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Organisation et paramètres de l’intervention

6.2 Pertinence du projet « Aider sans nuire » : la modalité de groupe présente des

6.3.3 Organisation et paramètres de l’intervention

Les intervenantes interrogées se disent d’accord avec plusieurs des paramètres prévus pour l’intervention de groupe et y voyaient même certains avantages. Les entretiens pré-groupe permettraient notamment de s’assurer que le groupe réponde aux attentes des candidats. Comme mentionné plus tôt, ils permettraient aussi de faire un filtre et de s’assurer que les participants n’aient pas de comportement ou d'habitude susceptibles de nuire au fonctionnement du groupe. Pour Mathilde, il s’agit d’une étape essentielle pour bien connaitre les participants :

Ces paramètres sont nécessaires pour cibler une clientèle homogène vivant des situations semblables; pour que leurs conversations soient des moments de partage intéressants et créer une cohésion. Six à huit participants permet de laisser un moment de partage si besoin il y a. [L’]entrevue pré-groupe [est] nécessaire pour connaitre [les] proches.

(Mathilde– évaluation écrite) Les intervenantes sont aussi d’accord avec le nombre de participants suggéré. Catherine spécifie qu’un petit groupe permet à tous de s’exprimer. De son côté, Julie indique qu’un groupe de plus de huit participants serait trop difficile à gérer. Selon Geneviève, un nombre de participants minimal serait cependant aussi nécessaire, car avec le temps, certains participants pourraient abandonner la démarche :

Un petit groupe favorise une meilleure cohésion. [Il est] plus facile de rencontrer l’objectif de sentiment d’appartenance. [Il] permet également à tous de s’exprimer.

(Catherine– évaluation écrite)

Est-ce que t’avais prévu un nombre maximum de participants? Je sais que là, on en, on en est pas là, mais le maximum […] Six à huit […] Parce que je me disais plus que huit personnes, ça, ça fait trop de monde à [gérer].

Je considère que le nombre de participants est primordial, car une des résultantes que nous rencontrons souvent lors d’interventions de groupe c’est que le groupe diminue au fil des semaines.

(Geneviève– évaluation écrite) Dans le cadre du groupe de discussion, Céline suggère la possibilité que le groupe soit ouvert et qu’il permette l’intégration de participants au fil des séances. Cette proposition a été rejetée par les autres participants, car on estimait que les participants créeraient davantage de liens s’ils apprenaient à se connaitre dès le début de la démarche :

Moi aussi je me suis posé comme question. Des groupes ouverts, est-ce que ça serait possible? Un groupe pour les proches…

(Céline – groupe de discussion)

Non parce que, il y a comme un, c’est ça. Tsé, on disait, il y a comme une chimie […] qui est pas là au départ, que t’installe. Pis à un moment donné les gens, sont à l’aise. Là il y a un nouveau qui arrive, ça...

(Sarah – groupe de discussion) Puis, la proposition de la coanimation des rencontres par deux intervenants a été considérée un avantage. Martine indique qu’une collaboration entre intervenants pourrait être plaisante pour ceux animant le groupe. Céline ajoute que le fait d’être deux pourrait s’avérer aidant pour les intervenants et enrichir les interventions. Voici un extrait de leur échange à ce sujet :

Pis là tu coanimes dans un groupe aussi. […]C’est le fun aussi deux, tu peux avoir une dynamique. […] Pis l’intervention à deux, on en fait pas ici […] mais c’est le fun, l’intervention à deux.

(Martine – groupe de discussion)

Oui pis toi tu dis la matière par exemple, pis toi t’observes fait que tsé c’est le fun. […]Tu te sens plus en moyens mettons. Hein? Tu te sens pas tout seul pis…

(Céline – groupe de discussion)

Oui pis des fois tsé t’as pas. Tu te, tsé l’autre elle a une idée « Oh, hey c’est bon ce que tu dis là ». […]Toi t’as une autre idée, pis, tsé c’est plus le fun.

