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Opération sur SIN MA KAY 23 septembre au 6 octobre 1950 :

A. Indochine

3. Opération sur SIN MA KAY 23 septembre au 6 octobre 1950 :

Type d’Opération :

Opération aéroportée dans le secteur de Lao Kay du 23 septembre au 6 octobre 1950, en haute région (Tonkin) sur la frontière chinoise.

Depuis le 10 septembre, une activité militaire inhabituelle a lieu en moyenne et haute région du Tonkin. Dong Khé est tombée, That Khé est menacée, les unités venant de Langson sont sérieusement accrochées par des forces vietminh importantes et remarquablement armées, équipées, qui semblent résolues à détruire les installations proches de la frontière chinoise.

46 Dans la zone, les vietminh avant de marcher sur Lao Kay, ont encerclé Pak Ha où était installé le 3/4 RTM qui a abandonné le poste et s’est replié vers le nord (27).

Le chef de détachement a pour mission de prendre le commandement de l'ensemble du 3/4 RTM, du BEP et des compagnies de partisan stationnées dans le quartier de Pak Ha pour mener l'opération de repli (28).

Figure 14: Carte du secteur de Lao Kay (29)

Le 23 septembre les éléments du 2ème BEP sont mis en alerte aéroportée à 12 heures. Les effectifs sont 1ère Cie : 98 personnels, 2ème Cie : 96, PC Bataillon : 15.

Départ d’Hanoï à 16 heures dans 8 Dakotas-DC3, 3 Junkers-Ju52. Début du saut à 17h20 sur Sin Ma Kay au nord de Pakha (30) (31). Saut effectué à 200 mètres par 209 parachutistes. Le 3/4 RTM est à 1 km 500 à l'ouest de Sin Ma Kay, manœuvrant en retraite depuis plusieurs jours, le bataillon paraît très éprouvé moralement et physiquement, il s’installe dans un fortin vétuste. 456 de ses personnels sont en état de combattre à l’arrivée du BEP (32).

Les deux compagnies du BEP s'installent de nuit sur les pitons au nord et au sud du village de Sin Ma Kay.

47 Pendant plusieurs jours, sous des pluies diluviennes, les combats font rage, les sections du BEP et celle du RTM progressent, malgré la pression rebelle. Les éléments du RTM éprouvés, harcelés depuis leur départ de Pak Ha, manquent de lucidité.

Le 28 septembre il est décidé de décrocher de nuit vers le bac de la Heu et de se regrouper sur l'autre rive du Song Chay. Ce fleuve est grossi par des pluies incessantes depuis trois jours. Les passeurs autochtones refusent de tenter la traversée. Après un échec infructueux ayant coûté la vie à plusieurs hommes, la traversée a lieu le lendemain. Les passages sont longs et difficiles on ne peut passer que quatre hommes à la fois et la traversée prend deux jours. Après plusieurs jours de marche un groupement s'installe à Pha Long tandis que les deux compagnies du BEP reçoivent l'ordre de faire mouvement sur Ban Lao afin d'être ramené par avion à Hanoi le 7 octobre.

Contraintes militaires tactiques et environnementales :

La région de Lao Kay est une région extrêmement tourmentée (Figure 14) où les sommets atteignent couramment 1800 m. La frontière chinoise est proche et la région où se déroula l'opération fait une vingtaine de kilomètres en Chine sur largeur de 30 km (32).

La région est principalement composée de Thaïs dans les vallées et de Méos dans les sommets. Ils se raccrochent à la présence française pour conserver vis-à-vis de vietminhs une indépendance difficile (32) (29).

La végétation est dense et ralentie le mouvement du dispositif.

La drop zone, extrêmement réduite, était constituée par un fond de vallée resserrée. La plupart des parachutistes atterrirent sur les pentes d'énormes rochers émergeant du sol. Ceux qui tombèrent dans le fond de la vallée avaient le choix entre le lit d'un ruisseau largement étalé dans les rivières ou les arbres (32).

Les éléments du RTM éprouvés, harcelés depuis leur départ de Pa kha ont perdu leur calme et ouvrent le feu à grande distance sur n’importe quoi, des consignes de feu à courte distance et sur des éléments clairement identifiés ont besoin d’être rappelées.

