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Dans le document Ordre politique et gouvernement urbain (Page 136-142)

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UN ORDRE POLITIQUE URN ORDRE POLITIQUE URN ORDRE POLITIQUE URN ORDRE POLITIQUE URBAINBAINBAINBAIN ????

l’issue de ce parcours à travers les catégories d’analyse du pouvoir dans la ville, à travers les manières d’étudier la régulation des sociétés urbaines, les regards scientifiques et paradigmes utilisés, nous avons souhaité défendre une approche du pouvoir urbain qui partirait du politique. Une approche qui, en outre, chercherait à dissocier les catégories d’analyse – des outils capables d’analyser des périodes distinctes - de catégories historiques – indiquant des ruptures et s’appliquant à des situations historiques données, notamment la période contemporaine.

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LE POLITIQUE REGULATEE POLITIQUE REGULATEE POLITIQUE REGULATEE POLITIQUE REGULATEUR DU SOCIALUR DU SOCIALUR DU SOCIALUR DU SOCIAL ????

Faire de l’ordre politique urbain une catégorie d’analyse de la société urbaine et de ses transformations s’accompagne de quelques précautions. Cela revient à placer au centre des questionnements les liens entre le social et le politique.

D’abord, on peut souligner que le social est constitutif du politique. De manières diverses, nous pouvons observer les mises en formes sociales du politique au niveau urbain. Comment l’élu municipal a-t-il été élu ? De quels intérêts sociaux l’élu est-il le porte-parole ? Quelle est sa légitimité sociale ? La ville est, avant tout, une entité sociale composée de divers groupes sociaux, où divers intérêts sociaux entrent en concurrence. Les villes sont marquées par des rapports sociaux qui évoluent et qui sont distincts d’une ville à l’autre. Une grande partie de la littérature insiste sur l’action des différents groupes sociaux qui défendent et font valoir leurs intérêts sociaux. Mais ces actions s’adressent à des leaders politiques. Les autorités municipales agissent en fonction de ces mobilisations.

Mais réfléchir en terme d’ordre politique urbain, c’est chercher à montrer qu’en retour le politique est constitutif du social. Il est un des acteurs régulateurs de la société urbaine. Par les dispositifs mis en œuvre, par la volonté de dépasser les clivages sociaux et de favoriser des formes d’interdépendance, les autorités municipales urbaines interviennent directement sur le social. Cette action mérite d’être étudiée. Le politique n’est pas un acteur urbain comme les autres. Ces intérêts spécifiques le conduisent à cette intervention sur la société, à cette activité régulatrice. Et ce notamment pour asseoir son autorité, pour assurer sa ré-élection, et satisfaire ainsi ses intérêts politiques.

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A travers la notion d’ordre politique, nous l’avons dit, il s’agit de s’interroger sur ce qui rend possible l’emprise du pouvoir sur la ville. Cette notion est liée au travail politique consistant à rendre le pouvoir juste sinon désirable. C’est la sollicitation et l’obtention du consentement à l’autorité. C’est de la régulation des activités sociales que l’autorité politique tire une légitimité considérable. Si la légitimité conférée à un pouvoir est bien de l’ordre des croyances, les autorités dirigeantes cherchent, par diverses procédures et divers outils politiques, à renforcer cette croyance et le soutien des membres du groupe sur lequel s’exerce leur pouvoir. C’est là le processus de légitimation défini par Jacques Lagroye comme « l’ensemble des actions par lesquelles les dirigeants tendent à établir leur légitimité, à la revendiquer, en fonction des représentations qu’ils ont du régime désirable et désiré par les gouvernés »177.

Les logiques constitutives de l’ordre politique – les formes de domination, les moyens de réguler l’activité sociale – sont-elles les mêmes quels que soient les groupes sociaux sur lesquels s’exerce l’autorité ? Les principes de l’interdépendance entre les citoyens sont-ils identiques selon les types d’autorité politique et selon les espaces d’agrégation de ces citoyens ?

Nous pouvons avancer qu’il existerait ainsi un ordre politique urbain doté de spécificités. Deux grandes dimensions de la légitimation des autorités urbaines.

