1.2 Méthodes sismiques
1.2.2 Ondes de surface
Les ondes de surface sont généralement très énergétiques et mettent en mouvement
les particules à la surface du sol sur une profondeur d'autant plus importante que leur
longueur d'ondeest élevée (fréquence basse). Pour un milieu hétérogène dont les caracté-
ristiquesvarientavec laprofondeur(vitessedes ondesS,...), lavitessedes ondesdesurface
varie en fonction de leur fréquence. Ces ondes sont alors dites dispersives. La courbe de
dispersion des vitesses de phase (ou de groupe) peut être calculée à partir des enregistre-
ments d'ondes émises par des sources actives (Hermann, 1987; Socco et Strobbia, 2004)
ou àpartir d'enregistrements du bruit sismique (voir chapitre 2).Cette courbe de disper-
sion est ensuite inversée pour obtenirlesprols de vitesses des ondesde cisaillementetde
compression en fonction de la profondeur. Il existe de nombreuses méthodes d'inversion
pour résoudrece problèmedontl'objectifest derechercher un modèlequioptimiselafonc-
tion coût (généralement RMS), estimée en comparant les courbes de dispersion calculées
pour les modèles générés et la courbe de dispersion mesurée. Plus la fonction coût est
faible, plus la courbe de dispersion calculée est proche de la courbe mesurée. La méthode
de grille systématique consiste à calculer le problème direct avec toutes les combinaisons
possibles de paramètres an de déterminer ceux qui satisfont lemieux les données. Cette
méthode est très coûteuse en temps. Il existe des méthodes itératives qui modient un
modèle initialan de tendre vers un coût minimum (Nolet, 1981; Tarantola, 1987; Press
et al., 1992; Herrmann, 1994). La faiblesse de ces méthodes d'inversion est qu'elles sont
dépendantesdumodèleinitial.Uneautretechnique,Réseauneuronaux consisteàentraîner
l'algorithme à résoudre le problème, comme pour un cerveau humain. Cet apprentissage
se fait avec des modèles synthétiques qui doivent être proches de la réalité (Michaels et
Smith,1997).Cettetechniquenepermetpas descannertouteslespossibilités.Laméthode
Monte Carlo consisteà investiguer un espace de paramètres de manière pseudo-aléatoire.
Cetteméthodeaétéamélioréeparlatechniquederecherche directe(Algorithmegénétique,
Stoa et Sen, 1991; Lomax et Snieder, 1995; Boschetti et al., 1996; Yamanaka et Ishida,
1996) ou combinée à d'autre (Chunduru et al., 1996; Devilee, 1999; Boschetti et Moresi,
2001).Enn,l'algorithmede voisinage (Sambridge,1999a)génèrede manièrepseudoaléa-
toire des échantillons dans l'espace des paramètres. La dépendance en z (la profondeur)
est calculéepour chacundes modèles générés. Al'itérationsuivantel'algorithmeutiliseles
meilleursparamètrespourguiderlarecherche vers de meilleursmodèles.L'avantagede cet
algorithme est qu'il fournit non pas une solution unique mais un panel de solutions qui
peuvent être très diérentes.
1.2.3 Application aux mouvements de terrain
De nombreuses étudesdes mouvementsde terrainpar méthodes sismiquesont été me-
nées : (1) en sismique réfraction classique (McCann et Forster, 1990; Caris et van Asch,
1991; Mauritschet al.,2000; Glade et al.,2005), (2)partomographie sismique(Jongmans
et al., 2000),et(3)par sismique réexion (Bruno et Marillier,2000; Ferrucci et al., 2000;
Bichler et al., 2004).
Fig. 1.5 Interprétation des prols de sismique réfraction eectués sur un mouvement
localisé dans le sud de l'Autriche, d'après Mauritsch et al. (2000).
Mauritsch et al. (2000) ont étudié des mouvements de terrain de grande ampleur se
développant dansle sudde l'Autriche en appliquant des méthodes géophysiques (sismique
réfraction, géoélectrique et électromagnétique). Ces mouvements aectent des versants
en évidence des contrastes de vitesse (de 400 à 3600-4000
m.s
−1
, gure 1.5) interprétées
comme des variationslithologiques.
Les travaux de Jongmans et al.(2000) ont présentéune applicationde la tomographie
sismique à l'étude d'un mouvement situé dans un contexte rocheux (mouvement de Bas-
Oha, Belgique). L'image obtenue a montré une diminution signicative de la vitesse des
ondes sismiques entre la masseinstable (900
m.s
−1
) etla zone saine (
>
2300m.s
−1
,gure
1.6).
Fig.1.6Tomographiesismiqueacquise surlemouvementde Bas-Oha,Belgique.Lespo-
sitionsdes sondages mécaniquesetdu RQD (Rock QualityDesign) sontindiquées,d'après
Jongmans et al. (2000).
Bruno et Marillier (2000) ont étudié par sismique réexion le mouvement de Boup
(Suisse)quisedéveloppedansdu gypse.Lagure1.7montredeuxprincipauxréecteursà
environ50met85m.Laréexionquiseproduitàenviron50mdeprofondeurest associée,
par les auteurs, à la surface de glissement au sein du gypse. Cependant, ce réecteur est
très basse fréquence et sesitue à la limitedu mute appliqué aux données.
Lesméthodes de sismiqueréfractionclassiquesontuneprofondeur d'investigationlimi-
tée car elles nécessitent des prols relativementlongs (3 à5fois laprofondeur d'investiga-
Fig. 1.7 Section poststack d'une sismique réexion menée sur le mouvement de Boup
(Suisse).Laréexionobservée entre 50et60mestinterprétéeparlesauteurscommeétant
lecontact entrelegypseen mouvementetlegypsesain,d'aprèsBruno etMarillier (2000).
ilest parfois nécessaire d'employerde l'explosifàlaplace de simplescoups de masse,pour
améliorerlerapportsignalsur bruit.Parailleurs,l'utilisationde cesméthodessuppose que
leréfracteurest continu tout lelong du prol.Or, la structure des mouvements de terrain
peut parfois être beaucoup plus complexe.
Latomographiesismiquenécessiteplusde données quelasismiqueréfractionclassique.
En contre partie, elle permet de détecter des variations latérales de vitesse. Elle tend
cependant à produire des images lissées de la subsurface (Jongmans et al., 2000). Il faut
alors multiplier les tirs an d'obtenir une résolution susante (Morey et Schuster, 1999;
Sheley et al., 2003).
La sismique réexion présente deux intérêts majeurs: (1)ellepermet d'imagerlagéo-
métriedelasurfacede glissementet(2)son traitementestrobuste. Detouteslesméthodes
géophysiques, cetteméthodeest cellequidemandeleplusd'eortpourledéploiementetle
traitement(Jongmans etGarambois, 2006).Ellenécessite un bonrapportsignalsur bruit
etun enregistrementdes hautesfréquencespour atteindrela résolutiondésirée.Ces condi-
tionssont dicilesàremplirsur des objetscommelesmouvementsde terrain.Eneetces
milieuxsont généralement fortement atténuants ethétérogènes. Par ailleurs, àcause d'un
faible pouvoir de résolution à faible profondeur, cette méthode peut être inadaptée à la
localisationd'une surface de rupture (Ferrucci et al., 2000).