ordre fut dicté par l’approche de modélisation de l’interaction homme-machine

centrée sur l’objet interface puis les objets techniques et humains que nous avons adoptée.

Ce fait souligne ainsi la nécessité de piloter l’ensemble des espaces de solutions potentiels

dans l’objectif de formuler les éléments de connaissance suffisants et nécessaires pour

spécifier in fine une exigence système de type SISSH. De plus, il semble a priori très compliqué

de pouvoir systématiquement mettre en perspective (faire des compromis entre) l’ensemble

des connaissances spécialistes humaines en même temps en vue de la spécification système.

Nous proposons alors de disposer d’un niveau équivalent à celui de l’architecte système

mais au niveau du constituant humain. Ce pilotage serait assuré par un Architecte Système

Humain (ASH) (Figure 3-16).

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Figure 3-16 - Le domaine de l’architecte du système humain (ASH) comme pilote des domaines spécialistes

humains relativement aux problèmes systèmes formulés

Par ailleurs, ces relations de spécification du domaine système humain peuvent amener à

mettre en place d’autres relations de spécification du domaine système technique, pour

arriver à spécifier l’interaction homme-machine au travers d’exigences notées KLLa et MLLb

respectivement de type SISB et SIST, puis au travers d’ITHLL participant in fine à la spécification

système globale. Ainsi, de manière symétrique, nous proposons que le pilotage dans le

domaine système technique soit assuré par un Architecte Système Technique (AST) dont le

périmètre est l’ensemble des domaines spécialistes de systèmes techniques (Figure 3-17).

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Ces interopérations entre les domaines système humain et système technique soulignent

ainsi la nature collaborative du processus d’ingénierie. Elles sont déclenchées via l’espace

problème du domaine de l’ingénierie de système comme un tout (Figure 3-18) qui sollicite

les espaces solutions d’un ou plusieurs domaines, relativement au problème qui lui a été

posé (le besoin des parties prenantes utilisatrices du système).

Figure 3-18 -Proposition d’une organisation d’Ingénierie d’un Système

Homme-Machine

support de maintenance au

travers du processus de spécification système [adaptée de (Bouffaron, 2012)]

Plus précisément, le processus de spécification d’un système homme-machine met en

œuvre un ensemble de transformations Source et Puits permettant de construire et vérifier une

solutionPuits puis de la valider en satisfaction d’un problèmeSource. Par exemple, l’ExigenceSource

RECLL de l’EspaceProblème du domaine opérationnel d’exploitation de l’avion devient

Exigencepuits dans l’EspaceSolution du domaine «Ingénierie Système».

Relativement à notre exemple, il s’agit dans un premier temps de la même exigence qui

devient ExigenceSource RECLL d’un processus expert qui la transforme en Exigencepuits ITHLL, qui

devient elle-même source d’un processus itératif conduisant in-fine en une ou plusieurs

Exigencespuits (exemple : KLL1) satisfaisant RLL. Ce processus de spécification nécessite en

pratique la propagation de cette interaction Source et Puits vers d’autres domaines

spécialistes pour d’autres spécifications. Par exemple, le problème opérationnel support de

notre étude de cas est source dans l’EspaceProblème de l’Ingénierie Système d’un ensemble

d’interopérations de spécification avec les EspaceSolution des domaines Spécialistes de

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Le domaine du système comme un tout est traditionnellement sous la responsabilité de

l’ingénieur système que nous proposons de nommer Architecte Système (AS) et dont la

responsabilité principale est de coordonner deux flux de spécifications pour que ces

dernières répondent de manière collaborative et intégrative au besoin émis par le domaine

opérationnel. Nous faisons ainsi grossir le périmètre des responsabilités de l’architecte

système (AS, ASH et AST) et justifions par là même le rôle clé de l’ingénierie système que la

nature hétérogène des systèmes requiert pour la mise en place d’une approche comme un

TOUT afin de coordonner les nombreuses spécialités impliquées dans la conception.

Dans la partie suivante, nous identifions les impacts potentiels de l’application de cette

nouvelle vision organisationnelle de l’ingénierie système pour l’opérabilité et le domaine

des architectes intégrateurs.