• Aucun résultat trouvé

Les informations disponibles sur le programme Erasmus demeurent insuffisantes : 53 % des personnes interrogées ont indiqué que des informations complémentaires les auraient convaincues de participer. En France, la question du manque d’information est confirmée par plusieurs enquêtes (IFOP 2008, Eurostudent 2011). Ceci est d’autant plus significatif que parmi les étudiants ayant participé, seuls 16 % ont déclaré avoir rencontré des problèmes lors de leur séjour en raison d’un manque d’information. Les réalités étant en France très différentes selon les établissements, une étude plus approfondie serait souhaitable sur ce thème.

Centre international d’études pédagogiques| La mobilité étudiante Erasmus | Apports et limites des études existantes | Page 47

Manque de compétences linguistiques

D’après l’étude du Parlement européen, 41 % des étudiants ont déclaré être au moins partiellement découragés par des études à l'étranger en raison de leurs compétences linguistiques limitées. Ce pourcentage varie entre 34 % et 62 % selon les pays. Le manque de compétences et l’absence de préparation et d’accompagnement linguistiques sont autant de handicaps pour le bon déroulement des études (Robert et al. 2011). On notera que tous les étudiants ne mettent pas à profit les moyens mis à leur disposition, notamment dans le cas des langues les moins répandues.

L’accompagnement linguistique des étudiants est donc un enjeu important.

Relations personnelles et raisons familiales

Pour les étudiants ayant renoncé au programme Erasmus, les raisons personnelles et familiales ont constitué un obstacle (très) important pour près de la moitié des étudiants (46 %).

Accueil

La question de l’accueil des étudiants est cruciale pour optimiser l’impact du séjour. L’étude menée auprès des PRES (CAMPUS France, 2010) souligne qu’en ce domaine, une nette amélioration serait souhaitable (accueil, tutorat, information, disponibilité) ; le rapport souligne tout de même que des progrès ont été réalisés, notamment dans le cadre de l’assurance-qualité. Une analyse des rapports finaux et/ou des entretiens semi-guidés permettrait d’en savoir plus sur la perception du système universitaire et de la qualité de l’accueil par les étudiants entrants.

Conclusions

Malgré le succès croissant du programme, il subsiste un certain nombre d’obstacles à un impact fort d’Erasmus sur l’enseignement supérieur : le faible taux de participation, les contraintes financières qui dissuadent nombre d’étudiants parmi les moins aisés, un déficit de compétences perçu par les candidats potentiels. Dans le cas de la France, les contraintes financières sont lourdes et les étudiants issus des milieux les moins favorisés ont tendance à s’autocensurer et à dévaloriser leurs chances et leurs capacités.

Des études plus approfondies seraient nécessaires sur le profil du public cible, le coût des mobilités et la perception du programme par ses bénéficiaires potentiels.

Centre international d’études pédagogiques| La mobilité étudiante Erasmus | Apports et limites des études existantes | Page 48

V Perspectives et prospectives

Les études rédigées dans le cadre de commandes institutionnelles sont accompagnés de recommandations quant aux aspects du programme à améliorer. Elles ne seront pas reprises ici in extenso. A la lumière des prévisions des budgets alloués à la mobilité étudiante en 2014-2020, ces études soulignent l’importance d’anticiper un certain nombre de questions pour piloter au mieux le développement du programme.

Comme le souligne le rapport d’Eurydice sur L'enseignement supérieur en Europe 2009 : les avancées du processus de Bologne (EURYDICE, 2009), la problématique des aides financières publiques à la mobilité doit être replacée dans le contexte de l’accroissement des exigences sociétales vis-à-vis des finances publiques, et notamment de l’exigence d’une plus grande participation au financement de l’enseignement supérieur. À une époque où règnent l’incertitude financière et l’augmentation des exigences des bailleurs, et où de nombreux pays ont tendance à se décharger d’une part importante des coûts sur les étudiants, il faudra veiller à ce que l’équité vis-à-vis de la mobilité reste un principe fort dans l’Espace européen de l’enseignement supérieur.

