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Introduction générale Les milieux naturels africains se marquent par le caractère difficilement accessible

Chapitre 3 Etude du sol du Tchad méridional et de son environnement

3.1. Organisation des structures du relief tchadien

L‟impact direct du relief sur la traficabilité au Tchad Sud est limité aux escarpements rocheux localisés sur les bordures du bassin, dans les massifs de l‟Ouaddaï et du Mayo Kebbi (Figure 22). Ils sont matérialisés par des falaises de modelés gréseux tabulaires, des inselbergs ou des pitons rocheux. A l‟intérieur du bassin, le relief est très plat. Sa morphologie rend compte de la répartition de certains sols ferrugineux exondés ou argileux à trace d‟hydromorphie, de la présence d‟anciennes cuirasses ou d‟altérites. Son analyse permet davantage d‟identifier la répartition géomorphologique de la plupart des sols que de localiser les obstacles au franchissement.

Figure 22 : Relief général du bassin tchadien et principaux cours d’eau (fond topographique issu des données SRTM)

Le bassin du lac Tchad couvre 2 400 000 km2, dont le Tchad n‟occupe que la moitié orientale. Il s‟étend entre les plateaux volcaniques de Jos au Nigéria et l‟Aïr au Niger à l‟ouest, le Hoggar au nord-ouest, le massif du Tibesti au nord, les plateaux granitiques de l‟Ennedi et de l‟Ouaddaï à l‟est, les inselbergs des monts de Lam du Cameroun et du massif de Dar Chala au Sud. Il forme une dépression topographique en cuvette occupée au centre par le lac Tchad. Le Chari, unique fleuve permanent de la cuvette, irrigue les plaines du sud avec ses affluents principaux, le Logone, le Bahr Salamat, le Mandoul et le Ba Illi, qui, sous l‟action de la mousson africaine, débordent et se déversent dans une vaste plaine d‟inondation pour toute la durée de la saison humide. Dans les zones dépressionnaires du Bahr Salamat et du Moyen Chari, les rivières se déversent sur des glacis d‟accumulation à très faible pente (Logone, Ba Illi).

3.1.1. L’Ouaddaï

La bordure orientale du bassin se relève progressivement en glacis faiblement inclinés jusqu'aux massifs cristallins de l‟Ouaddaï, culminant à 1200 m (Riser, 1999). Les glacis d'accumulation sont plus ou moins indurés ou recouverts de formations dunaires au nord et à l‟est du lac Tchad. Ils passent progressivement vers l'est à des glacis d'érosion faiblement couverts, puis découverts, à la périphérie des massifs (Pias, 1970). Les ensembles cristallins se dressent brutalement en inselberg au-dessus des glacis (Fabre, 1983). Les oueds qui constituent des dépressions argileuses à fond plat se remplissent en saison des pluies et se déversent en cours d‟eau torrentiel sur les pentes déclives occidentales.

Les reliefs émoussés de l‟Ouaddaï sont contrôlés par la fracturation du socle cristallin (Gsell & Sonnet., 1959), élargie en talwegs sous l‟effet de l‟érosion. Les versants aplanis et plateaux sont recouverts d‟une fine couche d‟altérites sableuses, favorisant un ruissellement actif pendant la mousson africaine (Mahé et L‟Hôte, 1994). Les pistes de la région traversent nombre de ces talwegs secs d‟octobre à avril. Gonflés par les fortes pluies de mousson durant la saison humide, ils deviennent infranchissables.

Figure 23 : Axe Abéché-N’Djaména, donnant sur les inselbergs de l’Ouaddaï (cliché : archetypes sur FlickR, 15km à l’ouest d’Abéché, 13°46’N-20°42’E)

Les premiers contreforts granitiques de l‟Ouaddaï émergent de la couverture sédimentaire du bassin par de gigantesques inselbergs. La route latéritique terrassée se prolonge jusqu‟à Oum Hadjer puis passe à une piste sableuse.