(Martine – groupe de discussion) Dans son évaluation écrite, Mathilde a cependant suggéré que les intervenants animant le groupe devaient bien maîtriser la problématique des actes criminels :

Les conséquences de l’acte criminel sont précises, l’intervenant animateur doit bien comprendre les conséquences pour proposer [une] aide adaptée.

(Mathilde– évaluation écrite) Lorsque nous avons conçu le programme, nous n’avons pas pensé préciser que les intervenants animant le groupe devaient être formés sur la problématique des actes criminels, car étant administré au CAVAC de Montréal, organisme travaillant exclusivement dans ce contexte, nous avons pris pour acquis qu’ils le seraient. Ce commentaire a souligné l’importance de préciser les

qualifications des intervenants animateurs du programme dans sa version améliorée, afin que ce point soit considéré dans le cas où la démarche prendrait place dans un milieu ne possédant pas une expertise par rapport aux actes criminels.

Bien que la durée des rencontres paraisse adéquate du point de vue des intervenantes, leur nombre est cependant apparu insuffisant étant donné le contenu proposé. Dans son questionnaire d’évaluation, Catherine indique qu’elle trouvait important que suffisamment de temps soit accordé pour permettre aux différents thèmes d’être abordés et que plusieurs séances pouvaient être nécessaires pour le faire. Elle soulignait d’ailleurs l’importance de maintenir un cadre flexible permettant de s’adapter à l’ambiance du groupe et aux besoins des participants:

[La] durée [est] adéquate puisque différents thèmes (importants) sont abordés. [Elle] permet de rencontrer les objectifs tels que [le] besoin d’appartenance et les apprentissages. Plusieurs séances sont nécessaires pour atteindre les objectifs. L’important est d’avoir un cadre tout en restant flexible et en s’adaptant aux participants ou à l’ambiance de groupe.

(Catherine– évaluation écrite) Rebecca et Caroline font des commentaires similaires dans leurs questionnaires. Elles indiquent que les proches pourraient avoir besoin de plus d’espace pour ventiler et que des rencontres supplémentaires pourraient être ajoutées afin d’accommoder les thèmes à aborder, le temps passé sur chacun étant à géométrie variable selon les besoins manifestés par le groupe :

Si les proches ont pour la première fois accès à du support et un espace pour parler et ventiler, peut-être que les thèmes seront trop lourds et que ça prendra plus de rencontres.

(Rebecca– évaluation écrite)

Il faut s’assurer que les proches aient la possibilité de débriefer s’ils en éprouvent le besoin. […] Le nombre de séances pourrait être adapté en fonction des besoins des participants. Le nombre prévu pourrait être de six, mais des séances supplémentaires pourraient être ajoutées selon leurs besoins.

(Caroline – évaluation écrite) Lors de la discussion de groupe, Julie soulève aussi un enjeu concernant le nombre de séances. L’intervenante estime en effet que le contenu de la 5e

rencontre, soit celle concernant les répercussions des actes criminels sur les proches, pouvait être trop chargé pour être abordé en une seule rencontre :

Moi je trouve que cette 5e là, ben cette 3e séance-là est très très très chargée […]Il y a beaucoup de choses dans les stratégies là […] C’est.., en une heure là, tu vas effleurer [le contenu].

Les autres intervenantes prenant part au groupe de discussion ont bien compris l’enjeu soulevé par Julie et tenté d’y remédier. Sarah ajoute que le temps risquait d’être trop limité pour permettre à chacun des participants de s’exprimer; surtout avec un groupe de huit personnes :

Ben ce que [Julie] dit. Parce que moi quand j’ai regardé le document, c’est ça je me disais. […] c’est très chargé […] comme commentaire général là, j’ai. Je rajouterais peut-être une rencontre pour plus espacer. Ça dépend surtout aussi de, du nombre de participants […] tsé si vous […] s’ils sont cinq, c’est pas pire. Mais à huit là […] heille à huit. À huit là, t’auras, ça veut dire tsé, divise 60 minutes par 8 là, ça fait pas beaucoup de minutes […] Ça fait sept minutes par personne pour parler…