Se pose également la question de la tension entre la massification, que certains considèrent comme une banalisation (relative) de l’expérience Erasmus, et la valeur qui lui est attribuée. L’étude VALERA souligne en effet que les diplômés interrogés en 2006 accordent moins de poids à leur expérience Erasmus que ceux qui ont été interrogés en 1994/95. La perception de la mobilité Erasmus est également un enjeu dans la tension entre massification et parcours d’excellence. Les arguments en faveur d’un séjour Erasmus sont en premier lieu liés au développement personnel et à l’image – véhiculée par le film « L’Auberge Espagnole » – de tourisme universitaire, qui peut se révéler dangereuse pour la reconnaissance de cette période d’études comme élément du parcours professionnel. Car la question de la reconnaissance n’est pas uniquement celle des ECTS, elle est liée également à la perception par les décideurs du secteur privé et public. Les études scandinaves montrent que les employeurs ne sont pas toujours au courant de la nature des différentes filières, qu’ils méconnaissent les suppléments au diplôme et qu’ils peinent à évaluer l’importance d’une expérience d’études à l’étranger (Jonsson, 2010), même si les compétences qu’ils attendent chez les candidats sont aussi celles qu’ils reconnaissent aux étudiants mobiles.

Il est également important de disposer d’outils pour mesurer la sensibilité des étudiants à la conjoncture économique : la prochaine enquête d’ESN devrait apporter des éléments de réponse et permettre d’envisager la question de la mobilité dans un contexte de crise économique systémique.

Quel arbitrage opéreront les étudiants à l’égard des frais générés par une période de mobilité à l’étranger lorsque l’on sait que pour la majorité d’entre eux, la bourse ne couvre pas l’ensemble des frais de séjour ?

Evoquons également la hausse des frais d’inscription dans les universités européennes : l’exemple du Royaume-Uni, où il existe une forte corrélation entre les frais élevés de scolarité et le faible taux de mobilité sortante (King, 2010) est un cas de figure sur lequel méditer. Les auteurs du rapport International student mobility literature review : Report to the HFCE soulignent que pour les étudiants britanniques, le séjour de mobilité représente un risque potentiel pour leur parcours, en raison de la reconnaissance académique incertaine et des frais de scolarité élevés. La collecte de données sur la sensibilité à la conjoncture des étudiants permettrait d’orienter les politiques nationales et les stratégies européennes pour proposer des mesures adéquates.

Centre international d’études pédagogiques| La mobilité étudiante Erasmus | Apports et limites des études existantes | Page 49

Table des illustrations

Figure 1 Mobilité étudiante Erasmus 1987/88 et 2009-2010 ... 16

Figure 2 Nombre d’étudiants Erasmus en 2009-2010 ... 17

Figure 3 Part des étudiants Etudiants Erasmus dans la population étudiante en 2009 ... 18

Figure 4 Mobilité étudiante Erasmus sortante et entrante – Mobilité de stage en 2009-10 ... 18

Figure 5 Equilibre entre mobilité entrante et sortante – année académique 2009-2010 ... 19

Figure 6 France : Mobilité entrante Erasmus et mobilité de diplôme des ressortissants de l’UE... 21

Figure 7 Mobilité – Erasmus - Répartition par filières ... 23

Figure 8 Typologie des Etablissements français participant au programme Erasmus ... 24

Figure 9 Mobilité sortante- répartition des fonds par type d’institutions ... 25

Figure 10 Type d'études et séjours à l'étranger ... 28

Figure 11 Mobilité sortante des enseignants (Erasmus) en 2008/09 ... 32

Figure 12 La place de l’expérience à l’étranger... 34

Figure 13 Evaluation des compétences des étudiants mobiles par les employeurs ... 35

Figure 14 Freins à la mobilité internationale – étude de l’OVE ... 44

Figure 15 Nombre d’étudiants à besoins spécifiques participant à une mobilité Erasmus (2008-09) par pays ... 44

Figure 16 Evolution du montant moyen des bourses et du budget dédié à la mobilité (France) ... 45

Édité avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de cette publication et l’usage qui pourrait en être fait n’engagent pas la responsablilité de la Commission européenne. Mars 2012.

Documents relatifs