3.1.2. Le Tchad méridional

Au centre du Tchad Sud, le massif granitique du Guera représente le seul relief important du bassin. Séparé de la bordure méridionale par le bassin de Doba, il se dresse au dessus des plaines du Chari en un ensemble d‟inselbergs et de pitons rocheux aux flancs escarpés, culminant à 1600 m (Mahamat et al., 2006). Ils sont séparés les uns des autres par une vaste pénéplaine d‟altitude moyenne de 300 à 500 m, inondée en période humide.

Le complexe fluvial soudanais du Chari qui draîne le massif du Guera, alimente le lac Tchad par le sud. Il draine, avec ses affluents, toute la région méridionale de la cuvette (Daget et Iltis, 1965). Le fleuve Chari traverse la région de faible déclivité des bas plateaux des Koros qui s‟étend au nord jusqu‟à Laï, entre 450 et 600 m d‟altitude (Sonet, 1963). Ces unités géomorphologiques composées de sols rouges sableux ferrugineux en surface sont caractérisées par l‟absence de nappe phréatique peu profonde. Elles forment des petites buttes peu accentuées culminant généralement à 70 ou 100 m au-dessus du niveau général.

Les pentes sont douces (Figure 24) et entaillées de vallées sèches bien marquées et peu nombreuses (Bouteyre, 1965). Ces reliefs restent émergés quelle que soit l‟intensité des précipitations. Dans sa partie aval, le fleuve s‟étend sur une plaine alluviale de 200 000 km2

(Welcome, 1975) au relief uniformément plat (0,008 % de pente en moyenne). A son embouchure avec le lac Tchad, le Chari a construit une succession de deltas sableux en suivant l‟évolution du déplacement du rivage depuis le Pléistocène (Pias, 1967).

A l‟ouest, le Logone alimente en permanence le Chari depuis les inselbergs granitiques des Monts de Lam, au Cameroun. Il s‟écoule au pied des cuirasses ferrugineuses du Mayo Kebbi (Mahamat et al., 2006). Celles-ci constituent un escarpement peu élevé (une vingtaine de mètres) mais cependant infranchissable par les véhicules motorisés (Golvang- Bayo & Taher, 2006). Plus en aval, le Logone, gonflé des pluies de mousson précoces (mars-avril), déborde et se déverse dans une dépression à faible déclivité vers le nord. Toute la région située entre le fleuve et ses affluents est ainsi inondée et impraticable.

A l‟est, les Bahr Salamat et Bahr Keïta, à sec d‟octobre à mai, forment une vaste zone marécageuse en saison des pluies. Elle se structure en une alternance de bandes de terrains inondées et exondées.

Figure 24 : Sommet de Koro à l’approche du village de Moussedan, et localisation sur imagerie IKONOS

(Cliché de Percy Carboneyro- Panoramio et imagerie Google Earth)

Sur la rive orientale du Chari, à 2 km au sud-est de Moïssala (17°47‟05‟‟E 8°19‟49‟‟N) le 24 octobre 2005, l‟eau résiduelle stagnait dans les ornières de la piste alors que ses accotements étaient asséchés.

Sur la zone du Tchad méridional, à l‟exception des pitons rocheux de l‟Ouaddaï ou du massif du Guéra, les impacts du relief dans la problématique de traficabilité sont négligeables. En revanche, la présence d‟un micro-relief (blocs rocheux, talwegs, tranchées, accotements surélevés) peut occasionner des erreurs dans la production du diagnostic à l‟échelle locale. Il n‟existe cependant aucune technique de mesure à distance opérationnelle pour traiter ce problème : la résolution des MNT actuels est trop faible pour garantir l‟exhaustivité de détection des micro-reliefs (SRTM, DTED2) et les techniques lidar sont trop onéreuses. La génération systématique de MNT par le couple radar TerraSAR-X – TANDEM-X sera dans le futur une solution possible.