(Sarah – groupe de discussion) Sarah précise son idée en ajoutant également que les participants auraient besoin d’un espace pour parler de ce qu’ils vivent entre les séances. Ces échanges pourraient prendre plus de temps que ce qui est prévu :

Ce qui va arriver aussi […] c’est que les gens, quand ils vont venir, quand ils vont parler, quand tu vas revenir sur la semaine, la rencontre d’avant […] la séance d’avant, ils sont avec leur proche hein. Il s’est passé des choses. […] Ils vont essayer, ils vont avoir des réactions […] Ou il va avoir une chicane, il va avoir une autre crise […]. Euh, ça aussi, ça va être à gérer dans le groupe. […] « Là ma blonde est rentrée à l’hôpital, elle est rentrée en psychiatrie. Ou elle a fait une tentative de suicide là ». Tu vas pas gérer ça en 15 minutes.

(Sarah – groupe de discussion) Afin de remédier à cet enjeu, Martine a suggéré la possibilité que le nombre de rencontres passe de six à huit. Les intervenantes finissent par conclure que l’ajout des deux rencontres supplémentaires suggéré pourrait être optionnel et ainsi permettre d’absorber les débordements possibles de certains thèmes ou moments d’échange. Le nombre de séances pourrait donc varier entre six et huit en fonction des besoins des participants au fil des séances; et prendre en compte la possibilité que le nombre de participants diminue avec le temps. Céline a terminé en suggérant que dans l’éventualité où le nombre de rencontres serait insuffisant pour certains participants, rien n’empêche qu’ils soient rencontrés en individuel au CAVAC :

Je pense ça serait bien. Mais peut-être de l’expliquer au début. Que ça c’est un guide, pis que tsé, il y a des choses qu’on doit adapter selon le nombre de participants.

(Céline – groupe de discussion)

Pour sûr que le nombre de rencontres, là t’as 6 rencontres […] comme le nombre de participants, dis-toi que c’est un groupe de 6 à 8 rencontres. […] Moi je ferais quelque chose comme ça […] tu te laisses la latitude […] d’avoir une plus de rencontres selon les besoins du groupe.

(Sarah – groupe de discussion)

Pis là après la 1re rencontre, déjà t’as comme plus une bonne idée de […] comment on va avoir besoin de temps […] fait qu’après la 1re

rencontre, t’évalues […] Est-ce qu’on va jusqu’à 8? Est-ce que 6 ça va être suffisant?

Tu peux perdre des participants aussi [en cours de route]. Malheureusement c’est ça qui arrive dans les groupes […] tu peux partir avec huit, finir à cinq.

(Julie – groupe de discussion)

Pis comme [Julie] dit, peut-être que deux rencontres en ligne, ça va être, ça se peut que ce soit les mêmes affaires […] qui reviennent. Tsé fait que, ça montre que c’est ça qu’ils ont besoin de parler.

(Jacynthe – groupe de discussion)

Fait que 6 à 8 rencontres là c’est une bonne idée de flexible, de la flexibilité.

(Julie – groupe de discussion)

Oui pis si les gens ont besoin de plus ensuite, ils viennent au CAVAC là. En individuel. […]Tsé, il y a toujours cette porte là qui est ouverte.

(Céline – groupe de discussion) Les modifications permettant d’intégrer les recommandations des intervenants par rapport au nombre de séances ont été faites dans la version améliorée du programme de groupe. Des instructions spécifiant l’importance de demeurer flexible et la possibilité d’atteindre jusqu’à huit séances de groupe en cas de débordement de certains thèmes ou moments de partages ont été ajoutées à l’organisation des séances.

Les commentaires des intervenantes quant à ces thèmes et à leur chronologie suivent ici.