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II- P UBLICATION

2- Optimisation du protocole d’administration du TMZ

a) Méthode pour l’optimisation

La méthode d’optimisation que nous utilisons dans ce projet est différente de celle présentée au Chapitre 2. En effet, pour l’optimisation du protocole du PCV, nous nous sommes

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seulement intéressés à comment prolonger de manière significative le moment de recroissance de la tumeur. Pour cela, nous avons testé différents espacements entre les cycles de PCV, en simulant des populations virtuelles de patients, et en comparant les résultats obtenus.

Nous avons également proposé une approche permettant d’adapter la durée du traitement par TMZ pour chaque patient, au Chapitre 3. Basée sur les prédictions de la réponse tumorale, elle permet de déterminer « manuellement » à quel moment arrêter le traitement. Nous ne pouvons cependant pas modifier le protocole thérapeutique à proprement parlé, car le modèle proposé est basé sur une approche K-PD, ne décrivant pas précisément le protocole appliqué. Dans ce projet, nous souhaitons à la fois repousser la progression tumorale, réduire la taille de la tumeur et limiter l’apparition de cellules résistantes. Comme nous avons introduit la pharmacocinétique du TMZ et le protocole d’administration de façon précise, nous pouvons optimiser l’intervalle entre deux cycles consécutifs de TMZ, mais également la dose à administrer. Par ailleurs, nous utilisons cette fois un algorithme d’optimisation, afin de trouver le meilleur protocole d’administration pour chaque patient. Cette approche nous permet donc d’obtenir un protocole optimisé, à la fois sur l’espacement des cycles et sur la dose, avec lequel nous obtenons la meilleure réponse tumorale possible. Nous l’appliquons à chacun des trois patients que nous avons présentés, mais nous pourrions également envisager d’optimiser le traitement sur un groupe de patients.

Critère d’optimisation

Dans ce projet, nous souhaitons trouver un protocole d’administration du TMZ permettant d’allonger la durée de décroissance de la tumeur, mais qui minimise également la taille tumorale. En effet, il nous parait pertinent de vouloir atteindre une taille tumorale la plus petite possible, pendant une longue durée. Nous avons dans un premier temps utilisé l’AUC, représentant l’aire sous la courbe d’évolution tumorale, comme critère d’optimisation. En effet, minimiser l’AUC revient à minimiser la taille tumorale rapidement, et la faire recroître le plus tard possible. Cependant, après différents tests, il s’avère que ce critère permet essentiellement de réduire la taille tumorale, mais pas de repousser le moment de recroissance de la tumeur.

Nous avons alors testé un critère d’optimisation composé des deux métriques que nous souhaitons améliorer :

131 𝐶𝑂 =𝑇𝑇𝐺𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑 𝑇𝑇𝐺𝑜𝑝𝑡𝑖𝑚 + 𝑀𝑇𝑆𝑜𝑝𝑡𝑖𝑚 𝑀𝑇𝑆𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑 (4.3)

- 𝑇𝑇𝐺 représente le temps de recroissance de la tumeur. 𝑇𝑇𝐺𝑜𝑝𝑡𝑖𝑚 est la valeur de 𝑇𝑇𝐺 avec le protocole optimisé, tandis que 𝑇𝑇𝐺𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑 est la valeur de 𝑇𝑇𝐺 avec le protocole standard.

- 𝑀𝑇𝑆 représente la taille minimale que la tumeur atteint après le début du traitement. Nous souhaitons obtenir 𝑇𝑇𝐺𝑜𝑝𝑡𝑖𝑚 ≥ 𝑇𝑇𝐺𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑 et 𝑀𝑇𝑆𝑜𝑝𝑡𝑖𝑚 ≤ 𝑀𝑇𝑆𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑. Nous allons donc chercher à minimiser la valeur de 𝐶𝑂. Nous utilisons les rapports entre les valeurs standards et optimisées afin que les deux termes du critère soient comparables. En effet, si nous utilisons seulement un critère composé des valeurs optimisées, l’algorithme aura tendance à minimiser seulement le plus grand des deux termes.

Algorithme d’optimisation

Pour l’optimisation, nous avons utilisé un algorithme évolutionnaire, l’algorithme CMA-ES (Covariance Matrix Adaptation Evolution Strategy), implémenté dans Matlab (Hansen 2006). A chaque étape, les solutions candidates sont simulées suivant une loi normale de moyenne 𝑚 et de matrice de variance-covariance 𝐶. La fonction objectif est alors évaluée pour chaque candidat, qui sont ensuite triés selon les valeurs du critère d’optimisation. La moyenne 𝑚 est mise à jour à partir des valeurs des candidats, multipliées par un poids favorisant les meilleurs candidats. La matrice de variance-covariance 𝐶 est à son tour mise à jour, afin de minimiser la fonction objectif, et de chercher les solutions dans la direction la plus favorable. Cet algorithme permet ainsi de chercher la solution de manière aléatoire, tout en privilégiant une direction de recherche.