D’abord la ville comme ensemble de services. Plusieurs moments historiques éclairent la sédimentation de cette légitimité du pouvoir municipal. Il faudrait probablement évoquer les municipalités féodales. La ville marché se dote de municipalités qui vont mettre en place des réglementations traitant à la fois des rues, des marchés, de la santé, etc. On peut souligner que la police – entendue comme activité de l’Etat – telle qu’elle s’impose au XVIIème siècle est l’extension de la réglementation urbaine. Autre moment : la ville industrielle de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième siècles. C’est la naissance des services publics. On a eu l’occasion d’en parler longuement et d’évoquer cette petite transformation urbaine. C’est non seulement la genèse d’une politique publique urbaine, mais aussi d’une légitimité. Le citoyen-citadin se définirait comme le public de services administratifs, comme un acteur impliqué dans la vie économique et sociale de la collectivité. Il serait non seulement le résident, mais surtout le contribuable et l’allocataire de prestations mises en œuvre par les équipes municipales et financées par la collectivité. Les services publics et services administratifs maintiendraient, consolideraient et pérenniseraient une relation entre les édiles et les citoyens électeurs s’instaurant lors des élections municipales. La légitimité administrative affermit l’autorité dont les édiles disposent de par leur élection.

La seconde dimension est liée à la première. Les politiques sociales et plus largement les politiques mises en œuvre par les autorités urbaines peuvent être considérées comme des politiques de conquête du territoire géographique et social. Il s’agit, à travers ces politiques, de marquer l’espace, d’asseoir durablement l’autorité municipale sur l’ensemble du territoire. Les politiques urbaines disent aux urbains qui ils sont. Du quartier à l’agglomération en passant par la commune, les autorités municipales produisent une image du territoire auquel elles s’associent.

177 Jacques Lagroye, « La légitimation », Madeleine Grawitz, Jean Leca (dir.), Traité de science politique, vol.1, Paris, Presses universitaires de France, 1985, pp.395-465.

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LA VILLE COMME DEFI A VILLE COMME DEFI A VILLE COMME DEFI A VILLE COMME DEFI

La ville s’impose comme un espace d’invention de nouvelles formes de régulation des sociétés, un lieu d’initiatives administratives et politiques. Au niveau urbain les intéractions entre l’économique, le social et le politique constituent, à différents moments historiques, un défi au gouvernement. De fait, on peut établir que la ville a été le lieu d’invention de nouvelles formes de gouvernement au cours de différents moments historiques. Dès la sortie de la féodalité, la ville est un des lieux de confrontation entre l’économique et le politique. La ville marché devient un modèle de gouvernement pour l’Etat absolutiste. Elle est une des matrices de construction de l’État. Au cours du dix-neuvième siècle, la ville est le lieu où se mesure en premier les conséquences de l’industrialisation capitaliste. La réforme sociale a une dimension urbaine. Les réformateurs du tournant du siècle estiment que l’aménagement urbain, la réorganisation de la vie municipale sont à même de mettre un terme aux méfaits du capitalisme. Les élus municipaux prennent des initiatives – les politiques sociales, les services publics – qui les conduisent à une forme d’interventionnisme sur l’économie. Une forme d’économie dirigée qui connaîtra son heure de gloire au niveau de l’Etat après la Libération. Enfin, à partir des années 1980, les autorités municipales sont confrontées à une perte de centralité de l’Etat, à une multiplication des acteurs publics (régions, département, Europe) et privés. S’inventerait ainsi, au niveau urbain, une gouvernance qui ferait du politique un animateur, un metteur en débat. Une gouvernance qui devrait s’imposer à d’autres échelons de gouvernement.

Notre ambition a non seulement été de nous concentrer sur la ville comme espace politique, mais aussi de rendre compte de la littérature de politique publique consacrée à cette question. En insistant sur la rupture, sur l’entrée dans l’ère de la gouvernance, une grande partie des auteurs estime dire la réalité et énoncer des catégories qui sont historiquement datées, appliquées à la réalité contemporaine. Notre ambition, à partir, d’un détour socio-historique, a été de défendre une science politique qui distinguerait les catégories analytiques des catégories historiques. Une science politique qui ne prétendrait pas dire la réalité. Une science politique qui proposerait des filtres, des protocoles d’enquêtes qui, appliqués à des terrains distincts, éclaireraient des pans distincts de la réalité. Ce filtre, nous l’avons nommé « ordre politique urbain ».

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ANNEXE NNEXE NNEXE NNEXE IIII

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