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2. SPECIFICATION FONCTIONNELLE D’UNE INTERACTION PHYSICO-PHYSIOLOGIQUE DE PERCEPTION

2.1. S PECIFICATION FONCTIONNELLE D ’ UNE INTERACTION DE PERCEPTION VISUELLE BASEE SUR LA THEORIE ECOLOGIQUE DE LA

2.1.4. Les affordances

Le concept d’affordance a été proposé par Gibson pour la première fois dans (Gibson, 1966).

Il trouve son origine dans la théorie gestaltiste7, rendue célèbre par les travaux de (Koffka,

1935) et de (Lewin, 1935), qui postulent que la signification d’une chose est perçue aussi

directement que ses propriétés constantes, telles que sa couleur ou sa taille. Pour cette

théorie, le produit des processus de perception et de représentation est un ensemble

d’éléments structurés, une forme ou gestalt en allemand ou invariant, propre à une

signification donnée qui informe l’individu sur ce qu’il peut faire avec l’objet concerné.

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Cette théorie fonctionnelle suggère que les processus de la perception et de la représentation mentale

traitent les phénomènes de l’environnement comme des ensembles structurés, appelés formes (de. Gestalt)

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Ce concept a par la suite été raffiné par Gibson jusqu’à des formulations plus abouties tout

d’abord au travers de sa théorie des affordances (Gibson, 1977), puis de son dernier ouvrage

(Gibson, 1979). Cette évolution dans la formulation du concept souligne sa complexité.

Tantôt elle est décrite comme une donnée invariante de l’environnement, tantôt comme

une propriété émergente qui n’existe qu’en rapport avec l’homme ou plus généralement le

système vivant. Même si la pertinence de ce concept est reconnue en psychologie, et dans

d’autres domaines comme le design et l’informatique, l’absence de définition univoque de

l’affordance a alimenté les débats de principes, compliquant ainsi sa mise en œuvre et

aboutissant à de nécessaires adaptations en fonction des domaines visés (voir partie 2.1.5).

Définition : Affordance (d’après Gibson, 1979)

The affordance of anything is a specific combination of the properties of its substance

and its surfaces taken with reference to an animal (…) Note that the properties of

substance and surface are physical properties but they are not described in classical

physics, only in ecological physics. The combination of properties is uniquely related to

the animal or species being considered (…) The affordances of the environment are what

it offers the animal, what it provides or furnishes, either for good or ill (…) It is equally a

fact of the environment and a fact of behaviour. It is both physical and psychical, yet

neither. An affordance points both ways, to the environment and to the observer.

L’objet de ce chapitre n’est pas de privilégier l’un ou l’autre des aspects de la définition de ce

concept mais d’en dégager, à l’aide du formalisme NIAM-ORM, un schéma conceptuel

directeur qui puisse permettre de progresser dans notre spécification de l’interaction

homme-machine.

Les affordances peuvent être appréhendées comme ce que l’environnement « offre » à un

sujet humain en matière de comportements possibles. Elles seraient ainsi des relations

fonctionnelles d’action entre l’environnement et l’organisme humain (Chemero, 2003) qui

les utiliseraient relativement à ses capacités et par rapport à une finalité c’est-à-dire un

projet, que nous ne remettons pas en cause pour notre cas d’étude, à condition qu’il les

perçoive. Elles peuvent ainsi apparaître comme une relation entre les propriétés de l’homme

et celles de l’environnement. Dans notre cas (Figure 2-5), l’interaction de perception étudiée

est source de réification d’un Objet Intermédiaire (F2) de nature hybride ou

physico-physiologique, « affordant » des propriétés symboliques (F3) qui ne sont donc pas

mesurables directement. Notons que la perception humaine est de nature multimodale et

que dans nos travaux nous nous concentrons sur une seule des modalités, à savoir la

modalité visuelle.

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"Perception"

Technical Object

(Physics)

Human Object

(Physiology)

is operated by /operates

contextualizes /is contextualized by

is perceived by/perceives

describes

/is prescribed by

Interface Object

(Affordance) /stimulates

is stimulated by

/is emitted from

emits

U

(F2): It is possible that some Perception describes more than one Interface Object and that some

Interface Object is prescribed by more than one Perception.

(F3): Every Interface Object is identified by one distinct Affordance.

(F4.1): It is possible that some Interface Object is emitted from more than one Technical Object and

that some Technical Object emits more than one Interface Object.

(F4.2): It is possible that some Interface Object stimulates more than one Human Object and that

some Human Object is stimulated by more than one Interface Object.

(F5) : For each Human Object “TEA” and Technical Object “Latch” there is at most one Interface

Object that stimulates Human Object “TEA” and is emitted from Technical Object “Latch”

(Uniqueness_Constraint1)

Figure 2-5 - Modèle ORM de l’interaction de perception pour agir en contexte – Nous raffinons le modèle

précédent en faisant émerger l’objet interface affordant (F2 &F3) au centre de la relation de perception (F4.1 &

F4.2) ; cet objet interface représente l’élément synergique entre objets hétérogènes techniques et humains

(F5) qu’il faut arriver à mesurer (cette nécessité de mesure est représentée par ‘(Affordance)’ dans l’objet

interface.

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Cette mesurabilité est cependant requise pour traduire la correspondance homo-morphique

(voir encadré suivant) que doit maintenir cet objet que nous nommons « Interface Object »

pour marquer sa nécessaire contingence aux objets techniques (F4.1) et humains (F4.2) à

l’origine de ce nouveau fait à même de faciliter la jointure synergique (F5) entre les deux

domaines facteurs humains et techniques.

(Galara, 2011) : […] L’objectif est de définir un langage pour formaliser les schémas

de situation, de conduite et de surveillance, pour des interfaces interopérables entre

le système socio-organisationnel et le système technique, le plus homomorphe aux

schémas mentaux des exploitants de systèmes de production. L’enjeu est de

minimiser la charge cognitive des exploitants, lors de l’élaboration de ses schémas,

de fournir des représentations communes et partagées par les métiers d’exploitation,

de renforcer leurs capacités cognitives d’analyse et de décision individuelles et

collectives, notamment pour anticiper les franchissements d’exigences de conception

et réglementaires du système technique, et d’améliorer ainsi la sûreté et les

performances d’exploitation des systèmes de production complexes et à risques.

Cette mesurabilité de propriétés de l’objet interface est ainsi la condition de finalisation de

cette construction émergente (Mayer et al., 2003) d’un modèle du processus de perception.

Il s’agit de passer d’une interaction fonctionnelle prônée par le concept d’affordance à une

interaction organique requise par notre objectif de mesurabilité.