Les vivres viennent à manquer et plusieurs parachutages sont demandés, sans réponse positive (33).

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Effectif global de l’équipe médicale :

1/2/0 Médecin Lieutenant Chataigneau et deux caporaux infirmiers (29). A cette équipe s’ajoute les brancardiers présents dans les compagnies de combat.

Matériel santé :

Moyens EVASAN :

-Aucun moyen routier ou aérien utilisable. Les blessés sont évacués par brancardage. -Brancardage des blessés grâce à de petits chevaux de montagne.

« …le niveau de la rivière a bien baissé. Le courant est suffisamment calmé pour que notre médecin, le docteur Chataigneau fasse passer son blessé, brancardé entre deux petits chevaux qui posent leurs sabots sans répugnance sur le radeau mouvant, comme des habitués. Le blessé est un des hommes de Caillaud qui s’est fracturé la colonne vertébrale à l'arrivée au sol. I1 ne doit pas s’amuser. » (34)

Trousse Santé :

- Trousse individuelle de secours Para/Commando Modèle II/48 contenant : *1 Garrot hémostatique en treillis de coton,

*1 Pansement individuel

*1 Pansement grand, 1 moyen et 2 petits. *1 tube d’embrocation à la procaïne camphrée

*1 ampoule auto-injectable de morphine chlorhydrate à 0.025g. *10 comprimés de Maxiton à 3.5mg

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Figure 15: Trousse individuelle de secours Para/Commando Modèle II/48

-Trousse de 1ère urgence pour groupe de 10 hommes Modèle IV-48 (Figure 22) -Trousse médicale : Morphine, Atropine, Pénicilline, Penthotal, Garrots, clamps

-Trousse de pansement pour infirmier Modèle III-48 : Quelques antibiotiques et antalgiques en plus des pansements.

-Brancards métalliques pliables, parachutables. - Lot d’immobilisation.

50 Comme on peut le voir sur la photo, la trousse médicale est modeste : elle permet d’effectuer les premiers pansements, soulager la douleur (morphine), arrêter hémorragie (garrots), mettre en place une attelle, traitement antibiotique (pénicilline).

Ravitaillement :

Absence de ravitaillement en matériel sanitaire ainsi qu’en eau et en nourriture du fait de conditions météorologiques défavorables (35).

Bilan santé :

EVASAN :

Aucune effectuée lors de l’opération Etat des pertes : -2ème BEP :

Tué : 1 noyade à la mise en place du dispositif de la Traversée du bac

Blessés : 2 blessés sérieux, dont un à la colonne vertébrale et 3 légers lors du saut -3/4 RTM (33):

Tués : 9 tués et 4 disparus avant arrivée du BEP puis 30 disparus Blessés : 18 avant arrivée du BEP, puis 8.

Pertes ennemies : Inconnues

Action Humanitaire :

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Commentaires :

Cette opération a la particularité de rassembler de nombreux facteurs délétères pour la troupe et a commencé par un largage aléatoire dans un terrain tourmenté, en situation d’isolement total et en l’absence de ravitaillement, sans compter des conditions physiques et morales très rudes.

La mission des éléments parachutistes qui était d’aider au retour d’une unité éprouvée dans une région plus calme, d’aider au regroupement de deux unités a été remplie malgré le terrain très difficile, un ennemi nombreux et agressif, un ravitaillement radicalement insuffisant. La drop zone, extrêmement réduite, était constitué par un fond de vallée resserrée. La plupart des parachutistes atterrirent sur les pentes d'énormes rochers émergeant du sol. Ceux qui tombèrent dans le fond de la vallée avaient le choix entre le lit d'un ruisseau largement étalé dans les rivières ou les arbres. Heureusement le chiffre des blessés à l'atterrissage et anormalement faible dans de telles conditions.

Un gros effort physique (terrain au relief dépassant l’imagination, ravitaillement difficile) et moral (le combat en retraite se transformant en déroute en bonne partie à cause de l’ambiance causée par le 3/4 RTM) a été demandé aux hommes du BEP et malgré tout la mission est un succès. Le capitaine Dussert souligne que « l’opération de Sin Ma Kay est l’opération type d’emploi des parachutistes : situation sérieuse, gros effort physique et moral pendant plusieurs jours, puis retour à la base. » (33)