A l’aide de cet algorithme et du critère d’optimisation décrit à l’équation (4.3), nous souhaitons optimiser l’intervalle de temps entre deux cycles de TMZ consécutifs, ainsi que la dose de TMZ à administrer. Nous avons donc deux valeurs à optimiser. Avec l’algorithme CMA-ES, nous pouvons spécifier les intervalles dans lesquels les solutions peuvent se trouver. Ainsi, nous bornons nos intervalles de recherche aux suivants : la dose ne doit pas

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dépasser 200 mg/m²/j pour des raisons de toxicité, et le temps entre deux cycles ne doit pas être inférieur à cinq jours.

b) Evaluation des protocoles optimisés

Pour évaluer les protocoles optimisés, nous utilisons une approche stochastique. En effet, le processus d’apparition de la résistance est généralement décrit à l’aide d’équations stochastiques, permettant l’étude microscopique des tumeurs. Dans notre cas, nous avons construit un modèle composé d’EDO, décrivant les transitions entre des quantités moyennes de cellules, mais nous souhaitons incorporer de l’aléatoire dans les simulations des protocoles optimisés, pour tester la robustesse du modèle et la méthode d’optimisation. L’approche stochastique permet de compenser l’effet de facteurs non inclus dans le modèle, tels que des facteurs environnementaux par exemple. Pour un patient, nous simulons donc la dynamique tumorale avec le nouveau protocole d’administration, en introduisant un bruit aléatoire sur le phénomène de résistance.

Pour les simulations, nous utilisons le modèle (4.2) et ajoutons un bruit blanc sur le paramètre 𝛾𝐷𝑅 qui s’écrit alors :

𝛾𝐷𝑅𝑏 = 𝛾𝐷𝑅+ 𝜎𝐷𝑅× 𝜀 où :

- 𝛾𝐷𝑅 a la valeur trouvée lors de l’estimation des paramètres, - 𝜎𝐷𝑅 correspond au bruit que nous ajoutons à ce paramètre, - 𝜀~𝒩(0,1).

Les simulations sont effectuées à l’aide du logiciel Matlab. Les équations du modèle (4.2) sont implémentées en discrétisant la variable temps par le schéma d’Euler-Maruyama (Higham 2001). Par exemple, pour le temps 𝑖 + 1, l’équation sur 𝑅 devient :

𝑅(𝑖 + 1) = 𝑅(𝑖) + (𝜆𝑅𝑅(𝑖) (1 −𝑇(𝑖)

100) + 𝛾𝐷𝑅𝐷(𝑖)𝐴𝑈𝐶(𝑖)) 𝑑𝑡 + 𝜎𝐷𝑅𝐷(𝑖)𝐴𝑈𝐶(𝑖)𝑅(𝑖)𝜀√𝑑𝑡 où le dernier terme correspond au bruit blanc décrivant le processus aléatoire d’apparition de résistance. Nous procédons de même pour les autres équations. Seules les équations sur 𝑅 et

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sur 𝐷 sont modifiées pour introduire un terme de bruit blanc, car l’émergence de résistance est décrite à l’aide de ces deux seules équations. Pour les simulations que nous présentons dans la suite de ce chapitre, nous avons fixé 𝜎𝐷𝑅 = 𝛾𝐷𝑅, autorisant ainsi le paramètre de résistance à varier de 100%. Cela nous permet d’obtenir une large palette de profils tumoraux pouvant survenir suite au traitement par le nouveau protocole d’administration.

Nous obtenons alors plusieurs trajectoires pour le même individu, qui nous permettent de construire un intervalle, pouvant être considéré comme un intervalle de confiance pour le protocole optimisé. En fait, cela nous renseigne sur comment pourrait réagir le patient à ce nouveau protocole, sachant que le phénomène d’émergence de résistance est aléatoire et ne peut pas être déterminé avec un simple paramètre. A partir de ces simulations, nous pouvons également construire les distributions empiriques pour les deux métriques que nous cherchons à optimiser : le temps de recroissance de la tumeur, et la taille minimale atteinte. Nous pouvons ainsi comparer l’efficacité du protocole optimisé avec celle du protocole standard, et juger si le protocole optimisé peut être appliqué à des patients.